
■ font les inconvénient qui rélultent de fon mauvais
emploi qu'on a pris fans doute pour fes
véritables effets, lorfqu’il eft adminiftré d'après
les principes d’une faine Agriculture *, d autres
fe font également trompés, en croyant que la
Chaux étoit coin'poféc des mûmes parties que la
marne. & que par cotiféquenc elle devoir agir
de la même manière; mats la marne eft mê-
langée de différentes terres où la matière propie
à la Chaux, s’y trouve en plus ou moins grande
quantité, tandis que l’autre eft une terre purement
calcaire dont les propriétés font encore
augmentées par la calcination ; car, avant la
calcination , elle peut déjà opérer l effet d un
engrais. M. Duhamel, en faifant travailler t e
marbres pour les cheminées de fa rnaifon de
campagne, a obfervé.que t e fragmens aùgmen-
toient la-vigueur clés chiendents du lieu ou on
les avoit travaillés ; d’après e t feul fait, dû au
hafard,il conjectura que la pierre à Chaux pul-
vérifée foumifloit un bon engrais*, ce Savant lit
en conféquence répandre dans un champ de la
pierte à Cliaux réduite en poudre , & la fertilité
qu’elle procura fervit à juiiifier fa conjec-
ttre ; cette fertilité fou,ténue pendant long-tcms
ne laiflc plus de doute que la terre calcaire ne
’détint fupérièure dans ce cas à la Chaux vive,
fr fon pouvoir trouver un moyen facile de.la
pulvériier càpeu de frais, pour favorilerl’abforp-
fion de lhumidité & la combination avec la
terre. Le dégagementdcs fluides aênfurmesquëlle
-contient, ayant lieu plus lentement, fon effet a
ôûffi plus de durée. Ce n’eft pas le feul avantage
qui en réfuiteroit ; on éviterait l'inconvénient
dé aftreux de voir t e animaux, employés à la
Culture des terres, amendées avec la Chaux vive
périr de maux qui leur furviennenr aux cornes
aies pieds, ou qui les rendent incapables de travailler.
Combierid'iilleuis de grains & de plantes
ont été defléchés , brûlés & 'même écralés,
pour avoir’ éprouvé les effets de la Chaux,
employée inconfiflérément & fans mefure ce
qui a jetté long-tems de la défaveur iur fon
ufage dans des endroits ou la nature du foi fem-
blofr l’exiger. Dans un tems-où l'on expliquoit
les grands' effets1 de la Nature par l’aélton des
fels & des huiles que les corps conrenoient en
abondance, on di tait alfez communément que
la Chaux n’avoît d’autre vertu , comme engrais,
que de porter dans la terre des fêls .& des par
ticules ignées; mais une étude plus approfondie
des effets de la Chaux & des autres matières
employées à féconder le rerrein ont fervi à
prouver que la faculté fertiülante ne réiide point
privativement dans» les fels , puifque la plupart
des entrais n’en contiennent qu accidentellement,
& n’ont que les matériaux propres à les former.
Il paroît que la Chaux a deux effets bien mar-
üués lur les terres. Le premier eftabfolumem
tnéchanique ; car elle détruit la cohéfion des molécules
terreufes, fe combine avec elles, & forme
un tout moins tenace & moins compaéte. Alors
les eaux, raflemblées à la furfaee , peuvent
pénétrer dans l’intérieur & concourir à former
les fucs nourriciers. des plantes;.
L ’aiitre effet de la Olaüx n’eft pas moins
incontefiable ; elle procure à la terre une forme
& une qualité propre à opérer la décompofi-
tion de l’air & de l’eau qu’elle foutire de l’atmof-
phère, & qu’elle difperfe dans les bouchés inférieures
en donnant aux réfultats de la décom-
pofition un état d’appropriation convenable pour
accomplir cette oeuvre importante de la végétation.
L’efficacité de la Chaux dépend donc du local,
des circonftances, ‘ de la qualité du terreiri &
de la méthode de la répandre : fi le fol eft de
nature légère, le climat chaud & fe c , l’ufagè
de la Chaux ne fauroit être que très-préjudiciable,
puifqu’elle détruit la foible adhéfion des molécules
terreufes, augmente leur difpoütion à
laifler coopérer l’humidité effentielle; la Chaux,
ne trouvant plus alfez d’eau pour brider fon
àétion., porte -toute fon énergie fur les racines
qu’elle defsèche & appauvrit le fo l, de manière
à ce qu’il faut attendre un certain tems avant
qu'il fe rétabliffe dans fon premier état ; il eft
donc bien important de prendre gardé à ne
rien généralifer dans ce cas & à faire attention
de n’employer un pareil moyen que dans les
terres tenaces & des cantons où les ■ pluies font
fréquentes -, nous avons recommandé expreffé-
ment d’ufer. de la même circo,nfpeéïion pour
l’u.fage des cendrés,' avec iefquell s la Chaux a
quelque rapport-, en obten ant néanmoins qu’une
mefure peut compenfer trois mefures. dé premières
, relativement à l’effet de l'amendement ;
mais le mélange de. l’un & de l’autre avec les
fumiers, ulité dan?'’ quelques cantons irérite-
roit, à caufe de fes bons effets, d’être pratiqués
plus généralement, arrêtons - nous fur cet objet.
Efficacité de la Chaux mêlée avec
d’autres matières.
Pour rendre les effets de la Chaux plus certains
& plus généralement utiles, il ne faut
l’employer qu’après l’avoir mélangée avec des
matières humides du règne végétal, ou du règne
animal , afin qu’il en .réfui te une combi-
naiion favonneufe fufceptible^de fervir utilement
dans tous les climats, & pour toutes fortes de
terreins, fans être expofés à aucun danger. Voici
quel eft le procédé : on a communément une
foffe deffinéé à recevoir les fumiers & dans, laquelle
les eaux des boues font Conduites *, après
qu’oit les a, fait vuider, on jette au fond de la
Chaux qùe: i on recouvre avec te litière des béftîaüx
fur laquelle on met quelques pouces de î
terre ; toutes les fois qu’on a du fumier de litière
à remettre, l’on jette quelques poignées de Chaux
fur la dernière couche, enfuite du fumier & de
la terre. Pour produire & accélérer la d;com-
polidon & recompofition de toutes ces ftibflan-
ces réunies, il faut faire couler l’eau dans
le folié "de manière que les premières, couches
de funiier foient bien imbibées, fans être
noyées, li l’eau étoit trop abondante, elle em-
pêcheroit la Chaux de réagir & de former la
combinaifon favonneufe qui doit en réfulter.
Cette préparation fournit un engrais d’une excellente
qualité. Les Agriculteurs, qui en ont fait
ufage pour,amender leurs terres, ont obfervé ,
i.° qu’une voiture de cet engrais prodnifoit!
autant d’effet que quatre voitures de fumier ordi- !
naire. 2.0 que la Chaux, en s’éteignant, détruit
les oeufs des infecles, & le germe de toutes les*
graines de mauvaifes plantes qui fe trouvent
parmi les fourrages , les litières & la fiente dès,
beffiaux, en forte que.les terres fur lefguellcs
on a employé un engrais compofé de Chaux
& de fumier font moins expofées aux herbes pà- 1
rafites, & n’o.nt befoin que d’un farclage, plias I
& moins difpendieux.
Quelques fermiers Anglois mettent en ufage ;. .
la- pratique fujvanre qui fe rapproche beaucoup '
de'celle qui vient d’être indiquée. Ils commencent
èn Décembre à retirer le fumier des cours i
& ils continuent les mois fuivans à l’enlever ài
mefure qu’il efi, fait ; ils. le mettent en tas juf-
qu’à ce qu’il y en ait 120 voitures environ ; fi
la qüamité efl plus confidérable, le fumier n e1
fe confommè pas parfaitement -, on ne touche '
plus à ce tas pendant deux mois-, alors on y ,
ajoute dix milliers de Chaux qu’on mêle foi-
gneufement avec le fumier qui ne doit pas être
trop fec , dans la crainte qu’il ne prenne feu ,
au moment où I on ajoute la Chaux. Au bout
de trois m ois, on remue de nouveau le mélange
dont on fe fért pour ehgraiflèr les terres qui
ont produit des fèves & des. pois, on le charrie \
. fu^-le-champ immédiatement après la récolte ,
& onTenfouit ayeela charrue. Lorfqne la. faiïon ,
eft phivieu.‘è , on «attend les premiers, jours dé gelée j
pour faire ce tranfport. Les terres ainli préparées î
font enfemencées en orge auPrintemsfuivant: un
fermier, qui fuit cette méthode depuis plus de 12 >
ans,a obtenu confiamment des récoltes plus abon- ;
dantes,,, & ayant piufieurs fois répandu, fur certaines
pièces de terre , du fumier feul, & fur
d autres pièces veifines , l’engrais "compofé de
Chaux Si de fumier, afin de pouvoir en. faire
la comparaifon , il s’efi convaincu de. la fup,é-
riofitë de ce clefnier, & de la certitude q-ifil
falloit douze voitures de fumier pour obtenir
les mêmes effets que de dix voitures de cet
engrais. Ainfi,la Chaux , en augmentant l ’aébon J
du fumier, détruit les mauvaifes herbes, & procure
une fertilité plus permanente. Quand on
veut combiner la craie avec le fumier des animaux,
pour accélérer -fon effet & le rendre plus avantageux
aux terres fortes, il faut fuivre les mêmes
procédés.
t La Chaux peut encore devenir efficace dans
d’autres circonftances. On connoît la méthode
pratiquée par les Allemands; elle confifte à former
un tas de Chaux à côté d’un autre tas de
terre médiocre, à ver fer enfuite de l’eau , &
à répandre de la terre par - deffus. Imprégnée
de toutes parts des vapeurs.qui s’échappent de
la Chaux, pendant qu’elle s’éteint ; cetre terre,
ainfî aérée y peut, étant féparée de la Chaux
procurer, fans le concours de celle-ci, la fécondité
à tout ce qu’on veut lui conliêr' ;
Il efl doue poflible d’aêrer la rerre^ comme
les fluides, en enchaînant, par leur mêlante
avec certains corps en déedmpofition , les principes
qui tes> condituoient ; d'où il réfuire une
matière furchargee de qui ajoure à tes propriétés
& en forme un être plus compofé Les
Arabes par exemple, -qui prennent fes plus
grands foins*pourainéhorer leursrerres,pratiquent
de grandes foffes* qti’ils rcmplifl’cnt de toiis'lés
ànimauxqUi viennent à mèufrir; ils-les 'recouvrent
enfuite de terre calcaire & de terré glaè
feufe. Au bout de quelque lems, ces terres
(lériies par elles-mêmes, acquièrent les propriétés
du meilleur fumier. r r
végétation , employés frais & fans mefure n’au-
'™ient plus, qu’un effet très'- av.aniàgbÿx s’ils
àvOrent préahjbleinent fermenté , s’ils étoient
mêlés à une terre , ou à ljeaiï qui s’en enrichiraient
d’autant pour le but qu’ori fe propofe
L ’bcfbe des prairies fur 'léfquellcs les' bélliaux
& les volailles vont paître après la preniièië &
fécondé récoltes de foin , efl defféchée par leurs
urines & par -Jénr fiente cdinme fi le feu y
avoit pafle, tandis que ces'matières excrémenî
rteltes, combinées avec la terre pu ■ délàÿéèï'Hà'fis
teati, peuvent, fansaucunepréparation, exercer
l’effet d’un bon engrais.
Mais rèvenôns à la Chaux. Des'expériences
comparées démontrent ;qùe l’eau dé Chaux
hâte la végétation ,T tk quë iés plantés: qùi en
■ font arrofées deviennent plks vigoiiréùfés que
quand on fe.fert;,d’eau pure. Mais il ëxifie un
procédé pour rendre, cette eau plus efficace* il
confifie à la furcharger d.e matières extrafli’ves
&.faypnneuVesqoe,ia;CbaiiX idiffotu.en féjoumiau't
avec le*, fumier.;. On Ly iparyijnt ,par le moyen
buvant : on commence, par faire une fofl'é fié
cinq à fix .pieds de profbndelur, & d’une étendue
proporttonée à la quantité de fumier"quelle
devra contenir, ^intérieur de cette fofie doit
être doublé en dalles, ou revêtit de glaife bien