
r angcment & par l’avantage qui en réfult'è. Serre1
*a recommande pour la réparation des vignes
avec lès vergers, & des jardins potagers avecles
jardins à fleurs. On fait cette haie avec toutes
fortes d’arbres dont la tige eft longue, droite,
fans noeuds &. fans tortuofité ; les mûriers blancs,
les pruniers, les gumiers, mais fu r - to u t les
failles, peuvent Remployer à cet ufage.
Voici la manière que Serres propole pour la
foi ination d'une pareille Clôture. «< On fait des
folles , comme on en fait pour la plantation de
la vigne ; on pofe dans chaque fpfle deux failles
qui fe joignent enfemble, à dillance de deux
pieds l’un de l’autre; &, après en avoir couvert
les racines avec de la terre que l’on aura laiffé
quelques jours expo fée à 1 air , avant la plantation,
on écarte enfuite les deux troncs avec les
deux mains, en les faifant pencher des côtés,
afin qu’ils fe croifent en forme de loi ange. Dans
la partie où les deux arbres fe croifent, il faut
incifer un peu l’écorce de l’un & de l’autre, &
les lier dans ce point avec de fofier, de façon que
les deux en ramures foienr .couchées l’une fur
l’autre ; elles prennent enfemble comme une
ente, pourvu que cette opération fe fafle dans
le teins de la sève -, de forte que ces arbres étant
comme fondés enfemble , ne font qu’un corps,
puifqu’ils font unis par leurs troncs. Ils vivent,
r ainfi unis, aufîi long-tems que féparés, pour peu
que foit exacte la culture qu’on leur donnera •,
ce que nous difons touchant les faules, peut
être pratiqué avec les miniers & les pommiers ;
il faut feulement, dans l’une ou l’autre efpèce
d’arbres dont on fe fert pour cette haie, avoir
l ’attention de nettoyer les troncs, principalement
dans leur jonction, & de les étêter convenablement
, afin que les vuides qui font dans les
lofanges , fe remplirent infenfiblement par l’ac-
croiiTement de la tige ; accroiffement que l’on
accélère, quand on a foin d’élaguer & d’étêter
l’arbre, yy
Des Clôtures en haies sèches.
La haie sèche ne remplit que très-imparfaitement
le but de la Clôture. On eft cependant
forcé d’en faire ufage dans des endroits ou il
feroit impoflible de faire venir une haie vive , !
ou bien dans des circonfian.es où il eft preffant
d'établir à la hâte une défenfe quelconque -, le
dernier cas peut fur-tout avoir lieu pour dé- i
fendre une haie vive nouvellement plantée, ou
pour affigner les limites1 de certaines poffeffibns.
On fent que, par fa nature, elle ne peut pas
préfenter une défenfe affez forte pour empêcher
aux hommes de pénétrer dans un endroit qui en
eft entourré ; mais ori peut lui donner affez de
hauteur & de folidité pour s’ôppofer au partage
des- beftiaux. Dans e,e dernier cas , il faudrait '
employer des piquets ou des pieux aflez forts, &
une grande quantité de broftaiües, paçjni le fquelles
celles qui font garnies d’épines feront à
préférer. Nous donnerons, à l’article Haie de ce
Dictionnaire, le détail nécefi'aire pour la conf.
truClion d’une, pareille haie. Dans les Provinces
feptentrionales de l’Europe qui abondent en fa-
pins & pins, on fe fert aflez communément des
branchages de ces efpèces d’arbres, qui ne fait-
roient être mieux employés. ( Voye^ l’article
Ha ie . )
Avantages des Clôtures.
Si les Clôtures ne préfent'oient point d’autre
avantage que celui, cVaffurer à chaque proprié-
. taires la jouiffance exclufive defonhéritage, cela
feul devroit les faire adopter à l’unanimité. On
objeèle qu’il y a des fols li pauvres qu’ils ne
méritent point la dépenfede la Clôture, & que,
dans certains pays, les champs ont toujours été
ouverts, que par conféquent vouloir entreprendre
d’anéantir un ufage de tradition, & qui eft
c!e tout tems, c’eft entreprendre l’impofîibilité.
L ’objeèlion de laftérilité eft aflùrément triomphante
; mais l’on doit fefouvenir que , d’après
les expériences de nos Cultivateurs , il n’exifte
point de loi aflez flérile auquel l’Art ne puifle
procurer, à la longue , ün certain degré de fertilité.
On voit tous les jours des récoltes très-
belles dans des fols jadis réputés comme d’une
ftérilité abfolue , & il y a tout à parier que fi
l’on vouloit fuivre-les procédés propofés par
plufieurs Agronomes, une très-grande partie
des terres,, de la France , prétendues fié ri les, feraient
cultivées avec fuccès.
Tout fol eft fufçeprible de culture, excepté
le rocher proprement dit; mais, comme la France
n’en offre que très - peu ou point d’exemple
de ce genre, tous les autres fols récompen feraient
la peine & les frais de l’Entrepreneur, pourvu
qu’on commence par les enclorre. Les exemples
que nous rapportons à ce fujet font puifés chez
nos voifins les Anglois, qui fou vent ont trions
phé d’une ftérilité apparente , parleurs procédés
ingénieux. Voici ce qu’on pratique en Angleterre,
dans la Province de SufFôlck. Cette Province renferme
des parties trè^.- fablonneufes , qui ne
produifent pas le moindre brin d’herbe. Le fable
[y eft aufîi mouvant que dans les dé fer b de l’Arabie
; il eft élevé par les vents comme les vagues
de la mer. O r , rien affnrément, .fi l’on
en excepte le rocher proprement d it,, ne peut
égaler laftérilité de ce terrein. Croirait - on que
les habirans ;de ce pays ont trouvé l’art oé Ife
fertilifer? lis y sèment , dans un jour calme, de
la graine de foin, & la couvrent de broffailles,
principalement avec du genêt qu’ils^ fixent
avec des échalas qu’ils enfoncent profondémint
dans la terre, pour empêcher que le vent ne
l’enlève. Cette efpèce de couverture produit
deux effets : lepremier, c’eft de garantir du vent
le terrein & la graine ; & le fécond, de porter
une efpèce de fraîcheur & d’humidité au coeur
du fo l, ce qui attendrit la femence , qui pouffe
alors très - vite ; bien - tôt après les racines fe
répandent & s’entrelacent fi bien qu’elles retiennent
, en quelque façon le fo l, & lui don -
nent une confiftance fufmante pour en tirer un
par ti affez avantageux.
C’eft ainfi qu'un fable ftérile & mouvant produr
un pacage, médiocre à la vérité pour la quantité
de l’herbe, mais excellent pour la qualité.
On obferve généralement que les beftiaux qui
•s’y nourriffent ont une chair bien plus tendre ,
I plus fine & p lus délicate, & font portés à un plus
I grand prix que les autres qui fervent à la con-
fommatiori, de forte que fi l’on ne peut pas y
nourrir un aufîi grand nombre que les pâturages
I gras, on eft dédommagé par l’excédent du prix.
I C’eft ainfi qu’un Cultivateur intelligent voit,
d’un coup-d’oeil, à fe fau ver par la qualité,
quand on ne peut point avoir la quantité.
En mettant donc fous les yeux de nos Cul-
I tivateurs un exemple fi intéreffant, nous ofons
nous promettre de leur infpirer du courage, &
I le goût d’amender leurs terres les plus mauvaifes ; j
nous voulons même qu’on pouffe plus loin Fa-
j mendement que les habitans de SufFôlck. Four
I y parvenir, il faut après qu’on eft, à leur imi-
I tation , venu à bout de couvrir d’herbe un fol
fcmbiable, l’enclorre d’une haie bien épaiffe, pour
empêcher que le fable du terrein voifin bien
I élevé parle vent n’enterre l’herbe; par ce moyen,
| on s’affüre, pour quelque tems, quelques avan ■
I tagesj après que l’on a fermé ce terrein d’une
I bonne haie. On ne fe borne pointé la feule
I herbe qu’il produit : les carottes & les navets s’y
II plaifent. Ces deux articles fuffient pour payer
les frais de Clôture, & Bonifient le terrein.
Aufli-tôt que le Cultivateur a fait la dépenfe
de la Clôture , qu’il ne fe borne point au foin
que ce fol peùt lui rendre, ni au pâturage qui
peut fervir à fes beftiaux ; qu’il faffe des fouilles
dans piufieiirsendroits du même enclos, il trou-1
vera fûrement de la glaife ; qu’il la répande fur
le terrein , &, après avoir donné les foins né-
I ceffaires, fon terrein fe trouvera bien- tôt en
état de produire plufieurs efpèces de blés & d.e
légumes.
Il éft donc bien certain que la Clôture eft ,
pour les terreins légers & fablonneux, le premier
amendement qu’on doit leur donner, puifqu’il
I les rend propres à recevoir & à conferver les
autres améliorations qu’ils exigent pour être por-
I tés à un certain degré de fertilité; & fi, par une
! femblable méthode, on donne des principes aux
| plus mauvais fols, quels avantages ne doit-on
| pas attendre, lorsqu’on la pratique fur de bons
| terreins, mais négligés. De - là , on doit con-
| dure qu’il n’eft point de terrein , quelque fté-
I nie qu’il paroiffe, ou qu’il foit en effet, quinç
paie les frais de la Clôture, & qui, par conféquent
, ne mérite cette amélioration.
Olivier de Serres, le premier Auteur François,
& un des anciens Agronomes les plus inftruits
qui aient parlé en faveur des enclos , s’exprime
de la manière fuivante. ci Rien de plus judicieux
que de clore fes poffeflions , pour les garantir
des dégâts des bêtes & des vols des hommes. Ainfi ,
je confeille de mettre la main à cette befogne
dès aufli-tôt que les principales ordonnances .du-
terrein que l’on veut mettre en valeur auront
été effeéluées, afin que rien ne fe perde de notre
labour, & , qu’enfermées fous clefs, les productions
nous donnent plus de contentement que
demeurant ouvertes &expofées à tout venant (cela
regarde les jardins, les potagers & les vignes);
toutes autres propriétés .conviennent pour la
même caufe, que l’on les ferme; & , foit tçrre
à grains, prairies, pâturages & bois, rapportent
plus de revenus clos qu’ouverts ; fpécialement
le pré qui, fermé, eft appellé la pièce glorieufe
de la maifon , furpaffant d’autant l’ouvrier qu’il
y a de différence entre les chofes qu’on con-
ferve chèrement , à celles qu’on abandonne à
la négligence : en ces cloifons néanmoins doit -
on aller retenu, diflinguanr les lieux & le? moyens
dedifpendre à cequ’incorifidérément l’on n’entreprenne
d’enceindre trop de grand terroir : ains
qu’avec le plus d’épargne poflible, les fruits dé
chacune partie de la terre, félon leurs particuliers
mérites foient confervés. 99
L’opinion de Serres eft donc, comme on le
voit, parfaitement conformé aux vues dus Agronomes
modernes, qui fe font élevés avec raifon
contre le droit de parcours que l’on peut regarder
comme les fléaux de l’Agriculture, & qui,
en l’examinant, n’eft rien moins que profitable,
comme on l’a toujours prétendu , même pour
les communautés pauvres. Car, quelque précaution
que l’on prenne dans les pays ôuv.rts
comme la France , les beftiaux confomment toujours
une quantité confidérable de grains, & il
faut une multitude innombrables d’hommes pour
garder les beftiaux & les récoltes.
Il femble, à voir laFrance , que les Clôtures
y foient entièrement ignorées ; il eft au moins
certain qu’on n’apprécie point affez les avantages.
Un pays partagé entre une muhitude de
Propriétaires femble n’avoir qu’un feul maître:
ici un léger fofl’é, quelquefois même une trace
de la largeur d’une bêche, une élévation formée
de quelques pelletées de terre , une pierre à
peine large de quelques pouces ; voilà tout ce
qui diftingue & affure les propriétés.
Il y a quelques cantons peu confidérables,
où le befoin de bois de chauffage, occafionné
par la deftriiélion des anciennes forêts, fait en-
tretenir des haies garnies d’arbres ; mais on n’en
connoît pas à beaucoup près tous les avan