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en Europe *, les rameaux font un peu velus vers
le fommer, & chargés de petits points noirs ,
ainfi que les pétioles des feuilles qui font également
velus. Les feuilles inférieures font entières,
les autres font larges , un peu en coeur à leur
bafe 3 & divifées à leur fommet en trois angles
écartés, ou trois lobes courts & pointus ; elles
font vertes, prefque glabres , avec une glande
fur une des nervures dorfales. Les fleurs fe dif-
tinguent, & par leur grandeur & par une couleur
d’un jaune foufrépâle, avec une teinte rougeâtre
très-pâle vers leur bord-, quelquefois la /couleur
jaunâtre eft entièrement effacée , & alors la
fleur eft entièrement blanche ; le fiyle eft terminé
par un ftigmate épais s oblong, tétragone,
un peu tors en l’pirale, & ponétué fur les faces;
la colonne des étamines eft hériffée dans toute
fa longueur par la partie de leurs filamens.
Le calice extérieur de la fleur eft compofé de
trois grandes folioles en coeur, nerveufes , divifées
à leur fommet, en découpures profondes &
très-aigues. Le fruit ou la capfule eft peu alon-
gé, de figure ovale, un peu pointu, divifé en
quatre loges, qui renferment un duvet très-blanc,
mais fort adhérent aux graines.
Le Cotonnier glabre, eft un arbrifleau de quatre
à cinq pieds de hauteur. Il préfente fouvent
des variétés qui femblent le raprocher du Cotonnier
que Linnée a décrit fous le nom du G. Bar-
badenfe. Ses feuilles ont à leur furface inférieure
trois glandes ; dans d’autres on n’en remarque
que deux & fouvent une feule. Il fe diftingue
cependant des autres efpèces, fur-tout du Cotonnier
à trois pointes, en ce qu’il eft glabre ,
& que fes rameaux & fe$ pétioles font chargés
de points noirs tuberculeux qui les rendent rudes
au toucher. Les feuilles font d’un vert allez
foncé, les inférieures ovales-pointues & entières;
toutes les autres font profondément divifées en
trois lobes pointues. La tige de ce Cotonnier
eft parfaitement ligneufe , & lui afligne par con-
féquent une place parmi les Arbuftes.
Culture. On cultive les Cotonniers comme objet
de curiofité dans des jardins de Botanique ,
ou bien en grand, Ceux qui, en Europe, veulent
élever des Cotonniers, doivent d’abord confidérer
que cet Àrbufte étant originaire des pays chauds ,
ne peutréuffir qu’autant qu’on lui donnera tons
les foins que les plantes de ces climats exigent
en générai, A l’exception de notre première ef-
pèce , ou du Cotonnier herbacé , qui paroit vou-
loiç s'acclimater dans plufieuresprovinces del?Eu-
rope , dont le climat n’eft que tempéré , toutes
les autres ne peuvent être élevées que fur des
couches ou dans des ferres chaudes , & comme
elles font vivaces, & que plufieurs arrivent à
une hauteur confidérablé ., elles veulent être
confervées pendant T Hiver dans une ferre
tempérée & même chaude malgré tous ces foins,
les pieds <juq l’on a élevé jufqu’à mie certaine
c o T
hauteur pendant l’É té, périflent fouvent lepre.-
mier Hiver ; en général, tous les Cotonniers
excepte l’herbacé, font des plantes très-délicates.
Le Cotonnier herbacé, comme on le verra ci-
après, peut être élevé dans une couche ordinaire.
En le femant dans des pots au mois d’A-
vril , & en le tranfportant enfuitefous deschaf-
fis. On fera bien de donner aux jeunes pieds, autant
d’air que poflible , lorfque la faifon le permet,
& de les laiffer quelque teins fous des chaflis,
jufqu’à ce que la faifon permette de l’expoferà
l’air libre.
Dans les climats, où les gelées qui arrivent fouvent
à la fin du mois de Mai & même en Juin,
font périr beaucoup de plantes encore tendres ,
on aura foin de couvrir ces Cotonniers avec des pail-
laflons que chaque jardinier faura adapter félon
les circonflances. Ce Cotonnier craint également
les vents froids, (fur-tout les vents du Nord, il
eft donc prudent de. choifir pour les pieds que
l’on veut voir réuflir , une expofition bien abritée
, fur-tout celle du Midi. Les pots les plus
grands, font toujours les meilleurs , car la racine
des Cotonniers eft plus traçante que pivotante,
une terre bien meuble & fubftancielle eft encore
celle qui leur convient dans nos climats de préférence.
11 faut avoir foin d’arrofer le Cotonnier
herbacé de tems en tems , m,ais toujours médiocrement
, trop d’humidité lui devient nuifible.
Les Cotonniers que l’on aura traité d’après la
méthode que je viens de propofer , fleuriront
au mois de Juillet, & leurs fruits feront mûrs
au mois de Septembre.
Miller a également réufli d’élever en Angleterre
le Cotonnier velu,mais cette efpèce demande
déjà plus de chaleur que la précédente. Ce jardinier
l’avoit femé fur une couche chaude, &
lorfque les jeunes pieds pouvoient être tranfplan-
tés, ils les mettoit chacun féparément dans un
aflez grand pot qui fût placé dans la tannée,
dont la chaleur contribua à accélérer l’accroif-
fément. Lorfque ces Cotonniers étoient devenus
trop hauts pour relier fous les ehafiïs, il lés fit
tranfporter dans la couche de la ferre-chaude,
où ils achevèrent leur accroiflemenf. Ils portoient
des fleurs au mois de Juillet, & les fruits aufli
gros que ceux que la même efpèce produit aux
Antilles, étoient parfaitement mûrs en feptenibre,
& remplis d’un coton aufli beau que celui qui
vient de la Jamaïque.
On voit d’après ce détail, que pour élever les
autres efpèces de Cotonnier , il ne faut non-feulement
mettre en ufage toutes les précautions &
tous les foins qu’exigent en général les plantes
des tropiques, mais il faut en même-tems avoir
à fa difpofition des ferres - chaudes d’une grandeur
convenable , & en général un local que peu
d’Amateurs peuvent fe procurer : c’eftaux grands
établiflèmens que des Souverains feuispeuvent frv
o r ilc ï
«Wrift® faut •fibandonnenutf cultWfe qui
ne péut îintéreftér que; laifimple eiiriofitë. ■ ;
; La cukuretfesiCotontjiers'en grand, eft àiricon-r.
traire un objet >de la: 'plus.grande importance ,
& pour plufieurs pays , un article de commerce
dg;(là première. (Valeur. Avant, . la . découverte .de»
l’Amérique , tout le Coton , qui . fe yoyoit alors
dans- le Commerce ;en : Europe, 5 oyénoir, ou ,
des 'Grandes-Indes, de; la Perfé y /pu de .cette
partie; .de -l'Afié- mineure , fituée len panciè.'jfur,
les. bords de la Méditerranée pewÉTêtre<auÜK
de ,l’Arabie & de. l’Egypte. C’eff probablement
deces pays, que le,Cotonnier aôLnçlJement cul--
tivé dans les Mes de l’Archipel , , a été apporté;
dont il a paffé fucceflivèrrien t en Italie. Poûrdon-A
ner plus d’enfemble & une-plus ;grande préciftoni
à.çet article ,nous diviferons.la culture diuCoton-
nier en culture d’Europe, d’Aïïe , d’Afrique &.
d’Amérique. . Commé chaque/pays a différentes
méthodes de cultiver cette denrée le Leéleur
nous faura fans doute gré de lui préfenser , d’après
les renfeignements les plus authentiques &
ce1 que nous avonsraffemblé de mieux-fait fur
cette madère.. ( i ) .
Les pays de! l’Europe où le Cotonnier eft cul"
tivé «h grand y & où le Coton eft devenu une:
denrée < commerciale-d’un rapport important ,
font rifle dé Malte', -fà-Sicile , une partie :de>
la.Calabre, & quelques Mes de l’Archipel. Dans
plufieurs autres Cantons de l’Italie,1 on avoit éga-
lementcommenéé à cultiver le Cotonnier comme-
en Tofcanè, en Sardaigne ,- en Corfe, & les premières
tentatives' promettoient beaucoup de'lue-
cès :; mais1 il paroît qu’on a prélentement aban->
donnè ée- projet. Ce n’eft que depuis; peu , qu’on;
s’en odeupé en Efpagne, car le petit nombre de
Cotonniers que l’on vôyoit jufqu’icidansceRoyau-
me étoit un fimple objet de curiofité,' ou défi
peu d’importance que cela méritoit à pçine le
nom. Voici ce qu’en dit Onega dans Te fnp-
•( ïN o u s èfpériôns trouver fur l’article Coton des ren-
feignemenss rp ré ci eux dans une Differtation c omp bfcq p ai
M. Quatceiper Dijonval, & couronnée par 1 Academie
des Sciences de Paris ;' ma is la lêàuré dé cette Diller-
tâtion nous a. convaincu qu’elle ne conienôit, non-leu-
lement rien de nouveau , u ce n’eft quelques opinions ,
qui paroifFent appartenir e^cluûyemènt à 1 Auteur,
plufieurs fiipgofitions que l'expérience & ^es. J a!ts,^ ej ar:
vouent M. Quatremer.regardé le Cotonnier^ herbacé , tel'
qu’i l , eft cultive à Maltlïé, comme une variété dégénérée
& abâtardie dii Cotonnier en axbre'qui, dans Ion■
pays natal, lés grandes, Indes legale en,hauteur ,i orme.,.
Il croit également que'lq Coton jaunje de Siam „ qui
% à la fabrication des étoffes connues / fous e ; nom
de nankin , n’ eft qu'une e f^ c e dégénérée1; Telonlut ,
la Éoiiléur 4 « ce Coton èft un d é fa u t, toutes les elpeces
doivent produire du C'otbu blànc.. C eft pardevànt, e
'Tribunal dés Botaniftes, qqe nous- envoyons^ M ... Qua-
tremer , pour répondre de fes hétérodoxies. .Si de pareilles
dégénérptions ayoie«it lieu le^lKyreqil pourrpit
bien avoir été jadis un cerf.' f
 g t ic td tu ft. Tome U l * ’
plémen tt ; J e ' la Flo ra Bfpannola^ dé Quer. '
r cç L a ..çultiwe d û C o to n n ie r é to it au tre fo is en-
s? i tiè rem en t négligée en E fp a g n e & o n n e le
:■ j j v o y o i t q u e dans fes jardins des C u r i e u x , o ù .
5? c e t A rb u f te p r é c ie u x fu t é le v é dans des po ts
, ?? a x e e d’ ajitpes p la n te s é trangère s. .11 p a ro ît ce-
55- p e n d an t, qu e .d an s q u e lq u e s P ro v in c e s m a r i -
55 rimes,' plus induftri.eufes q u e les autres, & d o ;n t,
55. la tem p é ra tu r e p a ro ît plu s a p p ro p r ié e à fa c u l-
55, t u r c o u i a it to u jou r s ;-.éle,vé un p e tit n om b re
. >5 de C o to n u ie r s :, d o n t le C o to n fu t em p lo y é
>5 ;par ii.es/gensrde la C am p a gn e p o u r e n fa ir e
55 des mè che s p o u r leurs lam p e s , & p e u t - ê t r e
55 pou r.d ’au tre s ufages dpme ftiqu es . D e p u is q u e l-
55 ques- ranftée&',"Cette c u ltu r e ■ a é t é fu iv ie a v e c
55 un p e u p lu s .de fo in , fu r - to u t dans le R o y a um e
; 55 - d e V a l e n c e , ,où pl.uffeurS; p a rtie ul.i,er.s; o n t en -
•55: f im e n c é des ch am p s entiers, de C o to n n ie r s , .
55 d o n t la r é c o lt e a été a f fe z confidérablé.^ E n
»5 ,17,85 , 1 o n é v a lu o i t le Ç o to n cu lt iv é la
55 m êm e a n n é e -d an s le -R o y a um e d e Valence ,
55 à ' 400 q u in ta u x . 55 1
. L e C o to n n ie r c u l t iv é en E fp a g n e eft,, fé lo n le
il même A u te u r , c e lu i q u e L im é a d é c r it fou s le
'n om de Gojjypiurii arb.oreum ,* 011 la c in q u ièm e
1 des efpèces-, décrites, d a n s le tab le au pré c éd en t.
: Q u o iq u e )Ç e tre d én om in a tio n fo i t a fle z im p ro p r e ,
n ou s fommes ob ligés d e l’ ad o p te r fa u te d u n e
: m e illeu r e ; c a r , fe io f fd e s p b fe rv a tto n s m o d e rn e s ,
i l p a ro ît aflez. d é c id é ., q u e plus d’u n e e fp è c e de
; Coton .atteint la hauteur, d’A rb r e s , tandis q u e
d’autres ne reften t q u ’Â rbu ftes o u A rb r ift’ea u x
j d e p eu d’ é lé v a tio n : nous; au ron s o eçafton de re-v
I v e n ir fu r c e t , o b je t dans la. fu it e . :
| a L a g r a in e d e n o tre C o to n n ie r , dit O r te g .a , fe
: m e t en terre au.mois de Mars, à -p e u -p r è $ comme '
:|on p lan te des. h à r icb t s , p o u r q u e lle lève, .plus
{p rom p t em e n t , o n la la iffe trem p e r dans l’ e a u ,
Ipen dan t 1 5 heures , av an t de la Cerner. A p rè s q u e l l e
"a été plan tée , on a fo in d?a r ro fe r - la te r r a , &
jc e s .a iT o fem en ts fe c o n t in u e n t , ju fq u ’ à c e q u e
•les jeunes p ieds d e C o to n n ie r fo ie n t arrivé s à u n e
: c e r ta in e h a u teu r . Q u an d u n e . fbisrelil.es . fo n t e n
î v ig u e u r , ils p e u v e n t fé pafter d e L’à r ro fem e n r ,
& ils p ro d ù ifen t leu r s fru ité dans c e m o y e n , m êm e
dans u n f o l fe c & fa b lo n n eu x . ( 1 ) L e s feu ille s
de c e C o to n n ie r fo n t petites , re la t iv em e n t à fa
h au reu r p e lle s fo n t d iv ifé e s en cinq; lo b e s , & r e f -
fem b len t à c e lle s de la v ign e ; mais on èn t ro u v e
laufti d on t les lobes fo n t fo r t obtures : les feu ille s
d u fom m e t fo n t e x tr êm em e n t p e t ite s , & n’ o n t
q u e trois lob es , la fleu r f e in b h b le à c e lle des Q u et?
mies , eft o u ro u g e o ù jaun e . U n e e fp è c e d e
(fir) Cette manière de cultiver le Cotonnier ne con*
vient peut être pas à tous les pays chauds; mais les
rofees abondantes dont jouit le Royaume de Valence .
fitûé Üe long de la Méditerranée , remplacent en partie
1 J la ' Cechereffe du fol. . y y y