
tp* c o s
pour y remédier, de faire carreler le fond du
lieu deftiné aux couches, d’établir de longues
caifles de grandeur & en nombre proportionné
au befoinf Ces cailles feront faites avec, des
planches d’un police d épaiiïeur.^ taillées & al-
lemblée.s en mortoife paries bo’hts; enfin, pour
prévenir leur déjettement, leurs angles feront
maintenus par des équerres en fer. On pofe ces
caifles fur la partie carrelée , & on. enduit leur
féparatien avec les carreaux, avec du mortier
de chaux & à fable , ou avec du plâtre ; on les
remplit, & on forme des couches, ainfi qu’il a été
dit.
’ ' Afin de prévenir la réparation de la terre
d’avec la racine, lors de la tranfpiantation , fort
encore pour laifler fortifier le pied iur la couche,
il convient d’avoir un nombre fuffifant de petits
vafes fans pied, percés au fond par de très-petits
trous, larges de cinq pouces par le bas, &
•de fix par le haut, & leur hauteur également
de fix pouces. Les pots ronds, placés les uns à
côté dès autres, lailFent inutilement un efpace
vuide • il vaut donc mieux qu’ils foient quarrés
par le* haut : alors nulle place n’eft perdue.
On place ces pots fur la couche de fumier, &
on aarnit exactement avec de la terre les vuides
qui Te trouvent entre chaque pot, & ainfi de
fuite , rang par rang, jufqu’au bout de la calife
qui , fur quatre, rangs, peut aifément contenir
Cent pots au hefôin. On remplit cesyâfes avec:
de la terre bien préparée, & on sème quatre à;
fix oraines en differens endroîfs du vafe ; on eft
sûr que les taupes-grillons n’y pénétreront pas, :
& qu’on pourra trànfporrer les plantes avec;
le vafé, fans les dérânger, jufqu’aux lieux où
elles doivent être mifes à demeure. L évafement
d’un pouce de la fuperficie du vafe, fur lés cinq
qui font à fa bafe , facilite le dépotement, &•
les petites racines chevelues, qui rapiffent alors|
la terre, fervent à la retenir , fur-tout fi on'
a eu foin d’arrôfer les plantes un ou deux jours'
auparavant. Le trou en terre, préparé d’avanc-e
& garni de terreau , s’ouvre pour recevoir la
■ »ouvelle plante à demeure. On paffe le doigtj
d* la main gauche & étendue entre les tiges',;
on îenverfe le pot fur la main gauche ,& avec i
la droite on l’enlève : alors, retournant la gauche '>
fur la droite, on place enfuite la plante de la j
manière convenable, & elle ne sapperçoit pas:
d’avoir changé d’ habitation, ni elle ne îbuffre,
en aucun point, de la rranlplamation : un petit
■ arrofement quon donne enfuite , réunit -les î
terres,
La coutume des Jardiniers eft de pinçer les.
bras au-deffus de l'endroit où la fleur femelle,
a noué ; il s’agit de favoir fi ce travail eft abfo-j
1 ument néceftaire.M. l'Abbé Rozier aflure d’avoir-
h preuve du contraire ; il a laiffé un cantaloup
livré à lui-même ; il a pouffé des bras autant &
(.omme il a voulu, & a produit un très-grand;
C O N
nombre de beaux fruits.^Cette expérience a été
faite par M. l’Abbé Rozier dans les provinces I
méridionales de la France •, il refte à favoir fi
la même méthode peut être adoptée dans 4e$
provinces du Nord de la France; il convient
également de s’affurer, par des expériences, sil I
èft avantageux d’enterrer ou de ne pas enterrer
les bras.
' Une autre queftion pas moins intéreffante poiir
ceux qui cultivent les melons ,• c’eft de favoir
fi les arrofemens copieux leur font convenables
on" non. La plupart des Auteurs, font pour la
négative-, mais il paroît qu’il ne faudroit pas prononcer
là-deffus, fans admettre des exceptions
que le climat & les circonftances locales peuvent
rendre néceflàhes. M. l’ Abbé Rozier, que nous
fuivons particulièrement pour la culture natu-
relie des melons, nouc fournit quelques exemples I
que nous citerons ici. A Pefenas dont les melons I
font fi renommés, on arrofe fouvent les canta- I
loups à couronne ou à verrues fans couronne, I
ils y font délicieux; M. Rozier en a élevédela I
même efpèce, prefqüe fans les arrôfer > & ils. I
•ont été moins agréables & moins gros ; il a également
fait arrofer, félon la coutume des provinces
méri lionales, les melons maraîchers &
fucrins, & ils ont été défeflables. Ges expé1*
riences doivent fuffire pour prouver qu'il n’y |
point de règle générale relativement aux arrofemens
des mêlons ; cela-dépend abfolumem
des efpèces & du climat : mais fi les Cultivateurs
éclairés voùloient faire des effais fouvent répétés
fur ce point de la culture des melons, on pour-
roit alors s’affurer des^ efpèces auxquelles (es
arrofemens conviennent de préférence , & de
celles qui n’en exigent point.
Dans plufieurs jardins, les limaces & les efeatv |
gots font de grands dégâts. Le pa ti le pl^)s. sûr j
eft de.les chercher dans leurs retraites, quijs |
indiquent par la bave qu’ils répandent par-toiit
où ils paffenr. Malgré cela, il n’eft pas:'ftoujours
aifé de les1 détruire ; on peut, tout autour-des
pots, couvrir la terre avec de la cendre &h
renouveler autant de fois qu’elle fera tapée &
agglutinée, foit par les pluies, foit p a r les arrofemens.
On fait que les efeargots coupent les rîg$
par le pied.
Les mulots font également de grands definie-
teurs des couches de melons, de courges &
Concombres V ils déterrent les graines & les
mangent. On prend, pour les détruire, desgrai--
nés de. courges que l'on fend par leur longueur,
on garnit l’entrèdeux avec de la noix vomique,
réduite en poudre & pafféa au tamis de foie,;,
on rénnit les deux parties de la graine ; mais
cette méthode ne remplit pas les vues qn°n
s’étoit propofées > parce que la noix voroitptë
«étant un peu amère, les mulots abandonner!
cette grainç $. giatçm mieux fouiller la
C O N
A manger celle que l ’on a fcniée. Le tartre ëmé-
. e employé de la même' manière, réuftit
mieux. L’arfenic, également incorporé dans la
raine de courge dont les fats, les fouris & les
mulots, font très-friands, le_s détruit sûrement
V promptement *, mais il eft dangereux de mettre
ahpoifun aufli aélif entre les mains d’un Jardinier
ou de tel autre homme de cette claffe. Le
propriétaire devroit lui même fe charger de ce
foin , compter le nombre des graines préparées,.
& deux ou-trois jours,après, enlever ou brûler
celles qui n’auroient pas été mangées par ces animaux
; on aura alors la prçuyc qu’i.is ont tous été
grevés dans leurs retraites. Voilà pour les couches. .
Les pieds tranfplantés, ou venus de graine fur
le lieu;, craignent également les taupes-grillons,
lés limaçons & les limaces. La cendre fouvent
rénouvellée interdit l’approche à ces derniers ;
niais lès. taupes - grillons, les vers blancs ou les
larves du hanneton , comment s’en défendre? Il
jM à qu’un féul moyen , c’eft d’avoir une quantité
lumfante de morceaux ou broches de bois
quelconque , de fix à huit pouces de longueur;
<ié les enfoncer en terre les uns après les autres , ,
& fi près que ces infeéles ne puiffent paffer entre
! deux, de manière que tous enfemble, plantés
circulairem.ent autour de la plante, formeront
une efpèce détour intérieure de huit à dix pouces
de largeur, qui défendra l’approche de la
! plante. Cette opération eft l’ouvragé^ des enfans
I du des femmes; & , lorfque la plante eft forte ,
I on peut enlever ces morceaux'de bois. On pré-
| tend même qu’en élevant ces morceaux de bois
de quelques pouces au-dêffus de la fuperficie
du fol, les limaces & limaçons nejés franchiffent
pas, lorfque leur fommeteft taillé en pointe fine.,
I parce qu’alor* ccs animaux ne peuvent fè' tenir
j deffus. Ces petits détails paroi lient ^ eur-être minutieux
à beaucoup de Jardiniers ; mais il n’eft
pas moins vrai qu’ils ont pleinement lads-fait aux
vue? de M. l’Abbé Rozier qui les a mis en pratique,'&
duquel nous les avons empruntés.
; ÏÏ)e la Culture auificieUe,
La culture artificielle du melon eft en général
très - compliquée ; mais elle eft inciifpeniable.,
f lorfquè le peu de cha'eûr dit climat exige que
[ l’art vienne au lecours de la pâture on diroit
I que l’-on met une efpèce de gloire & d’amour-
propre à lurmorner les difficultés., & même à
I avoir des melons dans une faifon tout- à-fait.
oppofée. L ’art fait donc beaucoup; il donne
I la forme aû fruit, mais lui donne-t-ii fon eau
fucrée, fa faveur vineufe, fou parfum ? Non
I fiïns doute; la perfeélion tient à là nature : elle
l feule -colore les fruits, leur donne l’odeur &
I fa"faveur qiü leur 'conviennent ; mais l ’art, fe
I traînant fur fes pas., n’offre que le firoulacre de
C O N 3 9 9
cette perfeélion. Cependant,. dans les provinces
du Nord T on s ex tarie devant ces fruits, ils font
réputés délicieux : mais la véritable raifon de
cet enthoufiafme eft qu’on n’en connoît pas de
meilleurs, & qu’on n’eft pas à même de faire 1a
comparaifon.
On appelle culture artificielle, celle qui né-
ceffirc l’emploi des couches, des cloches, de chaff
fis ou de ferres-chaudes.
La méthode la moins compliquée eft celle pratiquée
à H on fleur, en Normandie. On choifit,
dans un jardin, l’expofuion la plus méri liona e ,
laî mieux abritée des vents, & qui reçoit le mieux
les rayons du foleil depuis Ion lever jufqu’à fon
coucher. Si l’abri n’eft pas affi-z confidérâble,
on le renforce avec des paiilaffons, &c. &c. foit
pour la totalité du fol deftiné à la mclonnière,
foit pour chaque foffe à melon ; la terre forte,
neuve & bonne, eft préférable à tosur autre.
Lorfque les fortes gelées ne font plus à redouter
, c’eft-à-dire vers le commencement de Mars,
on creufe, à fix pieds de diftançe l’une de l’autre,
des foffes de deux à deux pieds & demi de profondeur,
largeur, longueur & hauteur. Elles
font remplies de fumier de litière, depuis le
commencement jufqu’au tç Avril, & û coups
de rnaffue, oit par un très - fort piétinement ,
le fumier eft placé rcouche par couche, ju f-
qiï'à ce qu’il remplifle la folfe au niveau du fol.
La foffe eft recouverte par un pied environ de
bonne terre mêlée avec du terreau, & le fout
; eft recouvert avec des cloches dont les verres
font réunis par des plombs, & qui ont prefque
le même diamètre que. la foffe.. Cinq ou fix
jours apiès , lorfque la chaleur s eft établie dans
le centre & s’eft communiquée à la couche fu-
périenre de terre, au point de ne pouvoir y
tenir le doigt en y enfonçant, on sème la graine
& on l ’enterre à la profondeur de quinze â dix-
huit lignes, & chaque graine eft féparëe de fa
voifine par trois on quatre pouces de diftance.
On met deux graines à - k - fo i s dan j chaque
trou.
Les melons parvenus à avoir cinq feuilles,
en y comprenant les deux cotylédons ou*feuilles
feminales, on examine quels font les plants les
plus,vigoureux ; on en choifit deux pour chaque
foffe, 8l tous les autres, font coupés ctirre deux
terres, &. non arrachés : alors on retranche la
partie fupérieùre de la tige, avec la feuille qui
l’accompagne , en coupant fur le noeud.
Lorfque les plantes auront fait des pouffes de
huit à dix pouces de Eng, on les pincera par
le bout, pour donner lieu à la produéïion d’autres
pouffes latérales, que l’on pincera -comme
lès précédente?. Il faut avoir l’attention de couvrir
les cloches , dans la nuit, avec des pailîaf-
fons,, )ufqu’aux premiers jours chauds, dont on.
j profitera pour donner aux plantes un peu d’ak.