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femblè à celle de la marcarerte des Volges que
i’ai décrite. La feule différence , c eil que le
Strelli, où font les petites chambres ou plutôt
les lits des hommesJ fe troues au-nenus . de
l ’érable au lieu d’être au-deffus de la laiterie.
Dans tous les Châlets on confttuit avec plus
de foin la chambre an fromage que le reite des
logemens. Elle efl faite de pièces qui senchaffent
exactement les unes dans les autres, tant pour en
défendre l’entrée aux fouris , aux mouches
& autres infects , que pour empêcher
que ce vent chaud, nommé Fon , ne s'y faite
fentir. Car ceft l’opinion générale dans le Oel-
fenay, que fl ce vent fortifie dans la chambre
aux fromages, il fait enfler les fromages & les
fâte. Ce n’eft pas au vent, fans doute, qu il faut
s’en prendre, mais à 4a chaleur, qui a heu, lorlV
que ce vent fouffle. Quand les Châlets font fur
des montagnes élevées St froides^ il faut d abor
chauffer ces chambres ou cages, en y portant
du petit-lait bouillant ou des pierres chaudes.
Il n y a dans ces chambres que des tablettes ,
fur iefquellcs on pofe les fromages à plat &
dont on peut s’approcher commodément pour
les faler, les frotter & les fécher.
On efl quelquefois forcé, fur les Hautes-Alpes, de
conftruire des Châlets dans des lieux ou ils ne peuvent
être protégés contre les avalanches de
neige, par des forêts. Pour les. garantir de cet
accident, on élève un mur triangulaire dont
les deux côtés font aufft larges que le Châlct &
suffi élevés. Le mur efl placé derrière la
laiterie & fon angle faillant efl tourné contre
l’avalanche pour le rompre & 1écarter du Châ-
le t à droite & à gauche.
Lorfque furies Alpes fi hautes & fi dangereufes,
il faut plufieurs Châlets,à eaufe du grand nombre
de propriétaires, on en conflrmt deux ou
trois l'un fous l’autre fur la même ligne & à
peu de diftance, afin que les inférieurs foient
abrités par les fupéneurs. Le plus élevé lefi
même par le mur en flèche. Ce moyen ne garantit
que des avalanches de terre & d «n>,
mais rien ne met à l’abn des tourbillons de
pouffièré.
Pins le Chàlet efi élevé , pluSjil eft expofé
à être chargé de neige ; pour qu’il ne foit pas
enfoncé, on a foin, avant de partir, Sàançon-
ner c’efi-à-dire, d’étayer ta fablière. Ces derniers
détails font pris d’un Mémoire fur l’économie
des Alpe:., inféré dans ceux de la Société
économique dé Berne, année L77 I , tome i . ,
fees Burons d’Auvergne font encore plus Amples
que les Châlets de Suifle, de Franche-
Comté & des Vofges. Quelques propriétaires
opulens feulement font çonflruire de véritables
bàrimens qu’on place au milieu de la îumade.
à portée des. befiiaux, & qui font compolés de
U laiterie & du logement des domefiiques.
Ces Burons ont la forme d’un quarté longs?
ils font couverts de paille St quelquefois d ar-
doife groffière. Une porte étroite & bafte en efl
l’entrée on n’v pratique aucune fenêtre, afin
d’y entretenir une température à-peu-près éeele,
& de les mettre à l’abri des vents du midi capables
de décompofer le lait en un tnftant. On
les entoure d’un fofl’é pour les garantir des pluies
& de l'humidité. , , , . ,
11 y a dans l’intérieur, une feule cheminée
qui fert pour la laiterie & pour la cuifine des do-
mefliques. Quoique le toit foit très-bas on y
ménage quelquefois une efpèce d entre-loi dans
lequel on place le lits; car les uflenfiles occupent
le rez - de - chauffée. Cette pièce ,
qu'on peut regarder comme la première & la
principale, communique à une autre ou Ion
conlèrve les fromages iufqu’à ce qu on defeen-
de de la montagne. Elle eft aufft fans fenêtre
& revêtue de terre en dehors & , par confé-
quent, toujours fraîche , ce qui efi néceflaire
pour modérer la fermentation des fromages >
fouvent trop rapide dans le commencement.
On voit des Burons compofés de trois pièces ;
dans 1 une eft la cheminée, dans la fécondé font
les uftenfiles & le fel, & dans la troifième, les
fromages & les lits des hommes. La loge aux
cochons eft adoffée à ce petit bâtiment.
La plupart des Burons font conftriuts avec
plus" de fimplicité encore. Il fuffit de creufer
en terre une cabane qu’on divife en trois
parties de faire des murs en mottes de gazon*
d’enlacer pour former le toit des branches
d’arbres & de les couvrir auflï de gazon, de
plantera l’entrée deux poteaux pour y fuipendie
une porte. Cette conftruéHon a lieu dans les montagnes
dont le fol a befoin d’être fumé & où
il "faut placer le parc à différens endroits. On
abandonne ces Burons lï faciles à reconftruire,
à-peu- près comme les charbonniers, les rabot- j
tiers & les gardes-ventes des bois quittent de
tems-en-fems & renouvellent leurs cabanes dans
nos forêts.. Les Burons abandonnés , dont on
enlève feulement les portes, font bien-tôt détruits
par les pluies. Dans des momens d orage
les vaches, qui font au pacage , fe mettent a
l’abri derrière ces reftes de Burons. Je renverrai
à l’article Chàlet, lorTqu’en traitant du lait,
ie parlerai de la fabrication des fromages de
Suiffe & d'Auvergne. ( M. l'Abbé Tess/ ï b . )
CHALEUR des-écuries,bergeries,,&c. Koyrj
F erme. ( Af. [Abbé T i s s i t z . )
CHALUMEAU , Ca iamvs oû Cvlmvs. Ors
donne ce nom aux.tiges des plantes de la famille
des graminées ; telles que celles du bled, de 1 org
e , de l’avoine, 8tc. Voyez le mot Chaume.
( M. Tnovw. ) |R |
CHAMEAU . quadrupède domeftique, dont on
fait un grand ùâge en Turquie, eu Ferfe, en
^gypK; en Barbarie, & fur-tout en Arabie. On
CH A
en diftingue deux races, celle des Dromadaires, &
celle des Chameaux.Cesanimaux ne paroi lient d il-
ftker queparce'quele Dromadaire aune feulebofi'e
fut le corps & le Chameau en a deux. Ces races
s’allient entr’elles & en fôrmemune troificme,qui
fe multiplie& fe mêle avec les primitives. Le
Dromadaire, fuivant Bubon, eft beaucoup plus
répandu que le Chameau : celui-ci ne lé trouve
guèresque dans leTurqueftan, & dans quelques
autres endroits du Levant, tandis que le Dromadaire
, plus commun qu’aucune autre bête de lom- |
me en Arabie, fe trouve en grande quantité dans ~
.toute la partie Septcntrionalp de 1 A! ri que , qui
s’étend depuis la Méditerranée julqu au fleuve Niger
, & qu’on le trouve en Egypte, en Ferfe, dans
la Tartane méridionale, & dans les parties fepren-
trionales de l’Inde. Le Dromadaire occuppe donc
des terres immenfes, & le Chameau eft borné à
un petit terrain. Le premier habite des i égions arides
& chaudes; le fécond, un pays moins fec &
plus tempéré. L ’efpèce entfère paroit être, conn-
née, par la nature , dans une zone de trois à quatre
cens lieues de largeur. Ces animaux, quoique
nés dans les pays chauds, craignent, cependant
ceux où la chaleur eft exceffive. Iis craignent également
le froid des climats tempérés. On a inutilement
effayé de les multiplier en Efpagr.e; on
lès a vainement tranfporté en Amérique. Ils y
vivent & y produifent en lès foignàrçt, maisleurs
productions font chétives & rares ; eux-mêmes
font foibies &languiflans. Il faut liredahsl’Hilloire
Naturelle de BufFon, & dans le Dictionnaire des
Quadrupèdes, les détails intéreffans relatifs au
Chameau,
On châtre la plus grande partie des Chameaux
mâles ; on n’en laide qu’un pour 8 ou io femelles
, & tous les Chameaux de travail font ordinai- .
Tement hongres. Ils font moins forts fans doute ;
que les Chameaux entiers, mais ils font plus traitables,
plus dociles. Les Chameaux font difficiles &
même furieux dans le tems du rur, qui a lieu pen—
jdant quarante jours, tous les ans, au Printems.
La femelle ne reçoit pas le mâle à la manière
des autres animaux , mais elle s’acroupit & prend
Tattitudé qu’elle a pour fe repofer. Elle porte près
de n mois, & ne produit qu’un p etit, qui tête
fa mère pendant un an, & même davantage , fi,
pour le fortifier, on le laiffe paître avec elle pendant
les premières années.
Buffon , d’après un voyage de Chardin, décrit
ainfi la manière, dont un Arabe , qui fe deftine
au métier de Pirate, élève fes Chameaux, pour
l’aider dans l’exécution de fes projets. Il leur
3?plie» dit-il, les jambes fous le ventre; il les
» contraint à demeurer à terre, & les charge dans
35 cette fituarion, .d’un poids a fiez fort, qu’il les ac-
35 coutume à porter, & qu’il ne leur ôte que poub
s>lenr en donner un plus fort ; au lieu de les
35 laiffer paître à toute heure & boire à leur foif, il
« commence par régler leurs repas, & peu-à-peu
C M A 5
53 les éloigne à de grandes diflances, en diminuant
»? aufii la quantité de la nourriture ; lorfqu’ilsfonr
J5 un peu forts, il les exerce à la courfe ; il les ex-
53 cite par l’exemple des chevaux , & parvient à les
95 rendre auffi légers & plus robuftes ; enfin , dès
5> cu’il eft fur de la force , de la légèreté & de la
?; fobriété de lés Chameaux, il les charge de ce
33 qui eft nécefl’aire à fa fuhfiftance & à la leur ; il
33 part avec eux , arrive fans être attendu aux con-
33 lins du défert, arrête les premiers paffans, pille
n les maifons écartées, charge fes Chameaux de fon
33 butin ; & , s’il eft pourfuivi, il conduit la troupe 9
53 la fait marcher jour & nuit, prefque fans s’ar—
j; fêter , ni boire ni manger. Il fait aile ment 50©
33 lieues en huit jours, & pendant tout ce tems do
33 fatigue & de mouvement, il laiffe fes Chameaux
33chargés; il ne leur donne chaque jour qu’une
33 heure de repos & unepelotte, de pâte; fouvent
33 ils courent ainfi plufieurs jours fans trouver de
33 l’eau ;.ils fe paffent de boire, & lorfque par ha-
93 fard il fe trouve une marre, à quelque diftance
» de leur route, ils fentent l’eau de plus d’une lieue;
33 la foif qui les preffe, leur fait doubler le pas, &
33 ils boivent en une feule fois pour tout le tems
33 paffé & pour autant de tems à venir ; car, fou—
33 vent leurs voyages font de plufieurs femaines,
33 & leurs temsd’abftinence durent auffi long-rems
33 que leurs voyages 133 Cette defeription apprend
jufqu’àqucl point on peut pouffer l’éducation du
Chameau.
Dans plufieurs parties de l’Afrique & de l’Afie,
le tranfport des marchandifes ne fe fait que par
le moyen de ces animaux. Ils fervent de voitures
aux marchands, qui fe réunifient en caravannes,
pour éviter les infultes & les pirateries des Arabes.
Ces peuples l’appellent le navire du de fert, fuivant
Bruce, quidans fon voyage aux fources du N il,
confirme ce que Buffon a écrit fur Pu fage & f utilité
des Chameaux. Ils portent jufqu’à 1200 pefanr.
En caravannes, où iis ont à faire de fuite des voyages
de 800 lieues, on ne les fait point courir ; mais
chaque jour ils font 10 à 12 lieues. Ils marchent
au pas ; paillent feulement une heure de tems les
plantes épineufes par préférence, ou mangent une
pelotte de pâte & boivent rarement, parce qu’ils
ont la Facilité, lorfqu’ils rencontrent de l’eau, d’en
avaler une très-grande quantité. Cette eau fe con-
ferve fans fe corrompre'dans une poche, qui tient
lieu d’un cinquièmeeftomac dans les Chameaux.
Lorfqu’ils font preffés par la foif, & qu’ils ont befoin
de déLayer une nourriture fèche, ils font remonter
dans la panfe & jüfqu’à l’oefopbage, une
partie de cette eau , par la fimplè coatraâion des
mufcles. La nature quideftinoirle Chameau àfer-
vir dans des déferts arides , où il n expient jamais
lui a donné corte conformation particulière comme
M. Daubenton l’a vérifié par fes diffeélions
anatomiques.
Le Chameau, quand on lé doit charger, fe couche
fur le ventre, plie les jambes & fe relève avec.