
battue, .afin que l’eau ne puifie s’échapper*, on
la couvre enfuite avec des traverfes placées à
trois ou quatre poucés les .unes des autres, fur
le (quelles on étend le fumier. De cette manière
les parties les plus fubftanrielles du fumier s’en
détachent peu-à-pett, par l’aélion de l’air , de
li pluie & de l’humidité StJ e dépofent dans la
foffe ; de forte, qu’après avoir enlevé le fumier,
un trouve une grande quantité dune, efpèce -
d’eau grade .& fangeufe qui peut être conli-
dérée comme l’engrais le plus pariait & le plus;
pioduélif.
Cette eau eft employée pour arrçfer les ter-,
res labourables, les prés & les jardins,avec l’attention
de n’en pas répandre trop fur une feule
place, parce quelle, engraifftroit la- terre de
manière à ce que les bleds rifqueroient d être
verfés avant leur màturité •, un emploi modéré
de cet engrais,, procure de beaux légumes , &
de l’herbe très-belle. Jl eft bon d’obferver que
l ’urine des beftiaux qu’on peut conduire dans
l.i même foffe, ainii que les eaux de cuilîne, ajoutent
beaucoup aux qualités du fumier. On
peut s’en convaincre par différentes places
plus vertes que les autres qu’on remarque,
quelquefois dans les- champs fumés égalementj
par-tout & qui font celles où les animaux ont
uriné pendant le labour. Moyennant ce mélange ;
la paille des litières eft plutôt confommée , &
on augmente t’engrais qui, dans tous les cas, ne.
fauroit être trop abondant.
Pratique ujitée pour répandre la Chaux.
Il exifte différentes méthodes, pratiquées pour
répandre la Chaux, plus ou moins avantagea fes. '
Les uns remploient en pierres de diverfesgrof- !
feurs , & laiffent à laétion des météores le)
foin de la diffoudre yles autres la mettent en petits
tas, èfpacés également, & la répandent, avant
qu’elle foit réduite en mortier par. les pluies. M.
Marshall a fait fur cet objet des observations très-
judicieufes-, il a démontré que la Chaux qui
s’éteint à l’air libre , ne tombe point en poudre
Comme il le faudroit pour amender les
rërres f maïs qu’elle fe divife feulemen t en mottes- ,
en petites maffes, qui venant à être enterrées, peuvent
demeurer très - long-tcins en cet état, fans,
fe divifër, ni fe mêler à la terre , & par confé-
qiient fans y étreprotfiables.
L ’expérience & la théorie démontrent en effet
q u e , pour améliorer uu terrain, il faut que la
chaux y foit exactement mêlée, & elle ne peut
l’être qu’autant qu’elle elt réduite en poudre très-
fine, & parfaitement effleurie. Ce doit être là le
but des diverfes pratiques fuivies. Dans le canton
de Moréland, il eft d’ufage d’entiffer la pierre
à Chaux, en y mêlant, par lit, des touffes, on
mettes de gazons humides, fur-tout de gazons de
fourbe à brulèr, ou autre moins forte • la Chaux
s’eftleurir promptement, & on empêche la fùrfacè-
du ras de le durcir, & de fe réduire en gravats,
en petites maffes dures, en la couvrant de cendres
fèches. D’après cette méthode, on a un bon
moyen d’éteindre la Chaux , pour amender les
terres*, on couvre'les ras de pierres à Chaux,
grps ou petits j avec la terre du f&l même ,
ou avec d’autres^ fr oh veut que ces pierres
tombent promptement en eftlorefcence, ' pour
les répandre,on verfera de l’eau par-deffus. Quand
on emploie de la Chaux pour amender les jachères
deftinées au froment, il eft d’ufage, ordinairement,
de la répandre au mois de Juillet
-, les bons Fermiersfe font un devoir de her-
fer, auffi-tôt quelle eft répandue, & de l’en terrer
par un profond labour* on met d’ordinaire une
centaine de boiffeaux par acre. La pratique
ufitée, en Normandie, a été très-bien décrite par
Duhamel, dans fes Elémehs d’Agriculttirè , &
nous croyons devoir la tranferire ici.
On fait voiturer de la Chaux vive en pierre,
fortant du fourneau, dans le champ qui a été
brifé , ou défriché : il en faut mettre quarante
boiffeaux par chaque vergée. La mefure de Ja
Chaux varie *, ainfr, il eft bon d’avertir que l’on
prend ici celle dont un bôilïeau pèle cent
livres.
Comme une vergée contient quarante perches
quarrées , on diftribue tellement la Chaux , q a il
s’y en trouve un tas d’un boiffeau dans l’éteh-
due de chaque perche*, ainfi, les tas font à une
perche de diftance l’un de Pau tire ; oh relève en-
fuite de la terre, rout autour des tas, pour former
comme autant de baffins, & cette te r req u i forme
les côtés de ces efpèces de baffms, doit avoir un
pied d’ëpaiffeur : enfin oh rëceuvre ’le tas! de
Chaux , avec un demi-pied de terre , elle s’éteint
& fe réduit en ppuflière y mais alors elle augmente
de volume , & la couverture de terre fe.fend. Si
on laitîoit fubfifter ces fentes fans les réparer, la
pluie qui s’infinueroit dedans, réduiroit la Chaux
en pâte , & alors elle fe mêleroit mal avec la terre,
ou elle formeroit une efpèce de mortier, qui ne
feroit plus propre au deffein qu’on fe pro-
pofe les Fermiers ont donc un grand foin de
vifiter, de tems-en-tems, les tas de Chaux, pour
faire refermer ces fentes. Il y en a qui fe contentent
de Comprimer le deffus des tas avec le dos
d’une pelle , mais cette pratique eft fujette à un
grand inconvénient $ car, fi la Chaux eft en pâte
dans l’intérieur , on la corroyé par cette
opération, & on la rend moins propre à être mêlée
avec la terre ; c’eft pour cela qu’il eft mieux
de fermer les fentes, avec de nouvelle terre, que
l’on répand autour des tas, & que l’on jette fur le
fommet.
Quand la Chaux eft bien éteinte, & qu’elle eft
réduite en poudre ,on la recoupe avec des pelles,
on
on la mêle le mieux qu’il eft poflible avec la terre
qui la recouvroitj & , enfin, on la raffemble.en
tas, pour la laiffer expofée à l’air, fix femaines,
ou deux mois ; car alors lespluies ne lui font
poinr de tort. Vers le milieu de Juin, on répand
ce mélange de Chaux & de terre , fur les ferres
défrichées ou brifées *, mais on ne le jette point au
hafard, on le prend au contraire par pellées, que
l’on diftribue en petits tas, dans toute férendu.e de
chaque perche : on remarque que ces petites maffes
excitent plus favorablement la végétation, que
fi l’on répandoit ce mélange uniformément dans
tout le cbamp , & on ne s’embarraffe pas qu’il fe
trouve de petitsintet valles entre chaque pellée. On
aire enfuite, on laboure à demeure en piquant
beaucoup ; puis, vers la fin de Juin , on répand
la femence , & on l ’enterre à la herfe : alors, s’il
refte encore des. mottes, on les brife à la lioue.
La Chaux feule, employée dans la quantité que
nous venons de dire, fertilife beaucoup la terre ;
mais cette façon de la ferrilifer eft bien difpeh-
dieufe, car un tonneau, ou trente-deux boiffeaux
de Chaux , coûte , en Baffe—Normandie , vingt
livres.fur le fourneau , & fouvent les frais de voiture
font très-confidérables*', mais., fans avoir égard
à la dépenfe, il y a des Fermiers qui préfèrent de
mettre vingt boiffeaux feulement de Chaux, par
vergée, au lieu dé quarante : ils en font pareillement
quarante monceaux, 8i avant d’airer, c’eft-
à-dire, avant le dernier labour, ils ajoutent fix, ou
feptehreretées de bon fumier, pefant à-peu-près
trois milliers. On prétend qu’il feroit dangereux
de mettre deux fois de fuite dé la Chaux toute pure .
dans une môme terre.
Anderfon, dans fes Effais d’Agriculture, obferve
que la Chaux vive produit des effets peu fenfibles
lur les.terres, pendant la première année*, mais
que, dans les fui vantes,; ils font très-avantageux.
M. Home eft du même fentiment j il prétend que
la première année , elle ne fait que tuer les .vers -
& les infeéles. Quelques foient les .effets de la
Chaux vive pour la fertilité des terres , il faut remarquer
qu’Anderfon & Home , Anglois tous
les deux, nauroient pas fi fort vanté les avantages
de la Chaux , s’ils avoient fait leurs obfervatiohs
dans nos provinces méridionales. La méthode de
chauder les terres-, eft aufîl favorable aux terres :
de la Normandie qu’à celles-de l’Angleterre,
comme nous venons de le voir ; il ne faut pas cependant
en conclure, que cette pratique peut
étre.fuivie p a r - t o u t ,o f f r i r les mêmes avantages.
• >
De la Chaux des décombres de Bâtimens.
Il y a peu d’Agriculteurs qui ne connoiffent
tous les avantages de la vieille Chaux des décombres.
Dans cet état,.étant.complettement éreinte,
® aya?t été mêlée, avec du fable, ou de la terre ,
Pour, laire le mortier, elle peut être confidérée
mme terre calcaire , & produire les meilleurs
éigriculturç. Tome Î I I .
effets pour l ’amendement du fol : elle conterve
toujours la propriété d’attirer l’air fixe , & de le
laiffer enfuite fe dégager, par une légère fermentation.
Son aélionfera moins prompte, que dans
1 état de Chaux vive, mais elle durera plus long-
tems. . .
Pour employer les décombres de vieux bâtiment
comine engrais, il faut les réduire en pouf-
hère , & les jerter fur la fuperficie du terrain,
avant de le labourer. Cette forte d’engrais ne
convient point aux terres légères, mais à celles
ca*1 *°n t^0r*es> compactes. & tenaces. Cette pouf-
fière fèche pompe l’humidité furabondante,& divife
les molécules trop adhérentes enrr’elLs : c’eft
IIP cf tte rJiifon quelle produiroit un mauvais
elfet dans un terrain léger ; au lieu que fon effi—
cacité eft certaine pour les terres compares, argil-
leuies & humides. La pouflière dés plâtres produit
les mêmes avantages, ainfi que le pifai, lorf-
c[u!il eft parfaitement atténué.
De la Chaux des coquillages.
L ’ufaged’amender. les terres par les coquillages,
cil dit aux pays maritimes, & pratiqué de
tems immémorial par.les peuples lesmoins civi-
hfés. En les faifant calciner, on en obtient une
Chaux comparable, pour les effets, à la Chaux
ordinairejmais l'expérience a prouvé qu’on pouvoir
auflv&de la même manière que les terres calcaires
.employer les coquillages,comme engrais,fans avoir
befom d'invoquer iesfecours delà calcination 1 ce
qui épargne de l’embarras & des frais. 11 eft vrai
quaiors, fi elles ont une aélion plus vive & plus
prompte , cette aélion a infiniment moins de
durée-: depuis qu’on a fait cette obfervation ces
coquillages fe répandent fur les terres, telsqu'on
les retire de la mer. Leur déçompofition s’opère
înfenfiblemtnt chaque année , parce, qu’ils ont
encore dans leur tiffu organique , un gluten fu f-
ceptible de tous les phénomènes de la putréfaction
tandis que dans les pierres calcaires, en fuppo-
ïant, comme' il n'eft plus permis d'en douter
qu’elles doivent également leur origine primitive
au règne animal, ce gluten n’exiflant
plus, elles font moins propres que les coquilla-
, ges à fertilifer le fol, dans leur état naturel.
On a enebre remarqué que leur efficacité dépend
de leur porofité, & delaffemblagè de leurs
couches écailleufes ; fi elles font plus adhérentes
& d une texture lâche, la déçompofition en eft
plus promptement terminée-. L’aélion combiné®
del’eau, de l’air, & de la lumière,s’exerce d’une manière
plus énergique, & le dégagement des fluide»
aérilormes eft plus facile & plus abondant.
L ’Archevêque de Dublin a publié cette méthode
d’engraifler les terres, par la voie des journaux.
Sur la côte de ia mer, l’engrais ordinaire
confine^ en coquillages ; vers la partie orientale
de la baie de Londonderry, il y a plufieurs émi-' '
nenees que 1 on apperçoit j prefque dans le rems