
$ 1 * C O ç
aucun teiîis, & fur-tout dans le premier âge :
auflï efl-'ce un tréfor que des Serviteurs qui
aiment les animaux d’inclination, car alors iis
ne manquent de rien, iont bien foignés & jamais
brutalifés.
Différentes efpcces de Cochons.
La nature a beaucoup jetté de variété parmi
les Cochons ; mais il feroit fuperflu de s'attacher
à déciire toutes les nuances qui les distinguent ;
il nous fuffira d’indiquer, en abrégé, l,es efpéces
lc-s nlusgénéralementrépandues, qui, peut-être,
ne lont, dans l’origine, que l’effet du croiffement
plus ou moins éloigné des truies avec le fanglier;
on fait qu’il n’eff point d’années qu’il ne s’en,
glilfe dans-les troupeaux nombreux de Cochons -,
lorfqu’ils font abandonnés à eux-mêmes à la
glandée, & que dans un moment de rut, il peut
le faire qu’ils couvrent une truie domeftique,
& qu’il en provienne des formes & des qualités-
variées que nous connoilfons & que la donief-
ticité ne fait encore qu’accroître. Le climat &
la nourriture y contribuent aufft pour beaucoup,
fur-tout relativement à la couleur de leur poil, car
. on obfervera que , dans les pays chauds, les
Cochons font tout noirs comme des fangliers,
& affez communément blancs dans Je£ Provinces
du Nord.
La première efpèce, celle qu’on nomme les
grandes oreilles, exifte en Allemagne, en Flandre
& en Angleterre ; mais comme elle n’eft ni
robufte ni féconde, que la chair en efl groffière
& fibreufe, on donne la préférence à l’efpèce
un peu moins forte , parce qu’elle produit le
plus de bénéfice au Cultivateur, qu’elle s’en-
graiffe plus facilement & plus promptement.
C ’efi la plus multipliée en France : on en distingue,
par rapport à la cou leur , trois variétés*,
la première efl noire & très-commune ver:» le
midi de la France ; la fécondé eft blanche,, &
fe rencontre-, particulièrement au nord; ' cetrè
efpèce efl très-commune en Weflphalie, quoique,
moins brune & plus élancée ; c’eft de ce
pays que l’on tire les bons jambons de Mayence;
enfin la troifième efl pie ou pie-noire, ou pie-
blanche , & plus généralement répandue au
centre du Royaume. Les roux paroiffent les
plus tfliiné?; maison croit avoir remarqué que
cette efpèce efl très - fit jette à la rougeole.
Les Cochons connus fous le nom de Cochons
Africains , ou de Cochons noirs, valent infiniment
mieux que tous les autres pour faire des
petits ; leur chair efl auffi de meilleur goût ; on
les engrailTe plus facilement ; ils font plus ro-
bufies, & font plus induflrieux à trouver dç quoi I
fe nourrir.
Les Cochons d Italie, & fur-tout ceux de
Parme , dont quelques Ecrivains ont fait un éloge
pompeux, àcaufede leur énorme volume, font
Ppirs, ayant les pattes plus courtes «ue les
C O c
* grandes efpèces; ils pèfint jufqu’à fix cens livres
de douze onces, ce qui donne quatre cent cinquante
livres poids de marc’ il'sacquièrent tant
d’embonpoint qu’ils ne peuvent plus marcher •
il faut abfolumcnt les élever, les nourrir & S®
engiaiffer fous les toits,, en forte qu’on ne les
envoie jamais^à la glandée, dansla crainte qu’ils
ne deviennent la proie des animaux carhaffiers
attendu leur lourdeur & leur pareffe. Le poil
en efl très -fin, & fi court qu’on les croiroit
chauve, ce qui leur a fait- donner, dans le pays,
le nom de Cochons ras. La couleur de leur peau
efl d’un brun tirant fur le noir ; elleéft plus fine
& plus délicate que celle, dès autres Cochons-
jeurchair efl très-recherchée, & c’efi avec les
ifluesde ces animaux qu’on prépare lesfameufes
faucilles de Bologne.
' La Baffe- Normandie, le M.;ine & la'Brètagne
nourriffent une efpèce cte Cochon qui, à la différence
près de la qualité du poil &dè ja couleur
de la peau , réunifient les mêmes avantages
que ceux d’Italie ; ils font en outre beaucoup
plus agiles que ceux - ci, & c’efi une'des raifons
qui, dans l’état; de graille-, les font préférer, par
les Marchands,.aux Cochons à longues pâtés de
la Haute - Normandie, qui réfifient moins à la
fatigue de la route. Oh élève , en Amérique,
une efpèce'de Cochons très-lourde & très -
graffe.
Les Cochons de Bayonne font également noirs,
& approchent beaucoup, pour la forme. & la
couleur du p o il, des Cochons ras d’Italie .••mais
ils reffembletit infiniment plus à la grande efpècç
du Lmioufin , du Périgord , du Lyonnois, de la
Brefi'e & de la Bourgogne.
IL y a en France une autre efpèce de Cochons,
plus rare àJla vérité que la précédente j.elle efl
. plus élevée fur fe» jambes; mais elle ne devient
ni auffi graffe., ni auffi maffive relie porte une
forte crinière dont les foies, font plus greffes &
plus longues que celles de notre fanglier ; leur
teinre noire eft interrompue par une bande de
foie blanche de cinq à fix pouces de longueur,
qui ceint la poitrine en arrière du cou & des
épaules. Ce Cochon, qu’on appelle' bandé> vit
dans les bois, & n’e ff employé que pour faire
du petit falé : 1e Cochon cîe la Pologne & de
la Ruffie a le poil rouge ou jaune clair, & n’efi
jamais plus grand que notre marcafiln.
- LaFrancê pofîède, depuis quelques années-,
une autre efpèce de Cochons, qui y fut ap,-
portée ^Angleterre par le Comte d’Adeyirsar,
: alors Ambafiadeur à cètt'e Cour. Certte efpèce,
( originaire' de laAChine , reffemble beaucoup,
feus les rapports économiques, à celle d’Afrique,
dont nous avons déjà parlé; du refie , elle tfî
difiinguée de celle - ci par des caractères très—
fenfibies : telles font, la brièveté du cou, &
tête paroiflant implantée immédiatement entre
les omoplates, la direction diagonale des oreilles*
C O G
celle de l’épine dorfale, qui eft reCtiligne & même
un peu concave, au lieu d’être convexe , co'mme
dans toutes les autres efpèces : leurs foies lont
rares & peti longues, & la couleur en eft va-
riée irrégulièremem : ils ont outre cela , le corps-
lar^e, le ventre bas, les jambes fortes & très -
CüurtW, de forte qu’un individu âgé de treize
nioh ('e la famille de ceux qui ont fourni ces
obferîarions, quoiqu’il ait toujours été nourri
très-abondamment, n’a que vingt pouç'es de
hauteur ; mais il porte trente-huit pouces de
longueur, depuis l'extrémité,du boutcirjufqu’à
-Ja n ai fiance delà queue. M, Çha'oertDirecteur
de l’Ecole Vétérinaire à Alfort , qui pofTècîç cette
efpèce-, en a fait tuer un pareil à celui qui a
I pe/é deux c< nt vingt livres. Lç lard-étoit de deux ,
doigts d’épaiifeur fur lés côtes1, & de trois doigts
fur5 Je dos H les épaules ; 'quoique cet animal -
n’eût été coupé que fix femàines- avant famorr, .
la viande en aéré favoureiife , délicate, & fur*
r tour liés- tendre ; circonfiance d’autant plus re marquable
que fies Cochons des autres efpèces,
[ qui n’ont pas été châtrés dès-leur jeune âge; font,
| un aliment greffier, dur & de mauvais goût :
[ celui-là , au contraire , a fourni clés jambons
! qui, quoique préparés tout fimpleinent comme
t le falé, ne le -cèdent en rien aux jambons de
Mayence les plus exquis. ’
Ces Cochons fe nourriffent bien, & paroi fient
d’un naturel plus fociable que les autres. Les
mâles & les femelles, les grands & les petits, ’
tous vivent paifibi.em.ent enfemble : une autre
: preuve de leur douceur , la feule de ce genre
[ que je conuoiffe, c’eft la complaifançe avec la- ;
[quelle la mère allaite fes petits,-bien au-delà
i du terme où l’on eft dans I mage de fevrer les
| autres* Une truie, qui avoir mis bas le l8 Dé-
\ ceinbre-1791, a été faillie le 14 Mars fuivanr ;,
i cependant. elle a continué d’allaiter fes petits
! jufque dans les premiers jours de Mai. Dès le
! là Avril, xies.jeunes animaux, qui font tous fe-
i nielles:’ pefoient vingt livres l’un dans l’autre,
poids extraordinaire fans .doute pour des Cochons
de lait ; à cette époque, elles entrèrent en rur,
I furent couvertes , & continuèrent de téter leur
mère encore pendant une quinzaine, quoiqu’il
y eût déjà plus d’un mois & demi qu’elle étoit
pleine. Un fervice auffi pénible auroit ceitaine-
! nient épuifé toute autre truie ; mais ce lle -c i
i n’en a pas même paru altérée ; aéluellement
qu’çlle touche au .troifième mois.de fa geflation ,
elle eft fi graffe & fi peLn.té qu’elle a peine à
} n\archer, de forte que l’on en attend des pro-r
■ auffi beaux que -nombreux..
Choix du Verrat & d'la- Truie.
La profpérité d’un îroupeaq de Cochons dé-
; Fend particulièrement du .choix du mâle ; un bon
ïérrat çfi le foutien des races. Pour que celui
c o c 3 * 7
deftiné à peupler la baffe-cour réunifie les qualités
convenables, il faut qu’il ait les yeux petits &
ardents, la tête grofie , le cou grand & gros,
les jambes courtes & grofiès, le corps, long, le
dos droit & large , les foiesépalfiès : un feul peur
fuffire à vingt truies; mais il convient (k fe borner
à feizë, afin d’avoir une race plus robufte.
Quoiqu’il fo:r amoureux cfès l’âge de fix moi--,
quelques Ecrivains'prétendent qu il n’eft de bon
fervicè qu’à dix - huit mois ou deux a$ps, &, qu’à
la faveur de ce ménagement, il peut continuer
à propager fon efpèce jufqu’à l’âge de quatre
ou cinq ans; mais une pratique générakdép-ofe
contre ce préjugé. Dans tous les pays où l’on
élève beaucoup de Cochons, & particulièrement
en Normandie, les verrats nç fervent que.de-»
puis l’âge de huit mois ju'qu’à,celui de dix-huit ;
cependant on ne s’àppcrçoit pas que les efpèces
y dégénèrent ; à cette époque, ils commencent
à devenir méchants, & , à deux ans, il n’y en
a point qui ne foient dangereux & intolérables,
On calL-quelquefois, les longues dents dont leur
mâchoire pofiérienre eft armée, & qu’on -nomme
dçfinfcs : cette précaution peut b fin diminuer
les acoidens, niais non les prévenir; car, malgié
cela , les baffes - cours font fréquemment en*-
(anglanîëes par la férocité de ces animaux. Ï1 y
a cependant une cirçonftance où cette férocité
poût être utile ; c’eft lorlqu’ on veut enyoyer
un troupeau de Cochons à la glandée : dans ce
ças, un vieux Verrat eft un gardien fur contre
l’attaque des loups.
Il faut choifir une truie conformée fur le
modèle du verrat, d’un naturel tranquille & d’umg.
race féconde -: elle doit avoir le corps alongé,
les reins & les éptu.les larges ainfi que Les oreilles,
je ventre ample ,.-l.es mainel es longues & nonv
breufes, les foies naturellement douces.-On a
fait, fur la fécondité de la truie, les mêmes ré=-
flexions que fur celle du verrat, & l’on a avancé,
que la première portée quelle d on ht. r oit avant
deux ans feroit foible & imparfaite cette affer*
tion n’eft pas fans fondement ; néanmoins,.c0rame
le Cochon n’eft utile que par fes produits, il
convient d’en tirer parti à un an 5 eu ver a même,
par la fuite, que des femelles de l’efpèce de
Chine , -qui étoient mères à l’âge de huit mois,
n’en ont pas moins donné .de très - beaux pro-?
duits. ' . x v
_La grandeur des toits que les Cochons habillent,
El Leur nombre, doivent être proporticnné
à la quantité qu on veut y renfermer ; il^ faut
qu’fis foient entretenus chauds pendant l’Hiver ,
toujours garnis d’un baquet en pierre & d’un
grès tout autour , à la hauteur de deux pieds au
moins ; mais on ne faurpir trop les multiplier,
pour loger à part les. truies , quand elles nour-*
riftènt, ainfi que les Cochons malades & ceux
qu’on engraiff^; pes toits doivent être diftribués
de manière à rendre commode le fgrvjçe deç§