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aux mois de Septembre §t Oélobre. Cependant,
comme, pendant tout l’Eté, ce Chou demande à
être arrofé beaucoup, cette méthode ne peut avoir
lieu que dans les jardins particuliers, oc qui ont
de l’eau à leur difpofition. Les Fermiers qui le
cultivent en grand , le fèment en Juillet & Août
& le tranfplantent à la fin de Septembre ou,
au commencement d’Octobre. Les jeunes plants
acquièrent alors, avant l’arrivée du froid, allez de
force & de vigueur pour rélifter à la gelée la plus
fo r te , & n’acquièrent leur véritable faveur que
lorfqu’ils ont été couverts de neige pendant plu-
fieurs mois. En Allemagne, on ne mange non-
feulement les jeunes pouffes qui naillént dans les
aiffelles de chaque feuille, & qui n’acquièrent une
certaine groffeur que vers la mi-Carême; mais on
dépouille ces Choux , pendant l’Hiver, de toutes
fes feuilles, depuis le haut jufqu’en has, ayant
attention de ne point arracher le pétiole de la
feuille trop près du tronc ; car alors la broque ,
ou la jeune pouflé qui prend naiffaoce dans l’aif-
felle de la feuille, périroit également. Ce Chou eft
d’une grande reffource dans les Provinces fepten-
trionales de l’Allemagne , où les longs Hivers retardent
beaucoup la culture printannière ; ce qui
fait que toutes les légumes & plantes potagères ne
parviennent à quelque perfection qu’au mois de
Mai | & fouvent plus tard. Ce Chou arrive ordinairement
à deux ou trois pieds de hauteur; il eft
fourni, dans toute fa longueur, de feuilles extraordinairement
frifées, frangées & crépues, &. ne
forme jamais de pomme. Cette môme variété de
Chou eft très-ellimée dans le Brabanç, fous le
le nom de Spruytjes : voici la manière de le
cultiver.
Culture & ufage du Chou a jets ou a rejets, cornu,
dans le Brabant.
Dam le Brabant, & fur-tout dans les environs
de Bruxelles, on cultive en-grande abondance une
efpèce de Chou, connu fous le nom de Chou à
jets ( en Flamand, Spruytjes. ) Ce Chou a une
tige droite d’environ deux pieds de hauteur -, fes
feuilles font frifées & crépues ; fa tête s’épanouit
& ne pomme pas ; fi l’on arrache les feuilles de la
tige, il en fort bien-tôt, de tous côtés, dçs jets
pommés, de la forme de rofes doubles, de la plus
petite efpèce, nouvellement éclofcs ; ce font ces
jets qui donnent le nom à l’efpèce, & qui fqnt un
des meilleurs légumes qu’on puifté avoir, étant
beaucoup plus délicat qu’aucune autre efpèce de
Choux. Ces jets font plus tendres après les premières
gelées ; on les coupe, même fous la neige.*,
on les mange tout T Hiver, depuis Octobre juf-
qu’en A vril, parce que les jets fe rçproduifent à
jnefure qu’on en tire , jufqu’à ce que la chaleur
du Printemsdevienneaffezforte pour.faire monter
toute la plante. Avant ce tems, on les-étête, &
jrëj;é§ même font un Chou excellent, peq. infec
h o rieur, en qualité, aux jets. Cette variété de Cho^
réfifte bien au froid, même au plus rigoureux
Hiver ; elle réulfit parfaitement bien au Nord
même de l’Ecoflè, où on la cultive des femenceg
qui y ont été envoyées de Bruxelles.
La couche où l’on veut femer la graine de ce
Chou doit être d’une bonne terre bien fumée.
On la fème au commencement de Mars, quelques
jours plutôt ou plus tard, félon la faifon. Au
mois de Mai, les jeunes plantes fe trouvent en
état d’être plantées à demeure ; alors on les tranf-
plante fur une pièce de terre bien fumée, éloignée
de toute autre couche de Chou. Chaque plante
doit être placée à la diftaace de deux pieds quarrés
-l’une de l’autre ; & fi le tems eft fec, il faut le*
arroftr pendant quelques jours. On doit farder le
terrein très-exaélement; &, vers la fin de l’Eté, on
arrache les grandes feuilles des tiges. Dans les premiers
jours d’Oèfobre, on commence à cueillir,
avec un couteau, les jets les plus avancés qui ont
pouffé de ces tiges | & à mefure qu’elles s’en
garniffent de nouveau, on coupe une ou deux
grandes feuilles d’en-haut, jufqu’à la fin de l’Hiver,
qu’on les érête, ainfi qu’il a été dit plus haut.
Le Chou de Sibérie, qui approche de notre
Chou brun , n’eft pas beaucoup cultivé en Allemagne.
Les Anglois, d’après le rapport de Miller,
en font plus de cas : il eft également dur, & n’eft
jamais endommagé par le froid -, mais il eft tou-
) jours plus doux dans les Hivers rigoureux que
J lorfque la faifon eft plus tempérée. On le fème
en Juillet *, &, quand les plantes font affez' fortes
pour être enlevées , on les tranfplante à un pied
& demi de diftance entre chaque rang , & à dix
pouces dans les rangs, en choififfant un tems humide
pour cette opération , afin qu’elles prennent
racine plus'affément ; après .quoi elles n’exigent
plus aucun autre foin. Le Chou de Sibérie n’arrive
jamais à la même hauteur que le Chou brun
dont nous venons de parler. De ce dernier , il
exifte quelques fous-variétés panachées, qui, par
le mélange agréable de couleurs, comme de blanc,
violet, rouge & verd, peuvent être regardées
comme des plantes d’ornement dans les jardins.
Chou g>cjjc côte, ou le Chou blond. Ce dernier
nom ne convient pas exclufivement à cç,tte
variété, c a r on connoît en France le Chou à
groffé côte verd , & l’autre blond. Tous deux ne
s’élèvent pas beaucoup de terre , & leur port eft
le même • ils ne diffèrent que de couleur & de
qualité ; le blond eft le plus rendre & le plus délicat,
fur-tout quand il a fouffert quelques petites
gelées *, mais il périt fouvent dans les trop fortes.
Le fécond eft moins parfait, mais il réfifte à toutes,
les rigueurs des faifons, & demande même à être
attendri par les fortes gelées ; cette épreuve les
rend l’un & l’autre d’une bonté parfaire ; ils font
foncîans & d’un goût plus fin que tous les autres,
fur-tout quand on les prend lorfque eft
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fur les feuilles • ils fe cuifent alors en très-peu de
tems & fe diftinguent par leur goût très-doux &
agréable. < n _
La tige de ces deux variétés de Choux eft baffe,
la feuille en eft épaiffe & ronde, la côte greffe &
blanche -, ils font une petite pomme, à peine fen-
fible quand on les plante de bonne heure ; mais
comme on eftime plus la feuille que le coeur, on
ne fe preflè pas de les avancer*, c’eft ordinairement
à la Saint-Jean qu’on les fème, & on les replante
en Août * on peut même, dans les terres
légères, en planter jufqu’à la mi-Septembre, fi
on n’a pas de place vuide plutôt, mais ils ne
viennent pas fi forts.
Lorfqu’on veut réferver de l’efpèce blonde par
graine, il faut en couvrir quelques pieds pendant
les gelées, ou les porter dans la ferre -, l’autre
n’a befoin d’aucune précaution , à moins que
l’Hiver ne fe trouve bien long & bien rigoureux.
Chou Pancalier, ou Chou verd frifé. Comme
ce Chou forme fouvent une petite pomme , on
peut le regarder comme faifant le paffage des
Choux verds aux Choux pommés ; fa fouche radicale
eft grofljb , haute d’un pied & demi, garnie
de grandes feuilles vertes ou blondes, très-fron-
cées ou frifées par le bord, portées par des pétioles
courts, tendres & comeftibles. Les fleurs
de ce Chou font blanchâtres • fa culture mérite
d’être fuivie dans Les pays froids & montagneux „
car il réfifte aux neiges & aux gelées les plus fortes.
Selon les pays, on le fème en Mai, pour repiquer
les jeunes plants le mois fuivant, lorfqu’ils ont la
force nécellàire ; la culture de ce Chou n’exige
pas beaucoup de foins.
Le Chou-Cabu, ou Chou pomme. Des grandes
feuilles prefqu arrondies, concaves, & tellement
rapprochées qu’elles s’embraffent les unes les
autres , fe recouvrant comme les écailles d’une
bulbe formant unè groffé tête arrondie, plus ou
moins comprimée ou alongée, & renfermant,
pendant affez long-tems, la tige & les branches,
voilà le caraéLère de cette efpèce de Chou. l l v
comprend beaucoup de variétés & fous-variétés,
dont voici les principales :
Chou pommé blanc. Ce n’eft peut - être pas
fans raifon que plufieurs perfonnes regardent ce
Chou comme le type de toutes les autres fous-
variétés du Chou pommé *, car , en obfervant
attentivement les Choux provenus de la même
graine, on diftinguera fans difficulté des individus
qui s’éloignent ou fe rapprochent plus ou moins
de la mère-plante. L’expérience de certains Jardiniers
nous a d’ailleurs appris que la graine que
l’on recueille fur un même pied, donne fouvent
des individus plus ou moins précoces ou
hâtifs, & d’un pott différent1, celle delà tige du milieu,
qui mûrit toujours la première, donne des variétés
plus hâtives & plus analogues à la mère-plante
que la graine prife fur les branches latérales. Cette
obfervation eft donc très - propre à expliquer
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i ce grand nombre de variétés & fous - variétés
dans les Choux -, c a r , fi l’on obferve des altérations
au lit remarquables dans le pays même
quia produit la graine, que ne fera-t-il p as , lorfque
cette même graine eft tranlporrée dans des
i pays éloignés1, cù le climat, le fol & , tn général;
tout ce qui peut contribuer à la végétation
des plantes, en entièrement diffèrent.
L ’efpèce de Chou que nous appelions en France
Chou cabu, doit être, félon M. Defcombes, bas
& gros de tige, peu garni en feuilles ; fa pomme
doit être applatie, dure & large, nuancée de quelques
ombres rouges lur fa fuperficie -, la feuille
liffe, large & arrondie , d’un vert un peu bleuâtre
ou rougeâtre, découpée, finuenfe, attachée à
des queues courtes, entrecoupées de nerfs, ayant
la côte graffe ou blanchâtre-, quand il eft tel, on
peut compter d’avoir la bonne efpèce. 11 fe feme
en Août, & fe repique en Ôélobre. Il demande
d’être couvert avec attention pendant les gelées;
c’eft - à - dire, il ne faut pas le couvrir trop tôt,
& lui donner de l’air toutes les fois que le tems
peut le permettre; il commence à être bon en
Août, & c e lu i-là doit être confommé avant
1 Hiver ; car, quand il eft trop gardé, la pomme
crève , & la pourriture le gagne. On en fème
aulfi en Mars, pour l’Hiver, & celui- ci ne fait
fa pomme qu’en Septembre & Oélobre, qui
s’ouvre de même, fi on ne le prévient pas; la
précaution qu’il faut prendre d’abord, c’eft de
l’arracher à moitié, dès que la pomme eft bien
formée; la nourriture lui étant par-là en grande
partie ôtée, la sève fe trouve arrêtée, & le coeur
n’a plus la même force pour rompre fon enveloppe
; il faut quelque tems après le fevre-r
tout - à - fa it , & l ’arracher, fans quoi il fe fend
& pourri». Pour conferver ces Choux, les uns
les portent dans la ferre , & les rangent Amplement
de bout les uns contre les autres; d’autres
les pendent au plancher par la racine ; d’autres
les enterre ; mais j'ai éprouvé que de toutes ces
façons, ils retiennent un mauvais goût, & fe
confervent moins que de la manière que je vais
‘ décrire , qui eft plus (impie & généralement fuivie
à Aubervillièrs. Après avoir arraché, vers la
Toufiàinrs, tous les Choux qu’on veut garder „
& les avoir dépouillés de leurs grandes feuilles,
on nettoie une place en plein air, le long d’un
mur, expofé au nord ou au couchant, on les
couche fur terre près-à-près, avec toure la ra~
, cine, la tête tournée au nord; & quand il y
en a une rangée de placée, on jette un peu de
terre fur les racines; on recommence un aune
rang à la fuite , difpoféde manié: e que les têtes
touchent aux racines des premiers, & on continue
de la même manière , tant qu’en en a. Lorf-
qu’enfuite les grandes gelées approchent, on les
couvre avec de la grande litière sèche & bien fc-
couée; & quand les dégels arrivent, on les découvre.
L ’air naturel dont ils jouiffent de tem6a