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c ’eft en E té , les portes & les fenêtres de la bergerie
doivent être ouvertes. L’indication à remplir
eft de favori fer l’éruption, fans augmenter
l ’inflammation j car une inflammation , portée à
certain degré, bien-tôt dégénère en gangrène.
Devant ces [animaux on met, dans des auges,
un mélange d’avoine, de fon & de foufre, ou
des pois gris, ou de la vefce en grain , afin qu’ils
en mangent, fi l’appétit leur revient, ils font plus
difpofés à boire , à caufe de l’ardeur de la fièvre.
On leur donne une boiifon aiguifée de fel &. de
nitre, & dans laquelle on a jetté quelques poignées
de farine de féveroles. Dans le cas où la
fuppuration ne fe feroit pas bien,'pou r que
l’humeur ne refluât pas fur quelqu’organe eflen-
tiel à la vie, on appliqueroit des fêtons au fanon,
avec la racine d’Hellébore, & on feroit avaler,
ou un peu de Thériaque, ou de l’extrait de Genièvre
, ou de l’Alfa foetida diffous.
En général, une extrême propreté dans les
bergeries où il y a dès bêtes malades, '& dans tous
les, vaiffeaux qui leur fervent-, une grande févérité
pour interrompre la communication .entre
les bêtes malades, & les: bêtes bien portantes,
des foins tendans à laiffer agir la nature
plutôt qu’à là troubîér , à ne point exciter une
trop grande chaleur, ou à ne point introduire un
air trop froid • voilà en quoi confifle fpéciale-
ment le véritable traitement du Claveau : ç’eft
plus au bon régime qu’aux médicaîr.ens qu’on en j
devra la guéril'on y &. qu’on diminuera fes ra- j
vages. ___
Le traitement indiqué par M. Haflfer, Vétérinaire
Suédois, confifle dans des remèdes fudori-
fiques, qui peuvent être bons toujours dans les
climats froidsoùil éçrivoit-,,mais, dans nos climats
tempérés, ils ne conviennent que dans certaines
•cire onftan ces.
Les rapport du Claveau avec la_ petite vérple
ayant été obfervés, il y a long tems, il efl étonnant
qu’on fe foit peu occupé de l'inoculer..
L ’Auteur du Diélionnaire Vétérinaire regarde
comme probable le fuccès de cette opération, &
il indique quelques précautions à prendre pour
la pratiquer. M. Vitet la croit poifible, mais il
doute quelle foit avantageufe. M. l’Abbé Carlier
la rejette comme dangereufe. Deux lettres imprimées
, de M. Amoreux, apprennent quelle
cfi en ufage dans le Haut-Languedoc, aux villages
de M o r s , i’Appardu , Saint - Hilaire, & dans toure
la partie du pays appellée les Courbières Baffes,
aux Diocèfes de Narbonne, C2rcaffonne& Aleth,
M. Thorel, Artifle vétérinaire à Lodève, dans un
écr t , intitulé : Avis au Teuple fu r le Claveàu, ou
7 ic<. tu des m jurons, affure que M. Venel, célèbre
Profelieur de Montpellier, a inoculé, avec liic-
cès , un troupeau, & qu’en Saxe on a aufli pra-,
tiqué cette opération. Enfin, on trouve dans, la ■
Médecine des chevaux de M. de ChaJette, quelques
faits relatifs à l’ incculation du: Claveau.
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L’occafion s’étant préfentée de l’effayer, j’ai crç
devoir en profiter, foit pour ouvrir une nouvelle'
folirce d’inftruétion, foit pour confirmer &. alftp
rer les expériences déjà faites.
Le 22 Septembre, j’ai choifi deux bêtes à laine';
un anthenois, c’eft-â-dire. ype bête d’un peu pfoj
d’un an, & un agneau d’environ fept à huit mois;
L ’anthenois fut pris dans un troupeau qui, de.
ptdS le 1er Juillet, parquoit& vivoit par confé;
quent des herbes qui croiffent dans les chaumes
de froment & d’avoine. L-’agneau avoit appartenu
à une Payfanne qui l’avoit élevé, & le nourrir.-
, foit, comme fa vache, d’herbes de jardin & des
champs. Ils venoient de deux pays où il n’y
avoit pas de Claveau , & étoient en bon
état de fanté. Je ne crus pas devoir les préparer
parce, que, fuivant une réflexion fage de feû
M. Girod, Médecin , un des plus verfés dans
l’Art d’inoculer la petite v é r o le la préparation
: efl inutile, quand les individus font bien por-
tans-, on ne peut leur donner la maladie dans une
circonftance plus favorable. Le Claveau régnoit
alors dans plùfieürs troupeaux dés environs du
lieu que j’habitois; il avoit moiflonné beaucoup
d’animaux. Je fis porter ranth.nois & l’agneau
auprès d’un dé ces troupeaux, avec l’attention ,
cl’empêv-her le Berger d’en approcher, dans la |
crainte que fes habits, ou fes mains ne leur coin-
nmniquafient naturellement le Claveau.
Pour inoculer l’anthenois, je fis faire, avec
une lancette, fous chaque aiflelle, trois incifions
luperficielles qui ne tirèrent pas une goutte de
• fang, & effleurèrent feulement la peau, endivi-
fant i’épideriné. La même lancette fut enfuiîc
trempée dans'des boutons qü’on ouvrit à une
bêtçattaquée du Claveau depuis, fept à huit joui",
fuivant lë rapport du Berger. La matière qu’ils
contenoientn’étoit pas épaiffe & blanche, comme
du vrai pus, mais fluide & fanguinolente. 11 ne
' fut pas poffible d’en trouver de meilleure. On
l’introduifit d'ans les fîx incifions, en paffant en-"
fuite lé doigt deffus, afin que les vaifleaux en
abforbaflent davantage.
On prit à une autre bête une matière fembîabJc,
pour inoculer l’agneau de la même manière, par
cinq incifions j dont trois fous un aiflelle, & deux
fous l’autre.
Je defirois d’abord inoculer le Claveau bénin : j
le hafard me ferv-it bien -, car les deux animaux
dont j’ai pris la matière de l’inoculation, avoient
cette efpèce de Claveau, à ce qu’il m’a paru ; ils
avoient un grand nombre de boutons aflez gros,
5c la refpiration libre, fans jetter de la morve
par les narines : j’ai fu depuis qu’ils avoient gucji.
Tous, ceux qui l’avoient encore, à cctre époque.
étoient à la fin de leur guérifon , 5c ne pouvoient
remplir mon but.
L’anthénois & l’agneau, inoculés, ont été reportés
dans une écurie fpacieufe. & aérée, ’ o>i,
pendant l’expérience, je les ai fait nourrir d’avoine
c L A
i d fon, & , dans le commencement, dé feuilles
^orrne & de vigne , en leur laiflant dé l’eau
mire pour boiiïon.
” nés le fécond jour, j’apperçus une légère inflammation
il une'des incifions de chacun dés animaux;
le troifième, tomes les plaies furent en^
flammées; le quatrième jour , l’inflammation
J^tnenta d’étendu«, & commençai fe bomber ;
ia'cinquième. outre les- boutons.des '.plaies ,
;i s-ell forma un à la jambe de l’antbenois,' & j
luijeur.- fur IV-panle ; ils augmentèrent tous, par
tie-rrés jufqu’ati neuvième jour. L ’inllammarion-
dés plaies de l’agneau fuivit la marche de-celles !
de 1 anthenois. 11 n’eut des boutons que fur ce s . .
parties. ■ •' - ■;
. D e p u is - l’in a c u l a t io n , l e t em s a v o i t é t é d o u x & i
p lu v ie u x . L e jo u i : tuê.m0-d,e.i’in p c u l a t i o n , i l a v o i t j
fait de l ’o r a g e , & l e t o n n e r r e a v o i t g r o n d é . .
Les deux' animaux parorlîbient bien altérée ; car j
il falloir fou veut leur donner de l’eà.u -, ils avoient '
cependant confervé de la vivacité .& de l’appétit-,
mais, à l’époque du neuvième jour, ils devinrent
trilles, fans fo r c e ,'& ne Voulurent pins manger,
L’agneau rcfufa plus long-tems la nourriture que
l’anthcnoîs. Les boutons flu il avoit fur les plaies ■
étoient plus bombés & plus longs j ce qui pou-
voit dépendre de la longueur des incifions.-, J ai
remarqué'qu'il a découlé du nez de l’un & dé
l’autre, une humeur muqueufe, regardée comme
un figne ordinairement mortel j mais cet écoulement
n’étoit pas accompagné d’une refpiration
gênée, ni d’un battement de flancs, comme dans _
le Claveau confluent-, ce qui me raffûta fur le
fort de ces animaux.
Les boutons font entrés en pleine fuppuration
le iô • trois jours après , ils formoient déjà des
croûtes ‘ alors l’anthenois, & l’agneau ont repris
de la force, de la gaieté & de l’appétit. Depuis
ce tems, jùfqu’au vingtième jour, ils ont été' de -
mieux en mieux *, les croûtes ne tombèrent entièrement
que Iong-tems'après y la peau de l’anthe-
nois eft devenue farineufe., comme elle_Ic de-
vient à la fuite des maladies éruptives. Ce jour - là, ;
je les ai fait mettre dans un troupeau qui par- ,
uoit, & dont une partie avoit été attaquée du
laveau. Quoiqu’il tombât beaucoup d’eau , &
que le fol, fur lequel ils couchoient,- fût humide,
ils n’en ont pas été incommodés.
Cette expérience, prouve que le Claveau peut
être inoculé -, cap on ne doutera pas que l’anthenois
& l’àgneau ne l’aient contracté par cette
voie. L’agneau, à la vérité, n’a eu des boutons
qu’au près des incifions-, mais, dans l’inoculation
de la petite vérole , ce cas n’arrive-t-il pas? Au
refte, il a été malade férieufement, & fa maladie
a fuivi la marche du Claveau • les bourons eux-
mêmes ont eu les trois tems très-dâftinéls : celui
de l’inflammation , celui de la fuppuration, &
celui de la defliccation. Le Claveau, dont le
principal fymptômç efl l’éruption, a été marqué '
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plus ferifibl:cmcn.t encore dans l’aiitbenoi's, puif-
qu’il a eu des boutons loin des incifions j p uifque-
fa peau , après la chute des croûtes, efl devenue
farineufe,
Ce.« faits, feuls, fans doute, font infuffifans
pour en tirer de grands réfultats, relativement à
l’inocplation du Claveau -, mais,, réunis à ceux
dont j’ai parlé., ils 'acquièrent plus de force.
D’ailleurs je ne lies ' préfente ici que comme un
Commencement de recherches, qui peut fervir
de bafe à beâùcbiip d’ôbfervations. Convaincu
de la néeeffité de faire, fur ce fujet, un grand
nombre d'expériences j je vais en indiquer les
principales.
On a remarqué que le Claveau éfoit plusaneur-
frier dans les grands froids & les grandes chaleurs,
& fur-tout dans les grands froids -, il feroit donc
utile de pratiquer l’inoculation dans toutes les
faifons.
Suivant ie rapport des habitans des provinces
du Nord, & d«,celles du Midi de la France, cette
maladie caufé moins de ravages dans le Midi que
dans le Nord-, ce qu’il faudroit encore vérifier
par l’inoculation.
Les brebis pleines , attaquées du Claveau',
avbrrent ordinairement, &. périffent, pour la
plupart. Sur un troupeau de deux cents brebis
pleinés, jé fais qu’il en efl mort quatre-vingt du
Claveau. On doit donc inoculer des brebis en
cet état. -
Il faut inoculer des béliers & des moutons à
tout âgé.
Les jeunes. agneaux périffent prefque tous,
Iorfqu’ils'font atteints du Claveau. A Rambouillet,
fur foixante-fept, qui l’ont éprouvée, on en a
perdu foixante ; mais ©n les a moins perdus, à
ce que je crois, de, la maladie, que parce que
leurs mères, qui l’avoient alors, ne pouvoient
plus leur donner de lait. Il eft bon d’inoculef
des agneaux de mères qui ont eu le Claveau , &
qui continuent à avoir du la it, & ceux des brebis
aiSluellement attaquées de maladies, & n’ayant
pas de lait, avec l’attention de faire boire , pendant
ce tems-là,' du lait de vache aux agneaux.
Enfin , ce qu’il faut ne pas publier , c’eft d’inoculer
des agneaux, quelques tems après le fevrage.
On placera des animaux inoculés dans des
endroits où ils feront expofés à toutes les injures
de l’air j on en placera aufli fous des hangards, ou
dans des bergeries bien clofes.
Dans les deux expériences rapportées, je n’ai
employé qu’une matière fluide contenue dans des
boutons -, mais il faut aufli employer les croûtes,
& peut être le fang & l’humeur qui découle par
le nez.
On ne fera bien convaiucu que le Claveau
n’attaque qu’une fois ordinairement les bêtes à
laine , que quand on aura inoculé, une fécondé
fois, fans produire d’effet, les animaux auxquels
L 1 ij