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t ût donné trop d’orge, fans que ce grain fut
de mauvaife qualité en France. C'eft fouvent la
qualité qui nuit. L’orge concaffée nourrit mieux
que l’orge entière.
3.0 Du farrafin. La Sologne & quelqués cantons
de la Bretagne, ou le farralin eft abondant,
en nourrilfent leurs Chevaux , qui partagent ce
grain avec les hommes & les volailles. Le farrafin
a une fubftance farineufe très-nutritive
mais fon écorce dure & ligneufe , le rend de
difficile digéftion ; il vaut mieux le faire con-
caffer ou moudre entièrement avant de le donner
aux Chevaux. On doit ne faire manger du farralin
aux Chevaux qu’avec beaucoup de précautions,
parce que ce grain les échauffe comme
il échauffe les volailles. Il ne faut pas qu’il foit
très-récent •, il en eft de même de 1 orge.
4.0 Du fon. Le fon eft l’écorce rm froment
ou du feigle moulu , contenant plus ou moins
de farine , félon qu’on a employé la mouture
à la groffe ou la mouture économique 5 &, par
conféquent plus ou moins nourriffant. Il eft
regardé comme rafraîchiffant , & on en fait la
baie de l’eau blanche pour les Chevaux & autres
bêtes, lbrfqu’elles font malades. Les Cheyaux
fains le mangent aufii avec piaifir ; il leur convient
fur-tout en été, & quand ils fe dégoûtent
d’avoine. Le fon du feigle & celui du meteil,
compofé de froment & de feigle, refraîchit plus
que celui du froment. Pour que le fon foit bon,
il faut qu’il foit récent & confervé dans un lieu fec.
5;0 De l’avoine. L ’avoine eft de tous les grains
Celui qui eft deftiné le plusfouvenr aux Chevaux.
Elle fait, du moins en France, le fond de leur
nourriture. 11 y a peu de pays ou elle foit la
récolte principale. Sa culture n exige pas beaucoup
d’engrais &. de labours ■, ce n eft, pour ainfi
dire, qu’un objet fecondaire. On ne fait donc
aucun tort à l’homme en nourriffant les Chevaux
d’avoine. Excepté dans les années malheureufes,.
où le befoin force les hommes à vivre des
alimens qu’ils ré fervent pour les beftiaux, peu
de cantons du royaume font réduits à manger
du pain d’avoine. Ce graTn eft nourriffant & en
meme-tems rafraîchiffant. Cependant il eft bon
qn’on n’en donne pas une trop grande quantité
aux Chevaux-,elle les incommoderoit b:en-tôr&
les rendroit fourbus. Les gens foigneux peur
leurs Chevaux ne leur font manger de l’àvoine
nouvelle que trois mois après qu’elle eft récoltée.
Trop récente, elle leur cauferoit des coliques,
quelquefois mortelles. On a l'attention de ne
point l’entrer humide dans les granges. & dans
les greniers, afin qu’elle ne .fermente pas & ne
contracte pas une mauvaife odeur, qui laferoit
refufer par les animaux. Si l’avoine étoît moulue,
elle fe digéreroit mieux , & on en donneroit
moins aux" Chevaux ; car" beaucoup de grains
lortent entiers de leur corps.
6 .e P u foin. Les herbes des prairies naturelles
defféchées & fanées portent le nom de foin, un
des alimens le plus en ufage pour les Chevaux.
Celui des prés hauts eft le plus eftimé. On fait
moins de cas du regain ou féconde coupe que
de la première. Un foin compofé de tiges dés
graminées, d’herbes tendres & douces ou foi-
b le ment aromatiques, telles que la pinprenelie,
les oenanthes , la fariettè , tes paquerèrtes , le
tufliiage, la fcabieufe, le trèfle, le fainfoin, &c.
eft excellent pour les animaux, & fur-four pennies
Chevaux. Mais.il ne vaurrien , lorfqu’ils'y
trouve beaucoup de carex, de joncs, de rofeaux,
d’iris, de renoncules, de colchiques, &c. plantes
qui abondent dans les marais fangeux. Du foin
nouveau ne peut fe donner, fans inconvénient,
avant qu'il ait été quatre mois dans le fenil. 11
n’a plus de faveur, & n’eft plus agréable aux
Chevaux, s’il eft trop vieux.
7 .0 De la luzerne. Le plus beau préfent qu’ on
ait fait à l’Agriculture , c’eft la luzerne : on là
donne en vert & fèche aux Chevaux. La luzerne
fèche , préfentée peu de rems après la récolte
pourroit être fünefte, à moins qu’on ne la mêlât
avec de la paille.-, on lui iaifiVjeter fon feu
pendant quelques mois. Elle exige encore p)us;
de précautions quand on veut la faire manger
verte. Si on la fai foit manger en cet état fraîche
&.àdricrérion , elle occafionneroit de fortes in-
digeftii.ns & la fourbure. On doit la laiffer flétrir
quelques heures, en donner peu d abord & y
accoutumer par degrés les Chevaux, en'la mêlant
même avec de la paille. Une des grandes propriétés
de la luzerne eft d’augmenter le lait des
jümens, & de rétablir des Chevaux de travail,
qui feroient tombés dans l’amaigrifferhent.
8.° Du trèfle. Il y a plufieurs fortes de trèfle.
Le trèfle jaune fait partie des herbes des prai-
raies naturelles, & c’en eft une des meilleures.
On ne le cultive pas feu 1, ou d-u moins dans
peu de pays. Le trèfle d’Hollande fe trouve
bien quelquefois mêlé aux herbes des prairies;
mais le plus fouvent on en fait des cultures
particulières. C’eft une des eau fes de la richefiè
du pays de Caux, de la provincé de Normandie;
car le trèfle y remplit une grande partie dès-
jachères, & fourniflant aux beftiaux une excellente
nourriture, il met à portée d’avoir beaucoup
d’engrais. On le fait manger comme la
luzerne, ou vert, ou fec. Dans le pays de Caux,
on coupe une partie' des trèfles au mois dé
Juillet, pour le faner & le conferver ; les Chevaux
le mangent en Hiver. Une autre partie eft
broûrée fur place par les bêtes à qornes & les-
Chevatix , depuis le mois de Mai jttfqn an mois
d’Août. On attache ces animaux à des piquets ;
on les change de placé huit ou neuf fois par
jour , leur abandonnant , fuivant l'a force du
trèfle, deux ou trois pieds; deux Chevaux, en
trois mois, peuvent manger, de cette manière,
le produit d’un. acre de terre. Voye\ au tues
Arpent ce qu’ain acre contient. S’il fait très- j
chaud ,, on les retire au milieu du jour. Le •
trèfle qu’on fane a aufli befoin d’être entré fec
&. de 111er quelques mois avant qu’on le donne
aux. Chevaux. _ j
On avertit, dans tous les livres d’Agriculture, I
de ne point laiffer brouter du trèfle vert, par |
la rofée .ou peu de tènis après la pluie, parce
qu’il en réfultc des indigeftions graves. Cette
crainte fans doute eft fondée fur des faits. Ce- ’■
pendant, dans le pays de Caux, on laiffe manger
le trèfle fur place par tous les tems, & on ne
fe plaint pas du mal qu’il fait au beftiaux, Seroit-
on dans ce pays plus infenfible aux pertes, ou
plus habile à guérir les Chevaux, gorgés de trèfle .
mouillé ? Oubien,letrèfle du pays de Caux, même
quand la pluie ou la rofée l’ont humeélé, ne
féroit - il pas aufli malfaifant qu’ailleurs ? Voilà
une queftion qu’il feroitbon d’éclaircir , & dont
les Cultivateurs inflruits doivent s’occuper.
5?.° De l’efparceite ou fainfoin. Les terres fans
fond & sèches, où la luzerne & le trèfle ne peuvent
végéter., en font dédommagées par la facilité
qu’on y trouve de cultiver le fainfoin , plus
nourriffant que les deux précédensfourrages. Il
eft la reffource de la majeure partie de la Beau ce ,
qui ne récoltant pas & n’achetant pas de foin ,
lui fubflirue le fainfoin , pour la nourriture de
fes Chevaux de ferme. On le récolte toujours
iuffifammènt fec | on ne donne le nouveau que
quelques mois après , & on le mouille en Eté
deux heures avant de le mettre dans le râtelier.
Si, pour avoir été entré humide , il a pris de
l’odeur , il faut le bien fecouer ; il devient plus
fupportable & moins malfaifant -, parce que la
partie putréfiée par la fermentation s’en fépare.
Le fainfoin mal foigné, & donné fans ménagement
auroit les mêmes inconvéniens que la luzerne.
;;
io°. De l’orgeen vert. Lorfqu’on veut mettre
un Cheval au v e r t, on lui apporte à l’écurie
des tiges d’orge coupée, avant qu’elle ait épié.
Si on attendoit plus tard , elle ferôit trop dure
& échauffante, tandis qu’on l’emploie pour rafraîchir.
Cette, nourrit ure purge fes Chevaux les
premiers jours ■ moins par fa qualité évacuante
que par le changement quelle- opère" en eux.
Bien-tôtils ne. font plus.relâchée & ils engraiffent.
I l eft d’ ufage, dans la Cavalerie, de mettre tous
les ans- une certaine quantité’ de Chevaux au
v;ert. On apporte à chaque Cheval quatre - vingt
livres d’herbe par jour. Si on n’écarte pas de ce
régime les vieux Chevaux, les pou'ftifs, les far-
cineux & les morveux , on en hâte la perte.
Il ne faut mettre au vert que ceux qui ont la
“hre trop sèche, & qui font habituellement
nourris au fec.
Les habirans des pays de communes, lès débardeurs
de bois & autres, par économie, laiffent
leur s Chevaux, une bonne parue de L’année, paître
dans les prairies ou dans lès boisfCe^ Chevaux
ne font pas en état de rélifter à de grands &fôrts
travaux, fl on ne leur donne pas-en outre une
nourriture plus fubftancielle.
n ." De la paille. Les tiges sèches du.froment,
du feigle, de l ’orge & de l'avoine s’appellent vaille.
On ne fait en France aucun ca s , pour les Chevaux,
de -celle de l’orge, & très-peu de celle
du feigle, qu’ils mangent quelquefois dans les
pays où il ne croît pas de fromerit.' La paille
d’avoine, fouvent fine & rendre, analogue au
grain qui ’ en fo r t, leur plaît beaucoup. Mais
c’eft la paille dè froment qu’ils préfèrent, fans
doute parce qu’elle contient encore dans l'état
de fécherefl'e, une matière fucrée, plus abondante
dans celle des fromens d’Efoagne & dès
pays chauds. C’eft pour cela que les Chevaux des
Ifles à fucre fe nourriffent avec empreflèment
des têtes ; de canne. La paille blanche & menue
eft mieux fourragée que la paille brune & grof-
fière. Quand elle eft mêlée de plantes , qui s’y
font attachées, telles que les liferons,. les gef-
fe s , &c> elle eft plus appétiffante. On la rend
plus agréable encore, fi on y joint,du trèfle qui
la parfume. A la vérité la paille des pays du Nord
n’a point ou n’a que très - peu de matière fucrée;
mais les -Chevaux y trouvent, pour dédommagement,
beaucoup de grains, adhérens dans le?
bâlès ; car on né peut jamais y battre parfaite-1
ment les' épis ; le froid empêche beaucoup de’
grains de mûrir , & beaucoup de bâles de fe;
deffécher à leur bafe,
La paille, en France, fe donne dans toute fâ
longueur, foit que les épisfoi eut tous rangés-
du même côté, comme dans celle qu’on apporte
à Paris, foit qu’ils foient dans les deux
fens, comme il eft d’ufage dans beaucoup de
pays. Mais',îsen Allemagne ,, on la hache, on la-
brife, pour la mêler avec l’avoine, fè fon oh
autre grain, ©n mouille le tou t, afin quelle Cheval,
en -expirant, n’en perde'pas laplits grande-
partie. Le hache-paille eft une efpccedecaiffe
étroite, pofée fur un pied , à hauteur d’appui ;
on y place la batte de paille, on la- pduffe'
par degrés avec une main , fous un fort liàchoir,-’
fixé par une boucle, & que l’ autre main fait mouvoir
pour couper. Il y a une efpèce de b'afcule,
qui tient la paille affujettie. près du cour eau..
C et inftrnnlent a. été adopté &. pcrfeél’ionrié par
des'particuliers en Fran ce ; mais il n’eft pas enco re-
répandu , comme il ferait- à defirer qu’il le fût
Car il eft plus avantageux & plus économique.^
de donner la paille hachée qu’entière. On peur,-
dans lés pays ou il y a diferte de foin , en hacher'
un peu -avec beaucoup de paille. Les Chevaux
mangeroicnr avec appétit ce mélange. Chaque-
régiment de Cavalerie ou de Dragons dèvroic
avoir fes haches - paille. Les foldats auroient fou-
vent le tems d’en faire ufage. Dans' les pays chauds,,
où les çfpèces de froment cultivés fout à tige