
coup de charrue : ce qui n’efi pas enterrêefi livré
au troupeau, qu’on ne doit conduire dans le
champ que lorlqu’il fait fec ; ion piétinement
redoublé durcirait trop la terre 8c nuirait aux
labourages postérieurs. On eit aflùré, en pratiquant
cette méthode, i .* que la récolté des grains
qui fuivra celle1 du femis des Raves & des Navets,
fera très-belle ? toutes pircohfiancës égales.
1 . ' Qu’en perpétuant cette alternative de Raves
& de grains, on parviendra à changer la nourriture
du fol, & un champ maigre fera peu-à-peu *
converti en un champ très-.pradu&if.
Culture des Navets defiinés pour la nourriture des
. befiiaux. ■
La culture des Navets & Raves en grand, pour
l'ufage de l’économie rurale, a été afléz long-
tems négligée non-feulement en France , mais
dans beaucoup d’autres pays*, quoiqu’on ne pour- *
roit pas ignorer que l’emploi de cette plante ,
pour en nourrir les beiliaux en Hiver, lorfqne :
les fourrages viennent lbùvent à manquer’, étoir
déjà fuivie par les Anciens, d après lé témoighagé
de Columelle.
Miller prétend que là culture dés Navets,
comme fourrage, pour les beiliaux, n’eft fuivie,
en Angleterre que depuis environ cent ans • il
prétend en méme-teras que la véritable manière .
de cultiver, cette plante avec avantagé efi allez mal
connue , fur-tout dans quelques pays éloignés de -
l ’Angleterre..Il rejette, comme rpauvaifë, la méthode
de femer, les. Navets au Printems , avec ’
l ’orge • car ces plantes, dit-il, ne prôduifent.dans
l ’orge qu’un peu de verdure pour les brebis, fans,
jamais donner des racines. Dans d’autres cantons,
dit ce même . Auteur, où l’on sème les Navets „à
part, on , ignore la.^nèççlfi't^'ùdé, les. houer..,
de forte que l’on laifle croître les Navets & les
mauvaifes herbes^eniembie, & on ne lés éclaircit
point où 'ils font 'trop ferrés, & alors ils ne pr o -
duifent que des grandes feiïiliés ; mais leurs racines
ne grofliffenr point, quoique c’efi raccroiflenient
des racines qu’on a principalement en vue.
Culture des Navets en -grand, d’après la ,Méthode.
Anglaje• décrète-par Miller.
Le terrain fur' lequel; 8h veut femer dés Nàvèts!
doit être labouré'en .Avril, pb!uflaTeëônde:
fois, en Mai': on leherfedeux fois, pouri’âmeii-
blir, & l’on répand là fèmence bien clàire *, càr
comme elle eil petite , il en. faut peu pour Une
pièce de terre -, deux ^livres fftiffifenr pour un
acre.,' & fcn? n’en sème' ordinairement qu’ùne.
Aufii-tôt que l’ori à féhîë , il faut frerfér fa terre
avec une hérfe' à déxitè èdurtés, & y paffer tin
ïouleair de bois pour brifer les mottes & unir la
furface. Douze ou quinze jours après, les plantes
mangées par les pucerons, ce qui n’arrive que
trop fou vent, .& alors il faut fèmer la terre une
fecoti.de fois -, car cette graine n’étant point chère
la principale dépenfe confifle à . dt{ferrer la terre
&-à la herfer *. fur-tout quand elle eil fujette à fe
durcir, Tqurqs-les méthodes propofées pour prévenir
les dégâts que font ces infeèles, ont été pif,
qu’ici infruétueufes.
Quand les plantes ont quatre ou cinq feuilles, il
faùrles houer pour détruire les mauvailes herbes &
les éclaircir où elles font trop épaiifes, en donnant
iix ou huit pouces de diftance à Celles qui redent;
ce qui fera fuffi fiant pour le premier hounge. On
houe, pour la ieconde fois, un mois après, &
alors on retranche encore des plantes, pour lailfer
les autres à quinze ou feize pouces de difiance, &
même piusfiiir-tout ii l’on dedine ces racines pour
nourriture du bétail ; car en les tenant éloignées,
elles grofliffenr à proportion, fur-tout quand ils
'fe trouvent dam un fol fertile ; de forte que l’on
,ga*gne fur la groffeur de ceux qui raflent en place, •
ce que l’on .pérd.fur ceux qui-ont été arrachés;
mais fl l’on defline ces Navets pour l’ufage de la>
■ cuifioe:, un pied de diftance fuffit, parce que les
greffes racines font moins eflimées pour la table
que les petites. w \ r ; t
Depuis quelques, années , quelques Fermiers
induftrieuxont. femé. les .Navets en rangs, avec'
une charrue à. rigole : dans quelques endroits, les
rangs'.fon.r à trois pieds de didance ; dans d’autres
à quatre., à cinq,, & fouvent à fix pieds. Cette
dérnièré didance a été recommandée par fles'per-
; fon nés intelligentes, comme la plus favorable ;
càr, quoique cet intervalle foit confidérable , cependant
la récolté que produit un acre ainfi femé,
ed. beaucoup plus forte que fur un même efpàce
où les rangs n’ont que la moitié de celte'didance;
8c tous lès champs qui ont été ainfi culTryés on t
donné des récoltés beaucoùp plus confidérable«'
que s’ils avorenr été houés à là main.
Un Seigneur Anglois a fait fieffai de ces deux
différentes méthodes avec le pLus grand foin , en
divifant le.: mêipe chainp- en.pîufié.urs planches
femées alternativement en rigoles, & les planches
intermédiaires, à la volée : ces dernières ont été
houéesà la m a i n fuivant la méthode ordinaire,
& lesautnes.aveç .une houe à charrue ; le terrein
éfoit égaleinent. (jiyifé entreeessdeux cultures. Les
Navets étant parvenus à leur'groffeur , ont été
arrachés & examinés; celles qui avoient été bouées
avec la charrue ont été trouvées plus groifes que
les a u t r e s l a récolte d’un acre ainfi planté fur-
paffoir l ’aiurq çl’pn.tonneau & demi.
Quand les Navert font femés en rigole, il fauf
tes houer -àia main, pour arracher une partie des
plantes dans les endroits où elles font trop ferrées,
& détruire les mauvaifes herbes dans les parties
où la charrue ne peut atteindre : fi ce travail efi
bien exécuté, non-feulement ces racines deviendront
plus fortes, mais le terrein fera encore
mieux préparé pour la récolte d’orge, que l’on
pourra y femer au Printems fuivant. Peut-être
qiie cette méthode feraRegardée comme plus coû
reufe que celle qui efi ordinairement en ufage ;
mais, après avoir eifayé l’une & l’autre /on trouvera
que le honage à cheval efi moins difpendieüx
& beaucoup plus profitable; car les gens de campagne
que l’on emploie pour houer les Navets à
la main, font fort fujets à preffer leur ouvrage1,
de manière qu’ils laiifent la moitié dé mauvaifes
herbes & n’éclairciffent point les plantes comme
ellesdevroient l’être. La houe à cheval, au contraire,
détruit toutes les mauvaifes herbes dans les
intervalles ; & quand il ne refie' plus que quelques
pieds, dans fes rangs de Navets , il efi ailé de
les arracher à niefure, qu’ils paroiOent.; par ce
moyen les champs font mieux, & beaucoup
plutôt .néroyés , & tous tes Propriétaire^ y
gagnent , fans contredit, pour la riiain - d oeu—
vra.-, .
Les Navets n’ont point d’ennemis plus dangereux
que les moucherons, quife montrant bientôt
après que les plantes ont paru au-deffus de la
terre ^ & tandis qu’elles n’ont encore que leurs
feuilles ièminales ; mais auili - tôt quelles ont
pouffé leurs feuilles, rudes & fortes,. elles font Hofs
de danger. Cet accident arrive toujours dans les
teins lècs ; mais, quand il furvient de la pluie, lès
Navets.pouffent & croilfent fi proniptement que
ces infeéfes ne peuvent les attaquer. On prétend
qu’en femant les Navets ,en rigoles , ils font
moins fujets à être dévaftés, par ce's. infeéles, que
lorfqu’ils font femés à l'a^olce ; on peut aufli s’en
garantir, en répandant de. la ..fuie en petite quantité
fur çes rigoles,
Une autre caufe de la defiruélion de c.es, récoltes
font les-chenilles qüfles attaquent fouvent
quand ces plantes ont fix ou huit feuilles ■ ; le
moyen le plus fur pour les en débarraffer efi de
faire paffer dans ces champs une quantité de volaille,
de bonne-^heurè, & vers le matin, avant de
leur avoir'donné à manger : ces oifeaux ont bientôt
dévoré ces infecles , & laiffent les Navets parfaitement
nets.
Les Navets femés en rigoles font moins expofés
aux chenilles., parce que la tèrre qui fé trouvé
entre les rangs étant toujours remuée^ les plantes
croiffent plus vite, & font plutôt en état dé réfifièr
aux attaqués des chenilles.
Quand.les,Navets font femés en rigoles, .on fera
bien de faire chaque hou,âge en deux- ; te in s e tl
cultivant d’abord dé deux rangs f un j & ên.houànt
1 autre quelque teins après; les plantes prôfité-
-ront mieux de cette culture que fi tout avoir été
fait à-la-fcis ; Scelles feront moins en danger de
fouffrir par la terre, qui efi quelquefois inégal &-
ment difiribuée -& jettée plus d’un -côté que de
l’antre ; ce que l’on peut réparer an fécond
liouage. Cette culture alternative préparera très-
bieniàterre pour la récolte fuivante & avancera
beaucoup l;es'Navets. Mais comme la charrue ne
peut approcher d,es rigoles que de deux ou trois
pouces , on fe fert d’une fourche pour defferrer
la terre, afin que lès fibres de racines puiflent
s’étendre dans les intervalles ; fans- quoi la terr’e
deviendrait fi dure dans ees endroits, que faccroif-
fement des Navets feroif afjété: Ce travail peut
être fait à peu de frais; car un; b on travailleur en
fera beaucoup dans.Un feul jour , & le propriétaire
trouvera toujours fon compte à fuivre cette
méthode , fur - tout dans les terres fortes, où les
Navets font beaucoup plus fujets à fouffrir que
dans tin;fol léger.
Quand la terre a. été cultivée d’après cette méthode
, ,un fitnple labour fuffira /après la récolte
des Na vêts,, poil r la préparer à recevoir du bled
ou d’autres denrée^ ; de forte que l’qn fe procure
...ainfi: l’avantage de pouvoir conferver les.Navet?
plus long-rems fur la terre, comme cela efi fou-
vent néceffaire quand iis font defiinés à la nourriture
de« brebis ; car quelquefois la terre n’efi
débafraffée qu’ait milieu d’A v r il, quand on efi
obligé'.dë conferver cette nourriture à ces ani-*
m a u x p o u r le Printems,- avant que l’herbe nouvelle
ait pouffé ƒ fur-tout quand on a des troù-î-
-peâùx confidér'abVes-à nourrir’.- Un acre de Navets
fournif plus de •rèffbnrcès dans cette faifon , que
trente-acres, des■ meilleurs- pâturages.
Dans la province de Norfolck, & dans plufieurs
autres cgntons de l’Angleterre, les Fermiers cul-
tivent; i;ne.;gr-an.de. quandré de. Navets, dont ils
nourriffent le, bétail noir. Cette méthode efi très-r
avaniageufe,^ car Le.nombre de bétail qu’ils peu-
yen t entretenir,. leur fournit des; engrais eonfidé-
xablès ,.j 8c ■ rend leur terrain très ^ produélif en
orge ; tandis que^ fans ce moyen, il ne vaudroît
pas la peine d’être cultivé,
Quand on donne au bétail la liberté de manger
Tes 'Navets fur la terre même , il né faut pas lui
laifler parcourir à-la-fôis un trop grand efpacey
maïs on doit le rétenir par des eloifons, parce
q ifil Igâterëirènmn jour plus qu’il n’en pourrait
cOnfominèr. Potir cette faifon, il faut changer les
claies une où deux fois par jour, 8c les pofer
plus loin , dès que ees animaux ont entièrement
cpnfommé tous les Navets du premier enclos ; au
lieu qu’en les teifiant en liberté, ils fe contentent
de mànger' ïe coeur de*-cè's racines, 8c laiffent
î'ëcofcë V’leiir uriné; fë' répand fur le rafle , &
quând i l :ën efi une fôis infedlé, les brebis ne
yèulënt plùsy touchefi - 1