
'•!.? 2." 4 C O C
puis la page 472. jufqu’à la page 51 i . ( M. P Abbé
T e s s ie r . )
COCHEHUE ou COUCHEHUE. Nom du
Bixa orellana. L. Voyeç Rocôtr. ( M. T iiouin. )
COCHLEARIA. Nom latin du Cran Ton, qui
a été adopté, en François , par beaucoup de
perfonnes. Voyc\ C r a n s o n . ( M. R e y n i e r . )
C O C H O N .
Ce quadrupède véritablement fingulier par fa
conformation, par les habitudes, par fa lafcivetë
& par fa gloutonnerie , étoit inconnu au non-*-
veau Monde ; mais depuis que les Efpagnols
l’ont tranfporté dans le Continent & dans le nord
de l’Amérique, on eft fondé à-dire aujourd’hui
qu’il appartient à tous les climats, qu’il prof-
père dans toutes les contrées $ qu’il eft,- parmi
les animaux de baffe-cour, lé moins difficile
. dans le choix de la nourriture , & celui qui
offre en même-tems le plus de reffoureeS dans
l ’économie domeffique : content de tout, pourvu
qu’il foit plein, il n’y a pas d’aliment qui rie
lui convienne; fon éducation eft facile, ii multiplie
infiniment-, futilité dont il eft, après la
mort, fur-tout à la campagne, où foùvent ori
eft éloigné des Villes de plufieurs lieues , eft in-
conteftable. Qui ne connoît pas le prix d’avoir
chez foi Une viande prête à devenir un mets ou
à affaifonner les'herbages,. les légumes & les
racines potagères? Comme elle fe telle très-bien ,
elle eft a une grande reffource dans les voyages
de long cours ; au Printems, qui eft la lâifon
où les denrées de ce genre font ordinairement
fort cheres ; enfin elle convient particuliérement
aux hommes livrés à des travaux ou à des exercices
pénibles, par conléquent aux Cultivateurs.
Cependant, malgré ces avantages reconnus,
Fufage de la chair du Cochon a été décrié &
profcrit dans la plus, haute antiquité. L ’Hifloire
nous apprend que cet animal 'étoit en horreur
chez la plupart des Peuples de l’Orienr, & que,
même encore aujourd’hui, il eft fott rare dans
toute lMfie. La défenfe d’en manger eft portée
par une Loi du Lévitique ; Moylè ne voyant
dans les Juifs qu’un Peuple agricole, un Peuple
de Pafteurs,.il craignit peut-être que leur'goût
décidé pour cette viande, ne leur fît négliger
~ tes autres animaux domcftiques ; mais la plupart
des Ecrivains fe réunifient à l’opinion, que la
foi de ce Légiflateur avoit pour motif principal,
de les préfer'er de la lèpre; maladie fi commune
en Egypte & en Arabie, qn’onl’a fouvent
confondue avec la maladie à laquelle le Cochon
eft fujet, même dans nos climats. C’eft fur ce
fondement que Montefquieu. a parié de eerte
défenfe comme d’une bonne Loi focale.
Saint - Clément d’Alexandrie , cité par Dam
Calmet, dans fes Commentaires fur la Bible,
ajoute uns autre raifort à celles qui intéreffent
c o c
la famé : il nous apprend que le porc a ftz
profcrit par Moyfe , parce que, fouillant 1$
terre, il déracine les grains &. les légumes•
genre de dégât nuifible par- tout, principale-!
ment dans la Palefiine, qui n’eft pas généralement
fufceptible de culture, & ou les terres
, labourables; n’ont, à ce qu’on affure, que quatre
ou cinq pbiices de fond. Quoi qu’il en foit dé
la véritable caufe, qui a fait lancer un Arrêt dé
profeription contre le Cochon, fi les plus
éclairés d’entre les Juifs fe réfutent à l’ufaoe
de cette nourriture , ce n’eft probablement ni
par préjugés, pi par fuperftition mais feule-
inent pour obéir littéralement à la Loi -, bien
perfuadês que S’ils la tranfgreffoienr.aujourd'hui
fur un article^ & demain fur un autre, le Jn-
daïfme teroït bien-tôt anéanti ; car nous obier-
verons què la chair de cet animal n’eft pas moinr
faine que celle des'.autres animaux, dont chacun
fait fa nourriture habituelle. Il fuffit de n’en
pas mangër par excès, puifque tous, les excès
font nuifibles, &• quelle foit affaifonnée convenablement
, pour ne pas doriner lieu aux
mdigeftions , ni occafionner & entretenir les
maJadies (je la peau, dont on l’açcufemal-à-
propds ; l’exiftenee de ces maladies, communes
encore parmi tes. anciens habitant de la Palef-
nne, prouve qu’elles dèvroient avoir une autre
origine.
Mais le Cochon a été calomnié, comme tout,
ce qui eft efféntiellement utile : les Philofophes
de la plus haute antiquité font allés jufqu’à prétendre
que toutes les .fénfatioris étoient obtules
dans ces .animaux , & qu’ils étoient abfoimnenr
dénués d inftinèl, tarit l’homme eft extrême dSns
fes éloges c.omme dans fes critiques. II a refufé-
i aux uns cètfe. portion d’intelligence que leur a
I accordé IaNature, & , aux autres, il l’a prodiguée
d’une maniéré humiliante pour l’efpêce
humaine, & tellement exagérée, qu’il eft obligé
de revenir tous tes Jours de fon enthoufiafme;.
telle eft ta fourmi, telle eft rab,eille, tels -font
encore beaucoup d’autres animaux, qui, mieux
étudiés &obtefvés,' montreront toujours la fa-
gefle du Créateur, mais jamais un inflihél fu-
périeur à la raifon, un inftinèt qui aille au-
delà des loix de l'a Vôritervâtion & de la propagation,
premiers devoirs de la fociàbilitë.
Sans'vouloir faire ici1 l’éloge, du Cochon , je
me bornerai à cirer quelque^ faits qui prouvent'
$*3 9er ânrmate n’eft pas tout-à-fait dépourvu:
dmfiinéL On fait que, dans beaucoup d’endroits,,
un homme fe charge , moyennant une légère
rétribution que chaque Paificulier fui paie,, de
lès conduire tous tes matins .aux champs & dans
lès bois ; pour tes raffembler, il paffe dans b-s rues-
en fonnant une efpèce dé cornemufê; les Cochons
lâchés vont énfuite deux-mêmes a la. forêt. Le
même Gardien tes ramène te fofr, & tes animaux
rentrent fous leurs roits fans te
G O G
H témoignant, par leurs c tis , de la faiisfaftion,
parce qu'ils font gfflirés de trouver encore de
I otioi matigefi ■ . . . Hj .
Un autre fait qui vient à 1 appui de celui-ci,
c’eft que quand le tems menace d’orage ou qu il
' furvient Une pluie, lorsqu'ils font aux champs,
on les voit ordinairement déferrer le troupeau
les uns après tes autres, s’enfuir & regagner
d’eux-mêmes leurs habitations , toujours en
criant jufqu’à la porte de 1 étable, comme fi
on les écorchoit. Les plus jeunes font ceux
qui courent le plus &> crient davantage.
Le Cochon n’eft pas plus dénué de fenfibihté
j que d’inflinéh Ne le voit-on pas accourir aux
| cris de fês femblables , d’auffi loin qu’il lés' entend,
& affronter les plus rudes tmitemens.pour
les défendre? Il eft étonnant même que ceux
des Na.turaüftes qui fe font étendus avec tant
de complaifances fur les défauts de cet animal,
n’aient pas dit un feul mot de cette qualité , qui
le diftingue dans l’efpèce brute, & dont le plus
fimple Porcher fait faire ufage pour rappeiler
à lui les Cochons qui fe font écartés du troupeau
& égarés dans la forêt. Perfon.ne n’ignore
d’ailleurs l’avantage que fut tirer de^ cette con-
noiffance Je Capitaine Letort, lorfqu il te trouva
affiégé dans la Ville de Rennes par le Duc de
Lancaftre.
"Les Anglois, fous la conduite du Duc de
Lancaftre , firent le liège de Rennes. Le blocus
duroit depuis piufieurs mois, & la Ville , privée
de fecours &de provilions de*bouché, étoit à la
veille de fe rendre, lorfcjue le Capitaine Letort,
qui y commandoit, s’avifa dun ftratagême très-
innple qui la fauva. Il fit ouvrir une porte qui
donnoit fur une prairie où tes Affiégeans entre-
tenoient un troupeau conlidérable de Cochons.
Il amena fur le pont une truie qui lui reftoit
encore, & lui fit tenailler les oreilles avec force.
Aux cris que pouffa cet animal, ceux qui étoient
dans la prairie accoururent en foule, & à me-
fure qu’il en arrivoit fur 1e pont, Letort faifoit J
rentrer la truie dans la Ville, toujours en criant, j
Les Cochons des Anglois la fui virent avec pré- j
cipitation, & ils feroient tous entrés, fi 1 ap- ;
proche d’un détachement ennemi n’avoît forcé
les Affiégés de lever le pont & ?de fe contenter
de deux mille Cochons qui àvoient dé ; à franchi j
ce pofte. Cette capture, jointe au bruit dun j
renfort prochain que le Capitaine Breton fit j
répandre dans le Camp du Duc de Lancaftre, I
obligea celui-ci de lever le fîège, peu de jours
après. •' -
On a: avancé que la voracité naturelle de la j
truie la portoit à dévorer fa progéniture. Les
faits qui ont donné lieu à cette in cul pi ti on ,
ne font certainement que des exceptions très— .
rares ; .car on tri voir tous les jours -qui, quoique J
très-maf nourri es , prennent cependant des' foins
infinis de leurs petits.' Quant à un autre re- ;
C ô C 5*$
proche qu’on leur fait encore, celui de manger
leur arrière-faix, elles ont cela de commun avec
la Vache, la Brebis même, & prefque tontes
les femelles des animaux domcftiques. Il y en a
même parmi celles-ci auxquelles on pourroif,
avec, plus de raifon, appliquer te premier de
ces reproches -, telles font cellts du Chien & du
Lapin fur-tout. Mais un mérite qui eft particulier
à la truie, c’eft le courage avec laquelle
elle défend fes petits, contre les ennemis qui les
! menacent; le moindre cri de leur part éveilla
fa folIicimde,'la violence anime te fureur, &
rien ne peut l’intimider , ni lui rëfifter. Le
danger difparu , elle râffemble te famille d iA
perfée, elle en fait le recensement, 8c s’il Int
manque qrelqu’un des fiens | elle en fait la
recherche avec empreffement ; ce qui prouve
que le difcerneînent nteft pas non plus étranger
à cet animal. On peut dire même qu’il apporte
cette faculté en naillant , & qu’elle eft
accompagnée d’un fentiment dont aucune autre
claffe d’aniinaux n’offre d’exemple : la recon-
noiffance. Il n’y a perfonne , fans doute., q u i,.
ayant vu naître des Cochons, n’ait remarqué que le.
premier ufage que ces jeunes êtres font ordinairement
de leur exifience , eft de te traîner ù
la tête de leur mère fouffrantc, & de lui prodiguer
des careffes, dont l’objet femble être
d’adoucir les douleurs qu’ils lui ont caufées :•
ils viennent enfoite choifir un mamelon qui
devient leur domaine,- dès-lors chacun recon-
noit le fien, il le diftingue & s’y attache exclu-
fîvement, de forte que fi l’un eje la troupo
vient à manquer, la mamelle qu’il tenoit tarit
& fe deffèche en peu de jours.
Ces faits , auxquels il feroit poftibîe d’en
ajouter d’autres, ne femblent-ils pas prouver
que les imperfections de la forme groffièie
du Cochon , aient contribué à charger le tableau
de fa ftupidité; mais il faut convenir
que cette ftupidité apparente dans quelques
animaux , eft fouvent notre ouvrage, & qu’il
dépend de nous qu’ils foient. plus'ou moins
traitables; lorfque nous h s avons apprivoüés-.
affouplis dans leur enfance , ils confem-ry te
docilité du premier âge , & fe prêient ir fini—
ment davantage à ce qu’on exige d’eux, quand
il s’agit de. les conduire en troupeaux, de les
foigner, de les nourrir & de lès engraifter : p-.mals
il ne faut tes irriter par un mauvais rrairem.nr,
fi on ne veut pas qu’ils deviennent fanvngc
hargneux, ombrageux & méchins pendaiît rourçr
leur vie. J’ai vu des Cochons qui reconnqiffoter.-t
leur gouvernante,, accoinoient à fa voix 61 la
fuivoient en lui prodiguant des car«.fies à leur
manière ;.1 éducation peut donc agir fur eux
comme fur prefque tons les antres individus, &.
influer en bi- n. ou en mal for leur caraèlere.
Rien n’eft donc moins indifférent que d’env-
pêcher des domeftlques greffiers de tes. autre c-a