
fa charge. Auffi eft-il rempli de callofités, indices
de fes fervices. On prétend que quand il commence
à fefatiguer , on ioutient fon courage, ou plutôt
on.charme îon ennui, par le chant ou par le fon
de quelque infiniment. Il vit quarante oü cinquante
ans. _ ■ n
Il faut lire l’éloge du Chameau dans Bufîon.Cet
éloge eft d’autant mieux mérité, qu il n efi fait que
d’apçès l’expofé des travaux , dont cet animal eft
capable, & de fon extrême fobriété & docilité.
Indépendamment de futilité dont il efi pour
tranfporter des marchandifes à travers des pays,
où toute autre bête de fomme ne refteroit pas, fa
femelle donne un lait abondant, épais, qui fait
une bonne nourriture pour les hommes, en le
xnêlapt avec une plus grande quantité d eau. On
ne fait guère travailler que les mâles ; on laifle les
femelles paître & produire en liberté -, fe profit que
l ’on tire de leurs petits & de leur lait, furpafle
peut-être celui qu’on tireroit de leur travail. Il y
a des pays où fon châtre les femelles > afin de les .
faire travailler. _
La chair des Chameaux, fur-tout quand ils lont
jeunes , efi bonne & faine, comme celle du veau.
Les Africains & les Arabes rempliffent des pots &
des tinettes de chair de Chameaux, quilsfontfnre
avec de la graiffe, &. ils la gardent ainfitoute tannée
pour leUrs repas ordinaires.
Le poil de ces animaux eft plus beau & plus recherché
que la plus belle laine. Il eft fin & moelleux
, & fe renouvelle tous les ans par une mue
complette.Tavernier, voyageur, affurequ
be tous les ans au Printems en totalité, de manière
que les Chameaux paroiffent.des cochons échaudés.
Pour les défendre de la piquure des mouches,
on leur gaudronne le corps.
Avec le poil de Chameau on fait des chaulions
& de belles étoffes pour habillement & pour meubles.
Les Perfans en fabriquent pour leurs ufages des
ceintures fines ; les blanches font les plus chères,
Êarce que les Chameaux de ce poil font rares. En
urope, il entre avec le caftor dans la compofition
des chapeaux. '
Le fel ammoniac que l’on tire du Levant, vient
de l’urine des Chameaux, qui en contient une
grande quantité. Sa fiente, defféchée & mife^ en
poudre, lui fer t de litière dans un pays où il n y a
pas de paille. On l’emploie auffi pour faire la cui-
fine,car elle prend feu-comme de l’amorce &
donne une flamme auffi claire que le charbon de
bois. ( M. U Abbé T essier.'}
CHAMCEDR1S. Nom latin , adopté en françois
par beaucoup de perfonnes, pour déligner un an—
eien genre ôe plante, que les Botaniflçs modernes
ont réuni à celui des Teucrium, Voyez German-
d rée. (M . T xovin.)
CHAMÛELE, Cveorvm. Tricoccvm.L . Y-
C amellé à trois coques(ilf. T u o v iv .)
CHAMQELEON, Ca r i iv a . Voyez Car l in e ,
{M - )
CHAMBONAGE. On appelle ainfi, à Gannsf ;
en Bourbonnois, une terre très-légère & de^ médiocre
valeur, uniquement deftinée à la vigne.
{M. l’Abbé T essier.)
CHAMBRE DES BLEDS.
Il y a eu en France une Chambre des bleds, &c»
Ce ne fut d’abord qu’une commiffion donnée à
quelques Magiflrats, par lettres-patentes du 9 Juin
1709 , regiflrées au Parlement le 1$ du même
mois, pour l’exécution des déclarations des 1%
Avril, 7 & 14 Mai de la même année 4 concernant
les grains, farines & légumes *, mais , par une déclaration
du 11 Juin de la même année, il fut établi
une Chambre au Parlement, pour juger^ en
‘ dernier refforr tes procès- criminels, qui ferment
inftruits par les Commiffaires nommés, pour 1 exécution
des déclarations des 27 Avril, 7 & 14 Ma»
1709 , fur les contraventions à ces déclarations. Il
y eut encore une autre déclaration , le 25 Juin
1709 , pour régler la jurifdiélion de cette Chambre
: elle fut fupprimée par une dernière déclaration,
du 4 Avril 1710. Depuis cette époque il
ne s’en efi pas établi en France, ou ce n’étoit qu un
Tribunal. '
A Genève, où il exifte encore une Chambre
des bleds, c’eft un établiflement d’approvifionne-
ment.
Cette Ville, pourfe garantir d’une famine pendant
quelques années', a toujours en réferve en-»
vîron ioo,oqo coupes ; chacune du poids de 110
livres de iS onces, ce qui fait plus de 12 millions
de livres. Son territoire lui en produit pour nourrir
éoooperfonnés , tandis que la ville & les terres
de la République, ont une population de 35000
âmes.
Les Genevois ont foin de ne pas faire leurs pro-
vîfions dans les provinces qui les avoifinent •, ils
tirent leurs grains de différentes parties de 1 Allemagne
, à un prix quelquefois affez haut. Mais les
beulangers de la ville ne peuvent employer d autre
bled , & lès farines étrangères font défendues.
Le prix du pain chez les boulangers efi fixé par
le Grand-confeil ,intéreffé à ne pas laiffer fouffrir
le peuple. Cet établiflement, appellé Chambre des
bleds, paroît réuflir dans une petite République.
11 neVéufliroit peut-être pas dans un grand Etat,
où il exigeroît des foins infinis, & où il efi moins
néceffaire, parce qu’il 'y a plus de reffources*
( M. l'Abbé T essier. }
CHAMBREJTE. En Limoufin, on donne ce
nom à; la variété de poire, plus connue fous le nom
de Vigoulée. V. Poirier , dans le Diélion. des
A rbres & A rliufies. ( M. Re ynier . >
CHAMELEE , Cireorum Tricocum , L,
Voyez.
CHAMELINE. Plante de la famille des crucU
fères, huitième efpèce du Diélionnaire de Bota-
| nique, Myaprum J!ativumt Bauh. St Lin»
C H A
On la cultive en Allemagne, en Italie, & en
f rance , dans la Flandres, le Cambrefis, la Champagne
, la Picardie, la Bourgogne, la Franche-
Comté & l’Alface.
Elle eft connue à Cambrai, fous le nom dé Cala
i i à Montdidier, fous celui de Camomille ; à
Lille, fous celui de Cammine ; en Alface & en
Allemagne, fous celui de Dotter.
La Chameline fe cultive ordinairement feuje,"
comme beaucoup d’autres plantes ; mais il s en
trouve toujours dans prefque tous les lins, parmi
lefquels fa graine fe mêle. Les cultivateurs ne fe
plaignent pas beaucoup du dommage qu’elle leur
caufe, parce qu’elle fe rouir & fe file avec le lin.
Cependant, s’il y enavoit une certaine quantité ,
îlschercheroierjtlesmoyensdes’en débarraffer, fa
filaffe n’étant pas auffi bonne que celle du lin. Le
hafarden a fait trouver un à M. cle Malesherbes. Il
confifte à ne femer la graine de lin, mêlée de Cha -
meline, qu’après deux ans. La graine de lin, corn •
me celle du froment, conferve fa vertu germinative
plufieurs années. La graine de la Chameline,
comme celle du gland St beaucoup d’autres , ne
réuffit qu’étant femée la même année.
Pour cultiver la Chameline , il n’eft pas nécef-
fairé d’employer une terre auffi bonne que celle
qui eft deftinée au lin. Car cette dernière doit
être fubfiantielle & un peu fraîche • mais la Chameline
croît dans des terres légères & féches, pourvu
quelles ne foientpas entièrement dépourvues
defubfiance. Par cette raifon on devroit en établir
& étendre les cultures dans les pays où le lin vient
mal. Elle foumiroit une filaffe qui pouroit être
utile, & fur-tout de la graine, propre à faire des
huiles, que confommentdiverfes manufactures.
Il y a environ 25 ans que l’on introduifit la culture
de la Chameline aux environs de Montdidier,
en Picardie. La graine en fut apportée de Flandres
, où il paroît qu’on en cultive beaucoup. A
Montdidier,, on ne la feme prefque que fur les
parties des pièces de froment, où il a manqué.
C’eft une reffource qu’offre cette plante pour tirer
parti de ces places.
On peut femer laChameline depuis le commencement
d’Avril jufqu’au commencement de Juin.
M. de Malesherbes en a vu fortir de terre au 15 Avr.
dans les environs de Langres.Elle avoit été femée
les premiers jours de ce mois. J’en ai femé le 23
Avril ; à Montdidier, on ne la feme qu’à la fin de
Mai ou au commencement de Juin. Dans tous ces
cas, elle profpére également, fa végétation pouvant
s’accomplir en trois mois; elle mûrit encore quand
on ne la feme qu’amcommencement de Juin.
On donne à la terre deux labours, ou un feul
avec un. herfage.
La graine fe feme par pincées, ou à la volée, en
y mêlant beaucoup de rerre ou de fable, parce
qu’elle eft très-fine. Un pot, qui en contient environ
deux livres, fuffit pour un arpem de cent per-
C H A 7
ches, à 12 pieds la perche. Les pieds fe trouvent
efpacésà environ '6 pouces les uns des antres, po-
fition la plus favorable pour la grande multiplication
de la graine.
Pendant fa végétation, la Chameline n’exige
que quelques farclages à la main. Si elle eft femée
dru, elle étouffe toutes les autres plantes ; fi elle
eft femée clair, il faut les enléver, afin qu’elles-
n’en foit pas incommodée. '
Selon que les plantes font plus ou moins ferrées,
elles font plus ou moins vigoureufes , plus
ou moins élevées, & plus ou moins productives en
graines. Dans la comparai fon que j’ai faite d’un
enfemencement de Chameline, avec beaucoup de
graine, & d’un enfemencement avec une moindre
quantité , c’eft-à-dire, femée dru & clair ;
j’ai obfervé, i.° Que la Chameline, dans les planches
femées dru, où les pieds étoient à un pouce
les uns des autres, a monté à 6 pouces moins haur,
que dans celles qui avoient été femées clair : dans
celles-ci^ les rameaux s’étendoientdans un efpaee
de 18 pouces de diamètre. 2.0 Que la tige de la
première étoit forte , prefque ligneufe , de la
grofleur de 3 lignes de diamètre , & divifée en un
grand nombre de rameaux, couverts de capfules
remplies de graines • car, j’ai compté jufqu’à 40
capfules fur un feul rameau -, & 20 rameaux fur un
feul pied : à douze grains par capfule, un beau
pied de Chameline pourroitproduire9600graines,
tandis que les tiges de l’autre étoientgrêles, roibles,
peu ramifiées, & ne contenant qu’une petite quantité
de graine. 3.0 Que la maturité de la Chameline
femée dru, a avancé de 10 jours, fur celle
de laChameline femée clair. 4.0 Que la différence
de produit, entre ces deux enfemencemens, a été
d’un tiers de plus dans la planche femée clair.
Trois mois après l’en femer cernent, la graine
de la Chameline eft mûre. Tout ne mûrit pasà-la-
fois fur le même pied ; on eft expofé à en perdre
beaucoup : une partie tombe fur le champ &
lève, ce qui prouve qu’elle tient peu dans fes
capfules, & qu’elle a befoin d’être peu enterrée
pour lever.
Dans une culture en grand , on récolteroit la
Chameline au moment où la majeure partie de la
graine feroir mûre, ou plutôt on n’attendroit pas
le defféchement parfait des capfules. Il faudroit
arracher les plantes, au moment où leur capfule
commenceroit à jaunir, les laifferun peu fécher,
les battre fur des toiles avec des bâtons, nétoyer
la graine & l’eypofer au foleil. Mais, fi on n’avoif
qu’un petit terrain enfemencé en Chameline t à
mefure que les capfüles mûriroient, il fuffiroit
de ferrer les rameaux avec les doigts en montant
de'bas en haut. Par ce moyen on obtiendroit fuc-
ceffivement toute la graine.
La graine de Chameline eft jaune, un peu oblon-
gue & traverfée dans fa longueur, fur une partie
de fajfurface, par un petit fillon. A fa maturité,
elle a une légère odeur d’a il, qu’elle perd par la