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tourée d’une petite toupe de feutre ; le même
feutre s’obferve également fous le crochet. D ’ail-*
leurs la récolte très-prolongée de ce Cotonnier
le diflingue fuffifamment ; la première a lieu au
commencement de Novembre, & dure jufqu’à
la mi-Mars ; & la fécondé, qui commence à la
fin de Juin, fe prolonge'jufqu’au commencement
de Septembre. On voit donc que ce Co^
tonnier eft prelqu’en rapport pendant toute
l ’année *, c'eft ce qu’on ne peut pas dire des autres
Cotonniers.
Le Cotonnier annuel fé cultive en quantité à
l’Ifle Montferrat où on le diflingue par le nom
de loaf-Coton , & , d’après les renfeignemens que
j’en ai donné à mes voifins les Planteurs de Sainte-
Croix j plufieurs le cultivent aéluellement fans
le mélanger avec d’autres efpèces dont le Coton
n’eft ni aufli beau ni aufli recherché.
J ’ai eflayé de femer ce Cotonnier dans tous
les mois de l’année ; mais celui que j’ai femé
en Février, a toujours donné la plus grande
quantité de Çoton , c’eft - à - dire , fept onces.
d’épluché. Il demande un efpace de fix
pieds, & atteint à-peu-près la même hauteur.
La fécondé efpèce de ce Cotonnier auquel
j’ai donné le nom de Cotonnier annuel fin, n’eft
parvenu à ma connoilfance qu’en 1790 ; c’eft
M. Colbiorfen , .Conüeiiler de la Régence de
notre Ifle, qui m’en a fait parvenir la femence
qu’il avoit reçu la même année de Porto-Ricco.
Les pieds de ce Cotonnier que je polfède actuellement
dans ma plantation font encore très-
jeunes ; mais,- quoique de peu de: force, ijsn’en
font pas moins déjà-en rapport. Le Coton en
eft plus fin que celui;de l ’efpèçe précédente,
& les .çapfules bien plus greffes. Je ne fàurois
dire combien de Coton chaque arbre me donnera
par an ; mais je fuis perfuadé d’avance que ce
Cotonnier eft un dés plus productifs. Nos planteurs
l’ont quelquefois confondu a-vec l’efpèce
que je décrirai ci-après fous le.nom de Cotonnier
a gros flocons , mais je ne puis point adopter
cette dénomination ; la femence, lui afligne fa
place comme variété préçieufe du Cotonnier
annuel. $. 1 x.
Le Cotonnier a gros flocons. On le nomme
aufli great-lok Coton , ou oldbéfs. Ce Cotonnier
fut cultivé, anciennement en grand nombre dans
notre Ifle où il rapportoit beaucoup■ , à ce qu’on
en dit. Mais, depuis quelque rems , on en a
abandonné la culture , parce que le Coton fe
falit promptement fur l'arbre , après la plus
légère pluie. Dans les années où les chenilles
dévaftent quelquefois, les Cotonniers , cet arbre
en fouffre fingulièrement, & ne produit alors
rien. Quelquefois on le rencontre encoie parmi
les au tres efpèces. Les arbres bien foignés ne
m’ont donné que quatre onces de Coton * ils
c o T
avoient fix pieds de haut fur huit pieds de large;
J'ai découvert depuis peu, une variété remarquable
de ce Cotonnier , qui m’a été communiquée
par M. de Malleville , Commandant
à l’Ifle Saint-Thomas. Le Cotonnier que ce Commandant
avoit chez lui , occupoit un efpace de
feize pieds en largeur; il avoit donné cette année
( 1790), jufqu’au 2.7 Mars, une livre trois quarts
de Coton épluché ; & , comme il étoit encore
chargé de fleurs quand je le vis, on doit en attendre
encore une récolte plus confidérable. Le
Coton de cette belle variété ne fe falit point,
ne tombe pas de la capfule, & reffemble pour
la fineffe, au Coton verd couronné.
En parcourant, il y a quelque tems avec M. Dun-
can , plufieurs des Ifles voifines , pour nous
affurer fur les différentes variétés du Cotonnier
à gros flocons, nous rencontrâmes dans les petites
Ifles Spanish-Town, Juft van-Dick, & Saint*
Pierre , plufieurs de ces variétés dont on nous
préfema également les graines. L ’infpeéleur d’une
plantation à Spanish-Town, nommé Abraham,
homme très-intelligent dans cette partie, nous
donna des renfeignemens fur trois variétés de
ce Cotonnier.
La première à çapfules rondes 3 cette variété
eft regardée , comme la meilleure.
La fécondé à çapfules obiorigues > eft inférieure
à la première.
La troifième eft, félon lu i, peu recommandable.
Comme je me fuis procuré des femences de
ces variétés , j’efpère pouvoir, fous peu de tems,
en donner des détails plus .étendus.
V x.
Le Cotonnier de la Guiane. L e Coton de cet
arbre eft fort eftimé en Europe , à caufe de fa
blancheur, de fa force & de la longueur defes
fibres. Dans le commerce 3 on leconnoît fous le
nom de Coton de Cayenne/, de Surinam \ de
Demerary, de Berbice?& d’Efféquebo ; ce nom
lui? convient de préférence-, car on ne cultive,
dans toutes ces Colonies & à la Guiane, que cette
feule efpèce. Si quelques Planteurs ont cherché
à y introduire d’autres efpèces moins eftimées,
cela ne démentira point mon affertion.
Je dois obferver ici que rout ce que les; Voyageurs
& les Naturaliftes ont écrit fur, le Coron
des Colonies dont je viens de parler, s’entend
de cette efpèce de Coton. M. de Préfontaine
dans la Maifon ruftique de Cayenne;
M. Bajon , dans les Mémoires pour fervir à l’Hif-
toire de Cayenre & de la Guiane Françoife, de
même que M. Hemfterhuyfen dans la Defcrip-
tion de l’état de l’Agriculture à Surinam, ne
parlent que de cette -efpèce Si on vooloit
adapter leur defeription , ou les préceptes
/ qu’ils ont donné fur la culture de cet arbrif'
c o T
feau à (Vautres efpèces, on comméttroit de
grandes erreurs ; car le climat de la Guiane
& des Colonies Ilollandoifes de Surinam , de
pemérary, &c. eft entièrement différent du cli-
niat des Antilles.
Le Cotonnier de la Guiane donne deux récoltes
par an ; mais ces récoltes font fouvenr de
très-peu de durée, à caufe de la faifon pluvîeufe
qui arrive régulièrement deux fois par an ; la
pluie accélère alors la chute des çapfules à moitié
mûres, quelquefois toutes pertes. A mon féjour
dé Cayenne, en 1784, lès Planteurs fe plai-
gnoient de la faifon pluvieufe q u i, la même
année, le 14 Décembre, arrivoit, plutôt qu’à
l’ordinaire.-Larécolte de la même année ne fut
que de cinq onces de Coton épluché par arbre ,
tandis que, dans les autres années, les arbres dow-
noient jufqu’à douze onces. En 1788 , il y eut
une récolte de Coton extrêmement abondante à
Demerary ; car le rapport de chaque arbre fut
efliméà 28 onces *, cette année lafaifon plnvieufe
arrivoit fort tard, & c’efi à cette circonflance
qu’on attribuoit principalement la richeffe de la
récolte. A Sainte - Croix, M. John Ryan, Propriétaire
d’une plantation dé Canne à lucre , qui
avoit cultivé ce Cotonnier chez lui, a obtenu
d’un feul arbre , 28, onces de Coton épluché.
Cette récolte abondante dépend plutôt de la
bonté du fol & de l’expofition avanrageufe de
cette plantation que de la féchereffe; car, la
même année^ je n’ai obtenu que z^onces f de
chaque arbre. Quant à la pluie , il faut obferver .
qu’une pluie de douze heures- ne fait pas beaucoup
déniai à la récolte du Coton; mais il en
eft bien autrement de la faifon pluvieufe à la
Guiane , où fouvent la pluie ne difeontinue
pas pendant plufieurs femaines de fuite.-
Le Cotonnier de la Guiane,eft appellé à la
Martinique, Coton a pierre ;à la Jamaïque, kidney-
Coton ou link - Coton. Cet arbre occupe une place
de dix à douze pieds, lorfque le terrein lui convient,
5. X I.
Le Cotonnier de Bréfil. Jufqu’ici cette efpèce
de Cotonnier n\ft cultivée qu’au Bréfil ; on ne
s’en occupe point à la Guiane ni dans les Antilles.
Notre Ifle doit l’introduélion de cet arbre
précieux à M. Duncan qui, dans fon voyage
qu’il fii en Ecoffe , tn 1787, pour vifiter les
principales Manufactures de Çe pays, en apporta
la femence , avec celle d’une autre efpèce
des Grandes-Indes. L ’objet principal du voyage de
M. Duncan étoit de prendre des renfeignemens
fur les différentes efpèces de Coton que l’on
employoit alors dans les Manufactures Angloifes
& Ecoffoifes, & (ur les qualités des efpèces auxquelles
on donnoit la préférence. 11 avoit pris
avec lui plufieurs échantillons de nouvelles «f-
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pècés de Coton cultivées à Sainte*,Croix, & qui,
jnfqu’alors, n’avoient point encore paru dans
le commerce. Les Manufacturiers Eccflb'.s.ne
trouvèrent aucune de nos nouvelles efpèces com-4
parable au Coton du Bréfil & des Grandes-Indes
qui, félon eux, l’emportoient fur tomes les autres,
& dont ils faifoient le plus grand cas. La différence
du prix que les Manufactures payoient
alors les Cotons, fuffit pour juger de la valeur
de cette marchandise. Le Coton de Saint-Domingue
fe payoit alors à raifon de deux schéllings
neuf pences; celui du Bréfil, trois schéllings fix
pences. Peu de tems après, le Coton de Saint-
Domingue ne valoir que deux schéllings, & le Coton
des Grandes-Indes quatre schéllings. J ’ai femé,
le 8 Août 1788, deux efpèces de femence que
M. Duncan nous apporta ; celle des Grandesr
Indes n’a point levé, parce quelle étoit probablement
déjà gâtée ; celle du Bréfil a très-bien
levé. Notre première récolte commença le 21
Février 1789; elle étoit fioie le 18 Mars. Le Coton
de cette première récolte ne paroiffoit pas plus
fin que celui du Coron de la Guiane, quoique
l’échantillon que M. Dunean avoit reçu en Ecoffe
le furpaffoit à cét égard. Cette différence ne pa-
roîtrapas étonnante, dès que l’on faura que ma
plantation a un fol qui n’eft pas trop favorable
aux Cotonniers, fans parler ici de la grande féchereffe
dont nos productions fouffre-nt beaucoup
en certaines années. Trois arbres du Cotonnier
du Bréfil ne m’ont donné qu’une once de Coton
épluché.
La femence du Cotonnier du Bréfil a quelque
reffemblance avec celle du Cotonnier de la
Guiane ; elle en diffère cependant, en ce que
les femences,. au nombre de fept à neuf, fe
trouvent réunies en forme de pyramide racourcie
& large, tandis que ceux du Cotonnier de la
Guiane, au nombre de neuf ou onze, fe trouvent
réunies en forme de pyramide alongée & étroite.
Je n’ai jamais rencontré la femence du Cotonnier
du Bréfil parmi celle de la Guiane, quoir
que j’euffe examiné une très-grande quantité de
ces dernières ; c’eft une raifon de plus pour ne
pas regarder le Coton du Bréfil comme fimple
variété de celui de la Guiane.
$. x i i .
Le Cotonnier Indien. J ’ai vu , pour la première
fois , ce Cotonnier chez un Indien , propriétaire
d’une Cotonnière entre Carthagène &
Sainte-Marthe ; mÿs je n’a vois jamais rencontré
auparavant de Cotonniers aufli chargés de Coton
que cette efpèce. Il paroît que la pofition baffe
de cette plantation, & l’indnftrie avec laquelle
le Propriétaire s’étoi; ménagé l’eau , en la con-
duifant par des petits foffés •:>. des canaux, dans
tous les endroits de fa Cotonnière , contribuoit
beaucoup à cette étonnante fertilité. Le Coton