
Lorfque les pou fies ne peuvent plus tenir fous
les cloches, on les élève de quatre à einq pouces,
& enfùite davantage.; on fouit alors la terre intermédiaire
entre les cloches, pour la rendre
prefque de niveau à la couche du melon.
Lorfque les plantes commencent à donner du
fruit, il faut couper une partie de ces fruits.,
pour faire alïurer l'autre, & n’en 1 ailier que
trois ou quatre fur Chaque pied. Lorfqu’ils font
gros comme de petits oeufs de poule, il fout'arrê- .
ter les branches d’où ils partent, & avoir grande
attention de couper de tems en tem.s les petites
branches foibles qui diminueroient la force de la
plante. Lorlque les fruits ont à-peu-près vingt
jours, on met fous chacun une tuile ou un
carreau de terre cuite -, on a foin de retourner
doucement les melons tous les quatre jours.
Quand la queue commence à fe détacher ,
& que le melon jaunit en deffous, & qu’il a
peu d’odeur, on peut le couper & le garder
deux ou trois jours avant de le manger. Il faut
au moins deux mois à un très-beau melon de
quinze à vingt livres, du jour qu’il'e ft affiiré,
pour qu’il parvienne à une parfaite maturité.
Entre k méthode de Honfleur &. celle que
l’on fuit à Paris & dans les provinces plus fep-
rentrionales, il y a beaucoup .de. petites modiT-
fications, trop longues à détailler ici, & que le
ÎLeéLeur fentira aifémei}t, en comparant cqs deux
méthodes.
Méthode des Environs de Paris,
Vofition de la me-lonniere. Elle doit avoir le
<>oleii du Levant & du Midi, & même, s’il eft
peflib-le, celui du Midi julqu’à trois heures. Celle
qui efl environnée de murs, eft la meilleure,
c eft-à-dire que plus le mur du Midi fera élevé,
plus il réverbérera de chaleur, & plus il
mettra la melonnièrç à l’abri des vents du Nord.
Les rm?rs latéraux, depuis leur réunion à celui
du Midi, doivent venir en diminuant de hauteur
iufqu à leur autre extrémité- S’ils étoient aufli
élevés que celui du Midi, la melonnière ne recevrait
que le foleil de cette heure , ou tout
au plus depuis onze jufqu è une heure, fui vaut
leur diftance & leur hauteur, tandis que l’on
doit au contraire lui procurer les rayons du foleil
le plus long-tems qu’il eft poflible: la pente
du fol fera dirigée fur le devant de la mejon-
niè.e, afin que les eaux s’écoulent plus facilement.
Plus la terre fera durcie, & meilleur fera le
fol ; mais fi l’on craint les taupes-grillons eu
la courtiilière, il vaut mieux le faire careler, ainfi
qu’il a éûé dit. Dans les environs ou près de la
melonnière, il convient d’établir un dépôt def—
tiné aux cloches, aux pailles de litière, à la terre
franche préparée avec le terreau, enfin à tout
çg qui eft Héceffrire à 1» culture- ôç à ^entretien
des melons. Un point effentiel eft d’établir nu
J refer voir pou-' y puifer l’eau deftinée à arrofer
& qui fe*a par conféquent à la température de
1 l’atmofphère.
! De la couche deftinée auxfemis. On commence
à la préparer, dans les premiers jours de Janvier
I avec du fumier à grandes pailles & de la litière
\ une couche de neuf à douze pieds de longueur
( fur trente à trente-fîx pouces de largeur, & fur
une hauteur de trois pieds, après que lç fumier
aura été bien foulé couche par couche. Sur la
longueur de neuf pieds, on peut placer vingt
cloches, & ainfi en proportion i'ur çeiie de
douze.
Quelques maraîchers attendent que cette couche
ait jetré fon feu, pour établir tout autour
un réchaud d’un pièd d’épaiffeur. D’autres plus
inftruits le font en môme-temps que la couche;
& ce réchaud, après qu’il a été battu , la déborde
en hauteur de fix pouces. La couche ainfi préparée,
il ne.refte plus qu’à la garnir.
Chacun prépare, à fa manière, le terreau qui
doit la. couvrir y 'le s uns emploient celui des
vieilles couches de deux ans, qui n’a fervi à
aucun autre ufage y les autres les compofent,
moitié dé terre franche, un quart de terreau
de couche , & un quart de çolombine ou de
crottin de mulet, de mouton, &c. réduit en
poudre depuis un an. Quelques-uns ne fe fervent
que des balayures de grandes Villes, des débris
des végétaux bien confommésy & quelques autres,
de la poudrétte ou excrémçns humains, qui font
réduii? en terreau par une atténuation de plufieurs
années, ou par les débris • des voieries réduits
au même état. Ce tçrreau eft également répandu
fur toute la coüçhe. Les Praticiens ne font pas
tous d’accord fur l’épaiffeur que doit avoir la
copche de terreau ; quelques-uns ne lui donnent
que trois pouces, & d’autres çn donnent fix,
Çes derniers ont raifon, parce que les racines
' trouvent plus à s’étendre & à s’enfoncer ; plufieurs
enfin fixent la profondeur à neuf pouces.
D’autres Cultivateurs préfèrent les petits pots
dé bafilics, enfoncés dans la couche jufqu au
haut f & les interftiçes garnis de terreau, afin de
laifTer moins d’iffue à la chaleur; mais il y a
de la place perdue, & elle eft préciéufe fur unç
couche,
Lorfque la couche a jetté fon plus grand feu,
e’eft-à-djre, lorfque l’on peut encore à peine Y
tenir la main plongée fans fouffrir, on profite
de ce moment pour femer, & auffi-tôt on plaça
les cloches, ou on ferme les chaflis. Pour femer,
on fait, avec le doigt, des trous dans le terreau;
& , dans chaque trou , on place deux graines
que l’on recouvre de terre fort légèrement,
Chaque trou eft féparé de fon voifin de 4çux*
trois pouces.
; La chaleur de cette couche fitmï ordinairement
pour
pour faire germer & lever cette graine ; mais ,
dès qu’on s’apperçoit que cette chaleur diminue ,
en la renouvelle en détruifànt le réchaud, &
en lefuppléant par un nouveau. On doit, autant
qu’il fera poflible dans cette faifon, donner de
l’air aux jeunes plantes dont le grand défaut efl
de fondre, Iorfqu’elles font trop lon g- tems privées
de la lumière; mais,fi la.faifon efl froide,
û les gelées deviennent fortes, on couvrira de.
cloches, en raifon de l’intenfité du froid, avec
des paillaflons ou avec de la paille longue.
Si, malgré les réchauds, les paillaflons, &c.
la chaleur de la couche diminue trop fenfible-
nient, on fe hâtera d’en préparer une'fécondé
comme la première, fur laquelle on tranfpor-
tera promptement les pots de la première; ce
qui prouve l’avantage de femer dans des pots
plutôt qu’en pleine couche : car la tranfplanta-
tion., dans ce dernier cas., eft beaucoup plus
longue à,faire , & moins sûre pour la reprife de
ces mêmes plants. Lés cloches & les chaflis ne
doivent être entièrement fermés que pendant
les grands froids, les pluies, les neiges ou les.
brouillards; & il eft important de les ouvrir un
peu au premier inflant doux, au premier rayon
de Soleil. Il faut effuyer les cloches & les chaflis,
afin de difliper leur humidité intérieure.
Des couches de tra nfplantation.
La fécondé couche dont nous venons
de parler , eft une couche de précau -
tion à raifon de grands froids ; & encore il
vaudroit beaucoup mieux s’en fervir pour
de nouveaux femis, dans le cas que la rigueur
de la faifon oit la trop longue fouftraétiori dé
la lumière fiflent périr, les premiers. Ce n’efL
que par un art feutenu qu’il efl poflible , dans
cette faifon rigourèufe, de conferver & d’avancer
les plants. Dès que lés réchauds ne maintiennent
plus une chaleur convenable à la première couche,
on en dreffe une fécondé à l’inftar de la
première fur laquelle on tranfporte les vafes ou
les plants femés dans la terre. Si les froids font
prolongés, fi cette fécondé ne fuffit pas, on travaille
à une troifième & à ùne quatrième aube-
foin, comme pour lès deux premières. Enfin ,
il faut que ces couches conduifent les plantes
jufqu’au milieu de Mars environ. Si on a em-
ployé, pour la formation de la première couche,
le tan, les feuilles de bruyèrès, il eft rare
qupn foit obligé de recourir à une troifième ,
parce que ces fubftances ne commencent à acquérir
la chaleur, que lorfque le fumier de
| litière perd la fitnne : ainfi, ce mélange lafoutient
bien plus long-tenrs.
De la dernière couche, ou de la couche à'demeure.
Elle fera, comme les premières, haute feu-
[ lement de deux pieds après le fumier battu,
•Agriculture. Tome I I I .
& couverte de dix à douze pouces de terreau
bien fubftanciel. Si on croit avoir encore befoin
de réchauds, ils doivent être faits en même-
tems & renouvellés au befoin. Lorfque le grand
féu fera paffé, & que la couche n’aura plus que
la chaleur convenable, fur une telle couche de
douze pieds de longueur, on établit quatre pieds
de melons, nombre rrès-fuffifanr pour garnir
dans la fuite toute la fuperficie ; en les plaçant
en échiquier, il en entrera un bien plus grand
nombre, quoique tous également à trois pieds•
de diftance, mais il y aura confufion dans les;
branches. Les plants dans des, vafes font renver-
fés fur la main, fans déranger en aucune forte
les racines. Plufieurs Cultivateurs détruifem les
petits chevelus blancs, qui ont circulé autour
du vafe entre la terre & lui, & ils ont le plus
grand tort; ces petits chevelus bien ménagés deviendront:
de belles racines qui aidèronft beau-
coud à la végétation du pied. II. convient donc
de l’étendre doucement dans la petire fofie ouverte
& deftinée à recevoir la motte ; & elle
fera un peu plus ■ enterrée dans la couche
qu’elle ne l’étoir dans le vafe; c’eft-à-dire de
neuf à douze lignes, fuivant la force du pied.
Après l’opération , on régale la terre, & l’on
donne un léger arrofement, afin d’unir la terre
de la couche avec celle delà motte, en prena
n t foin de ne pas mouiller les feuilles crainte-
de rouille. La furface de la couche doit être
inclinée au midi, afin qu’elle reçoive mieux
les rayon s du.folèil. On place en fuite les cloches
que l’on tient plus ou moins ouvertes, fuivant
l’état de la faifon. Lorfqu’elle fera trop, chaude,
on les couvrira avec delà paille & des paillaflons,
pendant les heures les plus chaudes de la journée
; le plant feroit brûlé fans cette précaution.
De la conduite des jeunes plants.
Ils ne tarderont pas à pouffer des bras, & ces bras
fe chargeront de fleurs mâles., que l ’on nomme
communément faujjcs fleurs, & que beaucoup
de Jardiniers détruiîent impitoyablement. Pourquoi
ne détruifent-ils pas également celles de
leurs courges, de leurs citrouilles, de leurs potirons?
Ils n’en fa vent rien; mais.i 's l’ont vu
pratiquer à Içürs: pères, & 'ils n’examinçnt pas
fi . la Nature a jamais rien : produit, en vain. Ne
réparez. aucune fleur mâle ; quand! elle aura
rempli L’objet pour lequel elle eft deftinée, elle-
fe flétrira & tombera d’elle-même : mais au-,
paravant il s’en trouvera,■ .dans le nombre, qui
auront fervi à féconder les fleurs femelles; &
dont le fruit nouera certainement & viendra à
bien, tandis que plps; des trois-quarts de fleurs
femelles, non fécondes, fe fondent & avortent.
Auffi-tôt après la tranfplanration , ou peu de
jours après, enfin, lorfque le plant a quatre ou
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