vaux Napolitains, bien appareillés, formoient
d’admirables étalons. Ils tenoient beaucoup des
Chevaux d’Efpagne. Le mauvais choix qu’on en
a fait, les a jetés en France dans le plus grand
diferédir. Ils l'ont, en effet, ruinés & avilis. La
province de Normandie, dans laquelle on avoir
très-indiflinéfement tenté d’en tirer race, a été
trompée dans fon attente, & dans le moment
préfent, il n’en exifte pas de veftiges. Dans le
royaume de Naples même , le Souverain s’efl vu
obligé, pour relever l'es haras, de recourir aux
Chevaux Folezinès.
Des Chevaux P oie fi nés.
Ces Chevaux, nés dans un pays qui fait partie
des états de Venife , font de la plus grande
beauté; l’encolure en elf fuperbe; la tête parfaitement
attachée & de la plus belle coupe ; le
garot admirable ; les épaules & toutes les parties
de leur corps exaélement bien proportionnées ;
la taille très-élevée. Mais les yeux de prefque
tous font petits ; la côte eft légèrement ferrée ;
les mouvemens en font naturellement aufli libres
& aufli fouples que ceux du Cheval. d’Efpagne
le mieux exercé; ils en ont la cadence. Ces
Chevaux unis à des jumens. Danoifes & à des
Conflantines > donneraient les produ&ions lçs
plus rares pour le carroffe.
Des Chevaux Rußes.
Les Chevaux Rufles, élevés par les payfans,
font petits, & néanmoins très-vigoureux, & prefque
infatigables. Ils n’ont pas la forme élégante;
ils portent la tête baffe ; ils ont l’air trifte , lès
pieds médiocrement gros: Le plus fouvent leur
poil efl noir , quoiqu’il y en ait à poil bai-brun
& à poil gris-blanc. Ces Chevaux, qui font em-
plbyés à la courfe des traîneaux, font les meilleurs
troteurs qu’on connoiffe. Les Chevaux nés
dans les haras pour le fervice’ de la'cour & dés,
grands Seigneurs, font produits par des races
d’Eralons Ferfans, Barbes , Arabes & Italiens,
même Danois & Anglois ; ceux des deux dernières
races font lé moins eftimés. EnRuflie, on def-
tine aux travaux les Chevaux qu’on tire d’Ukraine,
des frontières Tartares & Calmouks. Ce
font les plus leftes & les plus forts. -
Des Chevaux Danois.
Nous pourrions attendre encore de belles
productions des Chevaux Danois, non. de' ceux
qui naifllnt dans le Holfteki, mais de ceux qu’on
peut tirer de la Juflande , de la Zélande & de
la Fionie. Parmi ceux du Holftein, les Chevaux
élevés dans lés pâturages gras >. ont l’apparence
la plus féduifante ; mais, pour l’ordinaire , ils
font mois & fans vigueur ; ceux qui font nourris
dans des pâturages fecs, ont plus de reffource
& font fouvent aufli d’une figure diftinguée. Cependant,
le plus fréquemment, la cuiffe en efl
longue & peu fournie ; l’encolure courte ; & ils
ont une multitude de vices de conformation,
qui ne manquent jamais de paffer à leurs productions
& de les fouiller. Le vrai Danois efl
de belle taille & bien étoffé ; il a de la légèreté,
des mouvemens, du courage & de la force, &
c’eft celui que nous devons préférer , & q u i,
d’ailleurs, a été le premier principe des races
Conflantines.
Des Chevaux d’ Jflande •
Les Chevaux d’Irlande font courts, petits ,
endurcis à la fatigue & au froid. A l’approché
de l’Hiver, leur corpsfe recouvre d’un crin très-
long, roide & épais.
Des Chevaux Hollandois & Flamands.
On fe fert le plus communément en France,
pour le carroffe, de Chevaux Hollandois. Les
meilleurs viennent de la Frife ; il y en a aufli de
fort bons dans les pays de Bergùes & de Julien.
A l’égard des Chevaux Flamands, que des maquignons,
vendent pour des Chevaux Hollandois,
ils font fort inférieurs à ceux-ci, & s’annoncent
prefque tous par une tête énorme, des pieds
plats, des eaux aux jambes, &c. C’efl par eux
que les Chevaux des haras du Vimeux , du Bou-
lonnois & de l’Ardrefis, dont on pourrait tirer
des Chevaux de carroffe & d’excellens Chevaux
de trait , ont totalement dégénéré, & rien ne
feroit plus prudent que de lès bannir de nos
établiffemens.
Des Chevaux François.
II y a en France des Chevaux de toute efpèce ;
le Limoufin & la Nomandiè fourniffent les meilleurs
; le Limoufin, les Chevaux de felle , & la
Normandie, outre les Chevaux de felle, de très-
beaux Chevaux de carroffe, qui ont plus de légèreté
& de reffource que les Chevaux Hollandois.
Les Chevaux de felle Normands ne font pas fi
bons pour la chaffe que ceux du Limoufin ;
mais ils valeqt mieux-pour monter les troupes,
& font plus éfoffés.& plutôt formés. On tire de
la Franche-Comté & du Boulonnois de très-
bons chevaux de tirage. Il y a en Auvergne,
en Poitou, dans le Morvant, en Bourgogne,
d’excellens bidets. Le Roufiîflon,, le Bngey, le
F o rê t, le pays d’Au ch , la Franche-Comté »
la Navarre, la Bretagne , &c. donnent aufli des
Chevaux moins eflimés que les Limoufins &
r les Normands.
Les Chevaux Limoufins ont beaucoup de ref-
femblance avec les Barbes. Le terrain d’une
bonne partie du Limoufin efl fec & léger.
L ’herbe ea efl très-délicate. M. Bourgelat affure
qu’il n’en exifte plus de cette race, qu’elle efl
tellement dégénérée, qu’on ne la reconnoît plus
à aucune des nuances qui la diftinguoient.
Il penfe aufli que le vrai Normand s’efl: abâtardi
& que la Normandie , Province la plus
fertile en Chevaux de diftinélion, ne donne
plus que des fruits informes d’un accouplement
prématuré, ou mal afforti, c’eft-à-dire , que des
réfultats de poulains de deux ans, & de jumens
vieilles, ou jeunes , qui leur font appareillées
indiftinélement & fans choix.
En général, les Chevaux François pêchent
pour avoir de trop groffes épaules, au lieu que
les Barbes, pêchent pour les avoir trop ferrées.
D’après tout ce qui précède, il paroîtroit que
les Chevaux les plus parfaits du monde feraient
ceux d’Arabie. C’eft-îà où il fembleroit que fut
la race primitive, le modèle de la nature. Tous
lés autres Chevaux , qui ont des qualités, en
feraient des combinaifons, plus ou moins imparfaites
, à caufe des mélanges faits fans choix,
mal affortis & dégradés par la négligence des
hommes, par l’influence dés divers climats, &
par la nourriture. Les Arabes, pour avoir conf-
tamment, dit-on, de beaux Chevaux, n’ont pas
befoin de croifer les races. Mais pour conclure,
comme on l’a fa it, que c’eft la preuve que le
Cheval efl indigène à l’Arabie, que l’Arabie efl
fa première patrie, il faudrait que, dans ce pays,
tous les Chevaux fùffent naturellement beaux,
fans que les hommes priffent des précautions
pour bien affortir les races & les individus; or,
on fait que les Arabes ont la plus grande attention
pour éviter les méfalliances ; ils font, à l’égard des
Chevaux de l’Arabie, ce que les Européens font
à l’égard de leurs Chevaux , & de ceux qu’ils
tirent de l’étranger ; c’e’fl-à-dire, qu’ils choififfent
dé beaux étalons & de belles jumens. Les Arabes
parcourent des contrées très-étendues ; ils peuvent
, fans recourir à l’étranger, allier les Chevaux
de pays très- diftansles,uns des autres , qui
feront toujours des Chevaux Arabes ; mais ces alliances
peuvent être regardées comme un véritable
croifement. Qui fait fi des nations Européennes,,
qui deviendraient aufli curieufes de Chevaux
que les Arabes, choififfant toujours ce qu’il y a
de plus parfait dans leurs pays, fans jamais fe
négliger, ne parviendraient pas à faire &• à fou-
tenir des races précièufes, quoiqu’elles n’euffent
pas les qualités de, la race Arabe & de la race.
Barbe qui en vient ? Je pourrais en citer un
exemple fap.pant,dans une autre claffe d’animaux.
M. Daubenton a allié des béliers du Rouflilion,
avec des brebi de l’Auxois, en Bourgogne ; il
a obtenu une laine fuperfine, qui ne dégénère
pas, par l’attention qu’on a dans fa bergerie,
de. ne conferver que des béliers choifis, & de
ne leur donner à couvrir que des brebis à laine
«ne. Le troupeau de bêtes à laine , que le roi
a fait venir d’Efpagne, en 1787, efl toujours beau,
il a toujours à Rambouillet la laine la plus fine*
Elle eût peut-être perdu déjà de la fi relié , fans
la précaution que l’on a de ne garder que les plus
beaux béliers & les plus belles brebis,p ur les allier
enfemble. Le climat & le fol de Kan .boniUct
font bien différens de ceux des plaines de I I f -
tramadure & des montagnes de la Caftille. Ce-
pandant ce troupeau fe foutient, & s’y améliore
même. Je ne crois donc pas que, malgré la perfection
& la fupériorité des Chevaux Arabes ÎÇitr
les autres, on puiffe prononcer que l’Arabie efl
la parric des Chevaux. Pour remonter des races
abâtardies, fans doute, il faut aller chercher des
Chevaux dans les pays où ils ont plus de b.auté
& de qualité ; mais cette importation étant une
fois faite, les peuples de l’ turope, à ce qu’il me
femble, peuvent tous.avec dé l’intelligence & de la
fuite dans leurs attentions y fe procurer chez eux
de belles efpèces & les entretenir long-tems. Si
le contraire a lieu, c’eft la faute des gouverne-
mens, qui ne prennent pas les véritables moyens.
A r t i c l e s e c o n d .
De la multiplication des Chevaux.
Dans l’état fauvage, les Chevaux , comme le«
autres animaux, fe multiplieraient fpontanément,
.& n’auroient befoin , pour fe reproduire , que
de fuivre le voeu de la Nature. Loin des entraves
de la domefticité, ils feraient plus parfaits
& plus prop'res à produire des individus
qui leur reffembleroient. Mais depuis que les
hommes feront affnjeftis, depuis qu’ils les emploient
à des travaux pénibles, qu’ils les excèdent
de travail, qu’ils les déforment par des har-
nois, qui fouvent les bieflènr, qu’ils les nour-
riffent mal, qu’ils ne les foignem pas convenablement
, enfin qu’ils' les maltraitent, vces animaux
dégénèrent fans ceffe ; ils font en quelque
forte dégradés , & finiraient par être une efpèce
méeonnoiflàbie, lio n ne prenoit, pour la relever,
des précautions-dans’ leur multiplication.
Pour avoir de belles efpèces de bêtes à cornes
& de bêtes à laine on fait communément choix
de beaux taureaux & de beaux béliers. Ÿoy- $ les
articles Bêtes a cornes & Bêtes a l a i n e . Il
faut encore plus d’attention pour l’entretien &
l’amélioration des Chevaux , parce que les races
des bêtes à cornes & des bêtes à lame, n’étant
pas expofées aux mêmes caufes de dégradation,
le confervçnt plus long*- teins.
Il y a deux maniérés ae procéder à l’amélioration
des Chevaux. L ’ime en raffernblant dans
un établiffement des étalons - & dès jumens dé
choix , pour faire couvrir Celles-ci dans la faifon
favoiable; cet établiffement efl ce qu’on appelle
proprement- un haras. Haras particulier, haras fixe
ou parqué. La fécondé confifie à faire placer des
étalons de diftance en diflânee, dans lesdiverfes