
Le végétal , à la fin de F expérience, languit &
p érit, parce que cette tau avoir perdu la plus
grande partie de fon air particulier, & quelle
Jtoit en contaél avec de l’air déphlogifliqué, qui
eft nuifible à la vie des plantes.
De toutes les plantes que M. Ingenhoufz a employées
pour fes expériences, la Conferve efi celle
qui a toujours fourni l’air vital le plus pur &
en a fiez grande quantité , & M. Ingenhoufz en
concluoit que cette plante pourroit bien être une
de celles qui contribuent le plus à la dépuration
de lsair; voici fes propres paroles.
« Après avoir démontré ainfi , à ce que je
penfe, que les végétaux répandent dans l’atmof-
phère une efpèce de pluie de cet air vraiment
vital , il nous refte à admirer la fageffe du Créateur,
quia accordé aux plantes une propriété
merveilleufe & inconnue jufqu’à nos jours, de
pourvoir à la confommation des animaux qui
habitent la terre. Nous pourrons peut-être ti.er
un avantage particulier de cette connoiflance,
en plaçant dans nos apparterriens au lieu depots
de fleurs, des vaifleaux remplis d’eau, dans laquelle
des feuilles de plantes où cette Conferve
auroit été expofée au loleil, ou bien en arrofant
avec une telle eau nos appartemens, au lieu
de les arrofer avec Veau fini pie, en plaçant-dans
les appartemens aux endroits éclairés par le
foleil, des vafes remplis d’eau , dans laquelle fe
trouve de la Conferve des ruifleaux, plante
que l’on rencontre prelque par - tout, & qu’on
peur produire dans toutes fortes de vafes, & que
le Créateur a peur - être multiplié ainfi pour
notre utilité. Pour augmenter le bénéfice qui
en pourroit peut - être réfulter , on devroit
changer Veau tous les jours, & la remuer de
tems - en - tons, afin de répandre l’air quelle
a pompé du végétal.»
Conferves employées comme engrais.
L’ ufage d’employer comme engrais les différentes
plantes marines que la mer entafle fou-
vent en certains endroits des côtes, a été depuis
long-tems mis en pratique par des Cultivateurs,
dont les terres fe trouvent à la proximité des côtes
maritimes-, mais il ne paroît pas, que l’on
ait employé pour Je même ufage, les différens
végétaux que les rivières, ruifleaux & étangs pro-
duifent fouvent en fi grande quantité, fur-tout
dans les eaux dont le courant n’eft pas fort rapide,
au point de nuire à la bonté & à la falu-
brité de l’eau de rivière. Parmi les plantes dont
on pourroit tirer un parti avantageux, à caufe
de leur production prompte & abondante, ptu-
fièürs efpèces de Conferves, dont les filamens
verds fouvent entrelacés en forme de treffe, le
diftinguent de toutes les autres plantes aquatiques
mériteroient d’être employées. L’exemple d’un
engrais très-produCUf, préparé en grande partie
des Conferves, qu’un Cultivateur Anglois a
employé le premier, & dont nous allons parler
ci-après, mérite bien d’être pris en confidération
par les Cultivateurs qui fe trouvent à portée des
eaux, dans lesquelles ce végétal ne manque pref-
que jamais.
M. WagfiafF, Cultivateur dans les environs de
Norrocit, én Angleterre, a adreffé à la Société
inftituée pour l’encouragement des Arts & Sciences
à Londres, une lettre, relativement à ces
expériences avec la Conferve des ruifleaux employée
comme engrais: cette lettre fe trouve
dans le Volume feptiènse, des tranfaèlions de
cette Société, en voici l’extrait.
La Conferve que M. Wagftaff employa, fut
tirée au commencement de l’Eté, d’un' petit
ruifleau qui fe rrouvoit à la proximité du champ
defliné à l’expérience* & amoncelée, pour en
accélérer la putréfaction quelques femaines après,
on apperçut en remuant ces morceaux,, des vapeurs
qui en foitoient, ce qui annonçoit la fermentation
parfaite. Ce nouvel engrais^ fut 'alors
répandu comme d’ufage fur la partie d’un champ
defliné à la culture des tumeps ou gros navets,
& on avoit eu foin de difiinguer exactement la,
partie fumée avec la Conferve, de celle qui
l’avoit été avec du fumier ordinaire. Une charretée
de la même Conferve bien confomwée,.
fut enfuite mêlée avec de la ^afe tiree de Ja
rivière, & répandue fur un emplacement, dont
le fol étoit graveleux ; on y planta plufieurs
efpèces de choux, pour être en état de comparer
l’effet de ce nouvel engrais, te propriétaire
faifoit planter à côté fur un bon terreiii
de jardin de la même efpèce de chaux.
Le turneps aufli bien que le chou, prirent
bien-tôt un aceroiffementvigoureux, & leurs-
feuillages & leurs racines acquirent utr volume
plus eonfidérable que ceux cultivés dans la
pièce adjacente, qui n’avoit été fumée qu’avec
du fumier ordinaire, de manière que l’engrais
des plantes aquatiques, Temportoit de beaucoup
fur l’engrais ordinaire. M. WagfiafF recommande
, comme de raifon, de n’employer la
Conferve & les autres plantes aquatiques, que
lorfqu’elles feront parfaitement confoimnées;
& s’occupant dès le commencement de l’Eté à
faire retirer de l’eau les plantes que. Fon veut
employer, en les amoncelant méthodiquement
& en les remuant de rems en- tems, ,la chaleur
de la faifon contribuera à y introduire bientôt
la fermentation & la purréfaèlkm néceflaire
fans laquelle le développement dès parties fondantes
n’a pas lieu.
Notre Cultivateur afiure, que les pommes
de terre, plantées dans le même- champ amendé
comme- nous venons de le dite, une année
après, y avoient encore parfaitement réufli, &
le volume qu’elles y prirent, prouvoit clairement,
que le champ n’étoit riçn moins q11®"*
ntiifé : il conclut donc, comme de raifon que
les plantes aquatiques en général, principale- :
ment les Conferves peuvent fournir un excellent
engrais, d’autant plus précieux , qu’il n’oc-
cafionne que fr^s-peu de dépenfe. Deux hommes
employés pendant quelques femaines à fé-
cher cette Conferve de i ’eau en amafferoient
dans ce tems une quantité fuffifante pour amender
une pièce de terre eonfidérable. Une efpèce
de grand rateau à dents longues & un
peu crochues vers l’extrémité, pourroit peut-
être fervir avantageufeinent à tirer les conferves
de l’eau. Des expériences ultérieures, auxquelles
nous invitons nos Cultivateurs francois
répandroient' fans doute encore plus de lumière
fur un objet dont le fuocès ne paroît que très-
avantageux.
Emploi de la Conferve pour la Papeterie.
L’idée d’employer la Conferve à quelques
ufa^es domeftiques, paroît aufli naturelle. L'af-
pcifi de ces filamens déliés & très-fosples flot-
tans fur l’eau, a probablement fait naître l’idée
de les employer à la filature, ou à quel-
qu’objet à laquelle la ftruchire de ce végétal
pouvoir fe prêter, comme cordes, cables, &c.
Imperari, Naturalifte italien , qui vécut dans
le feizième fiècle, donne à la Conferve le
nom de Lin marin, dénomination qui paroît
juftifier notre idée fur l’emploi de cette plante.
Il paroît que, dan* le tems moderne, on a
fait des eflais pour filer la Conferve*, mais ces
efTais ne paroiffent point avoir eu de fucçès,
car les fibres de cette plante quelques flexibles
& fouples qu’elles paroiffent lorfque la plante
fe trouve dans l’eau, ou lorfqu’elle a encore
fon humidité naturelle, perdent en fe defle-
chant cette qualité, & deviennent très-câfiantes :
& fragiles. Cetre propriété s’explique a fiez bien
par la ftruCture de cette plante, laquelle, comme
on a vu dans les expériences de M. Ingenhoufz,
n’eft compofée que d’un grand nombre de petits
tuyaux emboîtés les uns dans les autres. ^
Nous ignorons, fi différent eflais que l’on a
faits depuis peu d’années en Angleterre pour
employer la Conferve dans les papeteries ont
réufli. (i) Feû M. Guettard a fait, en France,
plufieurs eflais avec les Conferves, les alges
le Varci,' mais toujours fans fuccès, il dit :
( Voye\[ Mémoire de M. Guittard, Vol. I. )
et Toutes ces plantes fe font di flou tes par la
trituration, fans qu’on ait pu leur donner un
corps, & il regarde comme une perte pour la
papeterie de ne pouvoir les employer pour le
papier* car elles prennent en defléchant une
blancheur qui pourroit les rendre utiles.
( i ) -C'eft à Leith en Ecofle qu’on a fait plufieurs
s'ages fur cet objet;
M. Guettafd croit cependant que Ton pourvoit
employer la Cofiferve & les plantes analogues
qui fe refufent à la folidité néceflaire,
en ajoutant à l’eau de la cuve, une eau gom-
meufe, ou faite avec les rognures des peaux
de parchemin, & en employant la compref-
fion, pour en rapprocher les fibres. Le papier ,
que l’on obtiendroit par ce procédé, ne leroit
peut-être pas aufli uni que le papier ordinaire,
mais cela feroit toujours d’aflez bons
cartons.
La Nature a probablement fourni la première
idée., d’employer les Conferves à I’ufage
de la papeterie; car le feutre ou l’efpèce de
ouatre naturelle que l’on rencontre fouvent
fur les prairies, ou dans des bas lieux, q u i,
pendant quelque-tems ont été inondés par des
eaux ftagnantes, n’eft autre chofe qu’un amas
de Conferves de différentes efpèces, dont les
fibres fe trouvent tellement entrelacées, qu’elles
ne préfement (fu’un tiflu épais, & en apparence
allez folide, qui imite allez bien la
Ouatre ou le Feutre. Quelques Naturaliftes
ont donné le nom de papier naturel à cetre
fubftance curieufe.
( V°yel Lettura del S. ftrange al|Sr. L. C ol-
telleni, fopra l’origine délia -carta naturaîe di
Cortona.Pifa 1764.
CONFUS. On dit qu’un arbre eft Confus,
lorfqu’il eft trop chargé de branches; c ’eft un
défaut pour le coup-d’oeil &.pour le rapport.
Voye[y pour de plus grands détails, le Dictionnaire
des Arbres & des Arbuftes.
Les Fleuriftes difent que les panaches d’une
fleur font Confus, lorfiju’ils ne font pas terminés
fur les bords, mais paroiffent fe noyer
dans la couleur du fond. C’eft un défaut à
leurs yeux , & ils rejettent toutes les variétés qui
y font fujettes. Les panaches d’une fleur font
également Confus, lorfqu’ils font trop étroits &
comme rentrés l’un dans l’autre. ( M. Re y n ie r .)
CONFUSION. On dit qu’il y a de la Con-
fufion dans un arbre, dans une fleur, lorfqu’ils
ont les défauts mentionnés dans l’article précédent.
(M. R e y n i e r . )
CONGEABLE. Bail à domaine Congéàble.
Voyei B a i l . ( M. T e s s i e r . )
CONGENERE (Plantes.) Les Botaniftes fe
fervent de ce mot pour défigner les efpèces, qui
compofent d’un même genre de plantes, ou en
font partie. ( M. THOvw.) h s. .■
CONIFERES. Les arbres Conifères font ainfi
appellés, parce qu’ils portent des corps ligneux,
nommés Cânes ,; clans lefqueU font enfermées
d’abord les parties de la fructification ( mais alors
ce font de vrais chatons.), & qui recèlent enfuite
les femences deftinées à les propager. Ce font les
S a p i n , A b ie s .
P i n , P in vf.
t y Pb .e s , . Ç ve r e s s v s .
K k k ij