
bage j avec quinze , ou feize juin eus & tout au
plus vingt; félon eux, les juments foht toutes
remplies plus fûrement, & au bout de fix fe-
maines l’étalon demande de lui-même à fortir
de l’herbage, fa befogne étant tout-à-fait finie.
Si l’on né confultoit que la nature , on adôp-
teroit cette manière de multiplier les Chevaux.
Les étalons dans des herbages feroient .comme
des cerfs avec leurs troupes de biches, qui ne
manquent guères de concevoir. Mais les étalons,
fur-tout ceux qu'on tire de l’étranger, font des
animaux trop précieux, pour qu’on les expofe
à tous les accidens qu’ils encourreroient. Il y
auroit même des dangers pour les jumens. Car,
comment fuppofer que l’étalon foït affez fage &
aflez prudent pour ne couvrir qu’une fois par
jour, qu’il choifira fes jumens, l’une après l’autre,
chacune à leur tour,' qu’il ne s’attachera pas
•plus à l’une qu’à l’autre, qu’il ne fera pas abîmé
de coups de pieds par celles qui n’en veulent
plus, & exténué par celles qu’on appelle gourmandes,
qu’il évitera de lui-même les méprifes
contre nature, qui font capables de faire mourir
la jument, les culbutes à la renverfe, la défin
it io n de fon propre ouvrage par des répétitions
inutiles, &c. &c» Par toutes ces conli-
dérations, on a donc bien fait de quitter cet
ancien & dangereux ufage, pour prendre celui
de guider l’étalon dans fes fonéHons. Dans l’état
fauvage un Cheval couvre au hafard quelques
jumens; fi deux Chevaux fe rencontrent, animés
du defir de couvrir la même jument, ils-fe battent
& le plus fort chaffe l’autre ; qu’il y ait des
Chevaux., ou des jumens fauvages tués,. ou bleffés
dans ces momens, peu importe pour les hommes.
Mais dans la domefiîcité ces animaux , peut-
être plus mal-adroits que dans l’état fauvage, font
d’un trop grand prix pour qu’on les livre à eux-
mêmes. Il pourroit être vrai que les jumens re-
îiriflent mieux avec un étalon en liberté, mais
l ’étalon fe fatiguerait & fe ruinerait plus par
ce moyen en une année qu il ne ferait
en quatre ; il ne faut .ufer de cette manière
que quand on veut tirer encore quelque production
d’un Cheval prêt à être réformé. Alors
on l’abandonne avec des jumens qui n ont pas
encore rapporté, .& avec celles qui retiennent
je plus difficilement.
On a donc pris fagement le parti de tenir 1 é-
talon à l’écurie, dans le rems de la monte, comme
dans tout lé refle de l’année.
Pour lui faire faillir une jument dans le
jems de la monte , voici comme on s y
prend : on commence par préfenter la jument
à un mauvais Cheval entier , bien hargneux
que l’on nomme efayeur, ou bout - en - train ,
pour voir fl elle efl en chaleur, -pour n employer
qu’ii rilement les forces de 1 étalon .& lui
éviter les coups de pieds qu’il recevrait; le bout-
en-train contribue quelquefois par fes attaques
à faire entrer les jumens en chaleur. Il doit être
ardent & hennir fréquemment. Quand la jument
efl reconnue pour être en chaleur ,
alors on amène l’étalon , feulement retenu
par un licol auquel font attachées deux longes
de dix -h uit.à vingt pieds, que tiennent deux
palfreniers qui s’approchent de lui quand il efl
en état pour lui faciliter l’intraduélion, ranger
la queue de la jument, dont un feui crin pourroit
le bleflër dangereufement, & pour le fou tenir
pendant fon opération. Il arrive quelquefois que
dans l’accouplement l’étalon ne confomme pas
l’aéle de la génération, & qu’il fort de deflus
la jument fans lui avoir rien laiffé. II faut donc
être bien attentif à obferver. On reconnoît que
îaéte a été confommé à un mouvement de ba-
lencier dans la queue de l’étalon, qui accompagne
toujours l’émiffion de la femence. Dana
ce c a s , il ne faut pas le laifler réitérer : on
le ramème à l’écurie. Quelquefois un étalon
ne confomme pas l’aéle, ou refuie-de fauter une
jument, parce qu’il efl épuifé desfauts précéderas ;
on le reconduit alors à l’écurie, où on le laifle
repofer quelques jours.
Pour que l’accouplement foit bien & fù-
rement fait , il ne faut pas que le Cheval
ni la jument aient bu dans la matinée ; on
ne doir les faire boire qu’un quart-d’heure après.
L ’éjaculation fpermatique fe fait plus difficilement,
quand la veflie efl pleine d’urine, parce
que la femence & l’urine, ayant pour fortir un
canal commun, qui efl l’urètre, elles fe nuifent
l’une à l’autre. Une jument qui urinerait immédiatement
après l’accouplement, détermine -
roit la matrice à rejeter une partie de la femence
re-çue.
U y.a des étalons qui fe fatiguent, en montant
plusieurs fois inutilement la cavale; on leur
met des lunettes, pour qu’ils fe tourmentent
moins ; d’autres fe jettent fur elle avec fureur;
d’autres s’élèvent du devant , de manière qu’ils
font prêts à fe renverfer, quelques-uns même,
dès qu’ils l’apperçoivént , fe portent de^ loin
fur les pieds de derrière jufqu’à elle, ce qui leur
perd les jarrets. Les hommes, qui les tiennent
à la longe, doivent dans ces cas, les modérer,
les tirer avec force pour les ramener en bas. S’il
y a des étalons froids & tranquilles auprès des
jumens, on les éloigne, on les promène autour
d’elles, on les en approche enfuite peu-à-peu;
on parvient à les leur faire faillir: on remet à
l’écurie ceux q u i, par trop de vigueur, fe mettent
en nage, & on les ramène quelques inflans
après, pour couvrir, quand leur feuVefl tempéré.
L ’étalon efl plus ou moins long dans l’aéle.
On a remarqué que les Chevaux très-vifs & très—
pétulans ne couvraient pas aufli fûrement que
ceux qui étoient lents. Les Arabes & les Barbes,
quoique très-vigoureux, font lujers à être
/ très-longs
très-longs : on a remarqué encore que les Chevaux
lents font de plus belles & de meilleures
produirions;, on ena vu au haras d’Hyefme, auxquels
il falloir deux ou trois heures pour qu’ils
fulfent en train ; iis ont en effet donné de fu-
perbesproduérions. Les Arabes font les plus lents
de tous ; il y a apparence que c’efl la différence
du climat qui en efl catife ; car on efl obligé de
faire faillir par eux les jumens dans le manège,
on dans une écurie, pour qu’ils-foient plus chaudement,
on efl même forcé quelquefois de leur
mettre une couverture, ou de les exciter.
On doit, à l’égard des Chevaux qui n’ont jamais
failli, choifir pour leur premier faut une
jument douce & facile, qui ait déjà pouliné; on
leur en fera fauter peu la première année, un
peu plus les. années luivantes, & on diminuera
le nombre, à mefure qu’ils avanceront en â^e.
Beaucoup de Chevaux font diftraits & troublés,
quand il y a un grand nombre de témoins. Il
efl prudent de n’admettre lors de la monte que
les perfonnes néceffaires.
M. Bourgelatconfeille, avec raifon, de ne pas
retirer de, force l’étalon de deflùs la jument, parce
qu’on oblige les jarrets, déjà fortement travaillés
à de nouveaux efforts, qui ruinent l’animal,
mais de porter plutôt la jument en avant; ce
qui efl facile, fi on la tient par le licol,'-&
même fi elle efl attachée. Car elle ne doit l’être
que par un noeud-coulant.
Quand l’étalon a failli une jument, on le conduit
à l’écurie, on le bouchonne, s’il a chaud,
on abat fa fueur avec le couteau, s’il efl en nage,
on lui remet fa couverture & on le laifle tranquille.
Trois heures après, on lui donne du
fourrage, de la boiffon & de l’avoine mêlée d’un
peu d’orge.
Un étalon, dans le tems de la monte, ne doit
Couvrir qu’une fois par .jour, encore lui faut-il
par intervalle un jour de repos ; au haras d’Hyefme,
iis couvrent tous les jours, exceptés les fêtes
& dimanches ; mais, malgré cette attention feru-
puleufe, le plusgrand'foin & la meilleure nourri
rure, ils maigriffent encore. Il paroîtroit qu’une
fois tous les deux jours fuffirqit,& que l’animal en
leroit mieux ménagé. Dans les premiers fept
jours de la monte, on lui donnerait fucceflive-
ment quatre jumens différentes; le neuvième,
on lui ramènerait la première, qu’il auroit cou-
verte, & ainfi des/autres, tant qu’elles feroient
en chaleur; quand il y en auroit quelqu’une,
Jlont la chaleur feroit paffée, & qui refuferoit
j étalon, onju i en fubflitueroit une autre pour
te hpre couvrir à fon tour tous les neuf jours.
'Comme.*1 $ en a toujours plufleurs, qui retiennent
■ a la première, fécondé, ou troifième fois, un
Étalon, pendant les trois mois de la monte, pourrait
couvrir 15 à I f jumens, & faire dix à douze
poulains; on voit que.le nombre de xe. jumens
*“ e pour chaque éialon parles régletnewdes Sa- ■ agriculture. Tome IfL
ras de 17 17, efl excefiif, Sc ne pourroit qu’énerver
les Chevaux.
De la Nourriture & du foin des Etalons, dans le
tems de la monte & après.
Dans le teins de la monte, on nourrit les
étalons avec de l’avoine, du foin & de la paille
à proportion. On leur donne l’avoine trois
fois par jour, fix à fept livres de foin, s’ils mangent
de la paille , &: dix livres dans le cas contraire.
Indépendamment de ce qu’on augmente
alors leur nourriture , on doit choîfir parmi
les efpèces d’alimens , ceux qui font
de meilleure qualité. Cette conduite me pa-*-
roît préférable à celle des perfonnes qui croient
devoir faire manger aux étalons des fèves, des
graines d’ortie, du fatirion, & autres fubflances
apkrodift-jques , qui échauffent d’abord & affoi-*..
bliffenr enfuite. Les étalons doivenr être panfés
deux fois par jou r, & avoir de bonne litière. Ils
n’ont pas befoin d’être promenés pendant ce
tems-ià, l’accouplement leur tient lieu d’exercice,
fur-tout lorfqu'il [fe fait tous les jours, comme
au haras d’Hyefme» Car, s’il ne fe faifoit que
tous les deux jours, les éralons n’étant pas autant
épuifés, fe trouveroient bien de trotter à lalonge,
ou d’être monrés une heure ou deux, celui des
deux jours de repos.' Les bons panfemens, en
facilitant la transpiration, contribuent à leur
bonne fanté. Dans le refle de l'année, on
les nourrit à l’écurie, avec plus de paille que
dé foin, & on les entretient dans un exercice
modéré, jufqu’au tems de la monte.
La monte finie, il eft néceffaire de laifler les
étalons huit jours en repos, de les nourrir avec
de l’orge, au-lieu d’avoine, & de leur donner
pour boiffon de l’eau blanche. II y a des haras
où on les met quinze jours au fon, après quoi
ils font faignés, puis huit autres jours au fon,
& après cela à lanourriture ordinaire en avoine,,
paille & foin. On les tient éloignés des jumens
& des chevaux hongres, qu’ils ne peuvent fouffrir.
M. Bourgelat défappronve cette méthode de la
faignée & du fon, immédiatement après la monte
finie, & il efi fondé en principes; car la faignée
doit ajouter encore à la déperdition que le Cheval
vient de faire pendant la monte. On affure cependant
que l’expérience a prouvé les bons effets
de ces faignées après la monte, employées vrai-
femblablenient, pour tempérer l’effervefcence
du fang des étalons, q ui, pendant ce tems, a.
été dans une grande agitation. Je ne le nierai
pas; mais fi le fait efiexaél, on ne peut l’expliquer
qu’en regardant dans ce cas la faignée comme
un calmant.
Les étalons font à l’écurie, chacun dans une.
café féparée par des cloifons affez hautes pour,
qu'ils ne puiffent avoir aucune communication,
avec leurs voifins ,* ils y font attachées comme
par-tout ailleurs par u a licol avec deux longe*
?