à raifon de leur reflèmblançe avec le Camara,
il eft prefque certain qu’on pourroit les multiplier
de marcottes &de boutures. ( M .T h o v in ).
CHARAGNE , C h a r a L.
Genre de plantes de la famille des N aïades
remarquable par fes feuilles dilpofées en anneau
autour des tiges comme celle des Prêles & par
les fleurs axillaires. Ces plantes végètent fous l’eau
& rempliffent toutes les eaux croupilîan tes, les
rend bourbeufes par fes nombreux détrites, &
nuit à l’ornement des payfages en détruifant la
limpidité des baflîns. L ’une des efpèces, celle
n.° 4-, a été' l ’objet de la curiofité des Phifiolo-
giftes, ils avoient cru y découvrir un principe
d’irritabilité ; mais leurs expériences n’ont pas
confirmé cette découverte dont on a déjà des
exemples dans le règne végétal; néanmoins on
wuloit déjà faire de. cette plante un polype.
Efpèces.
1. Charagne commune ou fétide.
Ch a r a vulgaris. L. dans lés eaux fia—
•g nantis,
2. Charagne lifpide.
• Ch a r a lifpida. L. dans les fo fies & les
étafigS.j:v' • . - j . . : ■. ». v h
x. Charagne cotonneufe. &
CfiARA tomentofa. L. dans les foffés &
les étangs.
4. C h a r a g n e luifante.
Ch ara flexilis L. dans les. eaux tranquilles.
Il efl inutile .de s’appéfantir fur des plantes
qui ne frront jamais cultivées, & qui même font
le fléau des décorateurs de jardin.’ . On trouvera
leur defcription dans le Diélionnaire de Botanique.
( M. R e yn je r . )
CHÀRANSON, CHARRANSON,
CHARANÇON ou ÇHAREN&ON.
Sous ce nom ôn comprend différentes efpèces
d’infeéles de là claffe des Coléoptères ou
in frètes qui ont dès étuis, ou élytres parmi lef-
quels il y en a de très-nuifibles. Je ne parlerai
que de ces derniers. On peut confulrer le
Dictionnaire des infeéfr.s pour connoître- les
divers genres, efpèces & yanétés de Charanfons.
Je ne dii-ai môme fur ceux qui nuifent à
l’Agriculture, que ce qu’il eft néceffaire de fa-
voir pour être plus en état de les détruire pii
d’en diminuer les ravages.
Flufieurs efpèces de Charanfons placent leurs
oeufs dans les diverfes parties dès plantes. On
en trouve des larves dans les têtes d’artichauds,
de chardons, &c. d’où ces infeètes ne fortent
cnr’après avoirfubi routés leurs métamorphefes.
tîne dé eés efpèces , bien plus grande que
les autres, tft d’une couleur' cendrée e n -
défions ; fa tète eft noire , fa trompe large &
courte , fon corfejet tacheté de points noirs,
& les côtés font d’un gris cendré.
L ’extrémité dès* feuilles d’orme eft quelquefois
percée & rongée par une efpèce de Cha-
ranfon, de manière que le parenchyme f u i
eft détruit, les membranes reftant entières. On
apperçoit, à l’endroit qui paroît mort, une .
véficule ou un petit fac. La larve de i’infréle
s’y change en. cnryfajide. Il en fort un petit
Charanfon brun, qui faute avec tant d’agilité
qu’il eft très—difficile de l’attraper. Sa tète & fa
trompe font noires, ainfi que le deffous de fon
corps, le deflus & les pattes font d’une couleur
fauve.
L ’efpèce de Charanfon qu’on redoute le plus,
parce qu’il fait un tort confidérable, eft celui
qui s’introduit dans les grains de froment. On
l’appelle Cadelle en Provence & ailleurs Calen-
'dre y Chatepleufe , Carandre, &c. Il attaque au fit
le frigle , l ’orge, l’avoine, le maïs, les graines,
légumineufes même, fuivant M. Mauduyt, Docteur
en Médecine, mais moins que le froment
qui lui convient davantage. Cet infeéte exifte,
comme les. autres, fous trois formes, c’e f t - à—
dire, qu’il fubit trois métamorphofes ; fa larve
qui eft très-petite & très-blanche, eft un ver
long d’environ une ligne. La femelle du Charanfon,
qui connoît les grains propres à la fub-
fiftance de fa famille, dépote fes oeufs de
manière que les nouvelles larves, qui , en
fortent foient à portée des alimens qui leur conviennent
pour vivre. Auffi-tôt qu’elle eft fécondée,
#if| s’enfonce dans le tas de grains.
Elle fait à un grain un trou obliquement &
y dépofe un oeuf feul; cet oeuf donne naif-
fance à une larve qui perce le grain & s’y introduit.
La nourriture de la larve eft la fubftance fa-
rineufe du.grain, où elle eft logée. Lorfqu’elle l’a
toute confommée, & qu’elle eft parvenue à fa grof-
grofleu^ellerefte dans l’enveloppe du grain.ou elle
le change en chryfalide, d’un blanc clair &tranfpa-
1 rent. Danscet état, l’infeéle n e prend pas de nourriture.
Plus ou moins de feras après cette métamor-
phole, félon la faifon & la chaleur, il rompt
l’enveloppe qui le tient emmailloté, il perce
la peau du grain & paroît fous la forme de
fearabée.. La plu partîtes infeétes, tant qu’ils font
larves ou chenilles, ont une nourriture différente
de celle qu’ils prennent quand ils deviennent
papillons, ou mouches. Il n’en eft pas de même
du Charanfon; comme larve il vit de la fub.fi*
rance farineufe du grain; comme fearabée , il
en vit encore. A peine forti de fa chryfalide,
il perce de nouveau le grain pour y rentrer
& s'y nourrir.
C’eft fous la forme de fearabée que le Charanfon
s’accouple. 11 eft en état de fe reproduire
dès qu’il efl forti de fa chryfalide. Mais
il faut tin certain degré de chaleur dans l’air,
ou au moins dans les monceaux de grains. On
croit que dix ou douze degrés fuffifent & qu’au-
' deffous de huit ou neuf il. ne s’accoupleroit
pas. Lorfqu’ii commence à faire froid le matin,
la femelle ceffe de pondre. Depuis Le moment
de l’accouplement jufqu’à celui où l'infecte paroît
fous la forme de Charanfon,il s’écoule quaran te
à quarante-cinq jours, plus ou moins en raiion du
degré de chaleur. Ainfi, dans une année,il y aplu-
fieurs générations de Ch Iran fon s; ces généra- '
tidnsfont plus nombreufes dans les pays chauds.
Les Charanfons fe placent dans les tas de
bled à'quelques pouces de profondeur. On ne
Ls voit à la furface que quand on les trouble
dans leur retraite. Les tas de grains ou les
parties des.tas de grains, fitués le long des murs,
font les endroits où il y a le plus de Charanfons.
S’il pàfte une cheminée dans le grenier,
on trouve beaucoup plus de Charanfons près
de cette cheminée, fur tout fi on y fait fou-
vent du feu. Tant qu’il fait chaud, les Cha-
. ranfons ne quittent point les tas.de bled, à
moins, qu’en les remuant beaucoup , on ne les
force de s’en aller. Mais, ils y reviennent bientôt,;
fi la chaleur fubfifle. Lorfqu’elle ceffe. ils
fé retirent dans les fentes des murs, dans' les
.gerçures de bois des planchers-, derrière des ta-,
pifleries, dans c\es cheminées même,, par-tout
où ils peuvent fe garantir du froid , qui les
chaffe des greniers. Dans cette faifon, ils font
engourdis & ne prennent pas de nourriture.
Ceux qui naiffent à la dernière ponte, périf-
fent ordinairement , fi le froid arrive peu de:
tems après leur naiffance. Au Printems , les
Charanfons quittent leuis retraités pour revenir
aux tas de bled. C’eft alors qu’ils tn dévorent
une plus grande quantité parce qu’ils font
plus affamés & que leur ponte commence.
On croit avoir remarqué que, lorfque la femelle
du Charanfon fait fa ponte, elle choific
les plus petits, grains, afin que la larve qui
mange toujours devant elle , ne s’enfonce pas.
trop avant; l’in frète devenu fearabée, auroit
trop de peine à fortir. Si cette obfervatioii eft
vraie, comment expliquer la multiplication des-
Charanfons dans lé bled de turquie dont les
. grains font fi gros r Une larve- logée dans les
' grains y eft à l’abri de toutes les ' fe confies' qu’on
lui donne'en le remuant. Les excrémens qu’elle
rend, fervent à .férmer l’ouverture, par laquelle
elle a été'introduite'dans le grain.
Les Charanfons aiment les ténèbres & làitran-
■ quillité. Dès qu’ils font au grand jour ils- fuient,
pour fe cacher. Mais, eft-ce bien la lumière ,
- qui. les fait,fuir , ou le froid des endroits per-'
. cés- de beaucoup de fenêtres, ou la crainte d’être
- découverts & -tourmentés?;
M. Joyeufe, qui a réimporté le prix propofé
.par la Société Royale d’Agriculture de Limoges,
en 1768, fur là deflruffion des Charanfons,
a , pour ainfi dire , calculé leur prodi-ieufe
multiplication. Le,mois d’Avril, efl l’époque de
la première ponte de ces inlejftes, dans les Provinces
Méridionales ; ils s’y propagent jufqu’à
la tin (PAoût. Ainfi, le dégât y eft plus long &
plus confidérable que dans les Provinces du
Nord où la chaleur commencé plus tard & finit
plutôt. D’après M. Joyeufe , une feule paire
pond un oeuf par jour pendant tout le tems
des chaleurs,, ceîl-à-d irc, pendant îqo jours.
M, l’abbé Rozier, dans fon Cours.complet d’A-
grieukure, rapporte le calcul fuivant de M.
Joyeufe :
££ La première génération d’une paire, fera
55 de i>o Cliaranlôns ou. 75 paires. Il ’y en
j? aura 45 , c’eft-à-dire, celles pondues depuis
>?le iÿ Avril jufqu’au 15 Juillet, qui feront
î?en état de multiplier & qui produiront depuis-
j? le 15. Juin jùfqu’au 15 Septembre, ç’e ft -à -
55 dire , que. la première paire ou la plus an—
jjcienne pondra, pendant cet intervalle, 90
j îC haranfons; la fécondé 88'| la troifiéme’ 86
jj enfin les produ èhons de ces 45 paires forme-
jj ront une progreflion arithmétique de 45 rer-
JJ mes ,, dont le 1 ..er fera 1 , le 2 & lé der-
jj nier 90 ; Texpofant 2 & la fomme totale
2071. Il y aura donc 2071 Charanfons- pro-
jj venus de la fécondé génération, j? -
<< De ees 2071 Charanfons provenus dé la
>jfécondé génération,, il y en aura qui feront
jj entêtât de multiplier depuis le 15 Avril juf-
jj qu au 15 Septembre, & cette troifièine généra-
jj ration fera de 3.825, Si à p-réfent on ajoute
jj enfemble le nombre des Charanfons de cha-
j j que génération:, 150, '2070, 3825, on aura.
jj la Tomme totale de 6045 Charanfons prove-
jj mis d une feule paire pendant un Eté'', c’eft-
jj à-dire pendant 5 mois à dater du 15 Avril
jj au 15 Septembre que la liqueur fe foutieht
’ J dans le thermomètt e au-deffus de 15 degrés*
jj 6l ne défeend jamais giièrés- plus 1ns' dans'nos*
jj Provinces ^léridionales ; après- c-eia , doit-on
jj être étonné fi des monceaux énormes dé bPedi
jj font [fi promptement dévorés ? jj
Le.Charanfon fupporte une très-grandé chaleur,
prefque 70 degrés du thermomètre de-
Réaumur fuivant M. Duhamel. Cependant far
fait périr des Charanfons à une chaleur qui ne-
m’a pas paru aufti confidérable. Cet infëéîe occupe,,
de préférence, le côté du grenier qui- eft-
expof'é au midi. On a des expériences qui prouvent
qu’il peut vivre long-tems fans prendre,
de nourriture. Il fe ramaffe toujours par pelotons
pour être en fociété. Il dévore le froment.
veux & foc, comme le nouveau, même;
le plus dur. Il mange la- farine & biffe le fon.
Mais il choifir toujours,’quand il en a le choix,,
le grain le plus tendre. La partie intérieure des«
grains étant celle qu il intéreffe le plus de cou»—