
ceffairemeht proportionnel à la quantité de'la
denrée & au befoin des confommateurs.
XII. Si le prix ,qui Rétablit eft foible, il. eft
démontsré que la denrée furabonde. La conservation
des ritheflés .nationales demande aloi s que
les vendeurs exportent leur intérêt les engage
à: exporterSans' que . l’adinipiPiradon .ait d autre .
embarras qué.celui de leur .en.laiïîp" :Ia liberté.
Si le prix eft fort, il eft démontré que la denrée
manque refit, ou qu’elle ne feroit qu’étroitement v
inftifame jnfqu’à la récolte prochaine. La sure.té
dit côté des fubfiftançes demande .alors que- l’Etranger
& les J^égopri^ns. de- nos ports-importent
des grains-, . & lejl? intérêt les détèrmipe à.im-
porter , fans ^ue radminiftratioiltiit d’autre cm- -•
barras que celùi de biffer la liberté1 de remporter
les grains que leur furabondance feroit tomber-
ati-deffous de leur vrai prix. -, j
XIII. L ’exportation opérant une augmentation
de concurrence entre les acheteurs ; & 1 importation
une augmentation de concurrence entre
les vendeurs, la liberté d’exporter & d’importer
affure la double concurrence la plus- étendue ,
qu’on puiffe efpérer. ,
XIV. La plus grande concurrence des vendeurs
& des acheteurs, étant connue, le blé fe maintient
continuement à fon vrai prix, c’eft-à-dire, au
prixtoujours proportionnel à la quantité &. âu befoin
de la denrée. ... ./ .. . .
; XV. Quand , par 1’,événement des récoltes,
i l y a peu de .grains à vendre & beaucoup d’A-
cheteurs, la denrée fe vend à l ’enchère. Quand
au. contraire il y a . peu d’acheteurs en proportion
de la quantité de grains, ils fe vendent au rabais..
Quand la liberté d’importer & d’exporter met
en concurrence toute la denrée & tous les acheT
teurs, il n’y a plus de rabais ni iV enchère dans
la vente-, les grains font donc à leur, vrai prix,
à quelque taux qu’ils fe;fixent par le .concours de
tous les. acheteurs & de tous les vendeurs ,-régnf-.
çoies & étrangers. . | , ■ «gj iï . .
ali dehors-,; 0,11 du-dehors au dedans-du Royaume*
L’Àutéür & le Rédàaéur de ces principes *
pour, répondre, à robjeélion qu’on lui faifoit de
la profftérité. Françoife(, malgré, la gêne de pin..
; fleurs branches de Cotiynerce de fes denrées,,
iajoptè :. « Qu’il né faut pas en conclure que fes,
• ricHêffes & fa puiflanpç .foi.ènt le fruit de fes loix,
; prohibitives : la fruité-n*eft jamais le fruit d’un
•poifon lent. Mais il faut en conclure que fa
|conftitution eft fi vigoureufe qu’elle a puréfifter,
pendant long-tems, à l’impreuion malfaifante de
ide fes‘ mauvaises, loix. Si,, par quelque caufe
que ce fut, o n . vôyoit diminuer les richdfes
les. forcés de cette même Nation, il y auroit un
moyen.dé, là ramener, à fa, première vigueur &
dé l'augmenter encore. Ce moyen sur & peut-
être unique, feroit de détruire fucceffivement
toutes les loix prohibitives en fait de Commerce.
La liberté répand par-tour un air falubre & nouveau
XVI. 11 feroit évidemment abfurde.& injufte,
tant de la part des vendeurs que .de la part des
acheteurs, de vouloir vendre au - deffus , ou
acheter au-deflous de ce qui eft reconnu pour
le vrai prix de la denrée par le plus grand nombre
poffible. de. concurrens d’achat & de vente, c’eft-
à-dir.e, par4 ’univer falité des. hommes. , .
XVH. Il eft phyfiquement impoffibfe; l.°d e
faire dans l’intérieur une répartition proportionnelle
des grains, fans u n e circulation général^,
qui .les mette tous en évidence & en mouvement
; i.° d’établir & de maintenir la circulation
générale, fans la faculté continue d’exporter &
d’importer-, 3.0 de jouir d’une concurrence générale
de vendeurs & d’acheteurs fans la .cir.cu -
lation, l’exportation & l’importation -, 4.° de con-
noîire jamais le vrai prix du grain & d’en affurer
les avantages au peuple , que par une concurrence
générale, effectuée ou poflible, du dëdans,
qui vivifie; c’eft l’air natal. m
Sujet d'un Prix propofe par la Municipalité de
- Paris en f 75? I .
Lorfqu’uné Àdminiftratioh, qui fuhfiftoit de-
. puis lOng-tems,-;fè trouve, toiit-à-coup détruite
entièrement, il naitf, pour, lui en. fubftituer une
autre , ûne foule de difficultés, les embarras fepré-
I fentent de toutes parts, on ne fait à quel moyen
donner la préférence. Telle a été la pofition de
la .Municipalité de. Paris, aû moment où cette
Ville a ceffé brufquémen t d!ètre approvifiosnée,
par .fon ancienne, policé. Cette pofition a. été
d’âutant .plus critique, qu’ai ors les .blés man-,
qüoiënt dans là, majeure partie du Royaume.
Il a donc fallu faire de grands facrifi.ees d’argent,
pour parer aux premiers inftans. Cesr façrifices
ont été faits, & on eft parvenu, à grands frais,
• à procurer & à affurer, pour quelques teins, la
. fubfîftance d’une population nombreufe. La
Municipalité revenue à elle & pefan-t les chofes
avec maturité, a fend qui] étoit néceffaire de
trouver pour l’avenir un mode, d’approvifion-
nement, qui fût tout-à-la-fois économique &
conforme au fyftême général de l ’Adminiftra-
tion du Royaume. C’eft pour s’entourer d’une
grande maffe de lumières. & dans l’efpérance de
découvrir ce qu’elle* cherchoit,, que , par un
Programme, elle a. invité les Citoyens à lui
communiquer leurs idées fur un fi important
fujet. Parmi les Mémoires, qu’elle a reçus, elle
en a diftingué/rôis, dont l’impreftion a été ordonnée.
L ’un eft de M. Lair du Vau celles ; le
fécond eft de M. Moriffe; letroifième de M.Mon-
clianin. Ce font ces Mémoires que je vais faire
connoître, en y ajoutant quelques réflexions. On
y verra " quelle étoit l’opinion dominante .dans
ce tems-là fur> le, Commercé des grains , & fur la
maniéré d’approvifionher Paris.
La queftion propofée étoit conçue en ees
termes : « quels font les meilleurs moyens dalfurer
l’approvifionnement de la Capitale, & d’y
entretenir conftamment une quantité de blés &
de farine proportionnée à fa confommation.
Cette quellion principale eft développée dans le
Programme par des queftions, qui en dérivent.
m eLair du Vaucelles eft le lèul qui les ait
fuivi ftridlement. Je, commencerai par fon Mémoire,
le plus étendu des trois, & celui oû la
matière me femble avoir été le plus approfondie.
première quefiion : «le Commerce,feul peut-il,
à l’abri des Loix, qui protègent la circulation des
grains dans toute l’étendue du Royaume, aflurer
en telle manière l’approvifionnernént de Paris,
qu’aucune Adminiftration n’ait à s’en occuper ?
M. du Vaucelles n’héfite pas à prononcer que
le Commerce feul > dégagé de toute,contrainte,.
de toutes entraves, pourroit remplir cette tâche
immenlè; mais qu’il faut que , comme la providence,
l’Adminiftration le fur veille & fupplée
dans les cas difficiles à ce ,qu’il ne pourra faire
qu’imparfaitement. Il entre enfuite dans quelques
détails fur la population de Paris, fur la quantité;
de blés néceffaire pour alimenter la Ville ,
les Fauxbourgs, plufie'urs Villages même des environs,
qui n’ont point de marchés,. & pour
; mefure de Paris, par arpent, fur quoi il faut
encore prélever les femenees, qui font de dix
boiffeaux ou d’un fetier. 11 fouftrait ce qui fert
j pour approvifionner les Colonies. Enfin ce qui
fe confomme en France pour la nourriture des
animaux, pour la pâtifferie & les Amidonniers
étant aufii retranché des calculs de M. du Vaucelles
fulîvenir à la confommation des Pâtifliers, & des :
Amidonniers. Suivant M. du Vaucelles; qui a
puiféla plupart de-fes données dans l’Art du Boulanger
de M. Malouin, Paris renferme habituellement
dans fon feinyopyoeô habitans&. loDyCCQ ;
étiangers., .c’eft * à dire , ;8co, ,‘PCio âmes,. pour
lefquels il faut en une année.2, 400, OQo fet-crs
de blé. Il rappelle les .précautions prifçs fous
François premier & depuis le règne de ce Prince,
pour mettre Paris à portée de fè procurer fans
peine des vivres. On donna à fa Généralité 22
Elections ; qui çomprenoient. les meilleurs pays
à blé. .Elles ne fuffirent même pas dans la fuite;
car cette Ville s’étant accrûe, il fallut aller au-delà
de çes Elections Chercher des blés , afin de rendre
tons.les tranfports ;des denrées faciles & certains;
elle eut en outre l’infpeélion fur les Canaux &
rivières qui fe jettent dans la Seine. Cette efpèce
de Suprématie, qui s’étendoit fur un territoire
de 3C00 lieues de fuperficie, fe trouve mainte-**
nant réduite à 25 lieues deffuperfieie par la fixation
bornée du Département de Paris. Il eft donc
néceffaire ’que la Ville fe pourvoie ailleurs ; mais
elfe.doit le faire de manière à ne point alarmer
les Départemens voifins, qui pourroient
lui oppofer des obftacles fâcheux. M. du Vaucelles,
en fuivant les calculs du Maréchal de Vau -
ban fur l’étendue du Royaume , détermine la
fomme des, terres labourables, après avoir déduit
les'efpaces occupés, par les* Villesi,^Bourgades
Villages, rivières,, .étangs, canaux, lacs', chemins,
vagues, vignes, bois, vergers, herbages, prairies,
plantations d’oliviers , &.o. Il diftribue ce qui refte
en trois folies dont une feule produit des blés.
11. évalue les récoltes à quatre fe tiers & demi,
, il eftime que,, dans les années les plus heu—
reufés, le fupeeflu des récoltes n’excède pas
7 , 892, 562 fetiers. Dans cette hypothèfe, il fup-
:j ppfe qué chaque individu des* 25 , ce©, oôo d’ha-
bitans de la France confomme par an deux feders
de b lé, qui prodiiifent vingt - une onces de pain
j par jour. Ce faible excédent des récoltes donne
à l’Auteur /lu Mémoire Koccafion de combattre
l’erreur dangereufe ou eft le 'Peuple , que dans
les bonnes anhées le territoire François peu t produire
de quoi nourrir feshabitans pendant trois ans.
Seconde quefiion: « Le Commerce doit-il être
quelquefois furveillé, aidé ou encouragé;, comme
on l’a fait jufqu’à préfënt ? »> M. du Vaucelles
croit qu’il faut en général encourager le Commercé,
& lé livrera lui-même en particulier.
Si.nous'comprenons bien fa penfee , l’Etat doit;
félon lu i, accorder à tout le Commerce & à toute
efpèce de Commerce ,1e plus d’encourageinens
polîibles, fans favorifer quelques Particuliers pour
ne pas écarter les,autres; mais la furveillance eft
indifpenfable. Le Commerce peut rencontrer dans
fa marche des obftacles , tels que les1 préjugés du
Peuple qu’il faut-éclairer. Il eft poffible qu’il
fe- néglige, qu’il fè ralemiffe , qu’il n’ait pas de
fiieeès ; dans tous ces cas, la prévoyance de l’À d-
miniftraûon devient néceflàire , mais il faut une
Légiftation qui ne vacillepas. Car tantôt permettre,
tantôt défendre l’exportation , c’eft fonner le
to.cfin, c’eft exciter, mie difette d’opinion , plus
.redoutable que.la difette réelle. '
Troijième quefiion : ce Par qui le Commerce
doit - il être furveillé, aidé , encouragé ? r> M. du
Vaucelles défigne pour furveiller le Commerce
des grains deftinés à l’approvificnnement deParis,
les Repréfentans de la Commune qu’il regardé
comme plus capables de calmer les alarmes du
Peuple. La Municipalité, dans un des articles de ■
fon programme , a fait voir qu’elle fenroit combien
la manifeflation de lar moindre inquiétude
pouvoitnuireàfapprovifionnement : l’expérience
ne le prouve;que trop. Quant aux dépenfes fur -
abondantes que les encouragemens pourroient
exiger, M. du Vaucelles préfume que c’eft au Département
à trouver les moyens de ■ les faire.
Quatrième quefiion : « Quel doit être le mode
de cette furveillance, de ce fecours ou de cet
encouragement? » Pour être d’accôrd avec fes
principes, M. du Vaucelles ne voudfèir pas que
ce mode gênât en rien le Commence. auquel
une liberté pleine &■ entière eft' néceffaire pour
fes progrès. Mais la Municipalité a des reffources
pour connoître l’état des terres cultivées, & les