
de femer ; le premier doit être fait fur la fin del’Àit-
tomne;oncloii alors former les filions très=profonds,
anunt que la qualité du terrein peut le permettre ;
le fécond au mois de Mars, fi la faifon eft favorable*,
letroifième , en Juin, & le quatrième, au
mois (l’Août. Ces quatre labours,ajoute-il, peuvent
fuffire dans les terres, qui ne produifent pas beaucoup
de mauvaifes herbes ; mais fi les mauvaifes
herbes devenant plus abondantes, il faut labourer
plus fouvent, afin de les détruire. Il ne veut point
qu’on mette la charrue dans les ferres fortes,
glaifeufes, argilleufes, fi elles font humides,
parce que les pieds des chevaux' les pétrifient &. les
durciffent confidérableinent ; il y a moins d’in -
convéniens à labourer les terres.légères, lorsqu'elles
font humides. Cependant il croit que les
meilleurs labours font ceux qu’on fait dans un
tems, où la terre n’efi ni trop lèch e , ni trop hu-
meélée. Il vaut mieux labourer^. quand la-terre efl
trop fèche , que lorfqu’elle eft trop humide; dans
la première circonftançe, on ne peut point nuire
à la fertilité du fol ; on peut, il eft vrai, rifquer de
brifer les charrues, maisen employant celle à quatre
coutres, on n’eft point expofé à ce danger;au
fieu que, dans la fécondé circonflance , on durcit
exactement la ferre, qui permet alors difficilement
aux racines de s’étendre. ??
« Parla manière, dontM.Tull divifeune pièce
de terre pour l’enfemencer, il eft facile de donner
les labours de-culture aux plantes pendant qu’elles
croilient. Il fe fert pour cet effet de la liouë à
chevaux , qu’il fait paner dans les plates-bandes,
qui font entre les billons. Il donne le premier
labour de culture au mois de Mars, ST-ptufieurs
autres jufqu’à la moiffon , relativement à la dureté
du terrein & aux mauvaifes herbes qu’il peut
produire. »?
« i . e De Venfemencement des terres. Peu fatis-
fait de la manière ordinaire d’enfemencer les terres,
& perfuadé qu'une partie de la femence ou eft
enterrée trop profondément, ou ne l’eft pasaffez ,
enfin qu’elle n’eft point diflribuéé régulièrement,
M. Tu 11 a imaginé un inftrument qu’il nomme
Drlll, c’eft-à-dire, Semoir, qui fait des filions,
où les grains font placés à des diftances convenables
les uns des autres, & enterrés à la profondeur
qu’on a jugé à propos. Cet inftrument d istribue
la quantité de femence néceffaire & enterre
les engrais en couvrant les filions. Toutes les e f-
pèces de grains ne levant pas, quoique placés à
la même profondeur , on difpofe le femoir de façon
que les grainsfoient enterrés, autant qu’il eft
néceffaire, pour avoir la facilité de'germer. M.
Tull defire qu’on faffe foi-même des expériences,
& qu’on s’afltire à quelle profondeur il faut placer
la femence , pour qu’elle puiffe germer & lever
facilement.il propofe des plantoirs avec des chenilles
, qui les rraverfent à u n , deux, trois &
quatre pouces de celle de leur extrémité, qui entre
dans iaterre. La cheville, qui arrête le plantoir,
détermine la profondeur du trou. Inflrnit par feS
expériences, à quelle profondeur.les grainsdoivent
être enterrés pour lever , le Cultivateur difpofe-
roit le femoir de façon que les grains.fuffent placés
précifément à la profondeur qu’il auroit jugé
convenable, ??
« En divifant une pièce de terre par billons,'
on forme des planches, dans lefquelles on feme;
trois ou quatre rangées de grains, on laiffe entre les
planches ou billons, un efpace que M.Tull nomme'
plate-bande, fans être ferné, afin de pouvoir cultiver
les plantes, à mefure qu’elles croiffent. La largeur
de cet efpace varie félon l’efpèce de plantes;
pour le froment,il eft affez communément large
de cinq à fix pieds. Le feitioir devant être difpofé
pour diflribuer plus ou moins de grains dans les
billons, relativement à chaque efpèce , il veut
qu’on obferve la place que doit occuper une
plante forte & vigoureufe de l’efpèce dé grain
qu’on fem e , parce qu’il prétend qu’en fui vaut
fa méthode, les végétaux parviennent au meilleur
état où ils puiffent arriver. ??
« Afin de prouver, par des faits, la vérité de ce
principe, M. Tull rapporte une expérience qu’il
a faite, pour s’affurer de la bonté de fes procédés £
en lim ant fa nouvelle méthode d’enfemencer. II
avoit planté des pommes de terre, fuivant l’ufage
ordinaire, dans la moitié d’un champ maigre,
mais bien fumé ; l'autre, moitié fut plantée:p,ar
planches, & labourée quatre fois pendant que les
pommes de terre étoient en végétation .Ces pommes
de terre parurent d’abord mieux réüffir dans
la partie du champ , femée à l’ordinaire ; dans la
fuite, celles qu’on avoit plantées & cultivées ,
félon fa méthode, profitèrent tellement, que la
récolte en fut très-abondante, tandis que les autres
ne méritoient pas qu’on prît la peine de les
arracher. r> Ce n’éroit pas le cas de tirer de ces,
expériences des conféquences pour les bleds. Il
feroit trop long de démontrer leur fauffeté.
u L’efpace laiffé par M.Tull entre les planches,
devant êtrè labouré pendant que les plantes croiffent
, il confeille de le laiffer plus cônfidérable
pour les plantes hautes en tige , & p our celles qui
reftent longtems en terre , que pour celles qui font
baffes, & qu’on recueille plutôt. Le froment, par
exemple, eu égard à la hauteur de fa tige .& au,
temps qu’il demeure en terre, exige un plusgrand
efpace que les autres grains; M. Tull laiffè ordinairement
fix pieds de plate-bande entre.lés billons
de cette efpèce de grain. Après l’Hiver, il fait
donner un labour de culture avec la houe à chevaux
, au terrein, qui fépare lès planches ou les
billons ; la terre , qui s’étoit durcie , s’ameublit
par cetté culture, de forte que les racines ont la
facilité de s’étendre. En donnant trois ou quatre
labours aux plantes pendant qu’elles croiffent, M.
Tull prétend qu’elles profitent confidérablement;
les tuyaux ayant la nourriture dont ils ont befoin
pour fe développer, fe fortifient & produifent
des épis très-fournis de grains. M. Tull fait
jours donnerle dernier labour dans le temps q,ue
le grain commence à fe former dans l’ép i, perfuadé
que c’eft-le moment, où il a befoin d’une plus
grande quantité de lubflance, dont il feroit privé
fans le fecours des labours de culture. »
■ it L Àîiicur ne regarde point le choix de la fe-
mence comme une chofeindifférente au produit,
qu’on en attend ; il eft dans l’ufage de préférer
celle qu’on a recueillie dans un terrein meilleur
que celui qu’on veut enfèmencer. Il choifit les
grains d’une terre bien cultivée , préférablement
à ceux d’une aûrre qui l’eft mal. Au refte, il affufie
qu’en fuivant fa nouvelle méthode, on eft difpenfé
dans la luite de changer de femence , parce que
fa manière de: cultiver eft la plus propre à détruire
les mauvaifes herbes, & à faire produire
aux plantes des grains d’une bonne qualité. ??
« Suivant cet expofé il eft donc certain que M.
Tull regarde les engrais comme très-inutiles pour
contribuer à la fertilité des:terres ; il croit que les
feuls labours fuffifent à la production des récoltes
très-abondantes. ??
« Pour enfemencer les terres dans une faifon
convenable, M. Tu il Te règle fur leurs différentes
qualiiés ; quand elles font légères , il fait les f e -
mailles prefqu’auffi-tôt q u e ls moiffon eft finie ;
il n’en femence au contraire les terres fortes que
dans le courant du mois d’Oétobre; i.°.parce qu’il
leur Tait donner des labours dé préparation , à
larges & profonds filions ; 2.° parce que, fi elles
étoient enfemencées plutôt , la terre fe dqrciroit.';
les racines auroient alors beaucoup de peine à
s’étendre,. 11 ne feme pas tr o p là ïd , afin.que les
plantes aient le temps dé fe fortifier & de réfifter
aux rigueurs de la faifon. »
ce M. Tull prévient l’objeôlion qu’on peut lui
faire, relativement à fa nouvelle méthode dans
l’exploitation des terres, qui ne font jamais une
. année fans donner une récolte en grains hivernaux
ou en graiaxde Mars. Pour femer des grains
hivernaux, il a éfïbli en principe qu’il falloit pré-
parer la terré par quatre labours, faits dans les faisons
où la tçrre doit être vuide : « En fuivant cette
méthode, il ne feroit donc paspofliblede femer
tous les ans du froment dans la même pièce de
terre. » M. Tull répond qu’il n’exige ces quatre
labours de préparation que pour les terres, qu’il
veut foumettre à fa nouvelle méthode. Ses principes
adopté? & mis en pratique, la terre des
plates-bandes , qu’on a labourée pendant la végétation
des plantes dans les billons, fe trouve bien
ameublie par tous les labours de culture, qu’on a
faits, de forte qu’elle eft en état d’être enfemencée
après un pu deux labours de ' préparation, qui
difpofe la terre en billons ou en planches. Si l’on
veut au contraire femer des grains de Mars, on
a encore plus de tems pour préparer la terre ,
puifqu’on ne feme qu’après l’Hiver. »
:'i M. Tùll penfe qu’il faut employer plus de
y * U JL, £ 9 9
femence dans les terres légères, que dans celles qui
font fortes, parce qu’elle talle davantage dans ce«
dernières que dans les autres. Si le blé eft trop
épais dans une terre forte , il eft fujét à verfer ;
quand il eft trop clair dans un terrein léger, les
mauvaifes herbes prennent le deffïis & l’étouffent.
Il fe régie encore fur la légèreté & la ténacité du fol,
pour enterrer la femence plus -ou moins profondément;
il ne la recouvre que d'un pouce dans une
terre forte , & de deux ou trois , quand elle eft
légère , parce qu’elle eft plus fujerte que la. première
à laiffer évaporer T humidité néceffaire au
développement du germe & à la végétation des
plantes. »
ce A la fin de l’Hiver, on fait labourer les plates-
bandes, en ayant attention de faire verfer la terre
du côté des plantes; quelquefois on fait donner
un labour, même avant l’Hiver, dès que les plantes
ontp'oufté quelques feuilles. Si la terre eft trop
battue, quand le blé commence à monter en tige,
on donne un fécond labour ; un troifième , Iorf—
que le grain eft prêt à monter en épi : fou vent
on laboure une quatrième fois , fur-tout fi les
mauvaifes herbes pouffent avec vigueur. Il proportionne
le nombre des labours à la qualité du
terrein - il fait labourer plus fouvent ceux- qui
font fujets à produire beaucoup' de mauvaifes
herbes, & moins ceux qui en produifentpen: Un
terrein léger eft plus fouvent cultivé qu’un autre,
qui eft fo r t, pour le meure plus en état de profiter
de la pluie & de rofées. ??
u Lorlque la moiffon efl faite, les plates-bandes
font changées en planches ou en billons, pour
être enfemencées tout de fuite ; ayant reçu p lu -
fieurs labours de culture pendant la v égétation des
plantes, la terre fe trouve fuffifamment remuée
pour être en état de recevoir la fenffence. La place,
qui a été moiffonnée , fert de plate-bande &
l’année Avivante, elle eft enfemencée; de cette
manière la terre n’eft jamais en jachères. .Quoiqu’elle
ne foit pas entièrement enfemencée ,
puifqu’il y en a plus delà moitié qui refte vuide,
elle produit autant que fi elle étoit remplie.
Voilà les procédés fuivis par M .T u ll,d an s
fa méthode très-compliquée & très-difpendieufe ;
notre but a été de donner une idée générale de
fes principes, dont chacun peut faire l’application
qu’il jugera convenable , en fai fan t la diffô-t
renee de fon climat à celui de l’Angleterre.
Syflême de culture de M. Duhamel.
« Les principes de culture de M. Duhamel fe
rédùifent en général à ces objets ; i.° au choix
des inftrumens de labourage; 2.0 à la fréquence
des labours & à la manière de les exécuter ; 3.® à
l’épargne de la femence ;4 (° à la façon de cultiver
les plantes pendant qu’elles végètent &c. M. Duhamel
efl perfuadé que, pour faire une culture con*
venàble, il faut choifir desinftrnmens de labourage