
pour qu’au rems de la récolte,, la faux ne frouve
point de réfiftance , St pour qu’elle ne jette point
fur le fourrage, auquel elle le mêleroit, les parcelles
de terre proéminentes, dont elle abatteroit
la lurface inégale. L ’emploi de la herfe ou du
rouleau parera à cet inconvénient.
La terre ainfi labourée, ameublie, nivelée,
on peut cultiver le Chou à faucher de trois ;
manières.
1 . ° On peut employer à fa culture les jachères,
le femer au mois d’Août St le récolter l’anné;.
fuivante.
2. ° On peut le femer dans une terre quelconque,
& en jouir pendant deux années.
3/ Enfin on peut ne le femer qu’au Printems,
pour en tirer le produit jufqw’aux froids.
Dans le premier cas, aufii-tôt après la récolte
des bleds de Mars, on arrache la terre à l’inertie
des jachères, on le prépare promptement pour
qu’à la fin d’Àoût on puîné femer le- Chou.
Trois livres de bonnes graines fuffifent pour en-
femencer un arpent.
Les feuilles de la plante étant beaucoup plus
longues & plus larges que celles de la navette,
on la fèine plus claire qu*elle, autrement les
plantes s’étoufferoient.
On ne pourroit même que regagner amplement
des peines, fi Ton vouloit donner'aux
derniers plans huit à dix pouces de diftance
entr’eux.
A la fin de Septembre, en OélobreSt Novembre,
félon la température du climat, Ton peut
récolter de ces feu i P es *, cette plante ne fe repofe
point en Hiver, elle végète fous la neige, St
donne quelques feuilles.dont on peut faire ufage;
mais c’eft fur-tout au mois de Mars, qu’avec une
nouvelle verdure dont elle récrée les yeux, fatigués
par la vue des frimats, elle vient s’offrir
à la main du Cultivateur , pour être cueillie de
nouveau. Ses feuilles s’enlèvent fuccefîivement ■
ainfi jufqu’à la fin d’Avril ; époque à laquelle
on laiffe la plante pouffer fes tiges, donner des
fleurs & porter fes graines.
Les herbes parafites ne font pas à redouter
flans cette culture •, elles n,e peuvent nuire au
Chou. La vivacité de fa végétation prévient le
mal qu’elles pourroient lui faire, St fes feuilles '
larges les couvrent & les étouffent. Ainfi, le far-
clage ne lui eft utile que pour renouveller la
terre autour de la plante, & il peut fe faire
avec la herfe, que fo.n paffe alors dans ce
Champ, après chaque coupe. „
Dans la fécondé fupponrion, c’eff- à- dire ,
fl fon peut donner à ce Chou une terre où il
puiffe reffer deux années, on le feme dès le mois
fle Mars, on le fauche en Mai ; de fix en fix
femaines ôn le fauche encore, jufqu’à l’entrée
fle l’Hiver. Au retour du Printems on en retire
encore les feuilles 3 mais, après Une-ou deux .
récoltes, on le laiffe formerTes tiges, & monter
en graines.
Dans la troifième hypothèfe, fi l’on feme
. fur une terre quelconque le Chou à faucher
c’eft également au Printems qu’il faut faire cette
femaille, & alors la récolte finit à l’arrière fai-
fon.
L ’on peut femer ce Chou depuis le mois de
Mars jufgu’au mois de Septembre ; plus il efl
femé tard , moins on en tirera de récoltes.
11 ne faut pas s’appéfantir ici pour prouver
que la manière de cultiver lë Chou>if faucher la
plus avantageufe' en celle fuivant laquelle en
le laiffe deux années fur terre, puifqu’on a plus
de fourrage que dans la première hypothèfe, &
que Ton obtient de la graine que Ton ne recueille
pas dans la troifième fuppofition.
P e la récolte des feuilles.
Où finit la culture, commence ordinairement
lâ récoire*, mais , à l’égard du Chou à faucher,
une partie de la récolte fait une partie de la
culture , comme on vient’ de le voir ; & , fi {’effeuillage
n’eft point auffi eîTentiel au Chou dont
nous parlons qu’à la racine de-difetre, qui ne
gro{Tiroir pas fi elle n’étoit effeuillée ; il n’eft pas
moins néceffaire au Chou dont on diminueroit
le produit, fi on ne conpoit pas fes feuilles, &
qui, par l’odeur de celles qui fe po.urriroient,
pourroit contrôler un mauvais goût.
Quand on cultive cette plante en grand , on
préfère le fauchage au faucillage ; on la faucille
par poignées comme on coupe l’herbe-, en
la fauchant, il eft feulement eflentiel de ne pas
trop appuyer fur le talon delà fâulx , pour ne
pas couper avec les feuilles le coeur même de la
plante, 'qui alors ne repouffent plus que pat des
rtjetsf
Lorfque les feuilles ont douze pouces de
long, il eft bon de Igs récolter, St il faut commencer
à les faucher. On réferve la fàulx pour
les grandes récoltes, 8c quand on veur faire du
fourrage fec, ou quand la quantité dé" beftiaux
l’exige , autrement la feuille fnffit pour les pio-
vifions journalières que font ,ordinairement les
enfans & les filles de baffe - cou r , qui ne peuvent
manier la faulx.
Récolte de la graine du Choux h. faucher.
De quelque manière que fe fàffe la culture
de ce Chou, la récolte de la graine fe fait ordinairement
dans la fécondé année fur la fin de
Juin. C’eft l’époque que Ton doit le plus foigneu-
fement choifîr : plus tard , les filiques qui contiennent
fa graine , s’ouvriroient toutes feules,
& la meilleure fe perdroit ; plus tô t , les graines
ne feroiem pas à leur maturité. Quand les codes
bianchiffent, jauniffept ou bnmifiem vers
pédicule, que les filiques inférieures qui contiens
nent la meilleure graine,' commencent à s’en-. !
tr’ouvrir , que la graine que l’on y voit eft dureSt |
brune , alors on eft certain qu’elle eft mûre3 & ,
làns attendre pour les .premières une plus grande
maturité, on peut mettre la faucille dans fon
champ, & î’on peur être fur cTailleurs qu’il y a
toujours un tiers des grains qui mûrit lorfqu’on
les a mis en tas. . „ . .
Maisxe n’eft pas fans attention que Ion doit
mettre la faucille à fes champs de Choux ; c’eft
dès le matin quand la rofée eft encore fur ies
ti^es, que Ton doit faire fa récolte: la faucille
dont on fe fert doit être longue &. tranchante , 8t
non dentelée, parce qu’il eft très-important qu’elle
coupe net les tiges, fans lesébranler, pour que
la fecôuffe ne faffe pas tomber les graines les
plus mûres.
La meilleure manière de récolter cette graine,
& que j’ai employé pendant fix ans avec le plus
grand fuccès, &qui peut être commune au Chou
à faucher, au colfa, à la navette, eft la fuivante.
Dès que les tiges font coupées, on les conduit
dans des charrettes tendues de toile jufqu’à la
grange , ou tout autre endroit fec & abrité. On
en ferme de petites meules conftruites , comme
celles du bled, en obfervantde mettre les filiques
en -dedans & les tiges en -'dehors ; par -deflùs
ces petits tas, on rhet de vieilles portes ou des
planches que Ton charge avec des pierres, pour
que les tiges fe ferrent 81 s’échauffent.
Selon la tempérance plus ou moins chaude
du lieu, on lailié ainfi les graines ferrées pendant
Tefpacede trois à fix jours : au bout de trois,
il eft effentiei d’examiner fi le dedans, des ras
eft bien chaud, s’il commence à fumer, à exhaler
une odeur mauvaife ; S t, files gonfles paroilïent
pourries, il eft tems d’ouvrir les petites meules.
On prend alors les tiges par poignée, on les fe-
coue fucceffivement fur une place préparée à
■ côté de ces meules ou tas. Comme les graines
n’ont pas acquis toute;leur dureté, c’eft avec
la main , .& non pas avec des baguettes, que Ton
doit fecouer cës tiges, St même lorfque Ton fait
cette opération ., c’eft une précaution néceffaire
d’ôter fa ohaûffure. ; |
Lés graines ayant inégalement mûri dans les
champs, mûriffent aufti inégalement dans les tas.
Quand on a lecoué lesgouifes, & que la graine
mûre eft tombée, il faut, avec les mêmes tiges
où il ne refte plus que des gouftes vertes >. former
de nouveaux tas, qui à l’aide des procédés
employés pour les premiers, mûrifient à leur
tour. Quand enfin tout eft mûr , on détruit le
premier tas, on étale les tiges dariS'un. endroit
aéré, St dès qu!elles font sèches * on les. bat avec
des gaules courbées, pour en faire fortir le refte
de la graine: Toute la graine fe met alors fur
des draps, que.Ton .expWe dans un endroit «ù
l’air circule librement, mais où le foleil ne
donne pas. On laretourne. tous, les jours, pour
éviter la germination qui lui feroit pernicieufe,
& qui anéantiroit fon produit dans tous lesgen res..
Quand elle eft parfaitement sèche, on la nétoie
feulement au van, St on la conlerve dans un
grenier, où il faut avoir l’attention de la remuer
de tems-en - tems.
Lefimple expofé de la manipulation qu’exige
la récolte de la graine du Chou à faucher, doit
faire connoître aux Cultivateurs que l’examen
du degré précis de la fermentation des meules
ne doit pas être indiftinélement confié à des fu-
balternes peu foigneux ou peu intelli^lns, dont
l’ignorance ou l’inertie pourroit faire perdre
les plus précieufes récoltes.
Avantage du Chou à faucher.
Si ce que j’ai ditjufqu’içi n’offre qu’un fimple
développement d une culture peu connue , les
avantages qui en réfultent la rendront néceffai-
rement intéreffante à tout Amateur d’Agriculture.
Pendant toute la première année, ce Chou
donne un fourrage très-n ou rrifl'ant pour les bei-
tiaüx , & un bon légume pour les hommes.'
Au retour du Printems,. les.feuilles renaif-
fanres de cette plantes, viéTorieufe.s des frimats •
auxquels elle rélifte, viennent non - feulement
offrir à nos yeux le premier verd fi délicieux qui
nous fait oublier le trifte tableau de l’Hiver 3
mais elles nous préfentent de nouveau un légume
tendre & délicat dont Thonvme fe fait à
lui-même un aliment fain St agréable : elles
n’ont point le goût de celles des autres Choux:
elles portent, pour ainfi dire, avec elles leur
graiffe, comme toutes les plantes oléagineufes ;
St, par cette raifon, font plus précieufes aux
habitans de la campagne. On peut les manger au
maigre comme au gras. 11 ne faut pour les cuire,
que jetter fur elles de l’eau bouillante ; fi on les
faifoit bouillir comme les autres Choux, on leur
feroit perdre une partie de leur fubftance St do
leur faveur. Il n’eft pas furprenant, comme on
le -voit en Allemagne, qu’on mette au rang des
plus agréables légumes, lesfeuilles de cette plante,
St qu’on la cultive dans ce pays fous ce rapport.
En la cultivant de même, je fus frappé de fa
reproduction continuelle St rapide , St j’ai voulu
tenter d’en faire .des eflais comme fourrage , e f-
fais que des Auteurs Allemands, qui ont écrit
poftéiieurement à nos -tentatives , annoncent
dans leurs Ouvrages ne pouvoir pas être infruc-
tueux.
Semé au mois de Mai, en plein champ , dans
une terre très - ordinaire qui, par T ufage , eût
été condamnée à refter en jachères, mon Cho»
me fournit encore trois coupes abondants. Tous,
les animaux de baffe- cour mangent cette plante
£YCÇ avidité, St le lait des vaches qui. en furent