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huit â neuf ponces de hauteur, portant à fon
Commet huit à dix rayons rapprochés, avec chacun
une fleur à tube, dont l'évafement le partage
en cinq parties -, ces fleurs font de couleur
de6 chair & odorantes; cette plante eft vivace ;
elle le trouve dans les lieux ombragés St irais
des montagnes de l ’Italie & de l’Autriche, &dans
B Sibérie, ' ■ '
i Cortule de. Gmelin. Celle-ci eft dans tontes
Ces proportions , plus petite que la précédente,
fon ombelle eft moins garnie, mais les calices
font plus grands, & les Corolles font plus petites
qu’eux. Elle eft vivace «c de la Sibérie.
' Culture. Quoiqu’il foit alfez généralement reçu
dans le jardinage, que les Cortufes fe con-
fervent difficilement dans les parterres, St qu U
faille les mettre en pots à l’ombre , en W arro-
fant beaucoup , fur-tout pendant les chaleurs ,
on ne fera point affujetti à cote culture particulière,
dans un fonds frais Sc argilleux, au
moins pour l’elpèce » 1 , ou cette plante eft
vigoureufe, & fe multiplie par lesoeilletonsqu on
a foin d’en détacher à la Saint-Michel , & de
planter à l'ombre & au' Nord. Mais ces fonds
riches' dans îefquelsune infinité de plantes,ve-
optent luxurieufement, St fe confervent prefque;
à 'v o lon té , font rares, & par-tout ailleurs , la
Cortufe fe cultive comme 1 Oreillerd Ours, en
la mettant, à l’argilie, pure, dans un pot que,
pendant l’hiVer, l’on couche au pied d.un mur,-
au Nord. On ne doit point en attendre.de graines
, lors même qu'elle eft cultivée en pleine
Nous n’avons point cultivé le N, 1. Miller
prévient qu’il eft fort difficile de le çonferver
dans les jardins, mais nous n’en conclurons pas
riaoureufement, qu’il ne tpuifle point réuflir en
pleine, terre , auprès de l'autre. On ne peut au
furplus, à notre avis., le .gouverner en pot quç,
comme lui- pflfnjg \
Ufages. D’après ce que nous venons d expoler.
fu r la culture, on fent que l’qnlité de la Cor-
mfe , comme plante baffe , pour l’ornement des
jardins , eft relative à la nature, du loi. S il eft
léger & chaud, elle ne pourra que paraître , ;à
la fleur, dans un coin du théâtre des Oreilles
d’Ours. Les Cortufes. font recherchées pour les
jardins des Curieux & pour ■ de Botanique.
La Cortufe de Matthiole psffe pour aftringeme
St vulnéraire. ( E. A . Qve'shé. )
CORVÉE, CORVAGE.CORVAIGE,
CORVEYRAC.
Les Étvmblogiftés fe font prefquWam exercés
für'l’origine de ce mot, que Içs Politiques & les
Philofophes fe font exercés1 fut la choie.; L origine
la plns'vraifemblable du!motfertx«, parce
qu elle s’accorde avec le langage ufité à 1 ep'oque
dç la naiüimce du gouYerneane rirféodal, eft celiç
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qui le fait dériver de Cor ou Corps 8c de Vie
qui fignifioit alors peine, travail. C’eft, en effet,
un Ouvrage de corps, gratuit, exigé des communautés
ou des particuliers, foit pour conf-
truire ou réparer les ponts, les chauffées, les
chemins, foit pour d’autres travaux utiles.
Si l’on ne confultoit que l’opinion la plus
générale, & l’elpèce de défaveur que les lumières
de la Philofophie ont répandue depuis long-
tems fur un mot qui rappelle des idées d’efclavage
, de contrainte & d'arbitraire, il faudroit
le rayer des Diélionnaires modernes, avec le
même foin qu’on a mis à la définition de la
chofe qu’il exprime. Mais, indépendamment de
l’utilité in conte fiable de çonferver la mémoire
de tout ce qui a exifié, il eft* peut-être d’autres
points-de-vue, également importans pour l’humanité,
qui nous preferivent de ne point oublier
le mot Corvée dans ce Diélionnaire. Nous écarterons,
fans doute, de cet article toutes les dif-
cuflions.de l’ancienne Jurifprudence; mais, nous
rapportant fans ceffe à cés principes immuables
de juftice & de liberté qu’on peut regarder comme
la bafe de la Jurifprudençè univerfelle, nous
prouverons peut-être que les défenfeurs & les
détracteurs des Corvées font allés beaucoup trop
loin dans leurs prétentions| que les uns, en voulant
confacrer indiftinélement tout ce qu’un ufage
ancien, mais fouvent vexatoire & tyrannique,
avoir maintenu depuis plufieur^ fiècles, - font
tombés dans des abfurdités fans nombre*, que
les autres, fe laiflant emporter par rénthoufiafme
de l’humanité j ont quelquefois condamné trop
légèrement, ont enveloppé dans une profeription
,trop générale, une foule d’ufages utiles, & que
ni les uns ni les autres n’ont appliqué avec fuccès
ÎJf principe protecteur des grandes fociétés, qui
•place'ie bien général au-deflusdu bien particulier.
; Mais il ne s’agir point ici de difeuter minu-
tieufement& avec tout le fcrupuledu pédantifme,
les objeélions qui font faites par les uns & par
les autres , ou celles qu’on peut leur faire ; il
faut Amplement expofer ce qui étoit, & les faits,
•accompagnés de courtes réflexions, inftruiront
;aflez le LeCteur de ce qu’il doit croire, & lui
ferontappercevoirl’influence, fouvent, & même
; prefque toujours furiéfte, des Corvées fur l’A-
^griculture.' -
On pouvoit les réduire à ;deux efpèces; le*
Corvées dues à des particuliers, & les Corvées
,dûes à l’Etat.
Cette divifion feule annonce déjà que le mot
'de Corvée a été appliqué à deux chofes rrès-
différepçês ; & que l’éne pourfoit être injufte,
fans que1 l’autre lé fut.
■ Pôur qu’une Corvée particulière pût être jufte>
il faudroit que, nomfçulemeht elle ne fût point
ufurpée; îxîais encore, qu’elle ne tournât p-*« *
uil détriment troc notable de la propriété réelle
ou induflrielle de celui qui la fupporferoir ; car,
v pour
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'fjour qu’elle fût jufte, il faudroit qu’elle fût
fondée fur une Convention, un contrat mutuel,
.& un homrn^ libre ne peut pas faire, s’il n’y efl
'contraint par la force, un contrat où fa propriété
réelle ou induflrielîe foit évidemment léfée,
fans qu’il en foit dédommagé proportionnellement.
Pour qu’une Corvée dûé à l’Etat foit jufte,
il fuffir qu’elle foit réellement utile à tous, &
fupportée proportionnellement par tous.
Ces principes font inconteftables & offrent,
•à ce qu’il nous femble, le véritable afpeél fous
lequel il faut confidérer les Corvées générales &
particulières. C’eft la Loi qui doit les juger ; car,
ii on vouloît les condamner toutes fans diftinc-
tion, on^Tifqueroir de convenir qu’il eft des cas
où le bien général évident ne peut obliger les
particuliers, & qu’il eft injufte d’impofer à un
individu un travail qu’on ne peut pas faire foi-
même, quoiqu’on fbit convenu avec lui de la
manière de l’en dédommager.
Nul doute que les Corvées ne loient nées du droit
du plus fort,. & que leur mode ne porte l’empreinte
de l’efclavage auquel elles ont fuccédé.
C’eft, en quelque forte, la nuance par laquelle
les peuples modernes ont été conduits de la fer-
vitude à la liberté ^ mais cette nuance confervant
d’abord la teinte fombre, & aviliflante de fon
origine, a éprouvé fueceflrvement des dégradations
de couleur, qui peu-à-peu l’ont rendue
moins fâcheufe.
• En effet, les Romains qui nous donnèrent
leurs Lo ix , dans un moment où elles nous furent
fi utiles, nous ont auflt fourni le modèle des
. Corvées. Lorfque le Maître affranchifioit une
Efclave, il avoir coutume de le gréver de différentes
prédations envers lu i, notamment de
l’obligation de faire tels ou tels travaux. Cet
ufage étoit général dans tout l’Empire. Il exiftoit
conféquemment dans les Gaules à l’époque de
la conquête, & les Francs l’y trouvèrent établi.
Ils avoient amené des ferfs avec eux , & le
• droit de la guerre les multiplia prodigieufement.
Lorfqu’ils les affranchirent, cet arfranchiflement
fut à-peu-près femblable à celui dont ils avoient
le modèle fous les yeux. Le ferf pafla de la
fervitude de la glèbe, à ce que depuis on a appelé
main-morte; aufli l’ancienne maxime t!u
droit François étoit—elle : Tout main-mortable efl
Corvéable,
Si l’on n’applique la dénomination de Corvées
qu à de pareils engagemens dont l’exécution eft
aufli aviliflante pour l’humanité, qu’onéreufe à
ceux qui y font fournis, la fupprefliôn d’un
pareil droit efl moins un bienfait qu’une juftice.
Aufli, depuis long-temps, tous les hommes fen-r
fibles & éclairés gémiflbient-ils de l’exiftence des
Corvées confidérées fous ce point-de-vue. Des
préjugés invétérés, l’intérêt mal entendu du Gou-
vernemenr, dés Grands & des Riches} fortement
•Agriculture. Tome l l l %
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attachés à des Privilèges vexatoires, luttèrent longtemps
pour les êternifer; mais la Philofophie prévalut
dès le commencement du> dernier Régne ,
Sc la hache bienfaifante de la réforme a été
portée fur le« racine» d’un abus fi nuifible au
bien général.
On fe rappelle maintenant avec horreur, qu’il
ait pu exifter au milieu d’une fociété libre &
civiufée ; on envifage, avec effroi, l’influence
funefte qu’il exerçoit fur l’Agriculture & les ha-
birans des campagnes*, on fent combien il étoit
injufte qu’un malheureux journalier, qui n’avoit
que fes bras pour fe procurer la fubfiftance, fût
forcé d’abandonner une famille affamée pour
aller travailler gratuitement, quelquefois à plu-
fieurs lieues de fon domicile ; ou qu’un Laboureur
inquiet ne cultivât pas tranquillement fort
champ, & fût impitoyablement afraché à fa
charrue, fouvent dans les momens les plus précieux.
Ceux qui auraient befoin de détails pour
fe convaincre des fuites défaftreufes d’un pareil
fléau., méritent peu qu’on s’occupe des moyens
de les perfuader.
On fentira encore mieux toute la reconnoifiance
qu’on doit aux Princes qui ont donné l’exemple
de la deftruélion des Corvées confidérées fous
ce point-de-vue, & aux hommes éclairés qui
n’ont ceflé de la follicitér, lorfquon réfléchira
fur les progrès qu’avoit faits fucceflivemenr cette
inftitution tyrannique ; lorfqu’on verra que ,
dans quelques endroits, les Corvées publiques ou
particulières étoient copimandées & dirigées par
le defpotifme le plus odieux.
Cependant, fi quelques exemples ne juftifient
que trop la févérité de ces réflexions, on doit
aimer à obfèrver qu’ils étoient beaucoup plus
rares qu’on ne penfe. Il étoit bien difficile que
l’efprit humain fe laiffât guider par le flambeau
de la raifon, & que les Corvées puflent con-
ferver tout ce qui devoit les faire proferire. Dans
un grand nombre de contrées, elles n’avoient
plus rien d’impur que leur origine, & elles
avoient été modifiées par des principes de ju ftice
& d’humanité ; cela étoit vrai fur-toüt de
beaucoup de Corvées particulières.
Ce n’étoit point aflez, fans dout$, pour les
juftifier ; mais c’étoit aflez pour annoncer que
leur deftruétion ne pouvoit manquer d’être prochaine,
& pour amener des réflexions confolantes
fur un fiècle dont on difoit tant de mai.
Il feroit trop long, fms doute , d’offrir un
tableau de ces vexations*, femblable à Procée „
la Corvée prenoir routes les formes, même celle
d’une inutilité infultante, &-fous quelque forme
que ce fût, elle étoit toujours onéreufe à celui
qui en étoit, chargé, fouvent fans être profitable
à celui qui l’exigeoit.
Ces Corvées particulières fe diftinguoient en
perfonnelles., r.éelles .& mixtes.
On appelloit perfonnelles, celles qui étoient y y r