
74 C H A
Il eft bon de faire placer au milieu de chaque
panneau , dans .fa largeur & au - deflus , une
petite tringle de fe r , pour empêcher que les
iraverfes ne tombent dans le milieu, & n’oc-
cafionnent le brifement des verres. Cette précaution
, peudjfpendieufe , confère les panneaux,
& les met en état de 'fervir pendant un plus
grand nombre d’années.
Comme on eft fouvent obligé de donner de
l’air fous les chaffis, & d’ouvrir les panneaux
à différentes haureurs, il ,eft néceffaire d’établir
des cramai] lères , tant fur le devant que fur le
derrière. Dans quelques endroits, elles font
fixées à la caille du chaffis .& faitesen fer plat,
percé de trous à différentes haureurs , pour r.eé
xevoir un piton en bec de corbin, qui eft fixé
au milieu du cadre dp ,chaque panneau,: à fes deux
extrémités. On lève d’une main, le panneau,, fuit
par en - bas, loit par en - haut, & de l’autre on
tient la cramaillère que l’on conduit en face du
piton , & on lé fait entrer, dans un des trous
qui fe trouve à-ia hauteur convenable, pour.aërer
le Chaffis. Dans d’autres lieux, on; remplit le
même objet à beaucoup moins; de frais.-On a
tout fimplempnt des planches‘ d’on, pouce &
demi d’épaiffeur, de trois pieds de long & de
quatre pouces de large, dans lefquellespn taille
des crans de dix-huit lignes de profondeur. Cette
efpèce de cramaillère n'eft point fixée au Chaffis -,
lorfqne l’on veut donner de l’air, on lapofefur
le bord fupérieur de la caiffe, où elle eft retenue
au moyen d une entaille pratiquée à fa partie inférieure
on ia dreffe ,& l’on pôle le cadre du
panneau fur le cran qu’on a choifi pour l’ouverture
du Chaffis.
Les fleuriftes de Paris & des environs conftrui-
fent les caiffes de leurs Chaffis en bois de lapin,
parce qu’il eft le moins coûteux ; d’autres les
établiftent en bois de chêne qui a fervi à faire
des bateaux. Mais ceux qui recherchent la plus
grande folidité les font faire en bois de chêne de
forte épailfeur. Quant aux panneaux qui portent
les verres, on les établit prefque toujours en
bon bois de chêne, bien fec, parce qu’ils ont
encore befoin de plus de folidité que le refte
«lu Chaffis.
Il eft indifpenfable de couvrir ces uftenfiies de
plufieurs couches d’huile en-dehors, & d’enduire
l ’intérieur de la caide d’une couche de goudron.
Chaque année , il eft bon de donner une couche
de peinture aux caiffes ; cette précaution les
fait durer plus long - tems, & indemnife amplement
de la dépenîe qu’elle 'occafion ne • fi l’on
y ajoute celle de placer fous des hangards les
caiffes & les panneaux, lorfqu’ils ne font point
utiles fur les couches, iis pourront durer dix
à douze ans, fans avoir befoin d’être renou-
▼ ellés.
Les Chaffis à melons fe placent fur les couches,
lorfqu’elles ont été bâties & chargées. On les ,
CH A
1 pôle'dans la direction de l’Efi à l’Oneft , de ms*
mère qu’ils préfentent leur plan incliné en
face du Midi. S’ils font deftinés à fervir pendant
l ’Eté, on les pofe horizontalement fur la couche;
parce qu’aldrs lefoleil étant élevé fur l’horizon,
ils reçoivent fes rayons plus perpendiculairement;
mais s’ils doivent être occupés pendan t l’Automne
pu l’Hiver, il convient de leur donner un degré
d’inclinaifon du Nord au Sud, qui réponde à-
i peu-près au degré d’obliquité que les rayons
du foleil ont dans ces deux faifons. Pour cet effet,
on établit la couche en manière d’ados où l’on
exhaufle la caille des Chaffis parderrière avec
des-bourrelet-s de litière, placés, .entre la :couche
& les; bords inférieurs de la caîffe.
Les Chaffis font - ils deftinés à des femis ? II
eft bon que le terre - plein de la couche ne foit
pas éloigné des vitres des panneaux de plus de
fix pouces. Uu plus grand éloignement nüiroit à
la germination, & occafionneroit l’étiolement des
jeunes plantes qui leveroient ; d’un autre côté,
li le foleil eft quelques jours fans paroître,
ce qui eft affez commun dans notre climat, pendant
la mauvaife faifon , les-jeunes plants fe
fondent, & le cultivateur perd toutes les efpé-
rances. En général, plus les plantes font rapprochées
des vitraux (' pourvu toutes fois qu’elles
n’en foient pas affaifféês ) , mieux elles fe confervent
& végètent.-
Ufage. Les Chaffis à melpns fervent d’abord à
la culture de ce légume fruitier, aux concombres,,
aux falades de primeur de différentes efpèces,
aux femis des plantes annuelles, deflinées à l’ornement
des parterres, & enfin à garantir, pen-t
dant l ’Hiver , les plantes de pleine terre qui font
délicates., & qui craignent plus l’humidité que le
froid.
Les foins journaliers qu’exigent les cultures
qui fe font fous ces Chaftis, fe réduifent à des
arrofemens & à des baffinages, àouvrir & fermer
les Chaffis, pour renouveller l’air ou conferver
la chaleur, à les couvrir de paillaflons, de nattes
ou de litière , pour les préferver du froid , &
enfin à faire des réchaux pour conferver le même
degré de chaleur, ou l’aviver , lorfqu’il .en eft
néceffaire , pour accélérer la maturité des fruits,
ou perfectionner les légumes.
La fécondé forte de Chaffis, qu’on peut nommer
Chaffis de primeurs, ne diffère des premiers
qu’en ce qu’ils font plus élevés, & fabriqués
plus folidement dans routes leurs parties. Laçai ffe
de ceux - ci a ordinairement deux pieds &demi
de haut fur le derrière, & un pied fur le devant.
On les conftruiten bois ou en fer. Ceux en bois
ne diffèrent des Chaffis à melons que par leurs
dimenfions plus étendues. Nous n’en ferons pas
une defcriprion particulière , celle des premiers
eft fuffifante ; nous nous contenterons d’oblerver
qu’il faut employer des bois plus forts & plus
foins pour ceux- ci que pour les autres ; qui!
c H A
faut auffi donner plus de folidité à la caiffe, paf
des équerres de fer de bonne longueur, placés
à tous les angles - mais les. Chaffis en fer exigent
que nous les fâffions connoître plus particulièrement.
Les Chaffis de fer ont les mêmes dimenfions
que les Chaffis en bois ; mais la manière de les
conftruire eft différente. On leur donne ordinairement
dix-huit piedsde long, quatre de large,
vingt- fix pouces d’élévation fur le derrière ,
& dix - huit pouces fur le devant. Le cadre fupérieur
delà caiffe qui foutientles panneaux de
verre, ainfi que le cadre inférieur qui porte
fur la couche, eft formé avec des barres de fer
d’un pouce quarré. Ces cadres font aflèmblés &
tenus à diftance convenable , par des montans
de fer, placés aux quatre angles & fur les deux
côtés. Ils defeendent au - défions du cadre inférieur
d’environ trois pieds, & fe terminent en
pattes,,,pour être affujettis &.fcellés plus fblide-
menr. Le côté de la; caiffe le plus élevé eft garni
en feuilles de tôle de forte épailfeur, & jointes
enfemble par des clous rivés des deux côtés. Elles
font traverfées dans leur largeur par des. bandes
de fer plat auxquelles elles font affujetties,
comme celles - ci le font aux cadres du fond.
La partie de la caiffe du devant , au lieu d’être
pleine tomme.dans les autres Chaffis, eft dif-
pofée à recevoir des carreaux. Il en eft de même
des deux extrémités q.ui, pour cet effet , font di-
vifées par trois montans', de fer?, plat, de quatorze
Ignés de large, & qui portent clans leur
milieu, une petite tringle de .fer quarrée,. de
fix lignes d’épaiffeur, pour fervir de rainure &
recevoir les carreaux de verre.
Les panneaux deftinés à couvrir la çaaffe ne
doivent pas avoir- plus de trois pieds de large,
fur une longueur déterminée par l’écartement
des caches de la caiffe. Leur cadre particulier
eft fait en fer d’un pouce de largeur, fur fix lignes
d épaiffeur , & les deux montans qui les traversent
dans leur largeur, doivent être faits enfer
moins épais.
Ces panneaux font portés fur les deux bords;
de la caiffe ; ils y font retenus folidement, dans
une feuillure pratiquée au moyen d’une bande
de fer qui eft appliquée contre le cadre fupérieur
de la caiffe, fur le devant, &/qui ledé-
paffe de l’épaiffeur du panneau. Il eft inutilede
faire une pareille feuillure fur le derrière, parce,
que la pefameur des panneaux fuffit pour les
maintenir à leur place. Mais, pour empêcher
l écartement des deux bords de la caiffe , il eft
bon de placer dans le milieu une traverfe qui
les fixe à égale diftance. Cette traverfe doit s’enlever
à volonté ; pour ne pas gêner les ouvriers,
lorfqu’ils bâtiffent la coUGhe.
On fent aifémem que de pareils Chaffis ne peuvent
être tranfportéa fur les couches; ils les couperaient
par leur pefameur, & defeendroient
C H ‘A
au—deffous du niveau néceffaire à la culture ;
il faut donc qu’ils foient établis en place , & que
leurs montans foient fcellés en terre , à fix ou
huit pouces de profondeur. Seulement, lorfqu’on
veut bâtir les couches, on enlève les panneaux
de deffus la caille , & on ôte la barre du milieu.
Ces .couches doivent être très— ferrées & ne
s’élever ;qu’à fix pouces au -deffous du bord du
devant de la caiffe. Mais, pour empêcher que
les carreaux de vitre de la. bande du devant ne
foient brifés par la preffion du fumier , on pofe
une planche .entre les carreaux & Je fumier,
ce qui les garantit de tout accident. Lorfque
la couche eft ainfi établie en fumier , on la charge
de terreau, jnfquau niveau du bord fupérieur
du devant, de la caiffe , quand elle feroit même
de quelques pouces plus haut, il y auroit moins
d’inGonvéniens qu’à la laiffer au - deffous, attendu
que le fumier venant à s’échauffer, la
couche diminue de hauteur , & s’affaiffe dans
l’efpace de quinze jours, de fix ou huit pouces.
Alors on retire la planche qui a fervi à garantir
les vitres de la preffion du fumier.
Ces Chaffis doivent avoir aufii des cramai Hères
en fe r , mais feulement fur le derrière, parce
qu’il n’eft pas néceffaire de lever les panneaux
dans un aurre fens . On place également des poignées
aux deux extrémités de chaque panneau,
afin de. pouvoir les tranfporter fûrement &avee
ai fan ce. Enfin il eft pareillement indifpenfable
de faire couvrir ces- uftenfiies. de trois couches
de peinture à l’huile, & de répéter cet-te opération
toutes- les- fois qu’on s’apperçoir que la
peinture a été détruite par la rouille & par la
chaleur du fumier.
Ufage. Les Chaffis de la deuxième efpèce , &
fur-tout ceux qui font en bois, font employés
à la culture' des-.iéguines de primeur qui. ont une
certaine élévation tels que les pois, les haricots-,
les afperges, &c. Les fleuriftes de Paris s’én fervent
avec fuccès pour faire fleurir, dès le mois
de Janvier, les lilas de Perfe, les fyringa , les
boules de neige, les différentes efpèees de rofïen,
& particulièrement la rofe des quatre faifons-,
les jacinthes & autres fleurs odorantes ou agréables.
Ces mêmes Chaffis, faits, en fer , ont été
exécutés , pour la première fois , au Jardin des
plantes de Paris,, en 1786; ils ne font guères
employés que dans les Jardins de Boranique-
On.s’en fert pour la culture des femis de plantes
étrangères, qui croiffent entre les Tropiques ou
fous la Zon ne torride.
On les emploie encore pour repiquer & faire
reprendre ces mêmes plantes dans leur jeuneffe ;
ils lervent enfin à- petfèétionner les femences
des plantes des climats chauds, & à les défendre
des premiers froids de l’Automne.
Le« Chaffis de la troifième efpèce , qu’on peut
nommer Chaffis des plantes du Cap ou des lilia-
K ij