
554 C 0 T , . „ Méthode de Cultiver le Cotonnier a Surinam. Publie
en Hollandois par A . Blom. ( Koyq Ver.
handeling Van den Landbouw in de Colonie
Suriname. )
L’arbre qui porte le Coton, eft proprement
dit un arbnffewi, ayant pluiieurs racines tor-
tueufes qui n’ont que très-peu de chevelu; de
trois ou cinq pieds de long, félon la bonté du
fol dans lequel il eft planté. Ces racines ne se-
tendent pas très-profondément en terre, mais
elles tracent horizontalement à quatre ou cinq
Douces de profondeur d’après que le terrem leur
convient-, la qualité de la terre détermine
également la force, & la foibleffe des Cotonniers.
On plante la graine du Cotonnier comme celle
du Cacao, trois ou quatre dans chaque trou ;
quand elles commencent à pouffer , on arrache
les plus foibles pour ne laiffer fubfifter que les
plus fortï-ou ceux qui promettent le plus, car
il ne convient pas de les tranfplanter ou de les re—
piquer. La -raine: ne doit être tnife en terre
qu’à très-peu de profondeur; fi l’on sème pendant
la faifon pluvieufe, on la met fur la
lurface, en la couvrant avec très - peu de
terre; car, placée à trop de profondeur , elle
pourrit trè,-facilement. Quatre ou cinq jours
après que la graine a été plantée, les jeunes plan tes
paroiffent, qui en très - peu de tems pouffent
une tige d’ un pouce d’épaiffeur; avec très—peu
de branches latérales; en fix ou fept femaines
les tiCTes acquièrent fouvent une hauteur de fix
à fept pieds. Si l’on laiffoit ainfi croître les jeunes
Cotonniers, ils arriveroient en quatre mois de
tems à dix ou douze pieds de hauteur, lans le
charger des branches néceffaires, & fans pro-
duire la quantité de fruits qu on a droit d attendre.
Mais comme on fait , par expériences que plus,
cet arbriffeau poulie de branches, plus il produit
de fruit, on en coupe après cinq ou fix
femaincs toutes les extrémités fupéneures, au
point qu’il ne refie que de deux pieds & demie
de haut. Les tiges ainfi coupées, fe chargent de
nouveaux en très-peu de tems d’un grand nombre
de branches, qui dans l'efpace de quatre mois
ont une longueur de cinq ou fix pieds ; elles
croiffent tome en ligne honzonta.e, & procu-
rent par cette polîtion à 1 arbriffeau une elpèce
de couronne. Dans cet état, on regarde le Cotonnier
ayant tout fon accroiffement en rapport.
A mefure que les branches iatérales pouffent îur
«tige elles fe chargent à chaque noeud ou articulation
d’environ quatre pouces de longueur,
des feuilles femblables à celles de la vigne; a
l'extrémité de, branches très - fluettes paroît au
bout de quelque tems la fleur qui a quelque-
reflemblance avec une tulipe, & qui eft com-
oofée de cinq pétales jaunâtres. Quand les fleurs
commencent à fe faner & à tomber, on apperçoit
dans leur milieu le fruit, fous la figure d’un
C O T
petit bouton, qui reflemble à une noix enveloppée
de fon brou. Après un mois de tems le
fruit eft ordinairement mûr ; il s’ouvre alors en
trois parties, & 1 aille échapper^ le duvet ou la
bourre, qui enveloppe les graines au nombre
de neuf ou dix placées en rangées, & accolées
très-fortement les unes contre les autres.
Les jeunes pieds de Cotonniers, plantés dans
une bonne terre graffe, peuvent produire tous
les quatre mois des fruits mûrs. Chaque année,
après la grande sèchereffe, commence la petiie
faifon pluvieufe vers la fin de Novembre ou le
commencement de Décembre, alors les Cotonniers
pouffent de nouveaux boutons, dont les
fruits fe trouvent mûrs quatre mois après ; aux
mois de Juin & de Juillet d’autres boutons re-
paroiflent, dont les fruits font parfaitement mûrs
aux mois de Septembre &d’06tobre.Les branches
des Cotonniers, après avoir donné deux récoltes
par an, commencent alors à fe deffécher, mais
au commencement de la petite faifon pluvieufe,
de nouveaux jets re pouffent de la tige & a la
partie inférieure des branches, qui bien-rôt après
fe chargent d’autres petites branches & de nouveaux
bourgeons. Alors on coupe toutes les anciennes
branches, & l’arbriffeau reprend au bout
de deux mois fa première vigueur & tout l’ac-
croiffement dont il eft fulceptible. Le même traitement
fe répète tons les ans, St autant que cet
arbrifleau refié en vigueur. Dans un terrein fort
gras St fubfianciel les Cotonniers peuvent durer
à-peu-près vingt-cinq ans, 8t donner tous les
ans deux récoltes; mais fi de fol eft très-maigre
& appauvri, ils ne durent pasfidong-tems.
I l y a d e sÇ o to n n iè r s q u i n e p ro d u ife n t annuel-
lem en t q u ’ u n e demi - liv r e d e C o t o n ; c eft fou*
vent to u t ce q u e l’ o n en o b tie n t : mais Io n
p eu t tou jo u r s c om p t e r , q u ’u n b o n Co ton n ier
1 p la n t é dan s u n e ter re fu b f ta n t ie lle , pro d u it de -
| pu is trois q ua rts ju fq u ’ à c in q q ua rts de livre
d e C o to n . ' . I „
O n t ro u v e trois- efp è c e s de C o to n n ie r à Sur
in am ; la p rem iè re e fp è c e eft c e lle d o n t nous
v en o n s d e p a r le r ; la fé c o n d é q u o iq u e a f fe z iem-
blable à la p r em iè r e , fe diftingu e par te graine
q u i n ’eft pas aufti n o i r e , mais p lu tô t d u n e cou- |
le u r b leu â tre . L a tro ifièm e e fp è c e f e fa it remarq
u e r par fo n feu illa g e & pa r fes b o u to n s , qui
au lieu d’ê tre v e r te s c om m e dans les d e u x autres
e fp è c e s , fo n t d’ un b ru n c la i r ; c e tte dernière
e fp è c e ' eft la mo in s p r o d u c t iv e , e lle p o r te beauc
o u p rp o in sd e f r u i t , & le C o t o n ,q u e le dernier
r e n f e rm e , eft ég a lemen t in fé r ie u r en qua lité a
c e lu i de d e u x antres e fp è c e s .
Dans les années très - pluvieufes, ou quand e
faifons de la pluie continuent trop long-tems, la
récolte du Coton en fouffre beaucoup; car la pluie
qui tombe pendant que les fleurs font o«yer^es
que les fruits commencent à mûrir, falit le Co
ou empêche fa parfaite maturité. Pendant
floraifon, & lorftjue le Coron approche de la
maturité, l’humidité lui eft très-nuifible.
Un fécond fléau dont les Cotonniers font également
affeftés, fur- tour dans les années pluvieufes,
c’eft la chenille. Cette chenille, que
l’on voit à Surinam au mois de Juin dévafter
les plantations de Cotonniers, reffemble à celle
que nous obfervons en Europe fur plufieurs
efpèces de choux; elle fe montre ordinairement
à Surinam dans le tems de la plus forte pluie,
e’eftr-à-dire en Mai, quelquefois en Juin. Elles
attaque en premier lieu les Cotonniers, dont
elle dévore les feuilles en peu de jours , &
elle y refle toujours en affez grand nombre,
pour ronger les jeunes feuilles qui pouffent continuellement.
Dans cet état, les Cotonniers reftent
dépouillés de toutes les feuilles, jùfqu’à ce que
le tems de la sèchereffe arrive, alors les chenilles
quittent ces arbriflèaux. Bien tôt après les Cotonniers
repoufl'ent de nouveau en grand nombre
de jets & des feuilles, & les fleurs qui y fuccèdent
immédiatement donnent naiflance aux fruits, qui
au bout de trois mois arrivent à une maturité
parfaite. Souvent quand la faifon pluvieufe dure
plus long-tems qu’à l’ordinaire, & que la faifon
de la fécherefle eft abrégée plutôt qu’à l’ordinaire,
la maturité du Coton arrive préciféinent
dans le tems que la petite faifon pluvieufe commence,
& ne peut alors avoir lieu que très-im
parfaitement, & au dériremenrdu Coton même
qui fe falit fur l’arbre, & n’acquiert pas cette
blancheur qui lui eft naturelle. Souvent les che—;
nilles fe trouvent en fi grande quantité, que
non - feulement elles dévaftent les Cotonniers,
mais elles attaquent également l’heibe dans les
endroits les plus fecs, les cannes à fucre, les plantations
de -café & de cacao n’en font pas moins
épargnées.
Les terres hautes de Surinam ne conviennent
pas à la culture des Cotonniers, car fi l’on réuffit
à y faire venir quelques pieds, ils ne prennent
qu’un accroiffement lent & peu vigoureux. J ’ai ef-
fayé moi-même à faire préparer ces, terres avec,
tout le foin poifible, mais en y fetnant le Cotonnier,
de mille graines; il n’y en eût que la
la moitié quia levé, & les jeunes plantes que
j’ai obtenu, étoient foibles & grêles.. & ceux
qui, dans ces endroits, fe font confervés pendant
déux ou trois ans, n’y ont fait que languir, &
ont péri bien-tôt après.
Ce n’eft. que dans le bas-fond de la Colonie,
fur-tout près de la Mer, que les Cotonniers
font cultivés avec avantage ; dans les endroits
qui font brûlés, ces arbriffeaux' ne croiffent que
foiblement & ne durent pas long-tems, & dans
d’autres ou la terre eft prefque réduite en cendre,
ils ne croiffent pas du tout. ( r) Les terres nou vel-
( i ) Pour défricher un terrein neuf, les Holiaadois
commçncçjLt par couper les arbres ôç arbuftes, & d’y
lement défrichées, & qui n’ont jamais été en
culture conviennent le mieux à une Cotonrière j
c’eft dans de pareilles terres que cet arbrifleau
en le traitant comme nous l’avons dit dans le
précèdent, peut fe conferver en plein rapport
pendant vingt-cinq ans. Il faut" cependant excepter
les terres que nous appelons à Surinam
Pallifaden grond, & qui font extrêmement greffes
& fubftantielles, lorfqu’on y plante peu
après qu’elles ont été défrichées des- Cotonniers,
ces arbriffeai\x y pouffent à la vérité
une très-grande quantité de bois, & acquièrent
une hauteur extraordinaire ; mais ils ne
produifent pas autant de fruits que dans un
fol moins ftibfiantiel. Si l’on veut employer de
ces terreinspour l’établiffementd’une Cotonnière,
il eft plus convenable, d’y planter pendant quelques
années des végétaux qui fervent à la nourriture
de l’établiffement & des Nègres, tels que
Bananes, Ignames, &c. ces plantes fervent à
épuifer la trop grande fertilité , & les Cotonniers
y croîtront encore avec affez de vigueur.
Le terrein deftiné à cette culture fc laboure
comme celui dans lequel on élève le Caféier :
la graine fe met dans des trous éloignés de huit
à neuf pieds les uns des autres. On plante quelquefois
entre les Cotonniers d’autres plantes; mais
il faut prendre garde de ne point choifir celles
qui empêchent l’aceroiffement des Cotonniers,
fur-tout quand iis font encore jeunes. Une Cotonnière
bien entretenue, doit être fardée de
'rems-en-rems.;. on doit également renouveller
quelquefois la terre, atitour des tiges des Cotonniers,
on emploiera à cet ufàge une terre neuve
qui n’a pas porté; telle qu’on en ménagé toujours
quelques portions dans une plantation de
quelque étendue.
Ce que j’ai dit relativement à la quantité de
Coton qu’un Cotonnier rapporte annuellement
à Surinam, cela s’entend toujours d’un arbriffeau
vigoureux j & qui fe trouve dans une terre dont
la qualité eft appropriée à cette culture. 11 eft
naturel, qu’un terrein qui pendant long-tems
a été employé à cette culture, doit avec le tems
perdre une portion de fa vertu productive &
commencer par s’appauvrir; lé meilleur moyen eft
alors d’abandonner un tel terrein & de le laiffer
repofer pendant quelques années. Cependant cette
méthode ne peut-être mife en exécution, qu’au—
tant quê la plantation eft d’une étendue âffez
confidérable ; où qu’il y ait des terres dans le
voifinage fur lefquelles on puiffe établir une
nouvelle Cotonnière. Celui qui eft chargé de la
mettre alors le f e u , après que les broulïailles font fùf»
fifamment deffechées ; ia terre qui couvre ces bas - fonds ,
ê.ft ordinairement bourbeufe, laquelle réduite en cendre
pour la plus grande partie, n'eft guère propre à la végétation
; ce n’eft qu’au bout de plu fleurs .années que cc
tetreîn peut être employé.
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