
détruire le principe dts bùles & des parties de la
fruélification, à un point fi confidérable, lans
attaquer la tige , on délirera lavoir encore quelle
eft la caule qui altère la femence de cette manière.
M. Haies, imaginant que les grains écrafés
par le fléau donnoienr , lorfqu’on les lemoit,
»aiffance au Charbon, s’tft convaincu lui-même
par l’cxpérierce, que fon opinion nétoit pas
fondée. J ’ai auffi lemé des grains mutilés, en
mauvais état, & abandonnés ordinairement par
les fermiers à leurs volailles, fans qu ils aient pro--
tîuit du Charbon. M.Tillet ayant remarqué que
le Charbon du maïs fe montre plus communément
fur les pieds vigoureux, qui portent plu-
iieurs épis , que fur ceux qui font foibles, peu
élevés, & qui viennent dans des terres maigres,
a foupçonné que cette maladie dépendoit d’une
furabondancede sève, qui, dans un loi favorable
& dans un tems propice, fe porte avec affluence
vers certaines parties, les engorge & occalïonne
des ruptures & des épanchemens. Ce n’eft ici
qu’un foupçon-, fondé fur une fimple obfer —
tation.
Touché du tort que faifoit, fous mes yeux,
aux Cultivateurs, le Charbon qui attaquoit leurs
grains, je me fuis rendu attentif à en étudier les
cailles-, & les moyens d’en arrêter les effets. Ja-
vois remarqué que, dans un canton qui m envi-
ronnoit , cette' maladie, confidérable eii 1777,
Tétoit devenue davantage en 1778 , & plus
encDre en 1779 -, alfuréen outie que les fermiers
avoient femé ces trois années de forge & de
l’avoine de leur récolte, je préftimai que, cette
progrelfion fenfible pourroit être un indice de
contagion , non pas que cette caufefût la feule
& la primitive, mais peut-être la plusaélive,
quoique fecondaire. H nVétoit, à la vérité, difficile
de penfer que la poudre du froment Charbon
né, qui paroit toute le dîffiper dans les champs,
inftétàt les grains Tains | mais fayoit - on s’il ne
Ven dérobojt pas à la vue des épis, qui confer-
vaffent une partie de leur poufftère?Quedevcnoit
celle des épis Charbonnés tardifs, qui languilfent
faute de sève, & qui ne fortent pas dé leurs
fourreaux ? La caule qui produit dans le froment
la carie, ne pouvoit-elle pas, avec une modification
différente , produire aulfi le Charbon?
Ces réflexions nf ont conduit à examiner les chofes
de plus près, & faire les obfervations fuivanres.
La poudre Çharbonnée de l’orge & de l’avoine
en partie portée dans la grange J la première,
parce quelle efl ferrée & engagée clans les bâles ;
fa fécondé , parce qu elle ne fe diffipe que clans
les épis entièrement Charbonnés , le nombre de
ceux qui ne le font pas tout - à - fait étant confidérable
: il arrive encore dans les années^ c ù ,
par rircopflance du tems, pn n’a pu femer l’orge
& l’avoine que tard , çcs grains, du moment
pu ils épient, s’il furvienr de la chaleur & de
ia iéchei efle, paflent rapidement à la maturité
«n forte qu'on les coupe avant que là plus grande
partie de la poudre Çharbonnée loit difperfée.
Enfin, j’avois cru remarquer qu’il fe formoit
moins d’épis de froment Charbonné dans des
champs où j’employois des préfervatifs contre la
carie, qne dans ceux où je n’en employoispoint.
Je réfol us d’examiner fi l’expériençe juftifieroit
fnes conjeêf ures.
Je fis enfcmencer un demi-arpent, ou cinquante
perches de terre avec de 1 avoine, récoltée dans
des champs qui avoient produit beaucoup d épis
Charbonnés Tannée d’auparavant. La femence de
quarante perches ne reçut aucune préparation ;
on { U celle des dix autres perches dans une
lcffive de cendres de bois & de chaux vive. Je
ne trouvai que -cinq épis charbonnés dans le
produit des dix perches, tandis que dans Iepro-
duit_des quarante , il y en avoit au moins un
fixième, ainfi que dans tous les champs des environs.
^ - r ,
L ’année fuivante, un fermier fe prêta a répéter
cette expérience : au, lieu d’employer 1a
lellive de M. Tillet, il le contenta d’employer
la chaux vive , à dofefoible, dont il imprégna
la moitié de la femence d’un champ de quarante
perches*, l’autre moitié fut femée fans préparation.
Il eut un fixième du produit de celle-ci
«népis Charbonnés, & un douzième feulement
du produit de ia fcmence palfée à la chaux.
Dans le même — tems, je difpofai, dans un
même, champ , fix planches de grandeur égale :
trois pour être enfemencées en orge & «roispour
l’être en avoine. C’étoit la même orge & la même
avoine », Tune & l’autre récoltées dans des pièces
de terre où il y en avoit eu beaucoup d’épis charbonnés.
L’orge & l’avoine, dçftinéeschacune pour
une planche , furent trempées dans une diffolu-
tion de chaux à forte dol’e , & femées en cet
état. L’orge & l’avoine , defiinées chacune pour
une autre planche, après avoir été imprégnées
de chaux, comme celles des précédentes planches
, furent lâvéesdans l’eau, & en fuite noircies
à fec de poudre d’avoine Çharbonnée: elles ont
été femées en cet état. Enfin , l’orge & l’avoine,
qui dévoient fervir pour les deux autres planches,
n’ont eu aucune préparation avant d être
femées. Dans les deux premières planches, il n’y
a pas eu un feul épi Charbonné ; celles dont^la
femence a été noircie en ont produit ,favoir,
la planche d’orge quinze épis, & la planche d a-
voine vingt: l’orge qui n’avoit pas été préparée
a donné cinquante-trois épis Charbonnés, &. l’avoine
, aulfi non préparée, quarante épis.
D’après ces trois expériences & les obfervations
qui les précèdent, il fembte qu’on eft en droit
de tirer les conféquences fnivantes, relativement
aux caufes du Charbon. C'étte maladie fe propage
d’autant plus que les femences proviennent
de champs où il y en a eu un plus grand nombre
d’épis,Charbonnés. 11 n’eft quefiion ici qüc du
tnïltet, de l’orge & de l’avoine ; car le Charbon
•dans le froment fuit le fort de la carie, avec
rîaquelie-il ade grands rapports, & n tt.eft jamais
•allez abondant dans Ce dernier genre de plantes,
«our faire fcul un tort confidérable aux Cultivateurs.
On préferve l’orge & l’avoine daChar- |
bon, en faiiant fubir aux femences desprépa- j
«rations qui les purifient, comme on préferve .
•le froment de la carie .1 1 y a lieu de croire que, ■
{1 ion noircit de l’orge & de l’avoine faînes, «
avec de la poudre d’épis charbonnés, on leur
communique la maladie -, mais ce fait n efi pas -,
encore fuffifamment prouvé. Le mibet paroit ;
plus fufeepribie deconrraéier le Charbon , fi on
en noircit du millet fain-, du moins l'expérience
m’a réuïfi complettemenr. il faut convenir que
4:tnt inoculation eft plus difficile quô celle de la
carie,parce que la poudre de Charbon eft plus sèche.
Je fuis affilié qu’en noirciflant du feigle & du
fromen t avec de la poudre d avoine Charoonnée
>on ne produit aucun effet. On n’en produit pas davantage,
fi on noircit du panis avec de la poudre
de millet Charbonné.
Puifque la plus on moins grande luulriplîca-
liondu Charbon, fu r -to u t dans forge , dépend
de la profondeur a laquelle on enterre Ja fe-
mence , celte caufe accefloire , qui peut - être
lî’auroït pas lieu feule j doit être comptée pour
quelque chofe, comme on l’a vu à 1 occafion
des caufes de la carie.
Vu Charbon conjidèré par rapport a Jet effets.
Les hommes fcmblent n’avoir jamais rien à
"redouter de la poudre de froment Charbonné,
puifqu’il paroit qu’elle fe diffipe prefqu entière-
ment avant la. moiflbn ; mais ils le nourriftent,
dans beaucoup de pays, de pain fait avec f orge,
& même avec l’avoine -, dont la poudre Char— .
bonnée fubfifte en partie, & cfl portée à la grange.
Ces grains d’ailleurs fervent pour différens ufages
utiles, & on en donne à manger aux beftiaux.
Ces confidérations m’ont déterminé d faire quelques
effais , pour connoître les effets de la poudre
d’avoine çharbonnée ftir les animaux. C’étoit la
feule que je puffe me procurer en affez grande
quantité;
Mal que fait aux Batteurs la poudre d’orge ou
d'avoine Çharbonnée,
Lorfqu’on bat dans une grange de f orge ou
de l ’avoine, récoltées dans un champ où il y
a eu beaucoup d’épis Charbonnés, la poudre
ui s’envole, entre dans le nez & dans la bouche
es batteurs, & s’attache à leur vifage qu’elle
noircit, comme celle de la carie , mais ne les
incommode pas autant ; ils touffent, à la vérité ;
cette toux n’eft pas fi opiniâtre ; ils ne perdent
pas Fàppétit, &. la croûte noire, qui courre leur
vifage, cfl moins adhérente.
Qualité de la farine & du pain, dans lequel
treroit la poudre d’avoine Çharbonnée,
La farine dans laquelle on fait entrer la poudrfr
d’avoine Çharbonnée n’a ni la mofleffe ni
.i’onéhfbfiié delà farine mêlée ù de la poudre
de carie , parce que celle - ci contient une huile
pins abondante & pins tenace. J’ai fait faire un
pain avec dix onces de belle farine de froment ,
une once de poudre d’avoine Çharbonnée & une
once de levain. La pâte en éroit brune-, fans
odeur, & douce au toucher; elle a bien levé,
A caufe du mélange de farine & de levain ; car
ia poudre de-Chai »on feule ne lève pas ; le paift
qu’elle a fourni pefoirune livre trois gros, c’effi*
à - dire, deux gros moins que celui dans lequel
entroit la carie ; cette dernière poudre eft moins
légère que celle du Charbon. Ce pain étoit d’un
brun noir, au lieu d’être d’otî noir parfait; il
n’avoit ni odeur.ni faveur particulière, & lamie
ne paroiffoit point graflo au toucher. Au refte ,
cette expérience étoit plus curieufe qu’nrile %
car, dans l’ufage ordinaire de la vie , la poudre
d’avoine Çharbonnée ne peut influer que difficilement
fur la quali ré du pain fait de froment
; ou d’orge , ou a avoine»-Je m’en fuis occupé,
j parce qu’en même - tems, je faifois faire ml
| pain dans lequel entroît la carie.
Expériences propres a faire connoître les ejfets de
, l'avoine Çharbonnée fur des poules.
Première Expérience, 30 Juin 1779*
Je fis mettre enfembïe deux poules de même
âge, jeunes & bien portantes, en prenant les
précautions convenables. L’une devoit fervif
d’objet de comparaifon pour l’autre. Celle que je
vouloir nourrir de poudre avoine Çharbonnée ^
mêlée avec de la farine d’orge, ayant refufé
d’en prendre feule , on lui en fit avaler de forcé
chaque jour, tandis qu’on donnoità l'autre la
même doiè d’aliment, en farine d’orge.^
Lorfque la première eut mangé environ un
quarteron de poudre d’avoine Çharbonnée , elle
parut incommodée & trifte ; fa crête n étoit
plus fi vermeille ni fi droite; elle fit quelques
difficultés d’avaler ; fes cxcrémens étoient noirs,
comme ils dévoient l’être à caufe de la couleuf
: du Charbon.
On continua les mêmes alimens, & bien-tôt
l’incommodité dont j’avoïs été frappé difparut*
la poule redevint gaie & vive; cependant elle
n’avaloit pas avec avidité.
Enfin, au bout de quinze jours, la jugeant
en auffi bon état que celle qui n’avoit vécu que
de farine, & n’ayant plus de poudre d’ayoins