
loi C H E
•de leur p o il, qu’il a regardé comme peu importante.
Des Marques.
On appelle marques quelques particularités ,
indépendanresde la couleur, qu’on ob'èrve fur
la robe des Chevaux. Ce font les balzanes, l'étoile
, & les épis.
Les balzanes font des marques blanches que
les Chevaux noirs, bais, ou de couleur mêlée
ont aux pieds, ordinairement depuis le boulet
jufqu’au fabot.
L ’étoile , oujla pelotte , eft un rebrouffement
de poils blancs fur le fronr. Les Chevaux qui
ont l’étoile font dits marqués entête.Comme on
fa it , dans beaucoup de pays, quelque cas des
.Chevaux marqués en tête, les Maquignons imaginent
d’imitèr la Nature, en pratiquant artificiellement
une étoile au milieu du fronr, au .
moyen d’une plaie faite par un inftrument. Il
eft facile de diftinguer cette marque faélice de
la naturelle. Au milieu de la première, il y a
un efpace fans poils-, les poils blancs qui la forment
ne font jamais égaux comme dans l’étoile naturelle.
Quand l’étoile delcend un peu , on l’appelle
étoileprolongée, & l’animal belle face. Quand
elle fe prolonge encore davantage, & qu’elle
gagne la lèvre antérieure, on dit le Cheval boit
dansfon blanc ; fi le bout du nez eft feulement
taché d’une bande de poils blancs, en fignalant
le Cheval, on dit liffe au bout du né%.
On appelle épi ou mollette un petit toupet de
poils frifés, entrelacés, ou hériffés, imitant un
épi de bled. Il s’en trouve indistinctement fur
tous les Chevaux. Ordinairement c’eft au front
qu’ils viennent -, mais il y en a d’extraordinaires
, celui qu’on appelle épée Romaine
règne tout le long de l’encolure, près de la crinière,
tantôt des deux Côtés, tantôt d’un feu 1
côté, &c.
La vente des Chevaux étant le métier d’une
claffe d’hommes ignorans & trompeurs, ils ont
imaginé d’en impolèr, enfaifant naître une fouie
de préjugés, qui fefont perpétués ; ils ont attribué
à certaines couleurs, à certaines marques
des qualités, ou des défauts, qui font Communs
à toutes les couleurs & à toutes les marques.
Taille des Chevaux.
La taille des Chevaux comprend leur hauteur,
leur longueur & leur groffeur.
Les Chevaux les plus hauts font ordinairement
les Chevaux de carrofie, prefque tous hongres.
Ils ont depuis le bas du fabot des pieds de
devant, de cinq pieds un pouce à cinq pieds
trois pouces. Les plus petits Chevaux , qu’on ne
trouve que dans les pays très - chaux de l’ancien
continent, ont à peine trois pieds.
J,eur longueur eft, du fommet de la tête à la
naiffance de la queue,de fix pieds & demi à fept
pieds & même davantage.
Leur groffeur, prife fur la poitrine , à l’endroit
de la fangle, eft de fix à fept pieds, &
quelquefois davantage. Les Chevaux les plus gros
que j’aie vus, font ceux des braffeurs de Paris.
Dans la Beauçe, les Chevaux de ferme, qui
.font entiers, ont communément quatrepidsdix
pouces de hauteur, .fept pieds de longueur, &
cinq pieds neuf pouces onze lignes de groffeur.
On appelle en France bidets ks Chevaux de
petite taille, & doubles bidets ceux qui font de
taille médiocre.
Age des Chevaux.
On reconnoît l’âge des Chevaux à leurs dents
& à quelques autres fignes. Voye\ Age des An imaux
, pages 25)0 & 291 , delà deuxieme partie
du Tome premier de ce Dictionnaire. Après dix
ans, il n’y a plus d’indication de l’âge des Chevaux
par les dents. Alors on dit qu’ilsne marquent
plus. Il faut avoir recours à d’autres fignes.
Les vieux Chevaux ont les falières creufes ; l,es
dents fort longues, les os de la ganache tranchans,
quelques poils de leurs fourcils blanc ; les filions
de leur palais s’effacent. Ce- dernier ligne,
qui apprend feulement que lés Chevaux font
vieux, fans faire connoître au jufte leur âge, eft le
moins incertain. Caries Chevaux engendrés de
vieux étalons, ou de vieilles juinens, ont aufli
de bonne heure lés falières ' creufes & les poils
blancs. Les Maquignons peignent, ou arrachent
les poils blancs des fourcils des vieux Chevaux ;
ils noirciffent le creux delà dent, ou avec de l’encre
forte, ou en brûlant avec un fer rouge un grain
de feigle qu’ils y introduifent ; ils raceotirciffent
même les dents de ces animaux. Mais ils ne peuvent
rétablir les filions effacés du palais. Avec des
connoiffances, &eh raffemblant tous les véritables
fignes de la vieilleffe, on n’eft pas dupe de leurs
tromperies.
Races des Chevaux.
Dans tous les animaux, dit Buffon, chaque
>5 efpèce eft variée , fuivant les différent climats,
33 & les réfultats généraux de ces variétés for-
jjmenr &conftituent les différentes races dont
>5 nous ne pouvons faifir que celles qui font les
33 plus marquées, c’eft - à - dire, celles qui dif-
J5 fèrent fenfiblement les unes des autres, en né-
jjgligeant toutes les nuances intermédiaires qui
33font ic i, comme en tou t, infinies ; nous en
33 avons même encore augmenté le nombre &
33 la confufion , en favorisant le mélange de ces
33races; &nous avons. pour ainfi dire , brûfqué
33la Nature, en amenant dans ces climats des
33 Chevaux d’Afrique, ou d’ Afiejnous-avonsrendu
33 méconnoifiablesles races primitives de France,
33 en y introduifant des Chevaux de tout pays,
33 & il ne nous refie, pour diftinguer les Che*
33vaux, que quelques légers caraélères, produits
33 par l’influence aéhielle du climat : ces carac-
33tères feroient bien plus marqués, & les diffé-
33rences feroient bien plus lenfibles, fi les races
33 de chaque climat s’y fùfiènr confervées fans
ssmêîange ; les petites variétés auroiem été moins
33 nuancées, moins nombreufes; mais il y auroit
33 eu un certain nombre de grandes variétés bien
sjcaraélérifées, que tout le monde auroit ai'é^-
33 ment diftinguées ; au lieu qu’ il faut de fhabi-
33 tude , & même une allez longue expérience
33 pour connoître les Chevaux des différent
33 pays.,»
Je m’en rapporterai en grande partie fur cet
objet au manulcrit que m’a remis M. Chabert:
il eft fans doute le réfultat des recherches &
des obfervations de M. Bourgelar.
Des Chevaux Arabes.
Les Chevaux Arabes fo n t, de l’aveu général; !
les premiers des Chevaux. Cette race s’eft étendue
dans une infinité de contrées, & plufieurs
de nos voifins la conservent encore foîgneufe-
ment. La tête n’en eft pas exactement belle;
on ne peur pas dire qu’elle foit quarrée, mais
les joues en font trop larges, & comme depuis
leur terminaifon jufqu’à l’extrémité inférieure
de cette partie , julqu’aux lèvres, elle eft trop
mince, le défaut dansjes lèvres devient extrêmement
fenfible, & c’eft le feul qu’on puiffe
reprocher à cette partie de l’animal. Son encolure
eft parfaitement bien tournée, & fuffifam-
ment fournie. On yobforve le coup de hache ;
mais il eft précifément à l’endroit de la fortiedu
garot, & non dans une partie de l’encolure
même. Du refte, le Cheval eft très-beau & très-
bien proportionné, fi ce n’êft qu’il eft un peu
long de corps. Il eft d’une taille médiocre , très-
dégagëe, & plutôt maigre que gras. Les membres
en font admirables, nul Cheval n’a autant de
force, de nerf & d’agrément que lui. Il fe nourrit
très - aifément & de très-peu de chofe : un de-
mi-bôiffeau d’orge, bien net, lui fuffit routes les
vingt-quatre heures, encore ne le lui dorme-t-on
que la nuit. Quand l’herbe manque, les Arabes
nourriffent leurs Chevaux de dattes & de lait de
chameau. Il y a pe.u d’animal aufli bien foigné
& aufli bien d refié, & l’on peut dire, à cet égard,
que les Arabes ne font imités par aucune antre
Nation. •
Perfonne n’ignore combien ils font jaloux de
leurs races, qu’ils êivifent en noble, & toujours
pure de deux parts, & en fécondé race ; celle-
c* ^ fouillée par des méfalliances, enfin en race
abfolument commune. Tout le monde eft inflruit
de 1 exaélitude avec laquelle ils tiennent lesre-
gmres les plus fidèles du nom, des poils, des I
marques & taches de leurs Chevaux , qui font
en quelque forte la fouche & le tronc des Chenaux
les plus renommés, mais la difficulté eft
de s en procurer. Se livrer au trajet confidérable
qui eft à faire pour, fe rendre de Confiantinople
a AJep , 011 à Alexandrie , c ’eft n’entreprendre
que la moitié du Chemin qui conduit à lafource
pure de ces étalons. On n’y trouve que des
ku-ediches^ ou Guy - duhs, ou des Chevaux communs
qui , dégénérant toujours dans leur lieu nata
l, dégënéreroient bien davantage quand ils
feroient tranfportés dans nos climats, & ne vau-
droient pas les dépenfes énormes qu’ils occa-
fionneroient. Il feroit donc très - effentiel d’ou-
trepafîer plus avant, de pénétrer dans les terres
de Mo fu i , & d’aller jufqu’à Bagdad. Mais les
dangers de l’aller & du retour, le tems à y
employer, vus la longueur du chemin & les
délais à efiùyer.dans l’artenre clés caravannes, l’incertitude
des fuccès, les maladies qui peuvent
lurvenir aux animaux achetés , le pouvoir de
1 influence des nouveaux climats fur leur tempérament,
1 embarras & les périls de l’embarquement
, enfin 1 énormité des frais d’acquifition &
de conduire font autant de points qui nous arrêtent
& qui fèmblent limiter nos achats dans
la Turquie d Europe, ou nous déterminer à nous-
en tenir aux étalons dont la recherche ne nous
engage , ni à parcourir les déferrs les plus éloi—
gnés^, ni a des obftactes qui, s’ils ne font pas
invincibles, font au moins très-capables de rebuter.
Aufli les Arabes, que l’on voit quelquefois
en France, ont rarement été pris furie s
lieux mêmes. Ils ont été achetés à Conflanti-
nople, ou dans les environs, d’où l’on doit conclure
que ces Chevaux ne font pas ceux de race-
Arabe, diftingués en Arabie par le nom de khail-
lan, ou kchhilam , ce font tout au plus dès Chevaux
que les Arabes nomment hatiks, ou aatiq r
C eft - à - dire , des Chevaux d’aneienne race &
méfalliés, parmi Iefquels il eft certain que les
Connoiffeurs en ont trouvé d’aufiï beaux &
d auftt bobs que ceux de la première forte.
Des Chevaux PerfanS.-
Les Chevaux Perfans fon t, après les Arabes,
les meilleurs Chevaux de l’O rient; ils fo n tin -
Animent fupérieurs aux Arabes que nous con-
noiftbns ; ceux qui font élevés dans lès plaines
de Médie & dePerfépolis, deDerbcnt, d eB e -
dacham font, en général, excellens. La taille
en eft médiocre , mais la figure eft agréable
la tête eft légère, la croupe belle & la corne:
dure ; ils ont à la vérité peu de canon, mais
la force du tendon y fupplée ; leur doci lité
, leur légèreté, leur hardiefle r leur courage,,
•leur fobriéré, leur vigueur doivent les faire re-
gaider comme des Chevaux précieux. On en?
tranfporte beaucoup dans la Turquie, & l’o»