
circonflanccs qui peuvent en déranger les pro- •
dujts. C’efl alors qu’elle prendra des mefures de
Surabondance, comme en prit 1 Empereur, Jo—
i'epli fécond, en 1788 , qui , prévoyant la mauvaise
récolte, eut foin d’approvifionner les magasins
de fes troupes. Dans ces cas , tirer des blés
de.loin , fur -tour de l’étranger, eft le moyen
de.déconcerter l’avaricedes Spéculateurs.On pui-
fera en Pologne, en Danemarck, en Pruffe, en
Allemagne & en Angleterre même , fur les côtes
de Barbarie & dans l’Amériqne feptenrrionale.
M. du Vaucelles auroit pu ajouter , & dans, le
Levant ;.carla Sicile & le s côtes d’Italie en vendent
au Commerce de Marfeille. Nos Provinces
méridionales, fur-tout le Languedoc & la Provence
, ne* récoltant pas habituellement ce qu’il
leur faut pour v ivre, font en partie alimentés
par les blés du Levant que le Commerce de Marseille
leur apporte. La Pologne, qui en récolte
toujours plus qu’elle n’en peut confommer, eft
la. reffource de tout le Nord de l’Europe, &
peut l’être du Nord de la France. Différentes ef-
pèces de fecours, continue M. du Vaucelles, font
à la difpofition de la Municipalité. Elle a la faci-
lit'é de procurer aux Fourniffeurs des emplace-
mens fûrs, commodes & gratuits , & de veiller
fur la libre circulation des fubfiftances qui arrivent
à Paris, foitpar eau , foit par terre. Quoiqu’elle
n’ait plus le même droit qu autrefois1, elle
aura toujours affez de crédir pour obtenir des
Départemens voifins que les rivières navigables,
les canaux & grands. chemins foient toujours en
état d’accélérer les tranlports, & que les denrées
qui lui font deftinées ne foient pas retardées ni
interceptées. Enfin elle excitera l'émulation , en
donnant des prix çl’encourag- ment aux Boulangers
& autres Fourniffeurs , lorfqu iis auront
montré plus dé zèle , plus d’aéUvité. & de célérité,
dans le fervice ^ Morfqu’ils auront tiré un meilleur
parti des blés & des farines, fans altérer
la qualité du pain ou fait venir leurs appro-
vifionnemens de pays éloignés. L’Auteur lui-
même, en 1789, avoir donné &propofé à fes frais
trois prix d’encouragement dont on doit lui avoir
obligation.
Perfuadéque l’infpeélion exercée autrefois par
la ville de Paris fur les routes, canaux & rivières,
qui fervoient à fon approvifïonnement, loin
d’être onéreufe aux Riverains, leur eft avanta-
geufe, en leur procurant la plus prompte & la
plus facile exportation de leurs denrées, M du
Y aucelles.in vite la Capitale à réclamer cette inf-
peétion, qui lui paroit indifpenfable , 8e fans
- laquelle elle ne peut jamais compter fur far -
rivée des objets de première nëcefîité. Quelqu’in-
térêt qu’aient les Riverains des grandes routes-
affluantes à Paris de deffrer que cette Ville con-
ferve l’ infpeélion qu’ej'le avoit, il eft difficile
de croire qu’on la lui accorde, dans le fyflême
actuel d’égalité de cho.fes & de pouvoirs.
Cinquième quefiion : « Par qui doivent être faits
les magafins, s’il faut en établir ? » Ce n’eft ni à
la Municipalité ni au Gouvernement général du
Royaume qu’il appartient de faire des magafins,
1 d'après l’opinion de M. du- Vaucelles, mais au
Commerce fe u l, affranchi de toute intervention
Si rivalité étrangères. Il fuffit d’encourager les
Boulangers, Fariniers, Meuniers, Blatiers & Fermiers,
en les mettant à l’abri de toute crainte, & en
leur diftribuant desrécompenfes. Les précautions
employées jufqu’ici coûtent des fommes énormes,
dont une partie confacrée à des encourage-
mens, feroit un bien infini.
M. du Vaucelles propofe en outre, pour mieux
affurerl’approvifionnementde Paris, de recevoir
de ceux qui peuvent pourvoira fa fubfiftance,
une foumiffion obligatoire pour la quantité de
grains, farines ou pain, qu’ils s’engageront à fournir
dans le cours d’une année , fous la condition
de la renouveller tous les ans au mois de Septembre
, pour l’année entière ou pour fix mois,
& de fournir à la fin de chaque mois au Bureau
des fubfiftances un état de ce qui leur reûe de
provifions& de celles dont ilsefpèrent la rentrée
prochaine.
Sixième quefiion : « Quelle quantité de blé ou
n de farine doit-on entretenir dans ces maga-
» fins ? Le programme fuppofe des magafins
publics, que M. du Vaucelles proferit. Les Fourniffeurs
doivent en avoir de particuliers pour remplir
leurs promefles. Le devoir de la Municipalité
fera d’accorder une prime à ceux qui, par
leurs approvifionnemens, fe feront mis en état
de parer aux inconvéniens des baffes eaux ,, des
gelées longues, pendant la durée defque-lles on
ne peut moudre du blé. 11 fera même utile,
dans des tems de crife, d’établir une caiffe de
fecours, pour leur avancer, fans intérêt, & en
prenant fes sûretés, une partie des fommes dont
ils pourroient avoir befoin. M. du Vaucelles
ajoute qu’il faudroit former un comité , que
préfirieroit un Membre du Bureau des Subfif-
tances, auquel on admettroit des Boulangers,
Fermiers & Blatiers, & qui riendroitmn éiat-de
tous les Fourniffeurs de fa Ville & de la campagne,
de la quantité & qualité des approvifionnemens,
de l’exaétitude du fervicé & des obftacles •
imprévus,' afin d’en informer l’Adminiftraticn ,
& de lui préfenter les moyens d'y remédier. Il
defireroit qu’on attachât à ce Comité une grande
confidération.
Septième quefiion e « Selon quelles règle? on
35.doit faire, ufage de cet approvifionnement?»
Cette queflion, devenue inutile par fes réponfes
faites à la fixi. me, ’fournit à M. du Vaucelles
l’occafion de faire fentir les inconvéniens des
magafins publics. Il en réfulte des fiais confi-
dérables, des pertes & le découragement des
Négocians, trop foibies pour lutter individnel-
1 lement contre une Puiffance, qui fe réfoudra
C O M
à perdre., tandis que l.eur véritable objet ne peut
être que de gagner. La concurrence libre eff le
feul moyen de déconcerter le^projets. que la cu-
piâité enfante..
Huitième queflion Quelle utilité on peut
„ retirer de l’article 19 du. titre 3 du Cqde
33 Municipal ‘..dfc, Paris,-.qui■ 'permet au Bureau
„ Municipal, m concerter, dire.âement ayec les
33 Minifires du Roi, les moyens* de pourvoir aux
| fujjjîflances -& approyifiounement de la Capitale ?:r
Le concert du Bureau Municipal & des Minifires
du Roi paroît à M. du Vaucelles utile, par
cela feul, qu’il peut obtenir d’eux d,es renfeigne-
mens fur'le prix des grains dans les divers marchés
du Royaume, &,du plus ou moins d’abondance
qui y règne. M. du Vaucelles ne peut s’empêcher
de convenir que, dans le n,ou-vel état desichofqs,
l’approvifionneinenti de’ Paris eft devenu pins
embarraft’ant. que jamais. « L e peuple, d i t - i l ,
j?de chaque canton le regarde en quelque forte
jj comme le propriétaire de tout le blé qu il ren-
jjferme; le moindre enlèvement l’inquiette; il
jjefl toujours prêt à s’y oppofer. L’extrême mi-
jjsère, où. il eff réduit,- le défaut de travail, tout
jj l’oblige à veiller fans ceffe fur les moyens de
jj fe procurer fa fubfiftance au plus bas prix
jj poflibie ; & il regarde; le -moindre enlèvement
jj comme .le lignai d’une difette prochaine ou
jj d’un renchériffement certain. Les Départemens
jj eux-mêmes', tous enclins, tous intéreffés à
jj maintenir la paix dans leur arrondifl'emenr,
jjhéfiteront peut-être de donner, à ce fujet,
jj des ordres tranchans & authentiques. Tout
j3doit fe faire dans le fec ru; &. fur ce point,
jjun Intendant avoit plus de facilités qu’un
jjDépartement. La .libre circulation des grains,
jj dans tout l’intérieur du Royaume, pourroit
jj néanmoins obvier à tous ces obftacles ; mais
jj,le peuple la contrarie. Ce peuple n’obferve
jj pas qu’en refu.fint à la Capitale la fubfiftance,
»il commet une extrême injullice. H oublie
jj én même-tems que la grande population de
J3 Paris eft une relipurce pour nos manufac-
jj tares de provinces, comme: fa grande con-
jj fommation eft un encouragement.pour i’Àgri-
3> Culture. Paris eft l’eftomàc que, les membres J
33 doivent nourrir ; mais l’apologue deMenenius-
» Agrippa n’eft point connu dans les villages.»
Les obftacles qui naiffent de l'opinion du peu- .
pie, / forceront, dans . certaines circonftances,,
de recourir à l’Etranger. Le produit de notre
fol n’eft pas toujours une reftburce pour les
Marchands;, & Paris, ne doit pas courir la chance
de l’incertitude. M- du Y'aucelies ne fe dilfimule
pas qu’une forte importation de l’Etranger épui-
leroir le numéraire Sl dëcouragéroit notre Agriculture.
11 croit trouver le remède à ce mal,
en propofant dé tirer à Paris, comme en province,
d’une:-quantité détei minée de blé, une
plus grande quantité Je pain, & de rapprocherf
c o M 57^
par-là fon prix des facultés du peuple. Il con-
feille de ne point aller puifer ouvertement dans
les halles & marchés des divers Départemens ,
mais d’acheter plutôt aux Fermiers, afin de ne
pas caufer d’alarmes.
Neuvième quefiion : a Quel avantage Ton
peut tirer .cfé 1 l’article 1 du Décret, du 21
•)? ; ;Se'ptembre dernier, qui ordonne que la quantité
3î de ntarckandifes , arrivant a Paris. par eau ,
?’ fera d,éclarée à la Municipalité, & comm.cnty
33 pour fe procurer la connoi 'Jance exacte de la.
;33, quantité de farine, qui arrive par terre , on
33 pourroit remplacer le fecours que Von tiroit au-
53 trefois des barrières.? M. du Vaucelles penfe
que, ijj la plupart des denrées air ri voient par
eau, ce feroir la preuve qu’elles viendroiem de
loin. Les reffources du voiftnage ne s’épuife-
roienr pas , &. les frais des denrées étant moins
çonftd érables, leur prix ne s’élever oit pas fi haut.
La loi qui en ordonne la déclaration , a le double
avantage d’en cor.flater la quantité & la qualité ,
& de faire connoîrre ce qu’en fourniffent ks
cantons éloignés. M. du Varicelles ne voir pas la
néceflité d’établir des bureaux pour connoitre
les approvifionnemens, qui viennent par terre.
Les foumilfions des Fourniffeurs lui paioiifent
fufîire.
M. du Vaiicelles, en ré fumant tout ce que
contient fon Mémoire, com lut que la fcience de
toute adminiftration, en matière de fubfiftances,
confifte prefque entièrement à laiffer un libre
cours au Commerce; tout fe réduit à cette
maxime ; Encourage1 & laifièt faire.. 11 cite les
exemples de là Tofcane , de la Hollande & de
l’Angleterre , où l’application de ce principe a eu
; les plus grands fuccès.
M. Morille examine la qneftion générale', far.s
en admettre les fubdivifions.il diftingue lesnmÿcns
de pourvoir à des befoins inlians, à une cii-
fette aéluelle, de ceiu qui font néceffaires pour
entretenir une fuffifante abondance. Il croit que
la Municipalité ne conlûlte que fur ces derniers,
.u II n’eft pas douteux; dit-il, que 1e meilleur
?» moyen de pourvoir à la fubfiftance cîes habi-
33 tans de cette grande Ville, comme à fes autres
33 befoins, ne foit d’abandonner ce foin au
33 Commerce , dont c’eft la charge qu’il lui faut
•33 laiffer toute entière, parce que- lui feul eft
33 en,état, & que c’eft fon intérêt de la bien
33 remplir. 33
Ces principes co-nfignés dans beaucoup d’écrits,
§[.conlâcrés par les Decrets concernant la libre-
circulation des-grains & des farines dans toufe
l’étendue du Royaume, ne font pas généralement
adoptés ; desp réjugéspopulaires les rejettent
encore. 11 paroi t à M. Moriflé que le Confeil-
gënéral de la Commune a voulu fixer fur ce h
Topinion publique & adopter | pour pourvoir à
Papprovifionnement de Paris , _ un fyftême qui
rvîc de: règle daas une adminiftration, dont les