
le blé, à le mettre dans le crible : il y a des
perforine* qui font mettre le blé dans des corbeilles
pour le porter dans le crible, cela paroît
allez indifférent. Voyt\ Pele & C orbeille,
au Di&ionnaire des lnftrumens d’Agriculture.
Le crible eft extrêmement utile au blé : il y
en a de plufieurs. fortes. On fe fert du crible
d’arcbal, du tarare, des cribles à main, & ,
quand le blé eft entaché de carie du crible a
râpe. Koyq le mot Cr ib le, au Dictionnaire
des lnftrumens.
Il faut dans les greniers des facs de peau,
pour emporter les criblures, fur-tout lorfqu il
V a des charanfons qui perceroient les facs de
coutil & retourneroient au blé.
Sains des blés.
On doit avoir enfin dans les greniers des
ouvriers qui ramaflent fjins çeffe le blé avec des
balais, pour qu’il ne foit point éerafé dans les
fentiers, par lel'quels on paffe & qui nétoiçnt
les murs, pour en ôter la pouffièré & les papillons
: des balets de bouleau fuffifent pour
cetufage. t . r
Les foins des blés dans les greniers lont infinis
& continuels. C ’eft le mouvement qui les
conferve : c’eft par le mouvement,qu’on prévient
une partie de leurs maladies, ou qui y remédie.
Mais ce mouvement ne fe fait pas fans frais. Il
faur, d7un côté , payer les journaliers qui travaillent
: d'un autre côté, il réfulte de leur travail
des déchets, qui augmentent le prix du blé*,
ainfi, ces mouvemens doivent être faits avec
prudence & diferétion. . .
Il ne faut ni les négliger, ni les taire fons
néceffité,
Si on les néglige, le blé s'altère.
Si on les fait fans néceflité, il en copte des
frais inutiles. Le premier foin qu’on doit au
blé lorfqu il arrive dans un grenier, c’efl de le
nétoyer. Le blé venu dans un bateau garni de
paille & de foin, en emporte toujours quelque
partie, & la première façon qu’on lui donne
en le remuant, s’appelle ép ailler. On le fait
remuer deux & trois fois, fuivant I état dans
lequel il fe trouve, & après, on le laide re-
pofer pendant quelque-tems. On lé met pour
ce tems de repos ou en crête ou en couche.
Il faut prendre garde de le mettre à trop
forte épaifleur*, les années, la faifon & la qualité
du blé décident du plus ou du moins d’é-
paiffeur. Un blé nourri de fec, arrivé par un
beau tems en hiver, peut être mis plus haut,
qu’un blé crû dans une année pluvieufe, arrivé
par un tems humide & dans 1 Eté ou ii
s’échauffe aifément.
Le blé en crête eft celui qu’on met dans un
grenier, en formant te tas avec deux rampes,
fcomme cplle du toit d’une maifon. Le blé en
couche eft celui qui eft" répandu également fur
le plancher. Le blé en crête ménage la place
des greniers, ils en tiennent davantage, parce
que la crête peut être plus élevée que la couche
: la raifon en eft fenfible; la crête dimi-
nuanf d’épaifleur, infenfiblement le blé reçoit
l’air des deux côtés, au lieu qu’en couche, la
mafle ne reçoit de l’air que par-deffusi & commç.
la couche eft longue & large, le blé coureroit
rifque de s’échauffer, fi elle érqit trop haute.
Le blé en crête fe conferve mieux, • quoiqu’il
y en ait une plus grande quantité, parce qu’on
multiplie les crêtes bien pu.s aifément que les
couches, 8c que la mafle étant moins forte,
elle fe rafraîchit facilement par le fecours de
i’air, qui pafle à travers des greniers.
L ’ulage ordinaire, eft de mettre le blé en I
couche à dix-huit pouces de hauteur : mais on
eft fouvent obligé de le mettre moins haut, ce
qui dépend, comme on l’a dit, du tems, de fa
qualité, 8c de la laifon : tel blé bien fec fe fou.
tiendra pendant le cours de l’année à dix huit
pouces de couches. Tel autre ne pourra y être
à cette hauteur, même en Hiver, & à plus
forte raifon en Eté. Les blés de ^ la dernière
récolte, qui n’ont pas encore acquis toute leur
féçherefle, ne peuvent être à la même hauteur
que ceux qui ont deux ou trois ans. Car on
peut.mettré ceux dp l’année d’auparavant à trois
pipds & demi d’épaiffeur, & ceux des années
précédentes à cinq pieds.
Les bon$ économes ou les prépofès à linf-
peélion des greniers, lavent mélanger à propos
les diverfes u>rte^ de blé, 8c envoyer au mpulin
ceux pour lefquels ils craindroient, s’ils les gar-
doient dans l’état de blé. Leur inattention fur
cet article & leur négligence peuvent faire un
grand tort, comme leur furveillance peut être
très-utile à leur fortune ou à celle de leurs
commettans. ..
Les foins qu’on a des blés dans les greniers,
lui donnent de la qualité, diminuent la carie,
quand ils en font entachés, détruifent les in-
feéles qui le dévorent, ou ne leur permettent
pas de le multiplier facilement .& l’entretiennent
dans uno féçherefle & une fraîcheur convenable.
Depuis le mois de Mars, jusqu’au commencement
dts chaleurs, on doit remuer ]e
blé de quinze jours en quinze jours, en cnoi-
fiflant un tems fec. Lors des grandes chaleurs ;
& jufqu’au mois de Septembre, il faut redoubler
d’attention & le remuer de huit jours en
huit jours, quelquefois plus fréquemment, u
op s’apperçoit qu’ il commence à s’éçhauner,
ce qu’on reconnoît facilement en y introdui-
fant la main. On choifit pour cette opérarion
lès heures les plus fraîches de la journée.■ tn
Hiver, à moins que le blé ne fût humide, n e
inutile de le remuer. ' ’ H H H .
Le blé mal gouverné a deux défauts qui m»
&
f>nt reieter par les connoifléurs, ou au moins
ui le font peu eftimer. En le flairant, on lui
trouve une odeur défagréable, on dit de ce blff
du’il a du nei» s’il rude à la main , qui ne
glifle pas facilement dans le tas, on dit dans ce
cas qu’il n a point de main. J ’ajouterai, que fi
on en cafte quelques grains, ils impriment fur
la langue un peu d’âcreté.
Duhamel remarque que le froment, qui ne
s’eft pas altéré les deux premières années, ne
s’altère pas les années fuivantes. C’eft pour cela
qu’il eft plus avantageux, d’acheter pour cn-
nia^afiner du blé vieux que du blé nouveau.
Si on eft forcé d’acheter du blé nouveau, il
faut qu’il foit bien fec & bien net.
Des déchets.
Le foin des blés dans les greniers emporte
néceflairement des déchets* en le remuant, on
ôte tout ce qui eft étranger pour le rendre plus
net & plus propre.
Quand on crible lés blés, il pafle toujourspar
les cribles quelques grains de blé. On vanne
ces criblures , pour en tirer ce qu’il y a de meilleur*,
mais il refte toujours du blé dans la pouf-
fière. -
Tout ce qui fort du blé en le nétoyant, y
étoit quand on l’a mefuré, & , quand il eft ôté,
il forme un déchet néceflaire.
La quantité des déchets dépend de la qualité
du blé. Le bon blé fait moins de déchets que
Je blé inférieur.
Onefiime communément, dans les annéesor-
dinaires, les déchets des blés nouveaux à quatre
pour cent : il y a des années où ils font plus con-
fidérables. Dans les blés vieux, ilsfont moindres,
par exemple, à .la fécondé & troifième année ,
d’un pour cent, & ainfi en diminuant.
Les déchets augmentent le prix du b lé , &
par conféquent celui du pain.
Dans les achats en grand, l’Acheteur diminue
la perte , en obligeant le Vendeur du blé dans
la Province à faire cribler fen blé deux ou trois
fois avant la livraifon. On recherche dans les
marchés le blé qui eft bien net-j- parce qu’il eft
plus profitable.
C’eft une attention que l’Acheteur doit avoir,
& c’eft un des avantages qui fe trouvent, lorsqu'on
fait faire des acquifitions pour de grands
approvifionnemens,que de réunir toute la manutention
dans la même main, l’achat dès blés, le
Prépofé aux achats, & de celui qui a l’infpeélion
des greniers.
M. Duhamel Dumonceau dont le nominfpire
tant de refpeél aux véritables amis du bien , per-
fuadé que les greniers & magalins,de la manière
dont on les fait, font trop difpendieux à conf-
truire, qu’ils ne peuvent contenir une quantité
de blé proportionnée à leur étendue, qu’il y a
néceflairement trop d’efpace perdu, puifque
dans un grenier de quatre - vingt pieds
fur vingt-un , ce qui fait environ mille fix
cent quatre - vingt pieds de fuperficie, il n’y a
d’employé que mille cent cinquante pieds quarrés,
capables de contenir mille fept cent v ingt-cinq
pieds cubes de blé, ou quatre-vingt-douze
milierspefant. M.DuhameLDumonceau a cherché
à réfondre par des expériences le problème fuivant
foin des greniers & la fabrication : car alors le
Prépofé a intérêt, non-feulement de faire de
bons achats, mais d’éviter que les déchets dans
les greniers ne foient trop grands, & il,prévient
cet inconvénient, en faifant cribler & nétoyer
le blé par le Vendeur.
Les déchets font inévitables, mais le plus 6u
le moins dépend du foin ou de la négligence du /
: conferver beaucoup de froment dans le plis
petit efpace pojjible, fi long-tems. quon voudra ,
à peu de fra is, fans déchet, nfétant expofe ni aux
oifaaux ni aux infeâes, Jans qu’il puiffe s’en
perdre par les trémies , qui font prefqu’inévitable s
avec les greniers carrelés , enfin étant a l'abri de
tout larcin, même de la part du Gardien , qui J'erei
fcul chargé de leur Confervation.
Greniers en bois.
Pour réfoudre ce prqblême, M. Duhamel fit
foire avec des planches de chêne de deux pouces
d’épaifleur, un petit gtenier ou une grande
caifle, qui formoit un cube d’environ cinq pieds
de côté *, à fix pouces du fond ou du plancher de
ce petit grenier, on plaça fur des lambourdes de
cinq pouces d’épaifleur , un fécond fond de
grillage ou de caillebotis, fur lequel on étendit
une forte toile de canevas. Il vaudroit mieux
employer un treillis de fil de fer , on des feuilles
de tôles plaquées. On remplit comble le petit
grenier de bon froment *, il en a tenu quatre-
vingt - quatorze pieds cubes, c’eft - à - dire, cinq
mille quarante livres pelant. Un grenier,qui a ces
dimenlions, eft un cube de douze pieds decôré,
capable de tenir mille fept cent vingt- huit pieds
cubes de froment*, M. Duhamel fit encore faire
une caifle de quarante pieds de longueur, de neuf
pieds de hauteur 8c de douze pieds de largeur,
qui a pu renfermer cent muids de froment ou
mille deux cens fetiersde fromént.mefure de Paris,
du poids de deux cent quatre - vingt -huit mille.
On vient de voir qu’un grenier conftruir à l’ordinaire,
de quatre-vingt pieds de longueur, fur
vingt-un pieds, ne peut tenir que mille fept cent
vingt- cinq pieds cubes de froment, ou quatre-
vingt- douze milliers de Jivres. Le grenier d'abondance
de la V il!e de Lyon a troiscent quatre-
vingt-huit pieds & demi de longueur, & c ir -
quante-qnatre pieds 8c demi hors - d’oeuvre ; 1Y--
paiffeur des murs eft de quatre pieds & demi. II
y a trois é;ages pou* mettre le blé, au - deflus