
provinces propres aux élèves} ou pour couvrir
les jumens des particuliers qui leur feront annexées,
ou pour couvrir celles qui leur’ feront
amenées librement. Cette difperfion des étalons
un à un, & des jumens poulinières, elï encore
nommée ha-as , mais haras provincial, ou epars.
Amélioration des Chevaux par les haras proprement
dits, ou haras particuliers, haras fixes, ou
parqués.
On entend par haras proprement dits, non-
feulement un alTemblage de Chevaux entiers &
de jumens, deftinés à perpétuer l’efpèce, mais
encore un endroit propre à y élever des poulains,
jufqu’à 'c e qu’ils puiflent fervir, foit
pour la felle, foit pour le trait.
On voit peu d’en droits où il y ait cetîe réunion
d’étalons & de jumens, uniquement affeétés à
la propagation de l’efpèce, parce qu’il eft uni-
ver fellement reconnu que cela eft plus onéreux
que profitable. En France Je Roi en a deux :
l’u n , en Normandie, appelié le haras d'HycJ-
me , & l’autre en Limoufin, établi au château
de Pompadour. Le Roi eft intéreffé à propager
les beaux Chevaux, & à exciter l’émulation
publique. Quelques hommes riches, ou
grands Seigneurs, chez les étrangers, & en France
même, par goût,& comme amateurs, ont fait cette
dépenfe, utile aux autres & agréable pour eux.
Toutes les provinces du Royaume de France
n’ont pas les qualités requifes pour ces fortes
d’établiflemens ; la Flandre , le Morvan t, l’Auvergne,
le B erry, la Navarre, le Limoufin, le
Poitou, la Bretagne & fpécialemènt la Normandie
, font généralement reconnues pour y être
le plus propres.
Ce font le fol du pays, la nature de l’herbe,
la qualité du terrein, le" local pour placer les
herbages, & la température de l’athmofphère qui
donnent à une provincë^cet avantage fur une
autre.
Pour former un haras, foit èn grand, foit
en petit, il faut qu’il y ait des pâturages fuf-
fifans pour la nourriture des qumens & des poulains,
& que ces pâturages foient de différente
efpèce, c’e f l - à - d i r e , plus ou moins gras.
La première chofé à obferver, c’eft de proportionner
la quantité de Chevaux à la quantité
d’herbe què l ’on a, en y joignant desboeufs,ou
desvaçhes, pour réparer le rond que les Chevaux
détruifent. Ces animaux ne font point de tort réciproquement
; le boeuf mange la grande herbe & le
Cheval, qui n'aime que l’herbe tendre & courte,
laifle grainer & multiplier celle qui eft élevée
& dont les tiges font dures, de manière qu’un
pâturage où il a vécu n’eft, après quelques années,
qu’un mauvais pré,, tandis que celui ou
1g boeuf a vécu devient un pré très - fin. C’eft
furie plus, ou le moins de bonté de l’herbage
que l’on peut évaluer la ' quantité de Chevaux
& de boeufs que l’on doit y mettre ; pour la
réparation du fond, le nombre des boeufs doit
toujours l’emporter, & c’eft p eut-ê tre autant
par cette inattention forcée par la quantité de
Chevaux qu’il y a au haras d’Hyefme, que par le
grand défin térefiem eut de M. de Briges, premier
Ecuyer Capitaine du haras du Roi, que les fonds
du haras commencent à y être un peu épuifés.
M. de Briges auroit pu,comme bien d’autres,bénéficier
considérablement fur l’engrais des beftiaux
qui euffent été mis à fon profit dans les pâturages,
ce qu’il n’a pas cru devoir faire, parce
que fon extrême probité a toujours fait taire
les intérêts perfonnels. Il eft d’autant plus vrai
qu’il faut dans un herbage mettre plus de bêtes
à cornes que de Chevaux, que les Propriétaires
d’herbages, en Normandie , ne permettent qu’avec
peine à leurs Fermiers dans leurs baux, de
laiffer paître des Chevaux fur leurs héritages.
Cependant on ne rifqueroit r ie nm êm e dans
un fond.maigre, de mettre un Cheval par quatre
vaches, ou deux boeufs. M. de Garfauît, un des
meilleurs écrivains fur tout ce qui concerne le
Cheval, confeille, dans un fond excellent, un
bon boeuf pour deux Chevaux, dans un fond
médiocre, deux vaches, ou un boeuf par Cheval,
& , dans un mauvais fond, quatre, vaches, ou
deux boeufs par Cheval .
Dans toute efpèce de haras , il faut divifer
fon terrein en trois parties, lefquelles doivent
être bien fermées de haies, ou palis, ou foliés.
X a plus graffe feradeftinée aux jumens pleines
& à celles qui nonrriflënt.
La deuxième, beaucoup moins fùcculente, fera
:pour les jumens vides, qü’il faut féparer ,
parce qu’étant plus légères, ellesrourmenteroient
les autres*, de plus, elles ont befoin d’être moins
graffes, pour retenir plus facilement à la monte
prochaine*, on meraufli les poulines, ou pouliches
dans le même enclos.'
Enfin la troifième dont le fol doit être moins
frais & plus inégal, fera pour les poulains entiers,
ou hongres.Ileftnéceffaûe que cette dernière partie
foitbien fermée, pour les empêcher d'aller trouver
les jumens; ilfaudroit même qu'elle ne fût pas voi-
fine, pour qu’ils ne puffent pas voir les cavales.
Il eft à defirer qu'il y ait dans les deux derniers
enclos des hauts & des bas, pour dénouer
les épaules & les hanches des poulains, & leur
donner occafiojn de déployer leurs forces & leur
légèreté , dans les jeux & les eourfesque leur
gaieté naturelle leur fait faire.
Pour que l’herbe des enclos broutés pût fe
renouveller, il feroit utile d’en avoir de
rechange*, on feroit paffer les animaux des uns
dans les autres, & ils reviendroient dans les
premiers, quand les derniers feroient épuifés.
Dans chaque herbage , s’il y a une mare, elle
fervira d’abreuvoir & de bain aux animaux,
quand ils feront trop affaillis des mouches. Quelques
perfonnes penlent que les eaux .ftagnantes
lont préférables pour les Chevaux aux eaux vives,
parce que celles— ci leur donnent fouvent des-
tranchées. Mais cerje opinion ne me paroît pas
fondée. Il eft pofiiblé & même vraifemblable
que des Chevaux qui fe font échauffés au travail,
venant à boire de l’eau vive & froide, foient
attaqués de tranchées ; mais des Chevaux paif-
fant & errant librement dans un parc de haras,
ne s’échauffent pas. Une eau limpide & pure ,
telle que l’eau dçfource, & fur- tout telle qlic
celle des montagnes, ne me paroît pas devoir
les incommoder : avant de me perfua-
der quelle leur eft nuifible, je defirerois
avoir des faits pofitifs qui le prouvaffent. Mais
il faut que l’herbage ne foit ni trop humide , ni
trop fec*, le terrein marécageux leur attendrit
la corne, élargit le pied, les rend fujets aux eaux,
& fait les Chevaux mois & fans vigueur; le trop
fec donne des Chevaux -nerveux, mais il leur
ferre les talons & les rend en cartel és ; par con-
féquent un terrein qui ne foit,ni gras,, ni maigre;
eft le plus convenable pour faire de bons Chevaux.,
Par cette raifon , les pays un peu montueux
paroiftent préférables pour placer , un haras rde.
Chevaux fins. Les animaux contraints démonter,
& defcendre'y acquierrent^ outre la force, delà
liberré, de la foupleffe & de l’haleine. L’herbe ,
des montagnes eft plus fine, plus délitate,
plus nutritive. Les gros Chevaux qui ont befoin
de pâturages abondans, tpeuvent être élevés dans
les pays de plaine , ou dans les. vallons.
I l eft bon d’obferver qu il faut quelques arbres
épars dans les herbages, pour mettre les animaux
à l’ombre dans les grandes chaleurs, & pour leur
donner la facilité de fe frotter; mais s’il y a
des troncs , des chicots, ou-des trous, il faut
arracher,ou applanir, pour prévenir les accidèns.'
•On doit avoir un Garde-haras, pourfoigner
lés animaux , réparer les torts qui peuvent fe
faire ù la clôturé de l’herbage, en écarter les
loups, en un mot veiller à tout.
Quant aux loups, iis font plus à craindre
dans les herbages où il n’y a que des poulains
qne dans ceux où il y a des jumens poulinières :
elles font en état de fe défendre, ainfi que leurs
productions. Les bêtes à cornes s’en garantiffent
aufli. Les cavales fe réunifient en rond, mettent
les poulains dans le milieu & préfentent la
eroupe ; :les bêtes à cornes font le contraire &
préfentent la tête/, dans l’un & l’antre cas , comme
un loup occafionne un grand mouvement dans
1 herbage , le Garde-haras qui y couche , vient
a leur fecours; il eft muni d’une arme à feu qu’il
tire tous les foirs & plufieurs fois dans la nuit ;
d à de plus un chien qui ne lui laiffe pas,ignorer
ce qui fe paffe.
Des pâturages les meilleurs font ceux qui abondent
en plantes graminées fines, les plus capables
de bien nourrir. Après elles fe-font la luzerne,
le fainfoin, le trèfle & la pinprenelle.
Les jumens & poulains d’un haras paiffent
depuis le Prinremsjufqu’en Hiver, dans les pâturages.
Quand ils ne trouvent rien aux champs,
on les nourrit à l’écurie avec du foin.
Une petite remarque de curiofiré en partant,
c’eft qu’un herbage, eft, pour ainfi dire , un baromètre
vivant: quand le tems va à la pluie,
les animaux dêfcendent dans les fonds,. & vien-
nefix fur la hauteur, quand il doit faire beau.
Je n’entrerai p;int dans-les détails des écuries,
ou des h'ngards qu’il faut dans les haras
fixes y foit pour loger féparément les
étalons, les jumens pleines, ou vuides, les poulains
de l’un & l’autre fexe , aux différens âges,
foit pour les faire manger à couvert les,jours
où l’inconftance .du tems ne leur permet pas de
paître dans l ’herbage. Il ne fera pas queftion nom
plus-des forges, manèges & autres objets indifpen-
fables quand les haras font confidérables. Je ré-
ferve pourlémot Haras l’expofé du lecalle plus
.convenable. Il eft inutile de dire qu’on doit
avoir dés regiftres exaéls , pour y conferver les
•noms des:étalons &_ jumens, & celui des haras
d’où ils font'forcis , les noms & qualités
des pères & mères., les poils, les marques, l’âge,
Ha taille,, la figure, le jour de la faillie , celui du
du part, ou accouchement,1e fexe, ou le produit
donné, &c. Je me contenterai de traiterici de tout
ce qui a rapport à la conduite des animaux, qui
forment les grands & les petits .haras,.
Du choix des étalons.
- Le Cheval étant le plus brave & le plus utile
de tous les animaux, il eft donc néceffaire à toute
Nation gueirière, ou agricole de conferver, propager
& embellir fon efpèce»
On nomme étalon, ou ételon, un Cheval.entier,
uniquement deftiné à/couvrir des jumens. La
tournure, la force & la raille d’ un étalon doivent
être en raifon de l’efpèce- de Chevaux que l’on
veut faire, c’eft - à - dire , qu’il faut qu'il foit
fin, s’il eft deftiné à faire des Chevaux de felle r
& qu’il foit fo r t, fi ce font des Chevaux de
trait. Je ne parlerai pas des Chevaux de fomme
ce font les mulets & les ânes que l’on emploie
ordinairement à porter; l’efpèce de Chevaux
qu’on leur affocie eft l’elpèce la plus commune,,
qu’il eft inutile de chercher à embellir.:
Un étalon , dans l’un & l’autre cas., doit être ,
en beauté,& en qualité, un modèle de fà race,
afin que fes productions foient les plus parfaites
polfiblesl
Si on le deftine à faire des Chevaux de mon -
ture , il faut qu’il foit libre dans les épaules,,
fûr dans les jambes, fouple dans les hanches,
lefte, nerveux &fain par-tour le corps; de la taille
de quatre pieds hu it, neuf & dix pouces; qu’fl