
voient les eaux infectes de la cou r, comme fi
on eut voulu réunir à-la-fois toutes lescirconf-
tances les plus contraires à la lalubrité.
La vétnflé de l’écurie & les plaintes des Fermiers,
qui y perdoient beaucoup de Chevaux, déterminèrent
à la rebâtir dans un autre en d ro it& avec
des proportions, différentes. On donna à la nouvelle
Ibixante pieds de longueur, vingt de largeur
& douze de hauteur. Elle fut placée entre
le"Nord& le Midi. La porte de fix pieds & demi
fur -quatre & demi, fe trouva a cette expofiiipn,
aïnfi que-deux fenêtres perallèles, de deux pieds
fur un pied & demi. On ouvrit quatie autres|
fenêtres à l’expofition du Nord , chacune de deux
pieds fur fix pouces., & au-defius des râteliers.
Cette écurie renferme le même nombre de Chevaux
que l’ancienne, c’eft-à-dire, 13.. Ils font tous :
fur un rang, du.côtéoppofé à la porte, & peuvent
avoir en largeur pour chacun, un efpace de 4 pieds
& {. On voit par toutes ces proportions, combien
les Chevaux y font à l’aife ,& refpirent un air pur
& renouvellé. Auffi remarque-t-on qu’ilss’y portent
bien. Ils ne font fujets à aucune des nialadies
quife manifeftoient dans ^ancienne écurie.
J’ai cru dévoir m’occuper auffi des moyens
d’éviter des maladies aux Chevaux de pofie; les
pertes que les perlonnes auxquelles ils appartiennent
éprouvent fouvent, -font fi coniidé-
rables, qu elles font le plus grand tort à leur
fortune , & nuifent même au fervice des cou-
riers. D'après ce que j’ai obfervé précédemment,
je luis porté à croire que 1 état de leurs
écuries' influe beaucoup fur leur fanté. Dans les:
routes fréquentées, où le nombre des Chevaux
de pofle eft grand, ils habitent des endroits dont
l’étendue n’efl pas fuffifante, & où l’air ne fe renouvelle
la vue fans re.ffour.ee:; tous les autres ont été
guéris parfaitement à l’aide des moyens fuivans.
Le premier foin a été de mettre les Chevaux,
malades dans .une écurie léparée, bien nérovée,
purifiée même par le feu , &. dans laquelle l air
pouvoit fe renouvcller facilement.
point. Celui qu ils. refpirent eft altéré '
& échauffé parleurtranfpiration, plus abondante
que celle des autres animaux de la même efpècë,'
qui ne font pas dans des circonflances fenlbla-
hies 4ufü chaque fois qu’ils fortentde l’écurie !
les entend - on s’ ébrouer , effet naturel d’un air
plus denfe qui, en s'infiltrant dans leurs nafeaux,
irrite la membrane pituitaire. Parmi les maladies
. qui peuvent être attribuées ou entièrement ou
en partie il la difpofition des écuries de poiie ,
peu différentes de celles des fermes, je me contenterai
d’en rapporter une quia régné dans-un
Bourg de la route d’Orléans. .
A la fin de Mars i 7 7 9 3 troIS Chevaux tombèrent
malades en même-temps. Ils furent fai-
gués fept à-huit fois. En les .éloignant des attires
pour éviter la communication, on les plaça,
par une précaution mal-entendue, dans la partie
de l'écurie la plus, chaude, & la moins aérée.
Deux moururent le troîfième jour ; l’autre leur
furvécut-de 19 î° urs- ■ , , , . , •
Bcn-tût onze Chevaux de la même écurie
furent .attaqués-delà maladie, & fucceffivement
quatorze autres. Cinq de ces animaux ont perdu
L’écurie dans. laquelle on les renfermoit auparavant.
étoit chaude., fans air renouvellé, &
■ fi petite, qu’à peine avoient-ils.de la place pour
fe coucher. On n’en ouvroit pas les fenêtres,
d’ailleurs en petit nombre. Le long d’un des
murs, il y ayoit. du fumier de la hauteur de fix
‘pieds; de manière que la porte même étpit bou-
.cliée en partie. On fait quelle chaleur caiife
le fumier de Cheval, & quelle odeur il s’en
exhale. D’après cet çxpofé,, on croira facilement
que l’état de l’écurie a dû contribuer pour- beaucoup
à la maladie., dont le fiège principal étoit
dans la poitrine. On ne peut douter qu elle
n’ait été produite par l’alternative de l’air raréfié,
que les Chevaux, refpiroient lorsqu'ils ne
lortoient pas, & de l’air condenfé qui, quand
ils étoient en courfe, s’introduifoit par fecouiles
dans leurs poumons, fans donner le tems aux
expirations de fe faire.
En fuppofant que - cette explication né put
être admife, il eft certain au moins que le maître
de la pofle, dont les Chevaux ont éprouvé
cette maladie $ n’en perd que rarement depuis
: qu’il a fait pratiquer à fon écurie, un nombre
' luffifant de-fenêtres à huit pieds les unes des
autres., avec l’attention de les tenir ouvertes.
On a également celle de tranfporter^ les fumiers
dans une cour loin de 1 écurie. Il eft
certain encore que les autres Maîtres de Porte
de"la route d’Orléans, en fuivanr fon'exemple, L
y trouvent les mêmes'avantages.
On doit à des Colonels & à des Aides-Majors éclai-
! rés , des précautions particulières, qui contribuent
à éviter plufieurs mortalités parmi les Chevaux
de la cavalerie françoife. Mais il me femble que
tout n’a pas été-prévu. L ’inconvénient le plus
fenfible des écuries de cavalerie, que j’ai vifitées,
eft le défaut d’a ir, affez renouvellé pour que les
animaux y refpirent à l’aile. Les mêmes vices de
conftruélion, dont je viens de parler, s y retrou-
venti On peut fur cet objet & fur ce qui pre-
: cède , confulter un ouvrage, que j’ai publié en
1781, fous le titre, Obfervations. fur plufieurs
maladies de bejiiaux. On y verra en détail, l’influence
que peut avoir la conftruélion du loge-
ment des beftianx, & les plans gravés dune
vachetie & d’une écurie. ;
Enfin, j’ai lu dans un ouvrage de M. Cafeaux,
: habitant de l’ifle de la Grenade, qn’après avoir
perdu beaucoup de Chevaux, qu’il tenoit fou-
vent renfermés dans une écurie, il cefi^ d en
perdre les .laiffant libres nuit &. jour dans les
favanes. Le même remède arrêta la perte ele
fes mulets, qui devenoit beaucoup plus confidérable,
tant l’air pur eft utile aux animaux.
Ces faits prouvent que quand on eft obligé
de les placer dans des étables, on ne fauroit
trop les y rapprocher de l’état où ils font dehors;
j’en excepte le cas où des Chevaux arrivant
échauffés par un tems froid, on doit fermer
dans les- écuries’, pour le tems où ils ont chaud,
les fenêtres qui les avoifinent. Voye[ au mot
Ferme la conftruélion de l’écurie.
Produit- des Chevaux. •
Le produit confifte dans la vente des poulains
, dans l'engrais que procure le fumier
des Chevaux , dans le travail qu’ils font, &
enfin dans la vente de ceux qu’on ne garde
plus. t si " .
Produit par la vente des Poulains.
Un des pays, de France où on élève le. plus de
Chevaux, c’éft le Boulopnois, fur-tout le Bas-
Boulonnois. Il y a quelques années, le Boulonnois
entier contenoit environ 12,000 jumens,
employéès aux travaux de l’Agriculture , & à
donner des poulains -, neuf mille, au moins ap-
partenoient au bas Boulonnois. On n’y trouvoit
de Chevaux entiers, que ce qu il en falloir pour
couvrir les jumens. Quelques coureurs même
y mendient,. lors de la monte, dès étalons qu on
examinoit bien, & qu’on a toléré^ de touttems,
afin que le fervice des jumens ne manquât pas.
On fait couvrir les jumens tous les ans, pour
tirer plus au produit, qu’à la beauté de 1 efpèce.
On a remarqué que quelques jumens de 23 à 24 1
ans, aveient donné à leur propriétaire vingt
poulains. Les habitans du Boulonnois ne vou-
droient pas conferver une jument, quelque
bonne qu’elle fût, fi elle étoit deux ans fans fe
faire remplir. Ils ne gardent leurs poulains que
jufqu’à 18 ou 20' mois. Ils en vendent même à
huit mois. Il n’en refte dans le pays, au-deffus
de vingt mois, que ce qui eft néçeffaire pour
le remplacement, & ce qui n’a pas été de défaite.
Des marchands du Vimeux ou de Normandie,
viennent les chercher chez les fermiers,
ou à des foires qui fe tiennent en Qck>bre &
Novembre. Lés terres du bas Boulonnois font
impraticables en Hiver. On ne peut donc les
cultiver que dans la belle faifon. Les fermiers
ont par cette raifon un grand nombre de’ jumens,
pour pouffer leurs travaux au moment
favorable -, ils font dédommagés, par le bénéfice
des produ&ions de ce qui leur en coûte de plus
pour les entretenir. Avec des Chevaux entiers,
ils n’auroient pas cet avantage. On fait,
dans le Boulonnois, couvrir les jumens à l’âge
de quatre ans. Le produit Commun delà province,
ffeft que de 6000 poulains, quoiqu’il y ait environ
12,000 jumens. Mais toutes ne retiennent
pas -, plufieurs avortent par divers accidens.
Le prix moyen des poulains à 6 mois, étoit,
il y a 6 ans, d’environ 100 livres ; & celui des
poulains de 16 à 20 mois, d’environ 200 livres.
Depuis cette époque, il a augmenté de beaucoup
& vraifemblab’.ement de moitié.
En fuppofant qu’un fermier du Boulonnois
eût fix jumens, qui euffent été couvertes; trois
au moins lui auroient donné des poulains, qu’il
eût vendu à 8, mois au plus bas prix 300 livres,
& à 20 mois 6co livres.
Les herbagers de Normandie, qui engraiffent
des boeufs, ont befoin de poulains pour paître
l’herbe fine, que les boeufs ne mangent pas, & ’
pour contribuer à l’amélioration des herbages. Ces
jeunes animaux déchirent & arrachent certaines
plantes,qui fe multiplieroient trop & fe rendroient
maitreffes du terrain,au détriment dé celles qui conviennent
aux boeufs. Ces herbagers achetoient les
poulains ic o livres chacun, ou 200 livres felon
leur âge, & les vendoient à 4 ou 5 ans, environ
400 livres ; • ils ne ' leur coûtoient à
nourrir que dans l’Hiver. Aujourd’hui, ils les
achètent plus cher ; mais ils les vendent à proportion.
Il eft rare qu’on ne faffe fervir les Chevaux,
qu’à l’âge ou ils ont acquis leur force. Beaucoup
de fermiers, en Normandie, dans les provinces
adjaçentes & dans le Nivernois, achètent
des poulains de 15 a 18 mois. Ils les font tra-
: vailler, en les ménageant dans le commencement,
jùfqu’à l’âge de trois ans ; alors ils les.
vendent, en bon état & bien vigoureux, à d’autres
fermiers; ceux-ci- les revendent lorfqu’iis
marquent encore. On a obfervé que ces
Chevaux font plus adroits que ceux qu’on
ne commence à faire travailler qu’à quatre ou
cinq ans. Mais ils ne durent pas fi long-tems.
ayant travaillé trop jeunes.
Un Cheval de 4 pieds 11 pouces, qui n’au-
roit pas travaillé , mais qui auroit quatre ans.
faits , fe vendroit maintenant ( en 1792) 720
livres ; je ne parle ici que des Chevaux de l’a -
bour & de tirage. Car les Chevaux de Celle ont
une valeur proportionnée à leur beauté.
Produit par Vengrais que fournit le Cheval. A
Un Cheval de taille commune, c’eft-à-dire, de
4 pieds 8 à 10 pouces, fourni convenablement
de litière de paille de froment, peut faire, fi
on le cure tous les jours, en une ^nnée, 12
charretées de fumier de 2 pieds ~ de hauteur,
fur 12 à 13 pieds de longueur, &. 2 pieds de
largeur. Cette quantité de fumier eft fuffifante
pour fumer deux arpens de terrre, de qualité
moyenne, de ic o perches à 22 pieds. Voye[ au
mot Amendement , la qualité comparée du
fumier de Cheval.
T I