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iaietü'. On le garde dans lès greniers & magafins.
Je le fuppolîrai dans eet état dans tout ce que .
j’aurai à dire lur fa Confervadon.
Le blé étant une denrée de la plus grande importance,
on a cherché tous les moyens de le
cpnfervcr. Si on le récoltoit toujours très-fec, fl
chaque année en fottrniffoit ce qu’on en doit
conlbmmer , fi on en cultivoit dans mus les pays j
précifément ce qu’il en faut, enfin, s iln é to it ,
‘pas fulceptible de s’altérer & d’être dévoré par
les animaux, on auroit peu de précautions à
prendre. 11 n’y. auroit aucune néceflité de s’occuper
de fa Confervation. Mais la récolte ne
fe fait que tous les ans ,& , dans le cours de
l'année, on-doit au moins,pouvoirgarder le blé
en bon état. Des oifeaux , des quadrupèdes &
des infeiles en dévorent une bonne partie.
- Il y à des Provinces où le blé croît en.
abondance, & au-delà de la confommation des
'habitans ; & d’aiitres où il en vient peu & quelquefois
point du tout. Les produits des récoltes
font inégaux , tantôt un Royaume en recueille
plus qu’il n’en peut confommer, tantôt fa récolte
ne fuffit 'pas à Tes befoins. Souvent, on le
rentre Humide & dilpolé à fermenter & àiperdre
laqualité’qui le rend propreàfaire du pain.Tous
Ces rnotifs-néceflitent des moyensdele conferyer.
On a foin d’écarter des greniers & magafins
les moineaux , en pofant devant les fenêtres des
claies de bois oud olier, ou des filets. Ces oifeaux,
pendant l’Hiver, y cauferoient de grands dégâts.
Voyt\ le mot Moineau.
La manière la plus fûre de détruire les rats&
les fouris, ennemis des blés , efi d entretenir à fon
fervice beaucoup, de chats qui, rodant dans les
grandes &- dans les greniers, en détruifent ùne
grande quantité. V o y c \ le mot Ch a t. Ces animaux
ont cependant l’incaniiénienr ’de ..faire
'leurs ordures dans les tas de grains ; cetinconvé-
nient efi fi grand que j’ai quelquefois préféré les
dégâts des fotiris. Mais M. Parmentier confeille
devenir auparavant les chats enfermés quelques
jours dans un endroit où on les, nourrira bien.,
d’y mettre des caiffes ou des terrines, à moitié
remplies de fable ou de cendré. Lés chats y feront
leurs ordures plufieurs jours dé fuite & continueront
d’y aller , lorfqu’on aura placé ces
vafes dans les greniers. 1 N ' _ T
J’ai parlé de la multiplication du charranfon,
du tort qu'il fait, ■ & des procédésàndiqués polir
le déri titre : veyrp lè mot C h a R'tt a w s o.n ;
j’ajouterai feulement que , dans les Mémoires
de la Société économique de Berné:, année. 1768 >
M. Hell, Cultivateur éclairé : dé :1a Haute r.Al-
l’ace propofe comme un préfervatif fûr contre
les c'narranfons, l’emploi du fel léché & broyé ,
en en jettant fur des gerbes dans les granges , &
en le mêlant dans lès greniers avec lès -grains.
M. Hell confeille quatre livres de. fei par cent
gerbes, & en outre une demi - livre, par fetiti
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■ de blé battu. Il croit cependant qu’il fuffiroit
d’en joindre au blé battu , & qu’on pourroit
■ économifer ce qu’il propofe d’en jetter fur les
gerbes dans les granges. Ce grain femé après cette
préparation, lève bien& donne de belles récoltes,
La paille de gerbes falées doit être très-appé-
ti flan te pour les belliaux. Mais, en fuppofam
que la falaifon des grains les préfervât des char-
ranfons, on auroit de la peine à les vendre dans
les pays où les hommes ne font pas accoutumés
à manger du pain falé. Le préfervatif indiqué
par M. H e ll, fur lequel on auroit pu avoir quelque
doute, â caufe de. fa nouveauté , acquiert
un degré de probabilité de plus par un fait que
des Gardes- magafins de fel d’Yverdun ontra-
conté à M. de Male-herbes. Sur le magafin de
fel de cette V i lle , il y a un grenier,de blé,
qui n’eft point attaqué parlesinfeéles. Cet avantage,
n’efl pas dû., comme ils le croient, aux
vapeurs du f e l , mais au froid qu il entretient,
& qui eft contraire à la multiplication de ces
infectes.
Au mot Ch en il le , on trouvera ce qui concerne
la cheniile & les papillons, qui ont infeflé
& infeflent encore quelquefois les blés de l’An-
goutnois. Je traiterai de la teigne à fon article,
Il fera quefiion .ici des diverfes méthodes employées
pour copferver.le blé dans l’état de grain,
des. foins qu’il exige dans plufieurs de ces méthodes,;
& des préparations qu’il convient de
lui faire fubir, lorfqu’il a été récolté humide,
ou lorfqù’on a 1e projet de l ’embarquer.
Blés dans dis paniers de' paille.
En. 1.775, jé fus engagé, à allervifiter le grenier
de M. .ViiUin, Çuré>,de Cormeil, à quelques
lieux de Breteuil en Picardie, parce quil
avoir une manière particulière de .conferver fon
blé. CetEccléfiaftique, fondé fur ce que les oeufs
de poule fe gardent très-long-tems, même en
Eté, étant déppfés tous frais fur des_çouçhes de
paille, qui les empêchent de fe toucher, a ima-
ginés pour c-enferver, fon blé, d.cs paniers de
paille ,de feîgie, dont voici les dimenjipns.
Ces paniers ont la forme de cônes renverles.
Ils ont trois' pieds de hauteur, fur une largeur
de; deux pieds dix pouces à la baie, Leur grande
capacité commence â fe rétrécir à un pied «
demi de la baffu à cet endroit il y a un venue,
ou augmentation de diamètre : après ce venue
ils diminuent peu-à-peu,- & fe terminent . pat
Une ouverture de trois ji. quatre pouces, laquelle
fe ferme, à.l’aide.d’une planche à couliifes.
. ■ ■ - , , )' , a . :t e - ’ ■ / h o d i f ,:e Y
Chaque panier peut, contenir au moins deux
fetiers.de blé; mefure de Paris, Il efi compote
de rouleaux, ,ou petits faifeeaux de.paille oe
feigle, unis-les uns aux autres par des lient titv
xibles de bois de itillçul, Vers,l’endroit ou le f»
- • ' ' i, * ... mer
c o N
nief commènce à fe rétrécir, il y a extérieu- I
remént un rebord de paille, pour le retenir à i
la place où on le pofe. Quand le panier eft
plein, on le recouvre d'un clayon, pour empêcher
les chats d’y faire leurs ordures.
Indépendamment de cette difpofition, M. Vil-
lin, a penfé qu’il feroit utile, de mettre un
tuyau, fait de faifeeaux de paille, au centre
du panier ; on le fixe au fond du cône renverfé
fur une cheville de bois, implantée dans une
petite traverfo. Les paniers de M. Vil lin, font
de deux ou trois pièces, affemblées par des attaches,
& qu’on démonte à volonté: par ce
moyen, on peut les entrer & les fortir par des
portes étroites.
En pratiquant des chaffis de traverfe déchois,
on placeroit beaucoup de paniers dans un grenier.
S’il a de la hauteur, on peut en établir à
deux ou trois étages les uns au-deffus des autres.
Les avantages de ces paniers, font, ï.° de
tenir le froment net •, les paniers étant fufpen-
dus, la pouffière du plancher ne peut aufli facilement
falir le blé. On le porte au marché,
fans être obligé de l’époudrer, ce qui eft une
économie. i.° de le mettre à l’abri des chats,
qui peuvent en chaffer les fouris & les rats,
lans le gâter. 3.0 D’en écarter la mite & le
charanfon, qui n’y trouvent pas de retraites,
comme dans les murs, les toits & les planchers
& dont la multiplication eft moindre, parce que
ce froment eft remué facilement. Pour cet effet,
on débouche toutes'les planches à eouliffes de
chaque panier, on place dés corbeilles • fous
ceiix du plus bas- étage, pour y recevoir un
huitième de grain, qu’on remonte dans les paniers
fupérieurs. Les paniers ayant la forme conique
, on ne peut laiffer échapper du blé dans
les corbeilles, que tout ne foit remué à l’inf- ,
tant. Car les grains, au moyen du vuide qui
fe fait en bas, roulent les uns fur les autres.
A travers les parois du panier, le blé reçoit de
l’air, qui pénètre jufqu’à une certaine épaiffeur ,T
il en reçoit encore dans la partie fupérieure,
qui n’eft point fermée, & enfin, par le tuyau,
ni paffe au centre. Ce tuyau fe r t, pour ainfi
ire, de thermomètre, en indiquant fi le blé
s’échauffe, parce que , dans ce cas, fon extrémité
eft humide. Le blé dans ces paniers étant
dans de la paille, fe trouve en quelque forte
dans fon élément : il s’y conferve plus frais que
fur le carreau.
J’ai fait faire un de ces paniers pour l’effayer
en Beauce. Depuis vingt ans qu’il fert, il eft
toujours en bon état. Le blé s’y conferve bien.
Ji exige .d’être remué par l'ouverture des cou-
hjies que de loin en loin & à très-peu de frais,,
neft point expofé aux ordures ,des chats & fa-
v°nie moins la multiplication-des' charanfons
que celui, qui eft fur le plancher. Un grenier quon rempliroit de ces paniers ainfi fbutenus
•Agriculture. Tome I I I .
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fur des traverfes, n’auroit pas befoin d’érre carrelé
ou plancbayé. On pourroit même en mettre
dans un rez-de-chauffée, fuffifamment aéré,
pourvu que le plus bas-ér^ge fût à quatre pieds
au-deffus du fol. M. le Curé de Cormeil avoir
aufli des paniers pour les grains ronds & même
pour l’avoine. Us étoient aufli faits de paille
d’avoine, niais parfaitement cylindriques, parce
que ces- grains n’ont pas befoin d’être remués
comme le froment. Ils étoient comme les autres,
couverts d’un clayon & pofés feulement
fur des chantiers, appuyés fur le plancher. Les
chats avoient la liberté d’aller deffous & touc-
au-tour.
Le grenier étoit couvert de chaume ou de
gerbée. Cette forte de couverture s'échauffe
moins que-la tuile & l’ardoife.
BU dans des facs ifolés.
L ’Ouvrage de M. Parmentier fur les avantages
que le Royaume peut tirer de fes grains, expofè
la manière de conferver le bié dans des facs
ifolés.
Dès qu’il eft entièrement nettoyé de toutes fes
ordures, & parfaitement fec & exemptd'infectes,
on le met dans des facs qu’on place , par rangées
droites, dans un grenier , en ne laifl’ant que la
place néceflaire pour paffer entre les rangées
de facs & les murs. Par ce moyen, l’air qui
circule autour rafraîchit le grain. La capacité
de chaque fac fe règle fur lés mefures & fur
les poids du pays ; plus il fera grand, plus le local
contiendra de grains.
Lés facs feront ifolés les uns des autres, avec
des merceaux'de bois qu’on fixera à leur circonférence
, par le moyen d’un petit crochet.
Dans quelques circonftances, on pourroit mettre
dans le grenier deux rangs de facs, l’un au-deffus
de l’autre.
Cette méthode a plufieurs avantages. Le blé,
mis dans des facs , y contracte moins de faleté
que Celui qu’on conferve dans des paniers; car
ce dernier eft expofé à la pouffière des toits &
à celle qui arrive par les fenêtres : il n’a pas
befoin d’être criblé. Il n’exige plus de frais &
de foins, à moins qu’il ne s’échauffe & ne fer--
mente ; dans ce cas, il faudroit le défacher ,
l’étendre fur le plancher & le remuer. Un grenier
peut contenir plus de blé en facs, que s’il étoit
en couches, fans être enfermé. Les charanfons
& autres infeétes ne l’attaquent pas. Si les fouris
percent quelques facs ^ on s’en apperçoit auffi-
tôt, & on y .remédie ; les chats ont toutes facilités
pour leur faire la chaffe. L ’air qui circulera
facilement autour des facs, les entretiendra
dans un bon état de fraîcheur & de féchereffe,
pourvu que le grenier n’ait que de petites ouvert
turcs qui fe correlpondenr.
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