
33i C O C
tout l’Hiver & une partie du Printems, fans
qu’ils y faffent le moindre dégâts Au retour dés
champs, on leur donne les lavures de vaiflclle,
du lait caillé, du fon, des herbages, pour les
attirer au gîte , où ils fe rendent quelquefois plus
vite qu’on ne voudroit.
Il Faut bien prendre garde , quand on lâche
les Cochons qu’ils ne mangent de i’herbe à discrétion,
fur-tour au Printems, car ils en fer oient
bien-tôt incommodés. Un champ de trèfle & de luzerne
eft très - nourriffant pour eux : 6‘n âvoit
afTuré que Tufage de ces plantes étoit funefte
pour les truies, & q u ’elles les faifoient avorter ;
mais nous devons encore aux expéïiencés dé
-M. Hervieu, d’être défabulé fur ce point. Ce
Cultivateur diftingué à nourri pendant plufieurs
années, des.truies ail trèfle & à la luzerne, au
point d’tn être engrailTées, fans qu’elles aient
éprouvé d’accident au.contracte , elles âbondoient
en la it, leurs, petits prenoient, en pèu
de tems, le goût de cette nourriture , qui leur
réufiifloit également bien:.
Il faut tenir les Cochons écartés dés voieries,
parce que l’ufage dè ces aiimens leur donne
ordinairement la diarrhée. Maisjufqu’â ce qu’on
les renferme pour les ' engrainer ", on doit fe
borner à leur donner une nourriture modérée,
capable feulement de les entretenir en bon état,
& de les empêcher d’être trop vorace. Un moyen
de remplir ces - vues à peu de frais eft , lorfque
les pommes de terres ont acquis leur maturité ,
de divifer le champ où elles font venues par
des paliiïâdes ou des Claies portatives, & d’y laider
enfuire ces' animaux , avec l’attention d’yplacer
toujours une ange potir lés abreuver : en fouil-;
ïanr la terre, ils trouvent facilement le fruit
qu’ils arment; on les tranfporte enfuite dans
une autre place. Quelque précaution que l’on
■ prenne pour n’en pas laifler dans le champ où
l’on cultivé , ordinairement cës racines , on ne
peut y parvenir ; c’eft donc unereffource allurée ’
pour les Cochons, fi on lès ÿ conduit plufieurs
jours de fuire après la récolte. Cette méthode
épargne .beaucoup de frais, en mêmé-tems' que
le terreirr eft mieux préparé pour une autre
culture. On pourroîr pratiquer le même moyen
dans une pièce de trèfle ou dé luzerne qu’on
leur deftine, en farfant une enceinte dé ce qu’ils
doivent manger chaque jour, avecdesclàieè qu’on
tranfporremit plus loin le lendemain ; mais il
vaut mieux faucher l’herbé ,, & la diftribuer aux
Cochons dans des râteliers; portatifs fon eft plus
certain de la quanti ré qu’ils.en confômment, &
il y en a moins de perdu.
En préparant la farine, fécule ou amidon de
pommes de terre, il refte fur le tamis une matière
, qui eft le corps fibreux de la racine; cette
fubftance, quoique dépouillée 'd’amidon ,. & en
grande partie de fa matière extràélive , peur I
encore fervir de nourriture aux befliaux, à - peu j
C O c
près comme les fonsdes grains, auxquels la mou,
fùre a laiffé un pèu dé farine : elle contient
quelques principes nutritifs, fur-tout lorfqu’on
y a ajouté un peu de fel , & qu’on lui a laiffé
prendre un léger mouvement de fermentation.
Les Fabricans dé fariné de pommes de terre à
Paris1 vendent ce rëlidu aux nourriftlurs ; j’erj
ai donné également avec fuccès aux Cochons
qui la mange oient, suffi avidement que les racines
elles-mêmes. M. Hervieu, qui a imaginé le
premier de faire fécher cette lubftance & d'en
conferver ainfi, pendant toute l’année, pour
la nourriture ;.il a même reconnu que laracine
dans cet état , jouic d’une propriété dont elle
n’eft pas douée lorfqu’elie eft fraîche : c’efl de
; cuire très -promptement. Jettéedans l’eaubonil-
lante, .après avoir trempé pendant quelques
heures dans l’eau froide, elle forme fur-lé-chanip
une bouillie graffe & épaiffe dont les Cochons
font très-avides, & qui les engraiffe en; pende
tems.
La laitue peut anfli être inferite fur la lifte
des fubftànces propres aux Cochons. On pourroit
placer cette plante dans les rangées des pommes
de terre, lorfqit’’éllës laiffent un intervalle de
trois pieds, ou èenfacrer plutôt un terrein particulier
à fa culture : des expériences faites dernièrement
, en Angleterre , ont prouvé que fon
ufage étoit avantageux pour les truies qui avoient
des petits qu’il accéléroit le fevrage de quinze
jours, & offroit un moyen d’épargner du lait
& dit grain.:
L ’habitude adoptée dans certaines contrées de
laiffer1 dans1 l’auge du Cochon un boulet, que
d’àuîrës remplacent par l’emploi d’un vaiffeau
de fer , pour l’apprêt de la mangeai!le, a-t-elle
quelque fondement ?On ignore dans quelles vues
cet ufage eft fuivi 6c adopté : peut - être que les
fubftarices mat riales, amères, ' acerbes ou aftrin-
genrestelles que les fruits fauvages, les écorces
' de chêne, ajoutées à la nourriture des Cochons,
leur font irtdifperifàblés ; dès que cette nourriture
eft compoféè'de matières relâchantes & fluides)
comme les 'marcs des braderiez & des ami-
donneries. Elles, foutiennent i’aéfion de l’efto-
mac, agiffént de manière à prévenir les flatuo-
fitéé^’èn donnant du ton, de lafermetéà la chair
& ait lard , en quoi • confifte l’engrais que nous
allons développer.
Engrais des- Cochons'.
On peur mettre à L’engrais-les Cochons deftinés
au petit falé, lcrfqu’ils ont atteint huit à dix mois;
mais il faut néceflairement que l ’animal ait dix-
huit mois ou deux ans pour fournir je lard :
ils croiflent encore beaucoup pendant quatre; ou
cinq ans; néanmoins il eft rare qu’on laifte vivre
fout ce tems, autres" que les verrats & les truies
für - tour, un animal qui doit payer plutôt les
c o c
foins de fon Maître, & qui n’eft réellement Utile
(m’après fa mort. La première attention qu’on
doit avoir eft de bien choifir les Cochons qu’on
veut ensraifler ; car on a reconnu qu’ils ne font •
pas tous*5également propres à prendre une bonne
graille : d’ailleurs certains Cochons s’éngraiffent
plus difficilement que d’autres, & par conféquent
confomment plus de nourriture avant de parvenir
au point de chair & de giaiflè qui allure
le débit : enfin d’autres , malgré les attentions &
les dépenlës, relient toujours au - deffous de ce
point, & ne dédommagent pas de ces dépenfes
par ,une vente avantagea fe ; fouvent, il eft vrai,
ce ,vice n’eft que celui des circonftances; car il
en eft dans la vie du Cochon qui le rendent plus
propre que d’autres à l’engrais.
11 exifte différens moyens d’amener, pour ainfi
dire à volonté, la furabondance graifleufe dans
quelques animaux doméfliques, & fur - tout dans
le Cochon.
Ces moyens peuvent être réduits à quatre principaux;
(avoir.
1. ° La caftration.
2. ° La nature & la qualité de la nourriture.
5.°Lechôix de la faifon.
4.0 L’état de repos où doit être l’animal.
La caftration que le tems & l’expérience ont
confacrée, peut avoir lieu à tout âge pour le
Cochon ; mais plus l’animal qui fubit cette opération
eft jeune, moins les fuites en font funefles :
dans quelques cantons, on la fait à fix femaines
ou deux mois au plus ; les cochonnets encore au >
régime laité guétiflent infiniment plus vite que
s’ils euffent été fevrés ; & leur chair en eft plus
délicate; mais ils ne deviennent pas aufli beaux.
Dans d’autres endroits,c’eft depuis quatre jufqu’à
fix mois ; n’impone dans quelle faifon , pourvu
que la température foit douce ; parce que lés
chaleurs vives ou les grands froids rendroient
également la- plaie dangereufe & d’une guérifon
difficile. L’opération s’exécute-de deux manières ;
par la'fouftraèlion complette des croquans, ou
par une limple ligature ; mais cette dernière eft
plus difficile, vu lagroffeur du cordon fperma-
îique de cet animal. L ’article C astration renferme
tous les détails de cette opération, fi ef-
fentielle pour déterminer l’état graiffeux des animaux
de boucherie; nous croyons devoir y renvoyer
pour ce qui concerne les animaux dont
nous nous occupons ic i, & nous ne donnerons
qu’une réflexion fur la caftration en général ;’ elle
eft hors de l’ordre dëria Nature, & devient un
des abus de la Société dont les excès fe font
• portés jufqu’à des futilités fuperflues.
Quelques Ecrivains Semblent croire qu’il y
auroit peut - être plus d’avantage à élever dés i
ve.rrats & des truies que des Cochons coupés, attendu
que les premiers ne coûtent pas plus à nourrir
que ceux-ci ; qu’ils ont plus de chair & deviennent
plus fermes ; que d’ailleurs les truies
C O C 333
donnent, avant qu’on les tue , plus de petits; qtï6
le lard ne vaut pas moins quand on n’attend pas
trop long - tems pour les mettre à l’engrais.
Mais il n’y a pas afl’ez de faits en faveur de cette
opinion , & il en exifte beaucoup qui prouvent
que-, fans cette opération , ils engraifleroient
difficilement ; que leur chair feroit dure & de
mauvaife qualité. Cependant il exifte des moyens
de prévenir ces accidens , & on les emploie avec
fuccès. Châtrer les verrats &. faire couvrir les
truies lorfqu’elles entrent en rut; mais il faut
fe hâter de les engraiffer ; car, par une raffinerie
cruelle , pour avoir la chair des femelles tendre
& mangeable , il les faut tuer avant le part;
tel eft le moyen qui allure l’engrais ; quant à celui
qui procure la faveur & la délicareflede la viande,
il confifte. à faire maigrir les animaux avant de
'les mettre à l’engrais : il eft d’expérience que de
vieux Cochons de cette manière ont donné une
chair beaucoup plus tendre que s’ils euffint éré
en bon état en entrant en pouture.Les Cochons
qu’on doit garderde préférence pour élèves, font
ceux provenant de là portée du mois de Mars ;
en Hiver,* ils font pincés par le froid, ce qui
les empêche de croître. Quelques perfonnes
croient avoir remarqué que les Cochons les
meilleurs pour garder font ceux qui prennent
les premières tettes ; d’autres prétendent que les
femelles doivent être préférées aux mâles, parce
qu’elles ont plus de lard, & rapportent par con-
léquent plus de profit à la ferme ; mais il n’exifte
pas aflez d’obfervations pour garantir ces faits.
Le terme de la fécondité des truies va plus
loin que celui des'verrats ; il faut l’interrompre
vers la fixième année • parce que, paffé ce termè,
elles prennent mal la nourriture à l’engrais : il
en eft de même des verrats qui , à cinq ans, île
doivent plus être gardés pour le fervicé de la
bafle-cour ; ils fubiffent l’un & l’autre la même
opération ; mais, dès qü’elle eft faite, il faut né-
Ceflairemetît les promener pendant deux heures,
& les veiller de près ; car la fièvre momentanée,
à caille de leur âge, leur fait rechercher l’eau,
& ce bain leur donne toujours la mort : cette
opération importante, qui femble n’être indiquée
par aucun Auteur, a été bien recommandée par
Madame de la Geltière , dans le Mémoire qu’elle
a communiqué à laSociété Royale (VAgriculnire,
fur l’éducation & l’engrais des Cochons.
Une fécondé condition de l’engrais des Cochons
, ce font les aiimens & la manière de les
adminiftrer. Pour difpofer les Cochons à en profiter
, il faut commencer par leur donner une
nourriture délavante dont on augmente infenfi-
blement la quantité , la confiflance & l’tffet fubf-
tanciel , fclon les refîburces locales; tantôt avec
la farine de feigle d’orge , de farrafin & de mais;
tantôt avec celle de pois : on a confeillé plufieurs
fois d’employer , pour le même objet, celle de
, fèves & de haricots ; mais des expériences faites