
no mie rurale. À tout ce que m’ont fourni ces ouvrages
, j’ai ajouté mes propres remarques & réflexions.
Lui «q u e je compoiai cet article , je n’a-
vois plus fous ma main un ouvrage de M. Jean-
George Artmoen, traduit de l’Allemand par
M. Huzard -, j’y aurois fans doute trouvé des détails
utiles & des vues fages fur ies haras. Si .je
manque en quelque point eflèntiel, je redrefl'erai
mes erreurs au mot Haras , en profitant des
nouvelles lumières que j’acquerrerai.
A R T l C Z S PREMIER.
Des Chevaux confldérés par rapport au phyfique
des individus.
Quelle efl la patrie des Chevaux ?
Si l’on pouvoit découvrir quelle eft la véritable
patrie des Chevaux, c’eft - à - dire, le
pays où de toute antiquité ils font fauvagès,
fans y avoir été importés, on auroit plus de
moyens de les élever , de les perfectionner .&
multiplier, parce qu’on çonnoîtroit le climat
qui leur convient le mieux, le genre d’aüment
que la Nature prépare pour eux , les moeurs de
ces animaux dans l’état de liberté ,& la manière
d'en renouveller l’efpèce, en la prenant à fa
fouche. Avant que les Européens euffent pénétré
dans le nouveaumonde.il n'y avoir point
de Chevaux on en a pour preuve la furprife
de fes habitans, quand ils virent lesEfpagnols
montés fur des Chevaux. Ces Conquérans y en
jntroduifirent qui.fe font multipliés dansles-vafies
déferts des contrées inhabitées & dépeuplées*, on
ne peut donc les regarder comme indigènes à l’A mérique
, puifqu’on en connoît l’origine. Suivant
les Auteurs anciens, il y avoit des Chevaux
fauvagès en Scythie , dans la partie feptentrio-
nale de la Thrace, au-delà du Danube, en
Syrie , dans les Alpes, en Efpagne. Les Auteurs
modernes ont affuré qu’il y en avoit en Ecoffe ,
en Mofcovie , .dans rifle de Chypre , dans rifle
de May, au Cap - vert, dans les déferts de l’Afrique,
de l’Arabie , de la Lybie, & à la Chine.
Au rapport de quelques perfonnes, il y a maintenant
encore en Corfe une efpèce de Chevaux
fauvagès que les gens du pays prennent, quand
ils en ont béfoin, & qu’ils relâchent enfuite. Il
eft probable que ces Chevaux ne font pas véritablement
fauvagès, mais qu’au lieu de les nourrir
à l’écurie , on les laiffe habituellement paître
dans les forêts, comme parmi nous les Chevaux
des charbonniers & autres hommes qui vivent
prefque toute l’année au milieu des bois, occupés
à leur exploitation. En admettant qü’ii y
eut des Chevaux fauvagès en autant de pays que
les Auteurs annoncent qu’il y en avoir, il s’enfui
vroit que les Chevaux font indigènes dans
des parties de l’ancien continent, très-diftan tes
les unes des autres, &..que ces animaux fe plaident
fous toutes fortes de latitudes.
Y a - t - ilplujieurs efp'eces de Chevaux.
A parler ftriètement,& à la manière des Nomencla-
teurs, il n’y a pas plulîeurs efpèces de Chevaux,
parce que les différences qui exiflent enrr’eux
ne font pas des différences d’efpèces, mais des
différences de variétés. Tous les Chevaux ont
une conformation femblable • *ls ont tous les
mêmes organes, ils fe reproduifent de la même
manière. On les-diftingue cependant par la couleur
de leur p oil, par leur taille , & par les-disproportions
dès diverfes parties de leurs corps :
la même chofe a lieu dans les bêtes à cô’rhés. A
l’égard des bêtes à laine, elles forment quelques
efpèces, qui paroifTenr affez bien tranchées. Les
hommes qui en ont l’habitude,, ne confondent
point les Chevaux d’un Royaume, ni même
ceux d’une province avec ceux d’une autre. Il
faut donc que le climat, là nourriture & l’éducation
influent fcnfiblement fur l’état phyfique
de ces animaux , puifque l’oeil exercé ne s’y
méprend pas. Les différences dans la couleur
du poil & dans la taille:ne font qu’accidentelles ;
mais celles qui naiflent de la proportion des diverfes
parties du corps & des qualités,que j’dppel-
lerois,pour ainfi dire,morales,conftituent les races.
Couleur du poil, o,u de la robe.
Rien n’eft plus varié que les couleurs,du poil
des Chevaux & les dénominations par lefquelles
on, les : défigne. ;,
On peut les divifer en couleurs fimples & couleurs
compofées.
Les couleurs fimples font le noir, le bai &
Je blanc.
Le noir eft noir jais , noir maure, ou noir
fort vif, c’eft - à - dire, noir foncé & uniforme,
ou noir qui n’eft pas foncé; celui-ci fe nomme
noir mal teint, noir fale. Parmi les Chevaux entièrement
noirs, ' il y en a, qui font d’un noir
pommelé , ou miroité, à caufe des nuances plus
claires en certains endroits- que "dans d’autres.
Le b ai, ou bay, qui eft / une couleur rougeâtre,
eft p lu so u moins clair, plus ou moins
obfcur, ou foncé, & .de ces nuances dérivent
différentes variétés de bai. Tout Cheval bai a
les crins & le fond des quarte jambes noir,
autrement il feroit alézan. Le bai châtain eft. de
la couleur de châtaigne, le bai doré, ou bai doux
tire, fur le jaune, .le lai brun eft prefque noir;
il a communément les ,.flancs, le bout du nez
& les feffes d’un roux éclatant, quoiqu’obfcur.
On dit de ce Cheval qu’il en marqué de feu *,
fi cette, couleur de poil jaune- eft morte , éteinte
& blanchâtre, on dit que le Cheval eft baibrun,
feffes lavées. Le bai pommelé, amiroir, ou miroité,
a, comme le Cheval noir pommelé, des nuances
de rouge, plus 'ou moins claires.
L ’alézan, ou alzan rie diffère du b a i, que
parce que fes extrémités ne font pas noires *,
il a , comme le bai, diverfes nuancés y on dit
al\an clair , al\an poil de vache y ahyan brûlé, ou
foncé.
Il y a très-peu de Chevaux véritablement
blancs ; en général ce font les Chevaux gris'
qui en vieilliflant blanchiffent. Hérodote dit que
fur les bordsde l’Hypanis, en Scythie, il y avoit
des Chevaux blancs. Léon l’Africain aftùre qu’il,
a vu en Nu raidieun poulain dont le poil étoit
blanc. Marinol confirme ce fa it , eu difant que
dans les déferts d’Arabie & de Libie , on trouve
des Chevaux blancs.
Les couleurs compofées, qui diftinguent les:
Chevaux, font très - nombreutes. Le mélange du
noir & du blanc forme différons gris.
i.° Le gris fale : dans la robe de ces Chevaux
le poil noir domine. Elle eft d’autant plus belle
que les crins -font blancs.
2- ° Le gris bruni ; dans c e lu i- c i le noir eft
en moindre quantité que dans-le gris fale.
3- ° §r*s argenté ; il eft peu chargé' de noir,
le fond blanc en eft entièrement brillant.
4-* Le grispommelé a des marques affez grandes,
de couleurs blanche & noire, parfemées, l'oit
fur le corps, foit fur la croupe & les hanches.
5;° Ee gris tifonné, ou charbonné; la robe
eft irrégulièrement tachetée de grandes marques
noires, comme fi à ces places^ elle avoit été noircies
avec un tifon.
6-* Le gris tourdilïe prend fon nom de la
couleur de la grive Turdo.
7* Il en eft de même du gris étourneau , à
caufe de la reffemblance du poil des Chevaux
avec le plumage de cet oifeau. 'Ceite couleur
leroit entièrement noire, fi quelqués poils blancs
*Q^ient cnrtemêlés de poils noifs.
t 8 ° Le gris truité, ou moucheté, ou le tigre.-
Le fond blanc n’en eft pas toujours mêlé de
" au jm Par petites taches ; quelquefois il eft
f 1 ' -, ■ zan*. ^ diffère du. tifonné parce que
les taches noires font moins larges. ,
9- Le gris -de foùris reiTernble au poil de
cet f i l i a l . Dans les Chevaux qui ont ce poil
quelquefois les jarrets & les jambes font tachés
de primeurs raies noires ; quelquefois il y en a
une fur le dos, comme fur celui des mulets,
quelques-uns de ces Chevaux ont les crins
f une cP«leur claire, les autres ont les crins &
ia queue noirs.
Le noir, le blanc & le bai compofent quel-
que ois un gris fanguin, ou rouge, ou vineux.
.Un Cheval mbican eft celui dont le poil noir
ou ba! ? ou alézan, eft entremêlé de poils blancs,
lemés ça & là , fur-tout fur les flancs.
Le rouan, ou rouhan eft un mélange de.blanc
e gris & de bai. On diftmgue le<ouhan vineux
^ ^ rouhan caP:, ou cavejje ,-ou tête de maure.
pe rouhan vineux eft couleur de vin ; le rouhan
cap , on càv'efle, ou tête; de maure a pour
| caractère diftinélif la tête & les extrémités noires.
Le jaune & le blanc forment la couleur
i ifabelle , le jaune y domine. On conçoit que
pouvant être de diverfes nuances, il y a des
ifabelles clairs, des dorés, des foncés. Dans quelques
uns,, les crins & la queue font blancs,
L dans d’autres, noirs -, c e u x - c i ont la r.iie de
mulet. C’eft de cette combinaifon qu’eft Je foupe
de lait -, dans ^ cette couleur'le jaune ne domine
pas, ou domine moins que dans les autres ifa-
.] belles.
On appelle louvet, oit poil de loup la couleur
qui approche de la robe de cet animal ; c'eft
un ifabelle foncé , mêlé d’un ifabelle roux. Les
; louvets ont quelquefois la raie de mulet. Le
poil de cerf, ou poil fauve a. beaucoup de rapport
avec le poil louvet.
Les Chevaux pies le font ou de noir & de.
blanc, ou de blanc & de bai, ou de blanc &.
dalézan. Quand on les défigne, on les appelle
pies - noirs , pies * bais , pies-alezans. ...........
t Les auber, mille fleurs , fleur de pêcher font
d’une couleur mélangée affez confuférrer.r de
blanc, d’alézan & de bai ; ce qui- imite celle
delà fleur de pêcher.
On donne le nom de porcelaine à la couleur
du poil des Chevaux, qui eft d’un gris mêlé
: d,e radies de couleur d’ardoife, à - p e u -p r è s
comme la porcelaine blanche & bleue. Ce poil
eft très - rare. , ^ • ' 1
Je ne fais ce qu’on entend'par Cheval zain.
Les Auteurs difent q.ue c’eft celui qui n'a pas
un poil blanc ; mais entendent - ils par là les
Chevaux entièrement noirs , ou bien ceux
qui, étant de tout autre poil que de poil noir
n’ont pas un feul poil blanc , & , félon quelques
lins, pas même un poil gris?
De quelque couleur que foien t les Chevaux
ceux qui ont.les:extrémités, l.s crins & la queue
noirs font les plus recherchés, & paffent^pour
être les plus beaux -, ceux qui ont les flancs
& les extrémités de couleur moins foncée crue
: celle du relie du corps, & pour ainfi dire lavée ;
font les moins efiimés.
Les maifons tufliques font dépendre les qualités
des Chevaux, en partie de la couleur de
leur p oil, voulant que certains poils foient
plus que d’autres un ligne plus favorable de la
vigueur des Chevaux. Il efl poflible, non pas
que la couleur du poil influe fur la qualité des
Chevaux, mais qu’uneconfiiturionpinson moins
bonne, s’annonce par cette couleur, comme on
le voit parmi les hommes. Mais où en font les
preuves? Je penfe qu’il y a de bons Chevaux
de tout poil. Ce qui me confirme dans cette idée
1 ceft.qüè Buffon, qui a examiné fur les Chevaux
comme furies autres animaux, les effers
| de diverfes caufes, n’a pas .parlé de la couleur