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dans une pépinière de jeunes Choux , leur bec
dentcllé en forme de icie eft terrible pour les
jeunes plantes; quelques' poules y feront alors
moins dangereufcs. Je connob plufieurs particuliers
dans les Provinces feptentrionales de l’Allemagne
qui entretiennent, pendant toute l’année
dans leurs potagers , quelques; couples de
-vanneaux. Ces oifeaux qui font in-feétivores dé-
truifent & lès chenilles & les limaces en grand
nombre , & n’attaquent nullement les plantes.
Un de mes amis entretenoit, pendant plufieurs
années, une cicogne dans fa baffe - cour >où cet
oifeau fur bien nourri-, l’inflinélnaturel lecondui-
lit fouvent dans un potager à côté de la baffe-cour,
où il donnoit la chaffe aux limaces , chenilles &
grenouilles. Depuis ce teins, la cicogne fur placée
dans le potager , où elle dérruifii conftammen't
les ennemis des plantes potagères, avec d’autant
plus de dextérité que l'on bec long & pointu lui
permet de les dénicher jufque dans le coeur des
plantes.
La feuille du Cultivateur indique , d’après le
récit d’un Amateur , un autre moyen pour détruire
les limaces que nous'citons avec d’autant
plus de plaifir, qu’il nous paroît bien inventé &
fondé fur l’économie de ces vers. On place dans
les allées , dans les fourches des chemins , & fur
les endroits vides , ou entre les pieds des plantes
, des briques ou morceaux de tuiles, de petites
planches, ou de pierres plates. Tous les matins
avant midi, il faut lever ces piérres ou briques
, on y trouvera toujours une quantité considérable
de limaces, qui s’y réfugient pour éviter
le foleil.
Je ne faurois ‘ dire jufqu’à quel point un autre ■
moyen peut devenir utile ;.ç’eftd’introduire dains !
les jardins infeétés de limaces une colonie de
grenouilles ou des crapauds qui , à ce que l’on :
prétend, font très-avides de limqces.,
Autant que i’on peut, il faut chercher d’attirer
beaucoup «le petits-oifeaux dans les environs des :
potagers où l’qn cultive. desjÇhoijX, les.pinçons, ;
les. .moineaux & les hirondelles v ont, -en général , ;.
à la recherche des .infeélesnuifibles à'nos pot a - '
,gers, fur-tout des chénilles ; il eft donc néçef- ;
faire d’é'oigner les épouvantails , ou de tenir
à une difUnce confidérabie les pintes-bandes,que j
l’on deftine aux petits, poids , & autres, plantes j
fembjabies ; ça:- ee£ derniersétantxçcherchés iprf- j
qu’ils forte ut ie terre , par ks-, mêmes oifeaux ,
ne doiyçnt p^s/ètre .euftiyés, dans le voifinage des j
Choux. Dans pb'-ficmrs pays i^ exifte un préjugé '
ri 'ieulc contre les oifeaux.-çlqn t .je viens de par- •
. 1er : en A lemagne fur-tout les -moineaux y font,
pour ainfi dire proferits, & dans plufieprs pays ,
nommément dans-i ■ Brandebourg y la tête de
ce.v oifeaux y eft mife ù pçix , au, point que çha- ;
que pay fan ou cultivateur eft obligé .de livrer , !
chaque année , à fon Bailli, ou Supérieur, un ’
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certain nombre de têtes de moin< aux ordinaire«
mentpropoi donné à l’étendue & à la grandeur de
j fa ferme. On prétend que chaque moineau con-
fomme une grande quantité de grain , fans con-
fidérer que ce même oifeau , qui paroît faire
beaucoup de dégâts dans le-bleds' fur- tout dans
certain tems de l’année, détruit en même - tenis-
un nombre confidérabie d’infeéles ennemis de
nos grains, de manière que le prérendu dégât eft
amplement compenfé par les fcrvices réels que
cet oifeau rend à l’économie rurale-. Un Obl'er-
vateur attentif a remarqué qu’un feul couple de
moineaux avoit apporté, pendant qu’il élevoit
une couvée de.fix pedts, plus de quatre mille
chenilles dans fon nid.
Les ennemis les plus à craindre pour les plantations
des Choux font les chenilles ; elles les
attaquent, foit en pépinière , foit plantés à demeure.
Nous connoiffons entre un afiVz grand
nombre de chenilles quf fe nourriffem indiftinc-
temënr de nos "plantes potagères, quatre efpèces
particulières qui ne fe- nourriflent que des Choux,
& qui proviennent toutes de certains papillons
blancs que tout lè inonde connoît. Celui qui eft
le plus commun que l’on diflingùe fous le
nom du grand papillon blanc du Choit '( Papilio
Braffic. Lin n . ) paraît le . plus fécond , & par
conîéquent lè plus à redouter. Nous donnerons
à l’article Tnfeâes nuifibles h F Economie rurale de
ce Diélionnaire, une defÇription plus détaillée
de-ces quatre efpèces de^chenillt s & de leurs pa-
■ pillons, ■ & quelques' notices fur plufieurs phalène
« , 'dont les chenilles fe nourriflent également
de Ch'o jx , niais qui font bien moins à craindre
que lèsprémièféé, à caiifé ;de leur plus petit
nombre’, & parée qu'elles paroifient dans une
"faifon où les plants des Choux on t déjà-trop de
force pour en être conlîdérablemem endommagés.
Nous nous' contentons Se pouvoir indiquer
ici les moyens tes plus proprés pour fe débarra
fier dé-ces ennemis dangereux.
Lorfqtte l’on àpperçoit àux mois de Mai & de
Juin décès papillons blancs voînger où planer
lentement au-deflùs dés Choux , ôn pair être
afluré, ou que la femelle Cherche à y dépofer
fes oeufs, où que le mâle pour fuit la femelle
pour s’accoupler. Dans l ün. & l’autre^ cas, un
Jardinier attentif doit s’ëmprefter à découvrir
lés oeufs que la femelié à déjà attaché-par-ci &
' p a r - là fu r lés furfàcës inférieures des' feuilles.
L ’oe u f, à l’abri du foleil', ;dës pluies-& des fri-
mars, ne tarde pâs à éclore,' à après dix ou douze
jours il en fort la chenillê , dont ôn ne'connoît
la préfence que par les ravages qu’elle fait.
Lorfqu’on a fçmé une. Pépinière en filions, il
eft aifé de fuivçe'chaque plante l’une après l’autre
, & de détruire les \ oeufs. J1 faut, de grand
matin avant, que le foleil fe foit beaucoup
élevé fur l’horizon, viftter le deflous de chaque
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f uille» & on y trouvera les chenilles amoncelées
les unes p ès des autres, afin de fe garantir
, ja fraîcheur du matin : alors avec un morceau
de bois, & telle autre chofe, onlesécrafe .
contre la feuille , fans l’endommager , ou bien
avec ce même morceau de bois on les détache , .
& on les fait tomber dans un vafe plein d’eau
f r a î c h e , doù on les tire enfuite , foit pour les, |
écrafer, foit pour les jerter au feu.
H ne faut pas attendre , pour vifirer la pépinière
q.ue. les oeufs foient éclos -, il faut devancer
cette époque, & , dès qu’on àpperçoit les papillons
il faut vifirer les feuilles pour écrafer les
oeufs* qui s’y trouvent. C’efi une opération tout :
au plus d’une heure par feniaine, quelque grande
que foit la pépinière, parce que tous les plants
font rapprochés.
Comme plufieurs de ces papillons fe repro-
duifent plus d’ une fois pendant la l’aifon chaude,
les Choux font par conféquent expofés. à ’leur
ravage plufieurs fois. Les premiers papillons for-
téut de leurs ch r y fai ides, dès que la chaleur commence
à renaître. Dans les Provinces méridionales
de la France, on en voit même déjà en
Février, mais ces premiers font peu à craindre ,
parce que la fraîcheur des matinées les fait bientôt
périr. La fécondé partie paroît aux mois de
Juin & Juillet, la troifième en Septembre. D’après
une reproducUon aufli prompte, on ne doit
donc point être étonné, fi quelquefois des plantations
de Choux font dévàftéu-s; en entier, & les
Choux dévorés-jufqu’à. la côte.
Lorfquè le tems de la métamorphofe. de ees
chenilles eft venu, elles cherchent à gagner un
mur, ou un. abri quelconque, fous lequel elles ■
fe changent en chryfalides , qui paffent l’Hiver
fous l’abri, attachées par la queue, ou par un
fl autour du corps. Pendant l’Hiver , il périt un
grand nombre; de, ces chryfalides ; elles font également
recherchées par les oifeaux, & même par
quelques efpèces d’araignées.
La courtillière ou le taupe-grillon , attaque
indifféremment-toutes les plantes potagères, elle
neparoîc pas rechercher de préférence les Choux.
Nous donnerons à l’article Courtilli'ere quelques
détails fur l’hiftoife naturelle de cet infeéle, &
fur Jes. moyens que l ’on a mis en ufage pour
l’écarter, des jardins potagers.
A l'article Infectés nuifibles, nous aurons également
oceafion de parler de la larve du hane-
ton ( Scarabceus Ivlelolontha. L. ) & des meilleurs
moyens pour la détruire , ou du moins pour
en diminuer le nombre. D’après des tenfeigne-
mens qui méritent quelque attention , le choix
de certains engrais influe beaucoup fur la multiplication
de ces larves*, nous avons donné plus
haut quelques apperçus à ce lujet.
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Pour les vers de terre , qui dévafient très-fou-
venr les plants des Choux lorfqu'ils font en pépinière,
en recommande le crotin de chevaux'
defféché, que l’on répand et:tre les planrs; les
vers trouvant dans cette fubflance de quoi
fe nourri., abandonnent alors les jeunes plans.
D’autres font une décoction avec le brou des
noix dont ils arrofent la terre,l’amertume de cette
liqueur .contribue à éloigner les vers.
Propriétés alimentaires & médicinales des Choux•
Chez les Grecs plufieurs efpèces de Choux
étoient accréditées comme ftomachiques; d’au-
tres commè réfiftant à l’ivrëfte , ou guériflanr les
fuites de cette débauche. L'es Romains paroif-
foient avoir reçu cet uiage des Grecs. Caton re-«
commande à ceux qui veulent manger plus qu’à
l’ordinaire, de manger, avant & après le repas,
quelques feuilles de Chou. Ces Choux , préparés
d’après une méthode particulière, furent ordinairement
fervis fur les tables des gens riches,
dans l«i vue de prévenir l’ivreffe. ( Voy. Athenée
hifl. plantar. lib. 4. ) Les Romains avoient adopté
le même ufage-, les Choux qu’ils fervoient dans
cette vue, fur leürs; tables, avoient encore reçu
une addition dé falpêtre, comme le prouve
Martial, lib. XIII. Epigr. 13. Arijïote dit: que
la vertu que pofléde le Chou, de réfifler ou de
guérir Tivrefle, dépend d’une antipathie particulière
qui exifle entre la vigne.& les Choux:
Théophrafie, Athene 81. Apolladore , répétoient
ia même opinion d’après un Ariftote.
Depuis là fondation de la ville de Rome, juf-
qu’au tenis dé Caton, le peuple Romain ne fe
fervoit d'aucun autre médicamment , foit dans
lès maladies extérieures, foit dans les intérieures,
que dès Choux. Caton allure, que pendant la
pefte, qui ravageoit toute la ville de Rome, lui
& fa famillè s’en préfervoient par l’ufage continuel
des Choux -, c’eft probablement par cette
rai fon , que P. Yalérianus nomme le Chou^-
brun , Antidotum. Catonis.
Les Auteurs Grecs diftinguoient trois efpèces
de Choux : Selenoides, Êea & Cramte \ la première
étoit, félon eux, fiomachique,& relâchoif,
en même-temps, le ventre; iaïeconde ne pof-
fédoit aiicune vertu médicinale; & la troifièm^
étoif eftimée pour les ufages culinaires.
Hippocrate regardé le Chou réchauffé, (cramb©
bifeoéta) mêlé avec du falpêtre, comme le meilleur
remède contre la diarrhée, la- dyflènterie oc
le c rache me n t de fang... Pl ufieurs au très M é -
decins contemporains , ou difciples d Hippocrate,
I iui attribuent également des .vértus, que nous
! aurions bien de la peine à çonftater aduellement.
Nous paffons fous filence, toutes les qualités
falutaires que l’on attribue au Chou ; dans