manquent pour la nourriture des befl!aux, on ne
fauroir trop recommander .aux-Cultivateurs <§è
chercher à y ff-ppiéer par la cul nue des gros Navets
; & c’eft ce qui a déterminé le Gouvernement
à faire venir de la graine de cette plante, pour en
faire palier dans les provinces du Royaume qui
ont le plus fouffert de la féchereffe, & pour la
faire diilribuer aux habitans des campagnes ; c’eft
aulfi dans cette même vue que la précédente Inf-
trtiéiion a été rédigée.
On diRingue deux efpèces de gros Navets;
l’une qu’on nomme Turneps, en Angleterre ;
l’autre qu’on nomme Raves ou Rabioules, &
qu’on, cultive principalement dans le Limoufin.
Elles o n t, l’une & l’autre , j’avantage dé fournir
Vue excellente nourriture aux bèfiiaux pendant
l ’Hiver; de pouvoir être feniés dans tout le cours
de Juillet, & après la récolte du .feigle & même
du bled -, de croître dans un rèVrein deftiné au
repos, & de ne rien prendre, par confëquent, fur
d’autres cultures ; enfin, loin’ d’épuifer la terre,
ils la divifent,, & la rendent plus propre à produire
de bonnes récoltes.
Du choix des terres pour la culture du Turneps.
Il feroit à fouhaiter qu'on pût ne femer le
Turneps que dans des terres qui euffent beaucoup
de fond , qui euffent été préparées & div’ifées par
de bons labours, on leroit plus fûr d’obtenir
des récoltes abondantes; mais, dans la circonf-
tance préfénte, il ne faut pas s’attacher à ce qui
efi le mieux, .'mais à ce qui eft praticable , & il
faut lur-tout faire en forte que la culture du
Turneps ne nuife à aucune autre.
Il y a quelques provinces où les avoinesont
beaucoup fouffert de la féchereffe; pii des places
confidèrabfes ont entièrement manqué , & ne ■
préfentent aucune efpé;ance de récolte. Ou peur,
fans inconvénient , labourer ces portions de
xerrein , ou, mieux encore, les travailler à la
bêche, pour y femer du Turneps.
Dans les provinces produélives en bled, telles i
que la Beauçe, la Brie, &.C., les Cultivateurs font i
dans i’triage de femer quelques'arpens.en feigle-: .
ce font communément leurs meilleures terres
qu’ils deflinent à cette culture, afin d’obtenir des
pailles plus longues, & propres àfairè des liens.
Comme la récolte de ces feigles le fait au commencement
de Juillet , il refie encore affez de
teins pour labourer & pour femer le.Turneps, &
on peut profiter, à cet effet,’ de l’intervalle de
quinze jours au moins, qui le trouve entre la
récolte des feigles & celle desbléds.
Dans les endroits où l’on ne récolte pas de
feigle, on pourra cultiver le Turnèps, foit après
la récolte des orges hâtives , foit même dans . les
terres à bled, inimcdiatemeat"apfes"là récolte ,
pourvu toutefois qu’on puiffe enfemencer
plus tard, dans les premiers jours d’Aoûr. Enfin
fi on ne peut pas employer ces différentes refiour!
ces, pour ménager du terrein , on cultivera L
Turneps dans les terres deftinées à être mifes en
bled en Automne ; & en y femant de l’orge au
Printems prochain, on fera plusqu’indemnîféde
la perte.du bled.
Préparation des terres de pinces h la culture des
Turneps, fY de la manière de les enfemencer.
Il feroit à fouhairer, comme on l’a déjà dit
qu’on pût donner deux ou trois façons aux terres
deftinées à la culture du Turneps , qu’on pût
même y répandre quelques voitures de fumier,
fur-tour qui ne fuflent pas trop corifommées. I
1 feroit plus avantageux encore qu’on pût les culti-
| ver à la bêche; & il y a lieu de croire qu''onfe-
■ roit plus que dédommagé dé 1 angine ma tien du
produit: mais comme' dans une année où Içs
fumiers font rares, & où les Cultivateurs n'ont
pas eu le tems de fe prémunir, on ne peut pas
efpërer de la plupart toutes ces précautions ; ils
peuvent fe cont.tirer de donnera la terre def-
tinée à être feniée de turnèps’, un bon labour,
.immédiatement après ia moifion du feigle, de
i orge & même du froment, La graine doit être
feniée fort claire à la volée, en la mêlantav.c
du fa b le& de la cendre, & on la recouvre avec
une herfer garnie de dents de bqis. Il efi important
qiie la graine ne foit pas- enterrée | plus
d'un pouce de profondeur , fans quoi elle cour-
roit rifqne à ne pas lever. Dans ffs terres très-
m-ubles & très-légères, comme la herfe enrer-
reroit la graine trop profondément, É efi préférable
d’en ôter les dents & d'y fubfiifuer des fagots-
d'épine-, qu’on attache fous la herfe; enfin il
efi bon de faire pafier le rouleau fur ia .terre
petv de temps après la femaille; -
II efi difficile de rien preferire de pôfitiffur
la qtiefiion de femence, une livre & demie fuf-
fitpour un arpent , mefurede ro i, c'efi-à-dire ,
de cent perches dg,vingt-deux pieds chacune;
mais comme cette graine efi fujette à'manquer ,
qu’elle ne lève pas toujours, fur-tout ainfi qu’on
vient de le. dire , iorfqu’elle efi trop profondément
enterrée, il vaut mieux femer un peu
trop, dru , & dégarnir, é'nfuite quand la plante
commmence à grandir , .comme on va l’expliquer
. bien-tôr. Pour mieux connoître la qualité
de la graine qu’on fe propofe d’employer , &
n’en employer que la quantité convenable, on
peut quelques jours d’avance en femer une quan
tité déterminée ; cent grains , par exemple, dans
de la terre humide : au bout de trois ou quatre
jours on comptera les petite» tiges qui auront
pouffé, & on connoîtra ainfi la quantité çffj
aura manqué;
Il faut en général, pour ne pas fe tromper,
compter fur trois livres de graine par arpent;
mais il ne faut d’abord en femer que deux, &
réferver la troifième livre pour regarnir les endroits
où la graine aura manqué ; à cet effet,
dès que les plantes auront commencé à pouffer,
en remarquera les places vides, on y donnera
un petit binage avec la houe ; on femera & on
enterrera avec le rateau à la main. Dans lés'
terres arides & maigres , il faut femer depuis
quatre jufqn’à cinq livres par arpent.
Le turneps doit être" femé quand la terre
efi fraîche & humide , & , autant qu’il efi pofii-
ble, par un tems pluvieux ; il efi bon préalablement
de préparer la graine., en lafaiiant.ienfier
dans de l’eau , dans laquelle on peut même ajbug
ter un peu de chaux. Dans quelques' endroits
on a elfayé avec fuccès de feiner la graine de
turneps, à trois époques différentes, à quinze
jours ou trois femaines de difiance. On a , par
ce moyen, des turneps qui. mûriffent en différons
tems, &. dont la récolte peut 1e faire fuccef-
fivement.
Quelques Cultivateurs Anglois confeillent de
faire palier le parc des moutons lur les terres,
immédiatement après qu’on y affiné le turneps :
la terre ainfi piétinée , en e l t , il efi vrai , plus
denle , & paroîtroit moins difpofée à l ’accroif-
fement des navets; mais malgré cet inconvénient,
ils afluren; quon a une récolte plus abondante.
Des précautions qu'exige la culture des Turneps,
■ depuis qu’ils font levés ,jufqu’à leur récolte.
Dès que les turneps ont acquis cinq à fix
feuilles,. & que les racines font de la grofi'eur du
petit doigt, il faut les éclaircir à la main , ou
avec une binette, de manière qu’il refte fept à
huit pouces entre chaque plante. En fe fervant
de la binette , on a l’avantage de détruire les
mativailes -herbes, & de donner en même-tems
un petit labour aux jeunes plantes. '
Environ un mois après , lorfque les turneps
auront acquis la grofieur d’une petite pomme
-on recommencera la même opération ; on lés
éclaircira de manière qu’ils f oient éloignés les
uns des autres de douze à quatorze pouces. On
peut employer à cet effet des femmes & des en-
fans de dix à douze ■ ans, ‘ auxquels on aura bien
appris à., diftinguer par les feuilles ,' lés turneps
«avec les mauvâiffs, afin ;d!’être afîùré qu’ils ne
conferverônt pas la mauvaise herbe au lieu de
•a bonne..
Les perfonnes employées à cette opération
mettront la main gauche fur le pied du turneps
qudies voudront cpnferver, & arracheront avec
a main droite toutes,Jés.plantes qni.fe trouve- roni W.ÇSf i à douze ou quatorze pouces de
difiance r en mettant ainfi la main fur la plante
qui doit refier , on l’empêche d’être ébranlée;
ou même déracinée à rnefure qu’on arrache
celles qui l’avoilin'.nt. Les herbes que l’on arrache
fervent à la nourriture des bcfliaùx.
Il efi d'une extrême importance de fuivre exactement
ce qu’on vient d’indiquer pour cfpaccr
convenablement le turneps. Si on les conffrvoit
trop près, les uns .des autres, ils pivoteroient, &
forp.ieroit.nt des fui eaux; li , au cor ti aire , il»
étoient trop éloignés, ils grofiiroient excxliive-
nient, leur intérieur feroit doux & fpongieux.
Lorfque les turneps font ainfi déèarRÎs , iis
n’exigent plus aucun loin jufqu’à leur maturité.
Il y a une autre manière de cultiver les turneps,
uniquement pour en retirer un fourrage
verd : on îèhié alors très-épais, à raifon de dix
à douze livres par arpent, èx on fauche les feuilles
quand ellés ont atteint la hauteur d’un pied
environ.
On prétend qu'on peut, fans inconvénient,
mener paître les moutons dans les champs cultivés
de turneps ; fis broutent les mauvaifes her*
bës fans toucher aux feuilles de turneps.
Des maladies qui attaquent les■ Turneps, & des
InJ'ecles qui les dévorent.
Les turneps ont deux ennemis capitaux dont
il efi difficile de les défendre , les chenilles &
les pucerons. Quand on s apperçoit que l’un ou
l’autre de ces infeéles-attaque les-jeunes feuilles ,
il faut paffer. deflus le rouleau par un temsfec ,
le matin de fort bonne-heure , parce que.c’eft
dans ce moment qu’ils prennent leur nourriture.
La compreffion du rouleau contre la terre
en écrafe une partie , mais il en refie toujours :
on détruit aufîi de cetre manière les limaçons.
Cette opération , quand on la fait dans un tems
fec , ne nuit point aux turneps : dans'un tems
humide , au contraire , le rouleau s’enveloppe
de terre , & déracine les jeunes plantes.
Malgré ces précautions1, il arrive quelquefois
que les infeétes fe multiplient à un tel point ,
que les turneps languiffenr, & ne prennent point
d’accroi fié ment ; alors il faut prendre le parti de
labourer le champ , & d’y fubftituer d’autres
plantes. La graine de turneps efi à fi bon marché,
que la perte n’eft, pas grande , 8c la terre loin
d’être épuifée , efi au contraire plus propre à
toute autre efpèce .de-culture , parce que les
feuilles & les racines de turneps, en pourrifianr,
.y .forment une efpèce d’engrais.
De la Récolte de Turneps.
Si les ttirpeps ont été femés très-tard, &dans
la - vue feulement d’employer ces feuilles à îa
nourriture des beftiaux , ït faut les faire faucher
avant les gelées.