
avec on (ans calotte, & à la place, on remarque
une efpècé d’étoile; l’écorce chargée•
de verrues ; la chair efl comme celle du précédent;
ce font deux excellentes, efpèces qui , en
outre, ont le mérite d’être très-hâtives.
Ces deux efpèces varient beaucoup ; elles ont
produit le cantaloup à écorce argentée, à verrues
argentées ou noires ; le cantaloup doré , à
écorce dorée , avec ou fans verrues; le cantaloup
à forme plus ou moins alongée, avec ou
fans verrues.-.
Cantaloup a chair verte. La chair de ce melon
eft fondante , fucrée , vineufe. Le cantaloup
plat à. chair rouge* On pourroit encore groflir
le catalogue des variétés jardinières de ces melons,
en y comprenant toutes les efpèces que
les Anglois & les Allemands ont obtenues par la
culture.
Quant à la culture des cantaloups en général,
on prétend qu’ils demandent tous beaucoup
plus de nourriture que les autres melons, parce
que leur écorce eft plus épaiffe & plus fpon-
gieufe que celle des autres efpèces; la couche
doit être chargée de fix à huit pouces de terreau ;
on petit mettre avec le terreau un tiers de terre,
préparée d'après la manière hollandoife.
Parmi les melons les plus eftiraés dès provinces
méridionales de la France , on peur compter-
les melons de Caftelnaudarî, de Perpignan, de
Quercy, de Côte-Rôtie fur la droite du Rhône
près de Vienne, & les melons de Pezenas.
La culture des melons e ft, on ariificielle,
ou naturelle ; nous traiterons de chacune fépa-
xément.
De la Culture naturelle.
Dans les pays où la chaleur eft aflez forte &
fou fermé, on donne peu de foins à cette culture.
L’année de repos de champs à blé eft
deftinée à- Pérabliftement des nielonnières. Après
avoir donné aux époques ordinaires Tes labours ,
on ouvre, entre quinze & vingt pieds de dif-
tance de l’une à l’autre, des petites foflès d’un
pied en quarré fur autant de profondëur, &
la terre eft rangée circulairement tout autour.
L a fofle eft remplie avec de nouvelle terre franche,
mêlée par moitié avec du terreau ou vieux
fumier bien confominé. Pour l’ordinaire, cette
terre eft le réfidu du ballayage des cours, Ou. de
la terre qui fe trouve au fond des foffes à fumier,
lorfqu’il a été enlevé. Dès qu’on ne craint
plus les gelées tardives, on sème la graine dans
les petites foffes, dans chacune cinq ou fix grains:
Lorfqu’ils ont germé, & qu’ils ont quatre
feuilles, fans parler des cotylédons on feuilles
feminalcs, on en détruit deux ou, trois, afin que
les autres acquièrent plus de forcé. La grain«
eft enterrée environ à un pouce de profondeur.
S’il ne tombe pas de pluie de long-tems, on
arrofe chaque fofle ; mais, comme fouvent l’on
n'cft pas à la portée du champ, le Cultivateur
-recouvre, avec la bâle du blé, de l’orge, de
l’avoine, ou avec de là paille coupée menue,
ou avec des herbes, la fnperlicie de la fofle, à
l’exception de la place où fe trouvent les fe-
rnences. Par ces petits foins, il conferve la fraîcheur
de la terre', & empêche l’évaporation.
La terre première, tirée de la fofle,. abrite les
jeunes pieds contre les vents.
Avant de confier à la terre la graine de melons,
on la jette dans un vafe plein d’eau ; la
mauvaife fumage, la médiocre defeend lentement,
mais la bonnette précipité tputd’un coup,
& c’eft la feule qu’on sème. Ainfi,, on n’attend
pas que la médiocre ait gagné le fond., pour
vuider l’eau du vafe; en s’écoulant, elle
entraîne la médiocre & la mauvaife graine. Le
Cultivateur fait encore qu’au befoin , il peut
femer la graine cueillie ot confessée j$vec foin
depuis trois ans; mais il préfère celte' de la dernière
récolte , parce qu’il fait qu’elle germe plus
vît©. S’il a plufieurs beaux fruits dans fa me-
lonnière , il les. conferve avec foin &. ne.les
vend point, & les laifle pourrir fur pied, parce
qu’il eft convaincu que la chair du fruit eft
deftinée à perfectionner la graine. Lorfque le
fruit eft pourri, il fépare la graine avec le parenchyme
par des lavages réitérés ; mais fi la
faifon eft aflez chaude pour defleçher fur pied
le. melon, il laifle la graine fe conferver dans
la chair deflécliëe , & il ne l’en fépare par des
lavagesou autrement, qu’au moment de la mettre
en terre. Pendant le cours de l’année, là graine
eft tenue dans un lieu fec & à l’abri de la voracité
des rats, fouris ou mulots qui en font très-
friands.
Les Cultivateurs des provinces méridionales
de la France ignorent qu’il exifle un art de
pincer -les tiges, lorfque le fruit eft noué',
iorfqu’on le lui propofe, il nous fait obferver
fes courges & fes concombres qui, fans cette
pratique, produifent beaucoup & de>bons fruits :
il faut convenir que la pratique & l’expérience
journalière de ce Ample Cultivateur vaut autant
que lé raifonnement de Savans.
Lorfque les bras de' la plante ont à-peu-près
deux à trois pi.eds de longueur, & îorfqu’il y
a des fruits noués , il lés difpofë de manière
que, lorfqu’ils s’étendront , ils ne fe mêleront
pas, & couvriront tout l’efpace qu’on leur a
laiffé fur le champ. Après les avoir aitifi dif-
pofés , il ouvre, vers leur extrémité, une petite
fofle' de trois à quatre pouces de profondeur ;
il y range la partie du bras qui y correfpond,
& la charge d’environ trois ou quatre ponces
<je terre fiir l’efpace de fix à douze pouces,
lorfque la longueur du bras & l’écartement des
feuilles le permettent. La tige, qui vient d’être
enterrée, acquiert de nouvelles forces; elle fe
hâte de prolonger l'on bras, & , lorlqu’elie eft
parvenue à-peu-près à trois ou quatre p ie d s le
Cultivateur recommence la même ’ opération,
& ainfi de fuite. Quelques-uns attendent que les
bras aient fix pieds de longueur & plus, pour lés
enterrer.
It faut avoir été témoin de cette culture ,
pour juger de la quantité de melons qui couvrent
la terre. Il eft bien clair que ceux dont la fleur
noue, lorfque la faifon eft un peu avancée,
n’auront aucune qualité, & même qu’un très-
grand nombre ne mûrira pas. On demandera
à quoi bon travailler à fe procurer cette fura-
bondance qui doit préjudicier aux premiers melons
formés, puifque ces dernières tiges , ces derniers
fruits appauvrirent les premiers d’une très-
grande partie de la sève r A cela on peut répondre
qu’en général les plantes fe nourriflent
plus par leurs feuilles que par leurs racines ; en
effet, que fbn confidère la racine d’un pied
de courge, de citrouille, &c. , & on verra qu’elle
eft peu étendue , & qu’il ne fe trouve aucune
proportion entr’d le & fes jrigis de vingt à trente
pieds de longueur, enfin qu’il eft impofiible
que la racine feule puiffe nourrir, fur fon feul
pied , huit à dix courges, citrouilles, &c. , dont
plufieurs peferont jufqu’à foixanre ou quatre-
vingts livres. Il en efl ainfi pour le melon. Il
faut d’ailleurs compter pour beaucoup ces petits
monticules de terre, placés de diftance en dif-
tance fur les bras, & qui en font comme au-
tantde nouvelles tiges. Enfin tous lesraifonnemens
ne fauroient contredire une expérience fondée
fur une coutume établie depuis un tems immémorial.,
& couronnée par un fuccès confiant.
Les plus beaux melon^ de la melonnière font
choifis & portés au marché des Villes'voifînes ;
les tardifs, ou les mauvais & contrefaits des premiers,
fervent à la nourriture des boeufs & des
vaches & durent ordinairement jufqu’à ce que
les courges aient acquis leur groffeur fur pied.
Dans les pays où les fourrages font chers, les
melons font une, reflburce précieufe.
Depuis le milieu de Septembre jufqu’au n?i-
lieu d’Oéîobre, on laifle les melons tardifs fur
pied, afin qu'ils parviennent à la groffeur &
a la maturiié qu’ils font fufceptibles d’acquérir.
On les récolte alors, on arrache leur fane, &
on laboure aufîi-tôt pour femer les blés hivernaux.
Lorfque,1’Hiver eft tardif, lorfqu’on prévoit
tpiela végétation languira, qu’on aura de la peine
a s’émouvoir au Prinrems, le Cultivateur prépare,
une furface plate fur le fumier ordinairement
placé, devant fa maifon ou dans une bafle-co&r ;
il la couvre de quatre à fix pouces de fumier ,
& il sème fur cette couche, & dans cette terre,
les graines de Biefôn. Il recouvre le tout avec
des épines, afin que les poules & autres oiféaux
de la baffe-cour ne viennent pas gratter ou détruire
les'jeunes plants. L ’embarras enfuite eft
de les tranfporter fur le champ; lorfque l’eau,
pour les arrofer, n’cft pas dans le voifinage,
il choifir un jour & un tems pluvieux qui affurc
fa reprife.
Quoique les méthodes les plus ftmples na
foientpâs toujours les meilleures, H faut pourtant
'convenir que c’eft un grand avantage à hâter
le plant fur la couche, & à le tranfporter au
champ, dit moment qu’on ne craint plus les
gelées tardives. Le melon étant originaire des
pays chauds, on ne doit donc pas s’étonner qu’il
loir détruit parle froid, fur-tout dans fa jeu-
neffe où la plante eft fi herbacée & fi aqueufe ;
l’avancement de la plante pour le Printems ,
affure une plus prompte maturité de fes fruits
pendant l’Eté , d’où dépend leur qualité,_& plus
de groffeur & plus de maturité dans les melons
tardifs. Le grand point eft que la terre qui entoure
les racines, ne s'en détache pas lors du
tranfport & de la tranfplantation. Au moment
qu’on lève les pieds, on doit les envelopper ava c
la terre de leurs racines, dans une feuille de
chouon de toute autre plante, & ranger le tout
au fond d’une corbeille : ..ces petites précautions
nefont point à négliger. On fera très-bien encore
de femer autour des pieds que l’on, met en terre,
quelques graines de melons ;'fi les pieds tranf-
plantés périflent par me caufe quelconque, on
aura la reflburce des plants venus de graine:
& , s’ils réulfiffent, on arrache ces derniers.
Une méthode moins fimple eft celle des Jar-,
diniers ( il eft queftion des Jardiniers des provinces
méridionales) ; ils sentent fur couche, ou contre
îde bons abris, leur graine environ vers la fin de
Février, ou même en Janvier, fi le climat eft
peu expofé aux fortes gelées, ou s’ils ont la
facilité- pour les en.garantir; ils lèvent les pieds
en Mars & les plantent à demeure. M.. l’Abbé
Rozier dit avoir fouvent obfervé q u e , lorfque
la fin de l’Hiver & le commencement du Printems
font froids, le s .melons- mis en place lan-
guiffent, font très-long-tems à fe remettre, &
qu’ils ne donnent pas des fruits plus précoces
que ceux dont on a femé tout. Amplement la
graine, lorfque la faifon a été décidée ; cependant,
fouvent. l’on gagne beaucoup à avoir de
bonne heure des pieds fur couche. Dans les jardins
fujets aux courtillières, la ehaleur-du fumier
attire ces infeèles qui y pratiquent leurs galeries,
•& viennent enfuite couper entre deux
terres les jeunes pieds les uns après les autres ;
le dégât que font ces infeèles dans les melon-
nières, eft fouvent confidérable. Je propofe,