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Du tems ê’ de la maniéré de replanter le Colfa.
Le commencement d'Oérobre eft la fai Ion
convenable ; les roiées font plus fortes, les pluies
■ plus douces, le foleil moins ch-.ud , & la plante
reprend plus facilement que dans toutautre teins.
Plus on retarde, moins on réuffit.
i On choifira, s’il eft pollible, pour cette opération
, un tems difpofë à la pluie , ou un tems
couvert, à moins qu’on ait la facilité d arrofèr
•la nouvelle plantation. Le foleil trop ardentdef-
sèche les feuilles , & les feuilles font aufli effen-
tielles à la reprife de la plante que les racines
mêmes.
Il faut avoir foin, quand on enlève les plants
de la Pépinière, de les foulever avec une manette
de;fe r , de ne point brifer les feuilles, de ne point
■ endommager les racines, &■ fur-tout.de ne pas .;
faire tomber la terre qui les recouvre : ce qui
-- s’exécutera facilement, lorfque la terre fera humide
, & fur-tout fi la Pépinière a été difpofée en
filions. S i , dans ce moment, le terrein étoit trop
fe c , il conviendra de l’arrofer l’avant-veille & la
veille, fans prodiguer l’eau. > '
De toutes les erreurs, la plus abfurde eft d’imaginer
qu’on doive châtrer les racines-, & couper
les fommiîés des feuilles : autant vaudroit couper
les doigts des pieds d’un homme, afin de le faire
. .marcher plus vite ; l’abfurdité de y e procédé .eft
fufnfamment conftatéé par îexpéneqce.
- A mefure que l’on enlève les plants de la Pépi-
... nière, il faut lès difpofey, rang par rang, dans des
paniers, dans des corbeilles, ou fur des claies, &
les recouvrir avec des linges épais & mouillés, &
on n’arrachera que ce qui peut être planté dans
une matinée ou dans la foirée ; il vaut mieux retourner
plus fouvent à la Pépinière, que de laiffer
faner les plantes.' .
On fera encore très-fcrupuleux fur le choix
des plants .; les verreux & les langniffaos feront
{événement rebutés- on ne peut en attendre aucun
profit réel.
On fe fert communément d’un plantoir de bois
pour faire les trous : ce plantoir preffe trop les
côtés, les parois de la terre, & fur-tout du fond.
Cet inconvénient n’aura pas lieu, fi on fe fert
d’une manette du fer à demi- ceint ré©, d une gran->
deùr convenable , & femblable., pour là forme,
à celle des Fleuriftes. Comme elle n’a que deux
ou trois lignes d’épaiffeur, elle comprime péu le
terrein, lorfqu’ou l’enfonce ; & il eft ailé , en là
faifant tourner, d’enlever, par fon moyen, la terre
du trou. Je conviens que l’opération fera plus
longue que celle du plantoir, mais elle fera meilleure
: d’ailleurs les femmes & les enfans peuvent
s’y occuper/ ; ' •
Prefque par-tout règne la manie de faire des
trous à la diftance d’un demi - pied les uns des
autres, & à celle d’un pied fur le côté : je demande
un pied, & même dix-lmir pouces en tout
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1 fens ; .ce fera peu , relativement au bon terrein ;
j chaque trou recevra une plante feulement, & on
l’enterrera jufqû’au 'collet. Je penfois autrefois
quelle ne devoit être enterrée que dans les mêmes
proportions que le pied l’étoit dans la Pépinière;
l ’expérience, comparée de deux manières, a démontré
mon erreur, & je l’avoue de bonne foi.
| Pour accélérer cette plantation, un homme fait
les trous -, il eft fuivi par un enfant, ou par une
femme qui porte le panier dans lequel font placés
les jeunes plants : cette femme les place donc.dans
chaque trou, & une fécondé femme, armée d un
plantoir ou/d’une manette de fe r , ferre la terre
des environs du trou contre les racines & contre I
la tige. Enfin , pour bien réufîir, il faut, s’il eft
pollible, que la plante ne s’apperçoive pas .avoir
changé de terrein ou de nourrice.
Des Joins que le Colfa exige ju fu h fa maturité.
Ils fonrpeu nombreux, indifpen fables, & jamais
donnés inutilement. Le premier eft d’enlever les
mauvaifes herbes lorfqu’elles paroiffept, & fur-
tour la petite pioche'a la main, ce qui équivaut à
un petit labour. Le fécond, de remplacer le plus
promptement poffible les plants qui n’auront pas I
repris, & d’arracher ceux qui languiffent, pour |
leur en fubftitüer d’autres. Le troilîème, de né-
toyer le foffé qui environne les planches ou tables ;
favoir, au commencement de Novembre, à la fin 1
de Février & d’Avril. Cette terre, entraînée par
les pluies, & jettéè fur les tables, fervira d’engrais,
recouvrira les pieds trop cîëchauffcs ; & le pio-
chettement, lors du farclage , la mêlera avec
l’autre. Point d’engrais plus naturel que celui des
terres rapportées..
Tems b manière de récolter le Colfa..
Suivant le climat, là femence eft ordinairement
mure à la fin de 'Juin ou de Juillet. Là faifon &
l’expofttion concourent beaucoup à devancer ou I
à retarder l’époque'cle fa maturité. ; la tige perd
fucceffivement fa couleur verte, pour en prendre
une jaunâtre, & quelquefois tirant fur le rouge, I
lorfqu’elle a fouffert : ce changement de couleur j
eft T effet de la defficcarion du parenchyme.L’épiderme
n’a point' de couleur par elle-même *, elle
tranfmetfimplementcelle du parenchyme, quelle
recouvre. - •
Si l’on veut récolter le Colfa ainfi qu'il con-
vien-r, on n’attehdra.pas que les filiques s’ouvrent
d’elles-mêmes y la femence, remplie de l’eau fura-
bondante de végétation /fe ridera en fe défiéchanr,
& donnera peu d’huile. C’eft la maturité qui forme
l'huile j le -coup-d’oeil en décide.
On coupera la plante avec une faucille dont
le tranchant fera bien affilé, mais .on évitera de I
couper par farcades ; les graines trop mûres tom-
beroient. Il conviendrait d’enlever auffi-tôt les
plantés;
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plantes, de les porter fous des hangards aërés de
toutes parts, afin de les faire fécher entièrement,
la place deftinée fous ces hangards fera fpacieùfe,
battne , nette & très-propre; les perirs faifeeaux
ne feront ni entafi'és ni preffés. il eft nécelfaire de :
laiffer entr’eux un libre courant d’air ; & ils feJ
delfécheront beaucoup plus vire, fi on les drefle
les uns contre les autres, en nombre de trois ou
quatre. . . .
Si l’élôignement dé la métairie ne permet un
prompt tVanfport, oh-étendra les tiges fur terre ,
'comme le..bled fraîchement moiffonné, & elles
refieront ainfi étendues pend ah r deux’ ou trois
beaux jours. Dès que la plante fera fuffifamnient
■ féchée dans le champ ou fous le hàngârd, on
amoncèlerà dés faifeeaux , &. on les difpofera en
meule, comme le bled , c’eft-à-dire que le côté
des femences' fera en dedans, & on aura foin de
mettre un rang de paille entre chaque fai fceau.
Si le fol du gérbier eft plus élevé que le terrein
qui l’avoifme , & forme une monticule, on préviendra
lés-fuites funeftôs de l’humidité & des
pluies.' Le gerbier fera recouvert avec de la
p fille, afin que l’humidité ne puiffe pas pénétrer
dans l’intérieur ; autrement le gerbier séchauffe-
roit, fermenteroir, & la pourriture ne tarderait
pas à fe manifefter.
Si la plante refte dans le champ , on préparera
au pied de la meule, avant de- la défaire, un
efpacéde rerrein battu & égalité ; en un mot, on
le rendra femblable à celui où l’on bat le bled.
Les graines fe vannent comme le bled, ou bien
on les nétoye aux moyens describles faits exprès,
tlont'il y à de deux fortes, les uns à trous ronds, s
par où paflent les grains et la pquflière & les débris
des filiques/ Règle générale,: plus la graine'
eft propre & nette, moins elle attire f humidité ;
moins ellè attire l’humidité, moins elle fermente ;
moins elle fermente, plus l’huilè eft douce , &
mieux elle fe conferv.e , dépouillée de mauvais.
Igoûtl ; ,
Des moyens de conferver la graine. -
Dès qu’elle fera battue , propre & nette, on la
mettra dans des facs, & on lès - portera fur le.
grenier/ Il confeillè d’étendre une toile quel-:
conque fur fon plancher, parce'que les planches]
ou les'Carreaux joignent ordinairement fort màl ,|
& qu’il y auraitune perte'évidente de grains,?
attendu leur pétiteffe ; quelque peu de paillei
étendue fur toute là'longueur de la toile , fàcili-
teroit l’exfication de la graine -, elle ne doit pas
être amoncelée, & on là remuera fouvent pendant
le!s premiers jours. La toile indiquée en faci-
literoit les moyens.
Les fenêtres du grenier doivent être exaiftemenf
fermées pendant lés jdtirs de pluie ou de brouil-|
- I^rd ; èn un mot, 'on empêchera qu’elles attitènÉ
le moins'd’hümidfté'pofljblè , afin qu’elles'fèchenf
proinpteinènt-i Si' on rréÿjfge ces précautiotis, une (.
Agriculture. Tome Î I I .
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moififfure blanchâtre s’établira fur les graines
elles fé colleront les unes contre les autres, par
paquets de dix à vingt » & fi on n’y remédie furie
champ , tou t eft gâté. L ’huile qu’on en retirera
perdra'én^qualité, fuivant le plus ou le moins de
fermentation & de moifilfiire que la graine aura
éprouvée.
Ceux qui défirent vendre leur récolte en' nature
fe hâteront ,.• parce qu’elle diminue beaucoup,
& po,>r le poids & pour le volume -, ceux
qui voudront la faire moudre, éviteront le tems
de fortes .gelées ; ils j perdroienr.
La mafle reftan te .après J.’exrraétion de l’huile,
vulgairement nommée: .Trouille , ou pain de
Trouille y forme une nourriture cl’Hiver, aftez
■ bonne pour les beftiaux.
On v o it, par ce qui vient d’être dit fur ta culture
du Colfa , que cette récolte ne nuit point à
celle des bleds;, & qu’au, contraire elle devienl
un bénéfice réel & . lurnuméraire pour les provinces
où l’on qft dans la fatale habitude de laiffer
la terre en jachère pendant un an. Le Colfa fe
replante en Oèlobre , c’eft-à-dire dans la même
année que la tetre a donné du grain ; il fe récolte
en Juillet de l’annéeTuivante., On a donc le tems
1 néeeffaire à la préparation du lo i, foit pour le
Colfa ou pour le Bled qu’on fèmera après ; & ,
loin de nuire à fa végétation, il engraifl'e la terre
-par le débris de fes feuilles ; en un mot, c’eft
-alterner les terres & augmenter leur produit fur
deux tiers. Je ne veux pas dire, pour cela, qu’il
faille, tous les deux ans, planter le même champ
en- G.olfa ; au1 c o n tra ire il ne doit l’être que tous
les quatre ans. Je le répète , cette méthode mérite
d’être introduite dans tous nos Déparremens où il
pleut aftez régulièrement dans le Printems. Elle
feroit rrès-cafuelle- dans nos provinces méridionales
à calife de la rareté des pluies. D’ailleurs
je ne puis encore.parler d’après l ’expérience.75
Lé Colfa, deftinéuniquement à la nourriture,
fé fème en Juin , .dans un champ préparé à cet
-effet' : on peut commencer à cueillir les grandes
feuillès'en Novembre; niais il vaut mieux attendre
qüe les autrès fourrages verts manquent, cü foient
couverts par la neige, & réferver ces feuilles
pour le tems que' le bétail ne peut fortir.de l’écurie.
Après l’Hiver, l’on coupe les tiges à quelques
pouces au-deffus de terre , & elles fourniffent
une fécondé récolte, de feuilles au Printems. r
Nous avons cru rendre fervice à un grand
nonibré dè nosle<fteurs ,.>en rapportant ici l’extrait
du mémoire fur la culfure du Colfa , telle qu’on
la fuit aux environs fie Lille en Flandres ,
publié par M. le Brun , dans-les Mémoires de la
Société Rèy'ule d'Agriculture , Trimefirè d‘A u -
tdmne, ft ySÿ.’ ' ! . :
On dîftinguê, en Flandre:, ; trois efpèces do
Côlft’ , -Fê: blanc , le froid & le chaud : la première
éfpèce a reçu ce nom ; à. caufe de fa fleur
hlaôc-hë ; les dcux.autres ont des fleursjaufies. Le
Aa