
être enfuite enfoui avec la charrue, & le terrain
eft alors propre à recevoir les plantes.'
On choilit cinq perches de terrain pour chaque
acre qu’on veut'planter; on y répand,'en
Octobre , un bon engrais, on enfouit le fumier
jufqu’à neuf pouces de profondeur ; on l’enterre,
de nouveau, en Janvier. & Février. Au commencement
de Mars, ou vers le milieu du même
mois, on enfouit pour la troifième fois le fumier
, & l’on fème la graine à raifon d'une
demi-livre par cinq perches. Ces graines doivent
être recouvertes avec un rateau, & quand les
jeunes plantes ont pouffé, on les farcie à la
main.
Transplantation.
Ce travail doit être commencé dès la première
forte pluie qui tombe en Juin; il faut enlever
avec foins les jeunes plantes de deffns la couche.
Lorfque ce travail eft confié à des femmes, elles
placent régulièrement chacune de ccs plantes fur .
la terre; des hommes les repiquent avec une
fiche de fer; ils lesdifpofent par rangées droites ,
entre chacune defquelles ils laiffent un intervalle
de dix-huit pouces, & un pied de diftance
entre chaque plante. Mais, fi le terrein efi très-
bon , l’intervalle- que l’on laiffe entre les rangs
doit être de deux pieds. Les femmes & les jeunes -
gens, habitués à un travail, s’en acquittent très-
bien.
Culture. S’il furvient une faifon lèche après
cette plantation, les jeunes plantes auront un
air foible pendant quelque tems; le. meilleur
moyen, dans ce cas de.luppléer à l’humidité,
c eft de donner un binage à la main par cette
opération, lorfqu’elle eft bien faite, on prévient
quelquefois le dépériffement de toutes les plantes
; quelque tems qu’il faflè,-. on ne doit jamais
fe difpenfer de biner les rangs. Auffi-tôt que les
plantes ont bien pris racine, on travaille les
intervalles avec la houe à cheval, employée dans
le Comté de Berkshire. Cet infiniment, le plus
utile que j’ai vu être employé, efi décrit dans
mon voyage, aux Comtés à l’eft de l’Angleterre,
vol. 2, pages 2co.
Les plantes, pendant leur àccroiffement, exigent
d’ête binées deux fois, & travaillées trois
fois à la houe.
Emploi. On doit laiffer toutes les plantes en
terre pendant l’Hiver, fans prendre d’autre foin
que celui d’empêcher les befiiaux d’entrer dans
les champs. Lorfque les turneps font entièrement
confommés ou pourris, & que les animaux
commencent a manquer de nourriture fraîche,
les fermiers doivent alors, pour la fuppléer,
avoir recours au Chou-navet. Si le terrein efi
fec, on les laiffe manger, dans le champ, même
& fur la place, pat les animaux ; ayant attention
de ne conduire chaque fois les befiiaux ou
les moutons, que dans une partie du champ qui
aura été divifé-pour cet effet, par des claies
en plufieurs' portions. Comme les racines font
enfoncées profondément dans la terre, il faut
pour les enlever, le fervir du crochet qu’on
emploie ordinairement pour arracher les turr
reps. Si le fol efi trop humide, On le chargera
fur une voiture, pour les donner, dans un lieu
fec , aux befiiaux.
Avantages. C’efi dans la dernière fe inaine., ou
dans la dernière quinzaine de Mars, que les fermiers
font les plus embarraffés pour nourrir leurs
befiiaux. Les turneps font alors confommés, ou
d’une très-petite refiource , & les prairies arti-
fi cielles, ne peuvent point encore' fournir du
fourrage. Les Choux.-navets deviennent d’autant
plus précieux, qu’ils font alors dans leur état
de perfection. Cette plante a la propriété très-
fingulière d’être pleine de fuc & d’un goût agréable,
même dans le tems qu’elle monte en graine.
J ’en ai coupé"& goûté en Juin , qui.étcienr très-
bonnes & remplies de fu c , quoique les peu fiés
eü fient trois pieds de haut, & que les, fleurs panifient
déjà, les turneps ne valaient déjà plus
rkn; les Choux-navets, conviennent à tou tes fortes
de befiiaux, mais particulièrement aux vaches,
aux animaux qu’on veut, engraiffer ,.aux élèves
& aux moutons; les cochons les mangent suffi
volontiers.'^
Je ne me fuis jamais apperçu que les gelées,
même les plus fortes, leur aient fait aucun dommage;
lors même que les turne'ps ont été détruits,
ces racines fe font toujours confervé fort faines.
Produit. Unqacrea.àce qu’on prétend,foixante
tonnes ( 134,400 livres | de. ces racines dans le
Comté de Kent, le produit de quarante tonnes par
acre efi affez ordinaire. En g é n é ra lià récolte
fur une terre médiocre de dix à doiflfce fcheliings
par acre , fumé comme nous l ’avons prefenr,
produira depuis quinze jufqii’à vingt, & même
jufqu’à trente tonnes de,racines. f
Le produit ne fauroit être déterminé aifé-
ment, car il dépend de plufieuis circopfiances
particulières : & cela ne doit-point paroître fur-
prenant, puifqu’il eft peu de fermiers qui puif
fent évaluer au jufie ce que leur, valent des tur-
neps d’un acre de terrain, quoique cetteracine
loit cultivée, depuis long-tems, en Angleterre.
Les animaux mangent une moindre, quantité de
Choux-navets que de turneps ; les premiers étant
plus compaéts & plus lourds que ceux-ci.
Q u a li t é Toutes les efpèces de plantes du
genré-de Braffica., fans en excepter les turneps
épuifent la ferre fi on les laifle monter eu
graine au Printems. Mais le Chou-navet, pour
acquérir une bonne qualité, devant être laiffê
long-tems en terre, il ne faut pas efpérer qu’il
améliore le terrein autant que les racines qui
font récoltées en Automne,& confervéesen pro-
vifions pendant l’Hiver; on pourra parer à cet
inconvénient, en enlevant ces racines un mois
©u fix feinainës avant de les- faire manger aux
befiiaux, & elles fe conferverorit très-bien en
lès plaçant à côté, les unes des autres fur un
pré.
Culture fans repiquer. -■
La manière de cultiver les Choux-navets,-telle
mie nous. venons de le -dire , efi fans douté là
plus avdntageufe ; ■ mais il efi des cas où.elle
devient impraticable, fur-tout lorfqu’on a iaiffé
paffer la faifon ; ' nous allons indiquer une. autre
méthode de culture’, qui fupléera celle-ci, & qu’on
p;ut mettre en pratique dans tout le courant
de Mai.
Répandez du fumier fur un champ bien labouré
, & enfouifièz-le à la charrue, formé de
filions de deux pieds de diftance entr’eux. Lorfque
toute la terre efi labourée, faites paffer le rouleau
qu’on emploie pour., l’orge, dans la même
direction que vous avez fait paffer la charrue,
& fur le Commet applati du billon, femez les
graines dans la proportion d’une livre par arpent.
Le femoir de M. Coock, inventé tout ré-
eemment, efi de tous les influimens, que je
connois, le plus propre à faire cette opération ;
lorfque. les planches ont bien pouffé, donnez-
leur un binage, & é,elairciffez-les à la main
comme il a été déjà dit, La récolte fera lure-
ment confidérable, & ne peut manquer d’être
très-profitable.
Le Chou-brocoli-vert, peut être cultivé de la
même manière que cette plante , mais feulement
pour fervir de nourriture aux- moutons.
Il y a une obfervation générale à faire en
Agriculture, & qui me par oit applicable à l’idée
de perfectionner cet Art en France. La culture
des prairies* artificielles , & des plantes propres
à fournir une nourriture fraîche pour l’Hiver,
ne fauroit être introduite avec avantagé dans
un pays, dont les champs ne font point environnés
de haies, jufqu’à ce qu’ un fermier
puiffe dire : .ce champ eft a moi, &’ je puis feul
y conduire mes animaux ; g’eft envain qu’on
lui parlera de cultiver des fourrages ou des racines,
qu’on tentera de l’infiruire fur les. différentes
manières de cultiver les plantes qui doivent
être refireintes à un petit efpace de terrain,
ou autrement, expofées à être détruites parles
troupeaux & le animaux des autres cultivateurs.
Cette obfervation n’efi pas nouvelle, mais elle ne
fauroit être répétée affez louvent, dans un
pays où il n’y a prefque aucune forte de clôture.
Variété du Chou-Navet.
Cftou a faucher. Sous ce nom, M. l’Abbé
Comçrell a fait connoître, en France, une variété
fie Chou qui, depuis long-tems, fe cultive en
Allemagne. C’efi la même plante que Reichard
( Land uud Garficn lèhatz) décrit tous le nom
de Scknitt kohl, ou Chou à - couper , Chou à
'faucher. Comme M. Comereli a donné un Mémoire
fur la culture, l’ufage & les avantages du
Chou a faucher. nous donnerons, par extrait,
une partie de ce Mémoire , en y ajourant les
renfeignemens que plufieurs Cultivateurs Allemands
ont bien voulu nous communiquer fur la
même plante.
M. Comereli dit , à la page 4 de fon Mémoire :
«. que le' Chou à faucher ne préfente non-feule-
ment une variété , mais une efpèce particulière
de Chou ; il nous dit: fe s feuilles font ob longue s ,
auriculées a la bafe , labiées , ondulées , dentelées
& crifpecs fur Ls bords ,. elles ne font attachées a
aucune tige ; ces mêmes feuilles forrent conf-
tammeht & immédiatement y pendant la première
année, du coeur de la plante, ce qui fait
‘ qu’on peut les couper dans tous les tems, fans
craindre d’interrompre leur production ; fa tige-
ne fe forme que la fécondé année , alors elle
fernble plutôt s’élancer que croître, beaucoup de
branches latérales s’étalent, puis paroit la fleur
que fuit la graine, comme dans tous les autres
Choux.
Le Chou à faucher offre trois variétés très-
diftinéles, qu’il efi facile de connoître par leurs
nervures. On en trouve de violets, de jaunes &
de verds. Quand on ne les cultive que comme
plante potagère, on les confond volontiers en-
fenible , & félon lès goûts, il efi indifférent qu’il
ait l’une ou l’antre de ces couleurs ; mais il n’en
efi pas" de même lorfqu’on vent le cultiver en
grand , & voici les différences qu’une expérience
de pin-fleurs années m’a fait reconnoîrre
entre aes Choux div’erfement colorés. Le violet
efi préférable aux autres : il efi plus abondant,
plus rapide & réfifie mieux à Pimprefiion du froid
& à la rigueur des hivers. Le jaune, quoique
tendre , efi trop aqueux & rifque d’être altéré par
les fortes gelées, & il efi d’un produit inférieur.
Le vert a un goût herbacé & fauvage, & quoi-
"qu’il- produife beaucoup ; étant moins tendre, .
& nercuifant' pas facilement, comme légume,
il ne fauroit être préféré.
Dans l’Allemagne, où j'ai découvert ce Chou,
il n’étoit cultivé que comme, (impie légume. Des
réflexions fur fon produit, m’ont fait naître
l’idée de le cultiver en grand, comme plante à
fourrage , & cette culture m’a conftamment
réuffi.
Culture du Chou a faucher.
Cette culture efi une des plus (impies, des
moins coûréufes & des plus faciles.
Toute terre qui convient à la Navette efi également
propre au Chou à faucher, & il réuffit
même dans un fol moins riche que celui que la
navette exige.
Pour préparation, la terre a befoin d’être
! labourée, bien ameublie, & il faut la sivçllcr
Dd ij