
îéflexions. « Les jours étant plus longs en Juillet
qu'en Août, l’eau des routoirs s’échauffe, plus
promptement, le rouillage efl plus accéléré, ou
feau lé corrompt moins, ou la corruption dure
moins de lems. 11 s’en exhale des parties plus tenues
qui montent plus haut ; les arbres ont plus
de feuilles, capables de purifier une plus grande
maffe d’air, par conféquent ildejfroit y avoir moins
de danger. En Septembre, les nuits font plus
longues la chaleur efl moins forte, les vapeurs,
& les exhalaifons fecondenfent, reftent bas & plus
à la portée, des hommes. Si le rouillage eft mal-fain,
il doit l’être plus en Septembre qu’en A oû t, &
plus en Aoùr qu’en Juillet.n Aquelque caufe qu on
attribue les fièvres intermittentes, on ne peut mer
qu’elles ne foient plus fréquentes en Septembre
qu’en Août, &en Aoûtqu’en Juillet.
Il exifteen France d’anciennes Loi! , qui défendent
de rouir le Chanvre dans les rivières, oc d y
laiffer entrer l’eau des routoirs, formés fur leurs
bords, & même dans des étangs, à caufe de la mort
du poiffon. Ces Loix ont été exécutée* oans quelques
pays , d’une manière abufive I & enfreintes
dans d’autres, par un autre abus. Si l’on confulte
la indice & la raifon, il ne peut jamais être permis
de faire rouir du Chanvre dans des étangs em-
poiffonnés, où il efl démontré que le poifftm péiit
ce qui n’a paslieuquandl’étangefttrès-éafte,&
quand on y fait rouir peu de Chanvre. Indépendamment
del'utilité, qui réfulte pour le public de
la multiplication du poiffon, c’eft attaquer une
propriété, toujours facrée , un étang étant une
propriété , comme un champ, comme un bois.
Mais à l’égard des rivières, fur - tout de celles
qui ont une certaine largeur, tout cultivateur
doit pouvoir y faire rouir fon Chanvre, puifque
le poiffon n’y fouffre pas. Il efl même prouvé
qu il s’en trouve bien I & qu’il le recherche 5 car,
dans les routpirs, le poifTon meurt afphixlé uniquement
U y a des routoirs affez bien confirais, polir
qu’à l’aide de deux vannes, on puiffey faire entrer
de l’eau & la faire fortir. Auffi-tôt après le ronif- .
fage, on ouvre la vanne de décharge, puis, celle
d’entrée, pour remettre de nouvelle eau, & laver
le Chanvre,, dans le routoir, en l’agitant : leChan-
vre en efl plus propre, & le routoir toujours bien
néfoyé.
La qualité de la filaffe ne dépend pas feulement
du fol, de la culture, du tems qu’il a fait, de 1 individu
parçequ’il n’a pasun quez grand e -■
pace pour fç fouflraire à l’aflion méphitique du
Chanvre en fermentation, SI, au moment ou il
eft afphixié, on le.retire, pour le remettre dans
une pièce d’eau I qui ne contienne ms de Uian-
vre il revient promptement. C eft, lur-tout,
lorfqu’on fait rouir le Chanvre femelle, que-le
poiffon fouffre dans les routoirs flagnans , parce
que cet individu a une odeur plus vireufe, & que
les graines, qui y relient, font un appas. Dans les
erandesrivières, le Chanvre ne fermente; pas, ou, il
fermente lentement,& les produits de la flèrmentar
tion étant très:atténués & détruits par le courantje
poiffon , qui aime le Chanvre, en approchefans
Inconvénient. 11 efl trjsrnéçeffaire de faire éçou-
1er l’eau des routoirs dans les rivières, pour ne
pas laiffer fubfifter un foyer d’infeaion. Mats on
Soit orocurer cet écoulement graduellement, a
proportion du peu de largeur de la rivière : alors
pn fauve le poiffon , on concilie les intérêts du
jqibliç grec ceux des particulier?,
dont elle a été extraite -, mais encore de la
manière dont le Chanvre a roui, & , fur -to ut,
de l’état & de la nature de l’eau, qui a été employée.
Qn fait que la filaffe eft plus fine, quand
elle a été extraire de l'individu mâle, quand le fo-1
n’çft pas marécageux, fi on a femé très—dru, 4
l’Eté n’a pas. été trop humide. Mais, toutes ce*
,-chofes étant égales , lorfque le. Chanvre n’a pas
rouji fuffifamment, ou lorfqu’il a roui dans une
eau crûe, il n’eft pas de bonne qualité. M. Luce,
à cette occafion, afaituneexpérienceintéreffante,
qui mériteroit d’être répétée. Il a demandé du
Chanvre dans un grand nombre de villages diffé-
rens. Il a fait macérer toutes ces parties, en même*
tems, dans des vafes égaux, remplis de la mémo
eau. Il affure quelles lui ont donné la même qualité
de filaffe, Informé que celle d’un village efl
beaucoup plus bellç que celle d*un autre, il a
analy fé l’eau du routoir de ce village $ il y a trouvé
une terre calcaire , libre, verdiflanî le fyrop de
violette, & fe décompofant par un alkali fixe en
liqueur. De retour chez lui, il a compofé,. avec
de l'eau diftiftée & du fel de tartre, une eau pareille
à cejle du routoir. $’en étant fervi pour faire
macérer du Chanvre du Village, qui fournit ordinairement
de la belle filaffe, il en a obtenu d’auffi
bèlle par fon procédé. Il a traité de la même ma-î
nière du Chanvre des pays qui ne donnent que
de la filaffe commune, & il en a extrait de belle*
i Rouijfage h l’air\
Le rouiffage à l’air peut être regardé comme urt
rouiffage à l’eau. Il n’en diffère que parce que le
Chanvre ne trempe pas dans Peau, car ce font les
pluies & les rofées qui Topèrent. Cette manière
de rouir, 6’appelle ferener, dans quelques endroits.
On la pratique, foit par habitude, foit parce
qu’on eft loin des rivières & des étangs, & funtout
dans les pays où les rofées font abondantes*, par
exemple, dans la Lorraine allemande, dans le
Quercy ,dans le Rouergue. Pour faire rouir ainfi,
on étend le Chanvre fur un pré, nouvellement
fauché, ou fur des chaumes, ou fur la Chene-r
vière même. Quelquefois on le/place de bout, le
long d’un mur , d’un buiffon, d’une haie ou d’un
foffé, en Tarrofant une ou deux fois par jour. 11
vaut mieux l’étendre fur le pré ou fur le chaume;
on le retourne, afin qu’il s’humefte & f e fècho
; alternativement. On dpitiyiter de le çouchçr
fm fol ferrugineux, parce qu’il tâcheron la filaffe.
Quelques perfonnes, après avoir étendu le Chan-
Vrè fur un pré, le relèvent le lendemain matin,
quand il eft chargé de rofée ; ils l’amoncèlent en
sas, & le couvrent de paille. A la fin du jour,
elles divifent le monceau, étendent de nouveau
le Chanvre, & ainfi de fuite, qufqu’à ce qu’il foit
parfaitement roui. Cette fccor.demanière de rouir
à l’air, me paroît préférable à la première. Dans
ce rouiffage, comme dans les autres efpèces, on
effaie, fur quelques brins de Chanvre, pour s’affilier
de l’époque où il eft entièrement roui. On le
ferre bien fec dans des greniers ou dans des granges,
où on le peut garder long-tems, parce que
les rats & les fouris ne l’attaquent pas.
La durée du rouiffage à l’air varie félon la chaleur
du tems & l’abondance des pluies ou des
rofées. Elle peut être d’ un mois & de iixfemaines.
,Un tems trop fec la ralentir, mais un tems trop
pluvieux, comme on en voit dans certaines
Automnes, le rouit inégalement & le fait pourrir
en partie *& même en totalité. Quelquefois il
fe tache, quelquefois le vent l’emporte. Pour
s’épargner des foins, il vaut mieux différer cette
-efpèce de rouiffage jufqu’au mois de Mai. Dans
cette faifon d’ailleurs les rofées font plus con-
üdérables. Le befoin , toujours impérieux, em-
êche beaucoup de payfans de le remettre. Us fe
âtent de le faire rouir en Automne , pour le
ttiller en Hiver.
M. l’Abbé Rozier a tenté avec fuccès de tremper
le Chanvre dans une eau un peu alkaline-,
avant de l’expofer à l’air. Les Hollandois, qui
emploient ce rouiffage, Tarrofent avec dej’eau
de mer. On trouve dans les Mémoires de MM. l’Abbé
Rozier & Prozet, un procédé pour avoir la
plus belle filaffe pofiible. A .la vérité , le Chanvre
y éprouve de grands déchets. Ce procédé
confifte à le mettre peu de jours avant d’en perfectionner
le rouiffage , foit dans l’eau, foit à
l ’air, dans une compofition d’argille non m ar-,
ïiale, de chaux, d’alkali & d’eau.
La filaffe obtenue par le rouiffage à l’air eft
brune ou grife. On reproche à celle fur - tout
qui eft ainfi extraite des individus femelles , d’être
grife ou brune, dure & caftante, & propre feulement
pour des ouvrages grofliers, tels que des
cordages qui fervent dans les fermes, & pour les
befoins ordinaires des ménages; elle donne beaucoup
de cette pouflîère âcre, qui incommode
les ouvriers, lorfqu’ils la préparent. Dans leBour-
delois, on n’emploie cette.efpèce de rouiffage
que quand on a peu de Chanvre, ou feulement
pour les pieds femelles. Il peut avoir de grands
avantages dans les pays chauds où il y a des rofées
abondantes. Il eft d’ufage en Italie ; mais il exige
beaucoup d’attentions, & par-là il devient coûteux.
Il ne s’exhale aucune odeur du rouiffage à l’air ;
Il Qfcfauroit incommoder les- homm.es/On croit
qu*ïl ne faut pas mener paître les moutons dans
les prés ou autres terreins fur lefquels a roui
le Chanvre. Mais c’eft peut -être moins à caufe
des portions de Chanvre qu’ils peuvent avaler,
qu’à caufe de l’humidité de l’herbe, qui pouffe
dans lés places où il a été étendu, fu r -to u t
lorfqu’on l’a arrofé. Car les moutons contraéknt
la pourriture, quand ils paillent des herbes trop
humides.
On peut rapprocher du rouiffage à l’air celui
qui fe fait à la neige , puifque ce font les eaux
de neige qui , dans ce cas, remplacent les rofées.
On étend 4e Chanvre fur un champ ; la neige
qui le recouvre ou fur laquelle on le place, le
rouit. Cette efpèce de rouiffage n’a lieu que dans
quelques pays froids.
Rouiffage dans la terre.
Le defir d’éviter l’odeur défagréable du rouiffage
dans l’eau flagnan te & de fuppléer au manque
de rofées pour certains pays , a fait imaginer à
M. l’Abbé Rozier d’adopter pour rouir le Chanvre
une manière employée dans le Languedoc pour
rouir le genet d’Elpagne. On fait clans la ferre
une foffe d’une grandeur convenable , en lui
donnant affez de Huit pour quelle ne s’éboule
pas. On choifit, fi on le peur, une terre qui foit
compatSle, fans être humide ; touteautre ne feroit
pas aufli favorable. Si elle eft trop sèche, on ar-
rofe le fond & les parois de la foffe, qu’on ta—
piffe de jonc ou de paille. On mouille les bottes
de Chanvre ; on les pofe à p lat, comme dans
un routoir , & on les recouvre aufli de jonc
ou de paille, & d’une • couche de terre par—
deffus. Au centre de la maffe , on difpofe perpendiculairement
un certain nombre des plus
grandes tiges, de manière qu’elles traverfent les
bottes & s’élèvent au-deffus de la foffe. Ce font
les indicateurs dont on a befoin pour faire con-
rnoître quand le rouiffage eft complet. On s’en
affure en en retirant quelques-unes de tems -
en-tems , & en les froiflant. M. l’Abbé Rozier
a obtenu , par ce moyen, un rouiffage en trois
femaines. Une autre perfonné ayant mis ainfi
dans la terre du Chanvre cueilli fix mois auparavant
& macéré dans l’eau pendant quarante-
huit heures, il a roui en douze jours. Elle.affùrc
que la filaffe étoit aufli belle qu’après un rouiffage
en eau flagnan te.
Suivant un Mémoire adreffé à la Société de
Médecine, par M. Matthieu, Chirurgien à Conze,
en Sarladois, on fait rouir , dans quelques • cantons,
le Chanvre dans la ferre d’une autre manière.
On pratique une foffe plus ou moins
grande ; on étend un Ht de bottes de Chanvre,
qu’on recouvre d’un lit de terre , puis, un lit de
Chanvre, & ainfi alternativement jufqu’à ce qu’on
ait placé toute fa récolte. Si la terre eft trop
sèche, on Tarif fe. M. Matthieu regarde ce rçuife