
3 i o C | O
in plus facile à établir , la plus aifée à entretenir
<& il réparer. Mais elle ne peut convenir que
dans les terreins marécageux, bas & humides,
ou dans des fondrières ; dans les terres qui ’ en
général, abondent d’eau, cette elpèce de Clôture
peut tenir lieu de toute autre.
Avant de creufer un foffé, qui doit fervir
de Clôture , il eft néceffaire que le propriétaire
du terrein examine fi l’humidité du loi n’efi dûe
à quelqu’accident particulier., comme cela peut
arriver dans certaines faifons de l’année, ou bien,
fi le fol eft naturellement humide, & s’il peut
compter quefes foliés feront remplis d’eau toute
l’année. Dans le cas contraire, routes les dé-
penl'es feroient en pure perte.
Lorfqu’on eft afiuré d’une quantité fuffifante
■ d’eau, on peut alors mettre la main à l’ouvrage.
Les folies, qui doivent fervir de Clôture, doivent
être de fix pieds de largeur, fur fepr de profon—
-cieur, afin qu’il y ait toujours quatre à cinq
pieds d’eau. Dans les grandes l'écherelies, elles 'conserver
ont toujours deux ou trois pieds d’eau,
& , dans, les tems pluvieux, on n aura point à
craindre l’inondation du terrein.
Il eft facile d’entretenir ces fofiés en bon état ;
il faut feulement avoir quelques foins pour empêcher
les bancs de s’écrouler , & par conféquent
les herbes de fe multiplier, de façon que les
beftiaux eft ayant dé les paffer, enfoncent, & fe
b!client allez fouvent : ce qui n’arrive point
lorfqu’on a l’attention de nettoyer les foliés, &
d’entretenir les bancs bien efearpés.
LesClôturespar foliés, à la>vérité, ne défendent
pas l’herbe des ardeurs du foleil ni des vents,
comme les haies & les murs les en garanriffenr ;
mais la fi:uation baffe & l’humidité du fol iem-
plifféru à -p e u - près le même objet ; les murs
ou les haies feroient, dans une pareille fituarion,
fuperflus & même dangereux. Comme l’humidité
eft naturelle dans cette efpèce de terrein, le
même folie qui lui fert de Clôture, contribue
également à fon deftéchement. On obferve fur-
tour, s’il eft poffibie, de faire en forte que l ’eau
du foffé foir deux ou trois pieds au - délions
de la furface du f o l , parce qu’aiors le fol fe
defiéchera à la profondeur de ces deux pieds :
or cette profondeur eft préeifément celle de la
partie du loi qfii fournit à la végetarion des
plantes. Une Clôture par foflé, fervira encore à
rendre un terrein ferme & folide qui, peu de
tems avant, étoir humide & tremblant fous Içs
pieds : & les produirions qui y croifîent deviendront
à tous égards meilleurs. La terre que l’on
retirera dès foliés fournit en outre un engrais
qui n’eft point à méprifer.
Clôtures en pahjfades ou en planches.
Pour que cette efpèce de Clôture remplifte •
bien l’objet, il faut que les pieux, qui compofent
c l o une pareille paliftade, aient affez de force &
fohdité pour oppofer une réfifiancé vigoureufe ?
celui qui cherche à pénétrer dans la poffeHion
qui en tft entourée ; par conféquent, ces piCUj£
doivent êrre d’un bo,is folide, & d’une grollollr
convenable, & a fiez rapprochés l’un dé l’autre
pour offrir une mafte impénétrable -, plus ces
pieux feront enfoncés dans la terre, mieux cela
vaudra; un tiers delà longueur eft peut-être la
mefure qui doit être adoptée ; & fi nous admettons
une longueur de neuf pieds pour ces pieux
dont trois pieds feront fous terre, & le relie an-
dehors, nous aurons encore fix pieds de hauteur
pour une ^pareille paliftade, & cette élévation
nous paroît fuffifante pour bien remplir le but
propofé. Sur une longueur .de douze pieds, que
nous avons affignée aux pieux de la paliftade, ils
doivent avoir huit à neuf pouces de largeur, fur
fix pouces d’épaiffeur, & être pointus aux deux
| extrémités. Le bout que l’on enfonce en terre
doit être légèrement paffé au feu ; car la croûte
charbonneufe que le bois contraéle par ce
moyen, en allure la durée, & le préferve long-
items contre l’humidité & la pourriture. Les pieux
de la paliftade, exactemen t rapprochés les uns des
autres, offrent, fans employer d’autres moyens,
toute la folidité que l’on pourra defirer; maison
l’augmentera de beaucoup, en unifiant la partie
fupérieure d’une telle paliftade, dans toute fa
longueur , par des traverfes que l’on cloue aux
pieux ; ces traverfes empêchent que les pieux ne
puiflènt être ébranlés féparément.Autant que l’on
peut, il faut choifir un bois droit & fain : le
chêne mérite peut-être la préférence; mais le
fapin peut également fervir, fi on a foin de le
faire couper à tems.
J ’ai donné la defeription d’une Clôture en
paliftade, d’après celles que j’ai obfervé dans les
Provinces feptentrionales de l’Allemagne, & dans
quelques Provinces limitrophes; elles ne peuvent
convenir que dans des pays où le bois fe trouve
en abondance, & où Ton ne fait en tiref un meilleur
parti. Dans tout autre cas , de pareilles
Clôtures contribueroient à la, deftruélion totale
des forêts, que l’on a tant d’intérêt à ménager;
elles ne doivent donc être employées q-.ue pour
entourer un clos de peu d’étendue , & conviennent
par conféquent tpieux à un parc qui t
contient du gibier, qu’à un champ de blés, ou
une prairie,
Dans les Provinces les plus boifées de l’Aller
magne, on voit encore des Clôtures de jardins
en planches ; ces dernières font , ou clouées fur
des madriers enfoncés en terre , ou bien les
planches glifient dans des rainures que l’on a
pratiquées dans toute la longueur du madrier-
j ’ai vu de ces madriers pour Clôtures, qui avoient
.depuis dix jufqu’à douze pouces'd’équarrifl'age;
ils étoient enfoncés en terre en raifop delà hauteur
& de la fplidité qu’on vouloir donner à çp
c l o
rlôtures', ordinairement éloignés l’un de l'autre
depuis huit jufqu’à dix pieds, félon la longueur
des planches. Lorfque ces planches, dont i’é-
oaiffeur doit être d’un pouce au moins, fe touchent
bien, de pareilles Clôtures deviennent très-
utiles pour les jardins de toutes efpèces; & l’abri
(lu’elles offrent aux productions, fait qu’on doit
Ses préférer aux paliflàdes & aux haies. Pour
eonièrver les planches & les-madriers de ces
Clôtures pendant plus long-tems, on les enduit
quelquefois d’une couche de gaudron ou de poix
liquide, fur lequel on répand une certaine quantité
de mâche-fer menu, qui s’attache au goudron,
& qui préfente alors un enduit que l’humidité
n’endommage que difficilement.Un pareil enduit,
dont la couleur eft très-noire, eft fur-tout très-
utile pour la partie de la Clôture qui fait face au
jardin. On élève avec avantage des arbres en
efpalier contre ces Clôtures , dont la couleur
noire àbforbe une plus grande mafl'e de chaleur
que les rayons du foleil y dépofent ; Ce qui ne
contribue pas peu à accélérer, & la végétation &
la maturité de plulietirs fruits, qui, fans ce moyen,
auroient de la peine à parvenir à un certain degré
de perfection. Quelqu utiles que de pareilles
Clôtures puiffent parokre, elles font toujours
très-coûteufes, & ne peuvent être imitées que
dans des pays dont les-forêts offrent des reffources
dont la France ne fauroit lé vanter.
Clôtures mobiles.
Dans plufietirs parties de l’Allemagne, on
établit des Clôtures que l’on peut aifément tranf-
portër d’un endroit à un autre,. & qui fervent
ordinairement pour refireindre un troupeau de
gros bétail, peu nombreux , à une portion cir-
conlcrite de pâturage. On en établir fouvent dans,
les bois ; & , pendant les plus fortes chaleurs,,
les beftiaux y jouiffent du pâturage, fous l’ombre,
que les arbres leur offrent. On a toujours foin
dé choilir des endroits où il y a peu de broufîailles-
& point de jeune plantation , & le bétail y,relie
fouvent des journées entières fans conduéleur.
Un certain nombre de gros pieux de fix pieds de
long, & d’une groffeur proportionnée , & autant
de groffes & longues perches, félon l’étendue de
terrein que l’on veut enclore, compofent toutes
les pièces d’une pareille Clôture. En i’établiffant,.
on chaffe les pieux en terre, dans laquelle il faut
chercher à les faire tenir folidement ; ils doivent
être éloignés l’un de l’autre,, félon la longueur
des perches ; ordinairement l’efpace entre chaque
pieu eft de douze pieds. Chaque pieux a deux,
trousquarrés: le premier, ou. le trou inférieur,
doit être à un pied & demi de terre, lorfque le
pieux eft enfoncé ; le fupérieur, à quatre pieds-
de terre. Les pieux ainfi placés, on pafle horizontalement,
d’un pieux à l’autre , les perches,,
dans chaque trou- une ; & par ce moyen ,. pu.
C L O 311
oppofe aux beftiaux une barrière allez forte pour
les contenir, & que l’on peut déplacer chaque
fois qu’on le juge néceffaire.
Clôture en Haies vives. :
Comme nous non«' propofons de donner à
l’article Haie de ce Dictionnaire, tout ce qui a
rapport à la formation & à l’entretien des haies-,
nous nous eontentons de donner ici quelques
apperçns rapides fur les végétaux les plus propres
pour former des haies folioles, qui peuvent fervir
comme Clôtures’, en laiftànt de côté tout ce. qui
concerne les haies de décorations ou de pur agréé
ment.
L’ Aube-É pine , ou l ’Épine blanche (Cra-
t.Tgus Oxiacantha , L. ) C’eft, de tous les arbrif-
féaux de l’Europe, peut-être celui qui convient
le mieux pour les Clôtures en haies ; aufiî les
Anglois en font-ils le plus grand cas. Il croît
affez vite,. & réfifte très-bien a la rigueur des
Hivers les plus froids ; il s’accommode de tous
les terreins, même du pins fablonneux , pourvut
que l’humidité ne lui manque pas; à cet égard,
il convient généralement mieux aux climats tempérés
Si froids, qu’à ceux dont la chaleur eft
prefque toujours accompagnée de féehereffe.
Les branches torrueufes de l’Aube-épine, & /es
piquans dont elle eft garnie, paroiflent la defiincr
de préférence pourles Clôtures ,• on accélère fort
accrpifiement,, en feignant les jeunes pieds la.
première année. Quoique l’Aube - épine puiflê fe;
propager par graines, je çonfeillerois-eepen—
dant d’employer plutôt des pieds fauvages-, que:,
l’on fe procure,, fans beaucoup de peine, dans-
les bois & les taillis; la graine ne germe que:
difficilement, & ne lève pas toujours, fur-tout
quand l’humidité lui manque ; en employant'
d’ailleurs des fauvageons, qui ordinairement retrouvent
dans dès terres incultes & arides, on a!
l’avantage de les v-oirprofpérer en peu de tems-,,
pour peu que Te rerrein foir tant foit peu meuble;
& humide. Quelques perfonnes ont cherché à la--
propager par des boutures , & l’expérience a-
prouvé que cette méthode eft également praticable
; mais, dans ce cas , il fan droit un terrein
humide & frais ; dans- les ferres sèches«
& fablonneufes', le fuccès deviendroit rrès-dou—
tèux. Les racines de l’Aube-épi ne ne tracent point ;;
elles font ’prefqu’auffi noueufes que les branches
c’eft un grand avantage pour dès Clôtures, qui«
font d'eftinées à entourer des jardins dont le terreia«
eft foiiveut très-précieux.
D’après Kaîm ,. Voyageur Suédois lès habiran^
du Canada emploient pour haies une efpèce!'
d’Aube-épine que Linnée a décrit fous-le nom de;
Cratoegus coccinea,. & que l’on pourroit nommer,,
en françois1, Aube-épine rouge. Cet arbriffeair, qui»
ne craint pas le froid ,. mériteroir la- peine