répandre l’engrais & de l’enterrer par ce labour ; 1
un après l’Hiver-, 4.0 deux croifés ayant
de femer. Tous ces labours doivent être faits à
la charrue à verfoir. Les terres effentiellement
compares, comme lesargilles, en demandent.un
plus grand nombre-, il s’agit ici des cas ordinaires
& non pas des grandes exceptions. jj
De la formation de ■ thumus»
Uhumus eft par excellence, la terre calcaire qui
a déjà fervi à la charpente des animaux & des
végétaux , &'qu’ils ont rendu à la terre-matrice
par leur décompofition.
» Comme il n’eft pas facile de fe procurer dans
le règne animal la quantité d’engrais néceffaires
à l’exploitation d’une grande ferme ou métairie,
il faut donc recourir aux végétaux pour les fup-
plééx. 99
» Alterner fes champs eft le moyen le plus
Ample, le plus économique & le plus fûr.
Toutes les parties de la France ne font pas fuf-
ceptibles de ce genre de culture ; il peut cependant
être adopté dans la plupart. Les pays m é- j
ridionaux ont fans ceffe à combattre contre la
féchereffe; ils font donc privés de la reffourçe de
femer d’autres plantes immédiatement après la
récolte du blé. La terre eft fi fèche en Eté dans ces
p a y s, que la charrue la lillonne avec beaucoup
de peine. Pour créér Vhumus , M. lAbbé Rozier
n e connoît d’autre moyen que de donner après
qu’on aura enfemencé tous fes champs, deux
forts coups de charrue au terrein, deftiiié à relier
en jachère & de l’enfemencer avec tous les mauvais
grains de froment, de feigle, d’orge, d’avoine
& c , qu’on aura féparé des bons, au tems du battage
& leherfer à l’ordinaire. Ces plantes, femées
épais végéteront avant l’Hiver ; dans cette dernière
faifon elles ferviront de pâturages aux troupeaux
, & du moment qu elles approcheront de
leur fioraifon, il faudra les enterrer par un coup
de charrue à verfoir, en la faifant paffer deux
fois dans le même fillon. Voilà la matière, de
1-humus toute préparée pour les befoins de la
récolte fuivante. Les meilleures femailies dans les'
pays méridionaux font celles qui fe font du
quinze Oétobre au quinze Novembre; on peut
encore , fi l’on veut, femer des fèves, des pois,
des vefces & autres légumes, dés qu’on ne craint
plus les gelées tardives, & les enterrer au moment
où les fleurs font prêtes à s’épanouir. Cette fécondé
. méthode dans ces pa y s, eft moins fûre
que la première, parce que le printems y eft
• quelquefois fi f e c , que leur végétation eft bien
peu de chofe : dans l’un & l’autre cas, on perd,
à la vérité la femence, mais l’herbe qui en prov
ien t, formant un bon engrais, & fervant à la
nourriture du bétail, dans un tems où elle eft
rare, ne dédommage-t-elle pas de la petite perte
d e là femencc? dans les pays feptentripriaux,
au contraire , où les pluies font moins rares4
c’eft le cas de femer, après la récolte des grainsf
des raves, des panais, des carottes, &c. & aprè9
les avoir fait pâturer par le bétail pendant tout
l’h y v e r , de retourner les plantes au premieç
printems & de les enfouir daus la terre ; on
peut également femer dans ce premier printems
les lupins, la dragée à la manière de Flandre ,
enfin toute la nombreufe famille des plantes
lègumineufes , n’importe q u e lle herbe que
ce foit , pourvu que ce foit de l’herbe & en.
quantité«. : c
« Si vous alternez vos récoltes par du trèfle ,
femé fur le bled même ; par des luzernes, de?
efparcettcs & des prairies, fuivant la pofition
Ce le climat,, il eft clair que la terre végétale
ne manquera pas lorfque le champ fera femé
en grains ».
« Il eft encore bien démontré que quand
même il n’y auroit point eu de décompofition des
débris des plantes, le grain réuliïroit très-bien
après la luzerne ou le trefle pris pour exemple,
parce que la racine de ces plantes étant pivotante,
va chercher fa nourriture profondément dans
la terre & ne confomme pas la terre végétale,
qui fe trouve depuis fa fuperficie jufqu’à fix!
pouces de profondeur ; c’eft la raifon pour laquelle
du bled femé après un autre bled ,
trouve cette couche fupérieure de terre dépouillée
en grande partie de fon humus. M. l’abbé
Rozier penfe que la feule infpeélion de la
forme des racines d’une plante fuftit à l’homme
inflruit pour diriger fa culture » .
Des mauvaifes herbes,
A prendre ces expreflions à la rigueur, fans
doute elles ne font pas exaéles; car, il n’exifte
point d’herbes mauvaifes effentiellement &
fous tous les rapports, puifque dans le fens de
M. l’abbé Rozier , leur décompofition fert à
former l’humus. Elles font feulement mauvaifes
relativement au tort qu’elle« font aux productions
plus utiles, dont elles s’appropient la terre
végétale ; les bonnes herbes , telles, par exemple,'
que la luzerne & le froment, qui feroieflt
enfembîe fe nuiroienr. Le chiendent doit être
regardé, toujours comme une mauvaife plante ,
parce que repouffant fans cèffe & pullulant à
l’excès, il abforbe tous les fucs de la terre.
La charrue en arrachant & coupant fans cefîê
les mauvaifes herbes,les convertit en humus.
M. l'abbé Rozier hasarde- une affertion, qui
lui paroît très-vraifemblable ; elle navoit pas
échappé aux anciens-, ilsdifoient que telle plante
n’aimoit pas le voifinage de telle autre , fans en
donner la raifon, ou du moins fans en donner
une raifon fatisfaifante. Ne feroit-ee pa s, dit
M. l’abbé Rozier, à caufe de la disproportion *
qui fe trouve entre les fucs & autres principes
rejetés par la tranfpiration ? une plante fe plaît plus dans un fol quedans un autre ; lefaulepar exfcmple,
fe plaît plus aubordd’un foffé rempli d’eau
bourbeufe , qu’auprès d’une rivière , dont l’eau
eft claire, limpide & le cours rapide ;ne feroit-ee
p a s, parce que cette eau bourbeufe lui fournit
plus d’air inflammable que l’autre , & qu’il a
befoin dé beaucoup de cet air pour fa végétation ?
D e ces exemples ne pourroit-on pas tirer l’explication
pourquoi telle plante-étrangere aux bleds leur
nuit plus que telle autre? fans recourir pour caufe
eflentielie de dépériftemenr à la privation des fens
gue fes racines occafionnent, M. l’abbé Rozier croit
que e’eft autant à l’abforption des principes répan.
dus dans l’atmofphère, dont elle affame fa voifine,
& que dans d’autres cas, les plantes fe nuifent
néceffairement par leurs, transpirations, qui ne
font point analogues ». t: :
Des jachères.
M. l’abbé Rozier ne voit dans aucun p a y s,
dans aucun fol l’utilité de la pleine jachere. Le
terrein fut-il autant dénué de principes qu’on
le fnppofe , il voit qu’il vaut mieux femer
l ’herbe commune & l'enterrer enfuite, que de
laiffer la terré complètement nue.
Selon l a i , les trop vaftes pofleftlons & les
petits moyens d’exploitation ont donné l’idée des
jachères. « Vaftes propriétaires ! dit-il, cultivez
5) comme le. payfan , cultivez moins, cultivez
» mieux, &vous trouverez la folution du pro-
» blême des jachères v) .
c< Les jàcheres font inconnues en Chine ,
dans la Flandre Françoife, en Artois , &c. &
aujourd’hui dans ^ùn grand nombre d.e cantons
d’Angleterre, depuis qije la culture des turneps,
des carottes, &c. y a été introduite .
Réflexions fur les fyfiême s précédens.
J ’ai rapporté jufqu'ici les principaux fy f-
tèmes de Culture des agronomes les plus eflimés.
En Les lifant avec toute l’attention qu’ils méritent,
©u y trouvera des .principes & des pratiques,
abfolument contraires-, les uns propofent des
labours fréquens, les autres veulent qu’on ne
tourmenté pas la terre ; il y en a qui regardent
les engrais comme inutiles, & d’autres les admettent.
D’où vient ce peu d’accord entre des
hommes éclairés, qui ont réfléchi fur le même
objet ? voilà ce que je vais tâcher de développer
& ce qui pourra jetter un p.eu plus d’intérêt
fur l’expofé précédent.
En agriculture, ainfi qu'en médecine, on
peut bien donner quelques préceptes généraux
-, mais jamaii d’univerfels. Le climat ou
la température de l’a ir , l’expofition & la nature
du fol doivent faire varier4es Cultures,
comme les circohftances ; il n'y a pour ainfi
dire que 1 homme attaché à la glèb e, qui foit
capable de bien juger ce que peut lui produire
le champ qu’il a fans cefte fous les y eu x , le;
.chEmp que fes mains tournent, retournent &
façonnent, & que fes fueursatrofenf ; il eft toutefois
neceflaire qu’il foit doué d’un efpritd’ob-
fervation, de calcul & de combinaifon ; car s’il
n’eft que fimple routinier , la terre lui refufe
conftament ce qu’elle accorde à celui qui joint
l'intelligence a 1 aélivité. Les anciens agronomes
ëcrivoient en Grece & en Italie, où l'ardeur
du fo leil, plus forte que dans les contrées
Septentrionales de l’Europe, & où un fo l,
d’une nature différente exige d’autres foins,
d’aütres attentions, un autre choix de faifons,
enfin d’autres pratiques. Les plus diftingués des
modernes; favoir : T u ll, Duhamel, l’AbbéRo—
fier & Fabroni , ne font pas de la même natio
n , & n’ont pas habité les mêmes parties de
l’Europe. Tuil vivôit en Angleterre, dans cette
Ifle, où le voifinage de la mer entretient une
vapeur humide, capable d’influer fur la végétation.
Les obfervations de Duhamel, Je plus
profond des quatre, fe font faites pour'la plus
part dans un canton de la France, éloigné de
la mer & des montagnes , & plus au nord
qu’au midi de cet Empire. L’abbé Rofier a mieux
connu les pays Méridionaux que les Septentrionaux,
& a raifonné en conféquehce. Fa—
broni, que les fciences ont le bonheur de
conferver encore, vit en Tofcane, entre la
mer & les"-montagnes. Des favans n'ont point
écrit aux mêmes époques. Chacun a profité du
degré de perfeélion où étoit parvenue de fon
tems l’agriculture. Il n'eft donc pas étonnant
que leurs principes de Culture fe reffentent des
lieux,, dont ils connoiflbient le mieux les pra*>
tiques, & qu’ils aient fouvent établi en fyftême
général ce qui ne^eónvenoit qu’à quelques contrées
, ou a une nature particulière de terrein.
Quelque étendu que foit l’eforit d’un homme,
il ne peut embraffer tout ; fans le vouloir, il
regarde ce qui l’environne comme fon univers,
& il penfe que ce qu’il ne connoît pas doit fè
gouverner comme ce qu’il connoît. Duhamel
& l’Abbé Rofier, ontrefifté autant qu’ils l’ont p û ,
à cette ptnte prpfque invincible ; mais ils s’y font
quelquefois laiffé entraîner. Je fais peut-être la
même faute qu’eux fans m’en douter, quoique
j’aie parcouru & obfervé beaucoup de pays,
& fondé mes jugemens fur une correfpoaaance
très-étendue. Tull a adopté un fyfiême, auquel
il a voulu tout foumettre, & Fabroni a cru
qu'en renverfant les méthodes les plus fuivies,
pour leur en fubftituer de contraires, il .ouvri-
roit une nouvelle route à l’abondance & à la
profpérité rurales. Les autres Ecrivains, tels
que Lég er, auteur de la Maifon Ruftique &e.
ont donné dans tous les préjugés & toutes les
puérilités de l’ignorance & de l’habitude ; voilà
lés caufes des contrariétés qui fe trouvent dans
les écrits des agronomes de tous les fiécles. Je
les juge fans doute avec févérité; mais la mémoire
de ceuxnqui font morts & le bon efprit