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toous décrirons cnfuite celle de la troifième. !
«« Toute terre bien travaillée convient à la
ttulturé des Chicorées. A Paris & dans fes environs,
où le fumier eft en furabondance, on
peut femer en Janvier, fous des chaflis, & repiquer
le plant fur une autre couche, dès qu’il
a poufié fes deux premières feuilles-, en Mars,
tranl'porter ce plant dans une plate-bande fi tuée
au Midi, ou garantie des vents froids, par des
abrits faits en paille ou avec des rofeatix. Cette
méthode efi fort bonne dans les environs de-
Paris, parce que le prix des primeurs dédommage
des dépenfes & des foins-, mais fi, dans,
les Départemens, il falloit acheter le fumier pour
monter les couches, la dépenfe excéderoit de
beaucoup le produit. 55
ci On peut, à la rigueur, dans les Départemens
Méridionaux, femer en Février, dans Un terrain
bien abrité, les Chicorées fri fées, la régence,
celle de Meaux; mais, pour peu que le Prinrems
foit chaud, on court les rifques de voiries plantes
monter en graine. Je ne conçois p-s la manie
des primeurs. Ne vaut-il pas mieux manger
chaque fruit, chaque légume dans fa faifon ? Il
a bien meilleur goût. Dans les GDépartemens
du Nord, on craint beaucoup moins que les
endives ne montent en graine, fur-tout fi on
les arrofe beaucoup. Il n’en eft pas ainfi, fous
les climats Méridionaux : dans c eu x -c i, femez
en Mai toutes les endives ou Chicorées. Semez
également en Juin, en Juillet, en Août, fur-
tout celle de Meaux & delà régence, ainfi que
que les endives frifées; parce moyen, vous aurez
des falades jufqu’au mois de Mars fuivant.
Dans le Nord,-<5n peut fuivre la même marche,
en obfervant de femer un ]5eu tard la groffe
efpèce de Chicorée, ainfi que les deux variétés
de fcarole. Dans ces pays, la première à femer
eft l’endive céleftine ; la fécondé, la régence ; en-
fuite la Chicorée fine d’Italie, & les autres endives.
Aufli-tôt qu'on s’appercevra que les pieds
voudront monter , on peut les coucher pour les
faire blanchir3 ainfi que je le dirai bien-tôt.
Cette plante ne fera pas à fon point, il eft vrai,
mais on ne perdra pas tout, 55
De la transplantation des Chicorées.
'«PlusFon fehâte de tranfplanter, & plus facilement
la plante monte en graine. On ne craint
rien de la laiffer dans le femis jufqu’aux mois de
Juillet & d’Août, fur-tout dans les provinces
Méridionales. Dans celles du Nord, on n’eft pas
autant fujet à ce défagrément. Au ftirplus, ceux
qui aiment les primeurs peuvent effayer ; les cir-
conftances les ferviront peut-être à fouhait. On
peut encore replanter, dans les pays Méridionaux,
aux mois de Septembre & Oélobre, parce
que les froids étant tardifs, & la chaleur fe fou-
tenant allez communément jufqu’en Janvier,
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les'pieds ont le tems de fc fortifier. Toutes Icg
fois qu’on a replanté, il convient aufii-tôt d’ar—
rofer fortement & en général, les Chicorées ne
demandent pas beaucoup d eau par la fuite à
moins que la chaleur ne foit très-forte. » ’
ci La diftance à laifiér d’un plant à un autre
dépend de l’efpèce de Chicorée & de la faifon*
L ’endive de Meaux, la grande fcarole de Holi
lande, ne font pas trop éloignées à quinze pouces
fi on tranfplante en Juillet, parce que les feuilles
s'étendent beaucoup. Les endives, moins volq-
mintufçs, exigent moins defpace, & la régence
eft très-bien à une diftance^e fept à huit ponces
au plus, même tranfplantée en Mai ou Juillet.
C’eft donc au Jardinier à connoîrre fes ef-
pèces, afin de favoir de quelle manière il doit
replanter. »
« La Chicorée amère fe fème en Mars dans
les provinces du Midi, & en Avril dans celles
du Nord, dru & à la volée, fi on doit la con-
lbmmer étant jeune; clair ou par rayons, û
elle doit paffer l’année. On peut la replanter,
foit en planches, foit en bordures. Si on veut
l’avoir tendre & moins amère, il faut la couper
fouvent; celte qui a paffé l’Hiver eft d’une
grande amertume, qu’on peut cependant lui faire
perdre en la laiflant tremper quelques heures
dans l’eau, & en changeant cette eau jufqu’à
deux ou trois fois. ?»
De la conduite des Chicorées.
ccSion ferfouit la planche, on eft affnrédela
voir profpérer. Si on l’arrofe fouvent & au foleil,
la plante réufltra mal, & fera couverte de rouille.
Cette loi mérite cependant une,exception pour
les pays chauds, parce que 1 irrigation doit être
proportionnée à l’évaporation; mais, fomme totale,
la Chicorée craint moins rhnmidiré furà-
bondante qu’un peu de féchereffe. La meilleure
irrigation eft celle du foir. »
De fon Blanchiment.
««Ily acîeux manières principales défaire blanchir
les Chicorées, manières foumifes à la faifon,
La première a lieu dans l’Eté, & la fécondé, aia
approches de l’Hiver, sa
Du blanchiment d’Eté.
«c Lorfqûe la plante a pris fa pleine croiftance,
ou li on n’attend pas cette époque pendant l’Eté, il
eft prudent d’attendre que l’ardeur du foleil ait dif-
fipé toute l’humidité. Le moment venu, d’une main
on relève toutes les feuilles pour les prefque réunir,
fans trop les ferrer; & de l’autre, on paffe
un lien de paille humide, ou de jonc, autour
du bas des feuilles de la plante, & on affujétit
ce lien, de manière qu’elle ait la forme d’un
cône peu évafé par le liant. Huit jours Wtty
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bu en place nn fécond dans le milieu de la liai!*
t-jur moins ferré que le premier. Pendant l’intervalle
de la.mife de ces deux liens, les feuilles
du centre fé font alongées , & font de la grandeur
des feuilles précédentes. Si ce fécond'^n
eft trop ferré, la plante crevera par le côté. Si
l’efpèce eft d’une grande venue, elle exigera un
troifième lien, qui réunira la partie fupérieure
des feuilles, de manière que la pluie ne puifle J
tomber dans le coeur. Si on fe.contente de deux
liens, il faut avoir la même attention que pour
Je troifième. Suivant la chaleur de la faifon, le
blanchimèht eft plus précoce ; il a lieu , de
dix à quinze jours, dans les Départemens du
Midi , & il lui faut près de trois femaines
dans ceux du Nord. Si, pendant cette époque,
la chaleur eft vive & foutenue, on arrolèra,
mais de manière que l’eau ne pénètre pas dans
l’intérieur des feuilles. »
u Si on veut accélérer le blanchiment d’E té,
il y a encore deux manières, très-cafuelles à la
vérité, la première confifte à lier la plante, lorsqu'elle
eft chargée de la rofée, avant, ou peu
après le lever du foleil, & la fécondé, à entourer
le pied lié, avec du fumier de litière.
Souvent la plante s’approprie le goût & rôdeur
du fumier; & , fuivant l’autre méthode, elle eft
très-fujerte à pourrir. >5
Du blanchiment d'Hiver.
a Le foleil n’ayant plus la même aéliviré, l’at—
mofphère étant moins échauffée, la végétation eft
auflï plus foible & plus languiffante; il faut donc reê
courir à des moyens plus énergiques. On liechaque
pibd, ainfi qu’il a été dit ci-deffus; & commençant
par la tête de la planche Ou du carreau,
on ouvre une petire fofle au pied des plantes.,
dans laquelle on les couche l’une après l’autre,
fans les arracher. La terre de la fofle pour
le feCond rang, fert à couvrir les plantes enterrées
dans le premier, & ainfi de fuite pour
tous les autres rangs. Les foins à avoir, font
de les coucher horizontalement, & de laifi’er
l’extrémité du fanage fortir un peu de terre, à
moins qu’on ne foit dans le cas de vendre dans
les marchés. Il ne faut enterrer que fuivant la
eonfommation qu’on doit en faire. Le tems né-
ceffaire à ce blanchiment dépend de la conftitu-
tion de l’armofphère. Moins il êft froid, plus
prompt eft le blanchiment, jj
Manière de conferverdes Chicorées.pendant VHiver.
u Le plus grand point eft de les garantir
des effets des premières gçlées, en les couvrant
avec de la paille longue, ou enfin dés grandes
pluies, avçç des paillaffons foutenus fur un
pim incliné, que l’on enlève & que l’on remer,
Suivant les circonftances. »
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La fécondé méthode, qui doit être employée
le plus tard qu’on le peut, eft de 'les
tranfplanter à l’abri du froid, c’eft-à-dire, dans
des endroits couverts, qu’on nomme/rires à lé-,
gumes ou jardins d Hiver, & qui ne foient ni trop
chauds, ni trop humides. On les y enterre avec
leur motte, l’une près de l’autre, en prenant
garde de ne point froiffer, ni déchirer leurs
feuilles, & après avoir enlevé celles qui fe trouvent,
pourries, ou qui ont de la difpofition à pourrir.
Ce feroit très-mal entendre fes intérêts, que de
priver cette ferre à légume des bienfaits de l’air;
autrement la moififfure & la pourriture gagne-
roient peu-à^peu les Chicorées. Le feul point
& l’unique objet, eft d’empêcher le froid d’y*
pénétrer.
« La Chicorée amère fe blanchit de plufieurs
manières. On l’arrache de terre depuis QéVobre,
jufqu’à la fin de Décembre; ou la tranfporte,
dans une cave chaude, où on l’y enterre par
rayons fort ferrés, &on coup-e toutes fes feuilles;
ou bien on arrache tous les plants à-la-fois. Ils
font raflcmblés en petits tas, recouverts de fumier
fec ; & à mefure qu’on veut les faire blanchir,
on les plante.dans une couche de fumier
chaud , placé dans une cave. La troifième méthode
confifte à avoir de grandes caiffes cri Idées
de trous faits avec la tarière, à 12 à 15 lignes
l’un de l’autre. On commence à remplir le fond
avec de la terre, & on place Jes racines de
manière que leur collet foit en face des trous,
en fuivant ainfi tout le tour de la caifle; cette
couche de racines eft couverte de terre, & ainfi
de fuite couche par couche, jufqu’à ce que
toute la caifle foit pleine. Alors on coupe
toutes les feuilles du dehors de la caifle; mais,
comme elle eft placée dans un lieu chaud, où
la lumière du jour ne pénètre pas, ou pénètre
peu, la vëgéfation fe continue, les feuilles
s’étiolent, s’effilent, & reflent toujours blanches ;
ce qui a fait appeller cette' faîade, barbe du
père éternel ou de capucin. On peut la recouper
plufieurs fois dans un Hiver:.s’il y a trop de
jour, les feuilles ne s’étioleront pas, & la racine
pouffera des feuilles comme en plein air. ;»
, De la récolte de la graine.
a II eft à préfumer qu’on aura choifi, & làiffé les
plus beaux pieds pouf g rainer. Cette précaution eft
eftentidle. Aux environsde Paris, les piedsdeftinés
à donnerdes femences, font plantés vers des abrits
'■ & recouverts‘de paille pendant les gelées. On en
\ met : encore quelques pieds dans des vafes dé-
•’ ppfés dans la ferré, fuivant les circonftances, &.
remis en terré aü renouvellement de la belle
faifon. D’une bonne graine, naît toujours une.
. bonne plante. Dans nos provinces les plus Mé-.
ridiônales, à la fin du mois de Juillet, ou an
s milieu a Août, la graine eft mûre; elle l’eft ea
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