
réunis fourniroïent une connoiflance exacte du
nombre des Chev ux & des qualités dominantes
d’ iiü Royaume; ils contribneroient encore infiniment
à la perfection des haras. »
« Enfin les éialons de choix ne peuvent è re
trop multipliés : plus ils feront nombreux, plutôt
les races feront changées, plutôt les particuliers
perdront bhabitilde d’avoir de ces Chevaux
décurie, qui ne 1er- enr qu’à p rpétuer i es défauts
du pays, & à détruire ce que les étalons
auroient produit, 99
« I l lera donc avantageux de faire rechercher
l’état de G a rd e -é al n , en le rendant affez lucratif
pour être déliré , ce qui donneroit lieu
d’exiger de plus beaux étalons, & de punir plus
rigoureufement ks contraventions; on objectera
fans doute qu’en multipliant ces places , on aug-
nienteroit les charges des Communautés, les
exemptions prifes fur la taille étant réparties
fur les habitans ; mais cet inconvénient imaginaire
ne doit pas tenir vis - à - vis du bien réel
qui réiulteroif de ces étahliflemens* S il elt vrai
que 1 impôt foit augmenté , il left légèrement
pour chacun; il fera compenfé, Se au - delà, par
une nouvelle branche de commerce, plus avantage
ufe pour le laboureur; le manouvrier, qui
participe toujours du meilleur être du laboureur,
parce que celui - ci le fait plus Travailler, & le
paye plus cher, y trouvera aufli fon avantage;
les Chevaux étant plus forts, plus vigoureux ,
les exportations deviendront moins difpendieufes
& plus faciles ; toute efpèce de commerce- deviendra
plus floriffante. Le Laboureur ayant des
Chevaux d’une certaine valeur, les ménagera
davantage, en aura plus de lo in, lesconfervcia
plus long - rems, ou les vendra plus chèrement.
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et Les haras du Royaume feroient beaucoup
plus parfaits, files étalons qui fervent dans ces
haras ét oient achetés, entretenus & nourris par
la Province. Alors on les raffembleroit tous dans
un même lieu , éloignés desjumens, fous la conduite
& la direction d’uneperfonne intelligente
& inftruite. Tout le monde n’eft pas capable de
foiguer des étalons comme il fau t, & s’ils ne
font pas bien foignés, ils dépériront, ou feront
des maladies, qui les mettront hors de fervice ;
ils doivent être nourris, & exercés, chacun fui—
vant leur nature. Par cette méthode , ils s'entretiendraient
en bon état, auroient plus de
durée , & , dans le teins dé la monte, qu’on
les diftribueroit dans les différens cantons, onfe-
rok affuré de leur vigueur, & de Tefficaciré de
leur fervice. Un autre avantage bien plus considérable
que produiroit cet arrangement, feroit
de les changer de canron, ou d’arrondiffement
tous les trois ou quatre ans ^ ce qui donneroit
un accroifiemenT de race absolument nécefi'aire
& effcnrlel à la perfection du haras, ce que l’on
ne peut obtenir, lorfquc les étalons appartiennent
aux Particuliers. Les frais n’en fèroient.pas
plus chargés; au contraire cettedifpolkion-, en
faifant le bien de la choie , fupprimeroit encore
une infinité de privilèges perfonnels dont jeuif-
fent les Gardes - étalons, & qui font onéreux
aux Communautés dans" lefquelles ces Gardes
font établis. On peurroit encore, pendant l’Hiver,
tirer des fervices utiles des étalons pour lestra-
vaux publics ; l’exercice bien ménagé leur eft
néceifaire & falutaire. Tous les avantages de ce
projet, exécuté en quelqu’endroîr avec fuccès,
devroient engager à l’adopter, & à le mettre en
exécution dans tous les haras du Royaume ;
prenons pour exemple la Champagne.»
« On voit aujourd’hui s\lever dans cette province
une nouvelle race de chevaux, fupérieure
à l’ancienne, en taille , en figure & en force.
On trouve déjà nombre de jeunes Chevaux,
finon de diftméïion, du moins beaucoup moins
imparfaits que les naturels du pays qui fubfif-
ttnt encore. Mais, pour parvenir à un plus grand
degré de perfection, dont la pofiibilité eft prouvée
par cet heureux commencement, il eft nécef-
laire d’avoir recours à de nouvelles opérations,
qui paroiffent exiger des changemens dans l’ad-
miniflration actuelle. On fait, & il eft démontré
par l’expérience, qu’en tout genre, pour fou-
■ tenir & augmenter la beauté de i’efipèce, il eft
indifpenfable de croifer les races, c’eft-à-dire, de
i prendre toujours des individus étrangers pour
! chefs & pères de chaque génération, de ne jamais
permettre que le même individu s’allie avec fa
poftériré ; autrement on voit bien-rôt cette postérité
fe détériorer, & la race retomber dans
fon premier état d’imperfeétion : en changeant
à chaque génération l’individu qui coopère le
plus, qui doit fervir de modèle, on diminue de
plus en p lits les défauts dont ces générations
peuvent être attaquées ce n’eft que par ce
moyen que l’on peut parvenir à les détruire
entièrement, lors toutefois que le climat & le
fol le permettent. Ce principe inconreftable n’eft
pas moins pour les haras que pour toute autre
éducation. 11 eft donc effenfiel pour la peifec-
tion de ces établi ffemens, qu’un étalon ne ferve
jamais fa poftérité ; & comme cette poftérité
-commence elle-même à être en état d’engendrer
à l’âge de trois ou quatre ans, il eftindifpen-
fable alors de lui fournir un étalon étranger,
qui, s’il eft permis de le dire, ne lui foit point
parent, & n’ait point la tache de la famille. »
u Pour y parvenir , il faut donc tous les trois
ou quatre ans, au plus tard , changer les dépar-
teintn- des étalons, en les éloignant le plus qu’il
efî poliible *, mais cette opération eft aufli impraticable
dans J’adminiftration a élue lie , où ces étalons
appartiennent aux particuliers, font partie
de leur bien , qu’elle feroit facile à exécuter,
fi tous ce$ Chevaux appartenoient à la Province
en général ; daiileurs les avantages qui réfulteroient
de ce nouveau plan, autres même que
ceux qui concernent les haras, pourroient peut-
être faire defirer par les personnes intéreffées,
qu’il fût adopté. Je vais tâcher d’établir & de
préfenter ces avantages fans partialité. »
« Les propriétaires des étalons jouiffent , en
conféquence de la garde de ce Cheval, d’exemptions
pécuniaires, de privilèges perfonnels, &
de droits de monteg ainfi que du fervice de cet
animal, pendant la plus grande partie de l’année.
Les privilèges perfonnels & les droits de monte,
comme plus apparens, font regardés^par la plupart
des autres habitans, comme un impôt onéreux.
Les premiers, parce que le garde-étalon
ne partage point les charges publiques ; les autres
par la rétribution pécuniaire qui eft due par
jument à fa garde. C’eft apparemment pour ne
pas multiplier ces rétributions & les plaintes
qu’elles occalionnent , que chaque propriétaire
de jument n’en fournit que deux à fétalon, quelque
nombre qu’il ait. »
« D’un autre côté, le garde-étalon n’eft occupé
qu’à cacher, ou à pallier les défauts fouvent
efientiels de fon Cheval, s'embarra fiant affez
peu que les poulains qu’il engendre foient défectueux
, ou que même il en produife. Un
étal m eft de fervice, pour l’ordinaire, pendant
dix ans, dans k même Département ; par con-
féquent il fervira trois générations dont il aura
été, le père. ,»
« Tous les étalons, apparrenans à la Province,
ces inconvéniens qui dérruifent les haras difpa-
roiffent. On gagnera les exemptions, & les privilèges,
anéantis avec ceux qui les poffédoient ;
les droits de monte ne paroiffant plus fublifter,
chacun s’emprefiera de profiter du bénéfice des
étalons. Ces,Chevaux réunis, mais en plufieurs
corps, placés aux .endroits les plus commodes,
fous la direction de perfonnes intelligentes, feront
mieux nourris, mieux foignés & plus ménagés
; étant rafiemblés en certain nombre, on
fera plus à portée de juger des accidens qui
peuvent les mettre hors de fervice, d’y apporter
remède. Dansfe tems de la monte, qui, comme
l’on fait, eft de trois mois, on les diftribueroit
par pelotons de quatre, ou cinq dans chaque
arrondifiement, fous la conduite de leur palfrenier
ordinaire ; enfin le plus grand avantage
qui réfulreroit de ce pian, eft la facilité de changer
ces pelotons, d’année en année , d’une extrémité
de la Province à l’autre , & par conféquent de
fournir chaque arrondifiement d’étalons nouveaux,
chaque année, ou tous les deux ans, fans
augmentation de dépenfes, ni de foins. Pendant
les trois mois de monte , l’étalon ne doit être
employé à aucune autre fionétion ; je penfe
même que, pendant deux mois avant ce tems ,
fi doit être préparé à cet exercice par le repos,
ou de très-légères promenades ,& par une nourriture
plus abondante qu’à l’ordinaire. Ainfi, on
| peut compter cinq mois employés , tant à ht
| préparation à la monte, qu’à la monte.même.
Quant aux fept mois refians, on peut tirer de ces
Chevaux tops les fervices dont iis font capables.
On fait qu’un travail bien ménagé & proportionné
à la nature de l’animal, lui efi plus falutaire
qu’un repos trop continué. Ces Chevaux ,
appartenans au Public , doivent travailler pour
lu i; ainfi, en leur donnant un mois pour pourvoir
à leur propre fubfifiance, c’eft-à-dire, pour
récolter leurs provifions , la Province pourra
jouir fix mois entiers de leurs fervices pour
les travaux publics, tels qu’entretien de chemins
royaux, charrois militaires, ou autres, auxquels
on voudra les employer. Cette fpéculation eft
d’autant plus fondée , qu’en entrant dans quelques
détails , on verra que par leur nombre,
par leur difiribution , ils pourront fuffire à-peu-
près à ces objets. »
« La Champagne peut porter quatre cens étalons,
& je crois qu’ils font effectifs. Quoiqu’on
doive les placer à la campagne, de préférence à
la ville, rantpour la moindre dépenfe, que pour
plus grande commodité, & pour éviter beaucoup
d’inconvéniens dans je fervice ; fi l’on prend
cependant, pour fixer ccs idées, les principales
villes' de la Province, & qui font à-peu-près à
égale diftance les unes des autrès, on trouvera
que l’on peut féparer ces 400 Chevaux en huit
divifions, de cinquante chacune, lefqueiles pourront
être placées dans les villes, ou plutôt dans
les environs de Rheims, Cbàlons, Sainte-Méne-
hould , Vitry , Joinville , Chaumont, Bar-fur-
Aube & Troyes. Trente des Chevaux pourront
travailler journellement fans fe fatiguer, pendant
que vingt fe repoferont, ou que quelques»-
uns feront retenus par quelque accident : or,
il n’eft point de paroiffe qui, l’une dans l'autre,
ne paie volontiers cinquante écus pour être déchargée
de l'a part de l’ouvrage que ces Chevaux
feront pendant fix mois, & qui n’y trouve (on
profit. En jetant les yeux fur le. calcul ci-joint,
on verra que ces fournies réunies feront fuffi-
fantes pour l ’entretien des étalons, & qu’il en
reliera même une par an affez confidérable pour
le remplacement & le complet des Chevaux. Je
ne parle point des petits privilèges que l’on pour-
ro it, fans grande conféquence, attacher à ces
établiffemens , foit pour l’achat des provifions ,
foit pour le logement, ou pour les perfu-nnes qui
y feroient employées. »
« On objeélera, fans doute, le premier achat
des étalons, la dépenfe de leur éiabliffement,
& les frais de leur premier approvifionnement;
objets confidérables. Quant au premier, on peut
prendre des arrangemens avec les gardes-étalons
aéluels qui céderont leurs Chevaux , & dont les
paiemens feront faits d’année en année fur la
l’omme de..............deftinée à l’achat des étalons ,
dût-on leur payer la rente du prix, fur cette
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