
tuyau d’argent doré , long de demi-pied, gafnî 5e
faillies pierreries. Quand les janijfaires marchent à
l’année, le .fultan leùr fournit des. chevatix pour porter
leur bagage, è i des chameaux pour porter leurs
tentes ; .{avoir un cheval pour io foldats, & un chameau
pour 20. A ( a v è n em e n t de chaque fultan fu r
le trône, on augmente leur paye pendant quelque
temps d’un aüpré par jour;
Les chambres héritent de la dépouille de ceux qui
meurent fans, enfans ; & les autres,,.quoiqu’ils ayent des
e n c a n s , ne laiffent pas de léguer quelque chofe à leur
chambre. Parmi les janijfaires 9 il n’y a que lè s -folacs
6c les peyes qui foient dé la garde de l’empereur ; les
autres ne vont àu férail, que pour accompagner leurs
commandans les jours de divan, &. pour empêcher
les défordres. Ordinairement on les met en fentinelle
aux . portes & aux carrefours de la ville : tout le monde
les craint & les refpeéle, quoiqu’ils n’ayent qu’une canne
à la main, car on ne leur donne le u r s armes, que
lorfqu’iis vont en campagne.
Plufieùrs d’entr’eux. ne manquent pas d’éducation,
étant en partie tirés du corps des amazoglans, parmi
lefquels leur impatience , ou quelqu’autre défaut, me
leur a pas permis de .rëffer ceux qui doivent être
.reçus, paffènt en revue devant le commiffaire, de
chacun tient le bas dé la vefle de fon compagnon. On
écrit leurs noms fur lè regiflre du grand-feigneur ; après
quoi ils courent tous vers leur maître de chambre ,
qui, .pour lèür apprendre qu’ils font fous fa-jürifdiéfipn,
leur donné à cha.cun en paffàntp un coup de main
.derrière l'oreille.
On iéür fait faire deux ferments dans leur enrôlement
; le premier de fervir fidèlement legrand-
feignçur ; le fécond , de fuivre la volonté de leurs'
camarades,- En effet , il’ n’y à pas de corps plus uni
que celui des janiffaires , & bette grande union foiitient
fmgulièremënt leur autorité; car quoiqu’ils ne (oient
que l i a 13 mille dans Conftantinople, ils font sprs
que leurs' camarades fié manqueront pas d’approuver
leur conduite.
Delà vient leur force , qui ;efb tëlle, que legrand-
féigneur ira rien au monde dé plus à craindre que
lèürs caprices. Celui qui fe dit (invincible . fiiltan ,
.doit trembler au premier fignal de la mutinerie d’ûn
jrniffaire, \ '
Combien de fois n’ont - ils pas fait changer à leu r
fimtaifie, la face de (empire ? les plus fiers empereurs;
& les plus habiles miniftres ont fouvent éprouvé qu’il
était pour eux du dernier danger d’entretenir .en tèms
de paix , une m i lic e fi redoutable. Elle .dépofa’ Ba-
jazet II en 1512 ; .elle avança la mort d’Amurat III en
1593 ; elle m e n a ç a Mahomet III de le détrôner.
Olrnan I I , qui avoit juré le u r perte , ayant impriv
demment fait éclater Ion defiein 9 en fiat indignement
traité , puifqu’ils le firent marchera coups de pieds ;
depuis lè fe-rail jufques au château des Sept T ° uî's ,
oh il fut étranglé l’an 16.2.2, Muflapha, que cette, in-
folente milice -mit a la place d’Ofman , fut détrôné
fax bout de deux mois , par ceux-là même qui (avoient
Èpyü au faîte des grandçûrs, Ils firent auffi mourir j
le fiiltan Ibrahim en 1649 5 après (avoir traîné igtio*
minieufement-aux Sept Tours ; ils renversèrent da
t' ône fon fils Mahomet IV , à caufe du malheureux
fucçès du fiège de Vienne ; lequel pourtant n'échoua
que par là faute de Cara-Muftapha , premier vifir. Ii8
préférèrent à cet habile .fultan, fon frère Soliman III,
prince fans mérite, & le déposèrent àjon tour quelque
temps après. Enfin, en 1730, non contents d’avoir
obtenu qu’on- leur façrifiât le grand-vifir, le rei-
EfFendi, & le capitan pacha , ils déposèrent Achmet III,
1 enfermèrent dans la prifon, d’où ils tirèrent le fultan
Mahomet, fils de Muflapha I I , & le proclamèrent à
fa place. Voila comme les fuccefiions 3 (empire font
réglées en Turquie. ( D. J )
JÀNISSAR - AGASÏ , ( Hiß. mod. ) Les Turcs
donnent le noin dé jmijfar-agafi , à celui, qui a le
commandement général de tout le corps des jdmffavrcs.
Cette charge répond à-peu - près à celle de colonel
général de (infanterie en France , quand elle étoit en
pied fous les ordres du due d’Épernon. , & depuis
fous celle de M. le duc d’Orléans en Cet .-.aga
■ dont on n’a dit que peu de çhofes fous ee tjtre, efl
le premier de tous les agas ou officiers d’infanterie. de
1 (empire Ottoman. Son nom vient ,du mot turc aga f
qui fignifie un bâton, & même, dans les jours^de
cérémonie il en porte un en main, pour marque de
fon autorité , & les janijfaires en portent auffi! un
dans les grandes villes ., marques de .leur rang,; de
fer vice, r
Ce général étoit autrefois tiré d’entre \esjamjfaires,
Mais-depüis que le grand - feigneur a remarqué qu’il
s’y fàifqit dés brigues., fjg que fon éleôion étoit fiiiÿie
de jaloufle pç de haine , qui le rendoit quelquefois
méprifabfe à fes officiers il le chbifit pr|lentetfient
entre l,es ichqglans dans fon feitail.
Cet àga a de paie par jour cent affres, ou vingt
écys, & fept à dix mille écus, pris furi des, timars
qui font à fa charge. II a auflî prefque tous- les jours
des. prçfehts du-Sultari, principalement quand les ja •
nijfaires ont bien fait leur devoir'dans- quelque ccca-
fion confidérable ;/$c quand il eff affez heureux pour
plaire à fon prince , c’eft à qui lui fera des préférais ,
pour parvenir par fon moyen aux emplois : car en
Turquie, on ne donne point les-charges au mérite ,.,mais
à celui .qui en donne plus dé bourfes ( qui efl leur manière
de Compter les grandes fouîmes ) , chaque bourfe ,
étant d’environ cinq cents écus.
Ce commandant ne marche guèfe dans Confiant^
nople, qu’il ne foit fiiivi d’iin grand nombre de ,70-
mjßaires-, principalement quand il efl arrivé quelque
fâchêufé ' révolution à (empire. C’efl dahs ces moments
que lès janiffaïrcs prennent leur temps pour demander
leur paye, ou pour éÇ avoir augmentation, menaçant
de piller la ville, ce qu’ils font en plufieurg rencontres.
Cet aga , pour réfifler à ce foulevement, & pour faire
mieux exécuter fes ordres., fe fait dans ces occurrences,
accompagner de trente ou quarante mungis, ouprévôts
des janiffaïres, avec cinq ou fiît cepts de cette mili ce ,
pour fe faifir des malfaiteurs , & lès .conduire dans les
priions y car $ à tout pouvoir fur la vie des jarùjfaires>
ne fait néanmoins mourir que la nuit , de petïr
de quelque foulevement. La falaque , ou baftonnade fur
la plante des pieds, efl peur les moindres crimes ;
mais quand leurs crimes méritent la mort, il les fait
étrangler ou.coudre dansunfac , &jetter dans quelque
fcc ou rivière.
Quand l e janiffar-agafi meurt, foit de mort naturelle
QU violenté, tous fes biens vont au profit du
tréfor commun des janijfaires, fans que le grand-
seigneur en touche un afpre. ( f ).
JANNANINS, f. m. pl. { Hiß. mod. faperflit.)
c ’tft le nom que les Negres de quelques parties intérieures
de (Afrique donnent à des efprits qu’ils croyent
.être les ombres ou les âmes de leurs ancêtres, & quils
■ vont confulter ou adorer dans les tombeaux. Quoique
.ces peuples reconnoifient un dieu fuprême h om m e
Kanno, leur principal culte efl réfervé pour ce? prétendus
efprits. Chaque nègre a fon jamianin tutelaire,
.à qui il s’adrefle dans fes befoins, il va le confulter
dans fon tombeau, & regle fa conduite fur les ré-
ponfes qu’il droit en avoir reçues. Ils vont fur-tout, les
■ interroger fur (arrivée des vaiffeaux européens, dont
les marcbandifes leur plaifent autant qu’aux habitans,
ides côtes. Chaque village a un jannanin protecteur,
à qui l’on rend un culte public, auquel les femmes ,
les enfans & lés efclaves ne font point admis : on
croiroit s’attirer la colère du génie, fi on permettait la
yiolationde cette règle. {A . R. j
JANSÉNIUS, (Cornelius) {Hiß. EccUf !) évêque
cfYpres , nom plus célèbre que naturellement il
n’auroit dû (être , & qui ne (efl cependant pas affez
far (endroit où il méritait de (être. On fait que
Janfénius efl (auteur du livre devenu trop fameux
aufïi après fa mort, intitulé Augufiinus , où les uns
trouvent & les autres nè trouvent pas les cinq fameufes
propofitions condamnées, & on ignore affez communément
qu’il mourut frappe de lapefte, aü milieu de
Ion troupeau, auquel il fourniffoit en digne évêque,
tous les fecours fpirituels & temporels. Il était auffi
ennemi des Jéfuites, que M. de Belfunce, évêque de
Marfeille , qui dans la fuite imita fi bien & avec plus
de bonheùr, fon zèle courageux, en était ami. Député
..deux fois par (Univerfité de Louvain , auprès du roi
d’Efpagne, pour faire révoquer la permiflion accordée
aux Jeniites d’enfeigner les humanités philofophie,
Janfénius mit beaucoup de zèle dans'cette négociation ,
& eut le bonheur d’y réuflir. Il eut dès-lors pour ennemis
ceux qui, dit-on , ne pardonnoient jamais, & qu’il
a fallu détruire pour les défàrmer, ceux qui d’ailleurs
étaient en poffeffion de répandre fiir leurs ennemis le
vernis hérétique. Mais bientôt les affaires politiques lui
fiifcitèrent un ennemi plus implacable & plus à craindre.
.La France & (Ëfpagne étaient ®n guerre, & le cardinal
de Richelieu, qui avoit repris le fyffême politique
de François Ier, même avec toutes fes contradiéfions
apparentes, tandis qu’il écrafoit les proteffants de France,
, faifbit alliance au dehors avec toutes les puiffances pro-
teftantes ; Janfénius , fujet' de l’Efpagne, écrivit en
%veur de fa patrie, & f it , pour décrier le fyflêjhe
Hißeire. Tçjie
politique de Richelieu, (ouvrageintitulé: Mars Gallicus
qui fut promptement traduit en françois ; cet ouvrage
lui valut (évêché d’Ypres & la haine de Richelieu, il
n’eut pas long - temps à jouir de l’un & à craindre
(autre, étant mort en .1638 , affez peu de temps après
la publication du Mars GaUicus. i l ne vit point celle de
l’Augufiinus, far lequel ceux qui, gouvernoient alors err
France , fe vangèrent du Mars Gallicus. Richelieu avoit
commencé par ce motif à être contraire à Janfénius &•
à fes amis, le cardinal Mazarin eut auffi pour s’élever
contre ce parti un motif particulier, cetoit la liaifori
du cardinal de Retz, fon plus mortel ennemi, avec le
même parti. Delà auffi les préventions de Louis XlVj
contre les Janféniffes 6c contre meilleurs de Port»
Royal
Janfénius, peu de jours avant fa mort, avoit écrit;
au pape Urbain V I I I , une lettre très-refpe&ueufe, pat,
laquelle il foumettoit à fa décifion & à celle de l’Eglife
le livre de l’Augufiinus. Un ne fait pourquoi fes exécuteurs
teffamentaires jugèrent à propos de fupprimet
cette lettre, mais on n’en avoit encore aucune con-,
noiffance, lorfque le grand Condé ayant pris la ville
d’Ypres le 28 mai 1648 , cette célèbre lettré tomba
entre fes mains ; il crut devoir la publier : c’étoit le
temps où on pourfùivoit plus que jamais la condamnation
du livre de Janfénius , & où on agitait avec;
la plus grande vivacité ces grandes & interminables
queftions fiir l’accord de la grâce & du libre arbitre,
de la liberté de (homme & de la touté-puiffance de
Dieu ; il falloit du moins faire voir que , quelque chofe
qui arrivât du livre , la mémoire de (auteur .étoit à
(abri dé tout reproche & exempte de toute tache
d’héréfie. En effet cette lettre relpiroit par - tout la
foumifîion, le refpèâ, la docilité à toutes les déciûons
du pape & de (églife. Janfénius étoit mort dans ces
difpofitions d’un parfait catholique ; ainfi nul fait pofté-
rieur n’ayant pu démentir les proteftatiens de fou-
miffion & de docilité dont cette lettre efl remplie ,
nous devons fùppofer, félon toutes les règles de la
charité chrétienne & de (indulgence humaine, que ces
difpofitions ne fe feroient pas démenties, quand même
Janfénius auroit eu le défagrément de voir condamner
fbn livre; nous devons croire qu’il auroit eu lagéné-
reufe foumifîion qui a tant illuftre fiir la fin du même
fièçle, le généreux archevêque de Cambrai. C e . n’efl
pas que la conduite oppofée ait rien de rare ni d’ex-
traorainaire, & ne foit même plus conforme à la
marche générale de (efprit humain, rampant devant
fes juges tant qu’il refte quelque efpérance de les fé-
duire , plus furieux coiitr’eux que contre fes adver-
faires , quand il a fuccombé. Luther n était d’abord qu’un
auguftin qui combattait des jacobins ; il était plein de
rejpeé! pour, le pape ; il lui écrivoit peu de temps avant
le jugement : donneç la vie ou la mort , appelleç ou
rappelle£, approuveç ou reprouveç , j écouterai votre
voix comme celle de J. C. même. Janfénius 11’avoit rien
écrit de plus fort dans fa lettre de foumiffon à
Urbain VlII. Luther efl condamné par le pape ; alors
il écrit contre la bulle exécrable de 1‘ An té-Chrïfi.
JJjjyW V ffi défendit ,$ 1 1 6 4 2 , h leélure. di\ liyr&