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Si numéros bene quæ geffil, plus Nefiore vlxit ]
Si numéros an nos , occidit ante diem.
Il femble que Jean-Baptifte Rouffeau ait eu ces vers
en vue , lorfqu’il a dit dans fon Ode fur la mort du
prince de Conti, fils de celui à qui Jean de Montreuil
avoit été attaché :
Pour qui compte les jours d’une vie inutile ,
L’âge du vieux Priam paffe celui d’Heélor :
Pour qui compte les faits, les ans du jeune Achille
L’égalent à Neftor.
Il y a une Vie de J. C. d'un père de Mentreul ou
Monterai l , jéfuite.
MONTROSS, (Jacques Graham, comte ÔC duc de)
( Hiß. d’Ecoffe. ) vice-roi d’Ecoffe , le plus brave, le
plus habile & le plus fidèle défenfeur de la caufe de
Charles Ier. & de fes enfants ; il eut la gloire de battre
plufieurs fois Cromwel ôc dé le bleffer de fa main.
Après avoir combattu avec divers fuccès en Angleterre
, il paffa en Ecoffe , y leva une armée à fes dépens
, s’empara de Perth , d’Aberdeen , d’Edimbourg,
battit le comte d'Argyle. Si le malheureux Charles 1er.
avoit pu échapper à la deftinée de fa déplorable maifön,
il en auroit eu l'obligation au comte de Montra fs ; mais
s’étant remis entre les mains des Ecoffois, qui eurent la
lâcheté de le vendre à fes ennemis, les Ecoffois,
tandis qu’ils le retenoient encore, exigèrent qu’il ordonnât
a Montre fs de défarmer ; celui-ci obéit à regret,
Î>ar ' fidélité , ÔC parce qu’il ne fivoit pas réfifter à
bn roi. Devenu ir.ut leàfon fervice , il s’éloigna d’un
pays infidèle à fès maîtres légitimes ; il: vint en Erance,
il paffa en Allemagne , ou il fut maréchal de l’Empire,
où il ajouta encore à fa gloire. Lorfqu’après la mort
de Charles Ier. , Charles II fon fils voulut faire une
tentative en Ecoffe , il fentit le beibin qu’il avoit de
Montrofs pour cette expédition ; ÖC Montrofs toujours
prêt à forvir par préférence , fes maîtres légitimes,
s’empreffa de repaffer en Ecoffe. Il eut d’abord des
avantages , il s'empara des Ifles Orcades ; mais étant
deicendu dans le continent de l’Ecoffe, avec une trop
foible armée, il fut battu, obligé de fe cacher comme
Marius, mais pour une meilleure caufè , dans des
rofeaux, déguifé en payfan. La faim le contraignant
de fortir de fon afylë , il crut pouvoir rifquer de iè
découvrir à un écoffois , nommé Brime, qui avoit
autrefois fervi fous lui. Mais l’efprit de trahifon ôc de
lâcheté s’étoit emparé alors de cette nation; cet homme
le vendit à Lefley, général ennemi, qui le fit conduire
à Edimbourg , ôc, dans cette capitale, fa conquête
dans des temps plus heureux, il fai indignement pendu
ôc écartelé pour prix de fa fidélité envers fon fouverain ;
ç’eff le cas plus que jamais, de dire :
Vous n’êtes point flétri par ce honteux trépas,
Menés trôpgénçreu'x, vous n'en roiigiffez pas.. .
Et quimeurt pour fon roi, meurt toujours avec gloire. ,
< M O N UM E N T 1;, fie :.) ( Hiß. d Anglet.) il eft
ainfj nommé par k.s : Apglois, & avec raifon, car ,
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c'eft le plus célèbre monument des modernes, & une
des pièces des plus hardies qu’il y ait en architeélure :
ce fut en mémoire du trifte embrâfement de Londres
, qui arriva le i feptembre 1666, qu’on érigea
cette pyram de, au nord du pont qui eft de ce côté-
là fur la Tamîfe , près de l’endroit où l’incendie
commença ; c’eft une colonne ronde de l’ordre toscan
, bâtie de groffes pierres blanches de Portland.
Elle a deux cens pieds d’élévation ôc quinze de diamètre;
elle eft fur un piédeftal de quarante pieds de
hauteur , ôc vingt-un en quarré. Au-dedans eft un
efoalier à vis dé marbre noir , dont les barreaux de
fer régnent jufqu’au fommet, où fe trouve un balcon
entouré d’une baiuftrade de fer , & qui a vue
for toute la ville. Les côtés du nord & du fud da
piédeftal ont chacun une infeription latine ; une de
ces inferiptions peint la défblation de Londres réduite
en cendres, Ôc l’autre fon rétabliffement qui fut aufîi
prompt que merveilleux. Tout ce que le feu avoit
emporté d’édifices de bois , fut en deux ou trois ans
rétabli de pierres ôc de briques fur de nouveaux
plans plus réguliers ôc plus magnifiques , au grand
étonnement de toute l’Europe , ôc au fortir d’une
cruélle pefte qui fuivit l’année même de l’embrâ-
fèment de cette capitale ; ôc rien ne fait tant voir
la riche ffe, la force & le génie de cette nation ,
quand elle eft d’accord avec elle-même , ôc qu’elle
a de grands maux à réparer. ( D. J. )
MOPINOT , ( Simon ) ( Hiß. Litt. mod. ) béné-
diélin de la congrégation de Saint-Maur , a travaillé
avec dom Confiant, à la colleâion des Lettres des
Papes. On a de lui des Hymnes, qu’on chante encore
dans plufieurs maifonsde 4 congrégation. Né à Rheims
en 1686 , mort en 1724.
M O P SU E ST E , (Th éodore d e ) ( HIß. Eccléf )
( Voye^ T h é o d o r e .)
M O Q U A , f. f. ( Hiß. mod. ) cérémonie fanatique
en ufage parmi les Mahométans indiens. Lorsqu’ils
font revenus du pèlerinage de la Mecque, un
d’entr’eux fait une xrourfe fur ceux qui ne fuivent
pas la loi de Mahomet ; il prend pour cela en main
fon poignard, dont la moitié de la lame eft empoi-
fonnée , ôc courant dans les rues , il tue tous ceux
qu’il rencontre qui ne font pas Mahométans, jufqu’à
ce que quelqu’un lui donne la mort à lui-même. Ces
furieux croient plaire à Dieu ÔC à leur prophète en
leur immolant de pareilles vi&imes ; la multitude
après leur mort les révère comme faints , & leur fait
de magnifiques funérailles. Taverniei , Voyage des
Indes. (A . R .)
MOQUIS1E , f £ ( Hiß. de L'idolâtrie ) les habi-
tans de Lovango, & autres peuples fuperftitieux de
la baffe Ethiopie , invoquent des démons domefti-
ques & champêtres , auxquels ils attribuent tous les
effets de la nature. Ils appellent moquifie, tout être
en qui réfide une vertu lècrette, pour faire du bien
ou du mal , ôc pour découvrir les chofes paffé-’S ÔC
les futures: leurs prêtres portent le''nom de ganga
moquifie, & on les diftingue par un furnom pris du
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fieu , de l’autel, du temple, & de l’idole qu’ils fervent.
La mo qui fie de Thirico eft la plus vénérée ; celle
de Kikokoo préfide à la mer , prévient les tempêtes
, ôc fait arriver les navires à bon port : c’eft
une ftatue de bois repréfentant un homme aflis. La
moquifie de Malemba eft la déeffe de la fanté : ce
n’eft pourtant qu’une natte d’un pied ôc demi en
quarré , au haut de laquelle on attache une courroye
pour y pendre des bouteilles , des plumes , des écailles,
de petites cloches, des crecerelles , des o s , le tout
peint en rouge. La moquifie Mymie eft une cabane
de verdure, qui eft fur le chemin ombragé d’arbres.
La moquiße Coffi eft un petit fac rempli de coquilles
pour la divination. Pour la moquiße de Kimaye , ce
font des pièces de pots caftes, des formes de chapeaux
ÔC de vieux bonnets. La moquifie Injami , qui eft
à fix lieues de Lovango , eft une grande image dreffée
for un pavillon. La moquifie de Moanzi , eft un pot
mis en terre dans un creux entre des arbres facrés,
fes miniftres portent des bracelets de cuivre rouge :
voilà les idoles de tout le pays de Lovango , ôc
c'en eft affez pour juftifier que c’eft 1b peuple le plus
ftupide de l’univers. (A . R.)
MO R A , f. f. ( Hiß. anc. ) troupe de Spartiates,
compofée de 5 0 0 , ou de 700, ou de 900 hommes.
Les fentimens font variés fur cette appréciation.
Il y avoit fix mora, chacune étoit commandée
par un polémarque , quatre officiers fous le polémar-
que , huit fous ces premiers, ôc feize fous ceux-là.
Donc fi ces dernières avoient à leurs ordres 50 hommes
, la mora étoit de 400 , ce qui réduit toute la
milice de Lacédémone à 2400: ceft peu de chofè,
mais il s’agit des temps de Lycurgue. On ne recevoit
dans cette milice que des hommes libres, entre 30
ÔC 60 ans ( A. R. j
MORABIN , ( Jacques ) ( Hiß. Litt. mod. ) fecré-
tajre de la police, mort le 9 feptembre 1762. Il aimoit
les lettres, ÔC s’occupa beaucoup de Cicéron. Il fit ôc
fon hiftoire générale ôc l’hiftoire particulière de fon
exil. On lui doit aufîi le Nomenclator Ciceronianus. Il
traduifit le Traité des Loix du même Cicéron , le
Dialogue des Orateurs, attribué à Tacite ; le Traité
de la Confolation.
MORABITES, f. f. ( Hiß. mod. ) nom que donnent
les Mahométans à ceux d’entr’eux qui foivent
la feéle de Mohaidin , petit-fils d’Aly , gendre de
Mahomet. Les plus zélés de cette foéle embraffent
la vie folitaire , s’adonnent dans les défoi ts à l’étude
de la philofophie morale. Ils font oppofés en plufieurs
points aux feâateürs d’Omar , ôc mènent une vie
d’ailleurs affez licencieuil , perfuadés que les jeûnes
& les autres épreuves .qu’ils ont pratiquées leur en
donnent le droit. Ils fo trouvent aux fêtes ôc aux
noces des grands, où ils entrent en chantant des vers
en l’honneur l’A ly ôc de fes fils ; ils y prennent part aux
feftins ôc aux danfes juf;uà tomber dans des excès,
que leurs dife pies ne man que. \ pas de faire paffer
pour des extales : leur règle n’eft fondée que fui des
traditions.
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On donne auffi en Afrique le nom de Moràbit e
aux mahométans qui font profeflion de fcience ôc
de fa nteté. Us vivent à-peu-près comme les philo-
fophes payens ou comme nos hermites : le peuple
les révère extrêmement, ôc on en a quelquefois tiré de
leur folitude pour les mettre fur ie trône. Marmol ,
de L Afrique. ( A. R .)
MORALES , ( Ambroife ) ( Hiß. Litt. mod. )
prêtre de Cordoue , hiftoriographe de Philippe II ,
profefleur dans l’Univerfité d’AÏcala, contribua un peu
à répandre legoût des lettres enEfpagne. On a de lui une
Chronique de LEfpagne , ôc les Antiquités d’Efpagne ;
il avoit été dominicain, mais les Dominicains l’avoient
chaffé, parce que par une piété mal entendue , il avoit
imité l’aâion d’Origène. C ’étoit une aélion peu fenfée
fans doute ; mais eft-ce là une raifon de n’être plus
dominicain? Quelle eft cette manie dangereufe d’exiger
la confervation ôc la pleine poffeffion d’avantages auxquels
on renonce ? C’eft donner ôc retenir. Je conçoi«
que le fàcrifice eft plus continuel Ôc plus méritoire*
mais il eft moins fur.
MORAND, (Pierre de Y( Hiß. Litt.mod. ) auteur
des Tragédies de Teglis, de Childeric, de la comédie
intitulée : VEfprit de Divorce, ôcc. poëte très-médiocre,
auquel il arriva diverfes aventures qui ne font pas médiocrement
ridicules. 11 s’étoit attiré les unes , quelques
autres paroiffent être l’effet du hazard , ôc lui font
abfolument étrangères ; telle eft, par exemple, celle-ci :
A la première repréfentation de Childéric , un ver%
fut extrêmement applaudi, le voici ;
Tenter eft des mortels , réuffir eft des Dieux.
Un des fpeélateursà qui le vers étoit échappé , s’adrefia
pour l’apprendre, à un homme qui applaudiffoit avec
tranfport, ÔC qui fè fit un plaifir de l ’affocier à fon
enthoufiafme, en lui récitant ce vers, qu’il avoit entendu
de cette manière :
Enterrer des mortels , reffufeiter des Dieux.’
Alors l’homme, b en inftruit, remerciant, fon voifin j
ôc convenant que le vers étoit fort beau , s’empreffa
de joindre fes applaudiffemens à ceux du public ; ÔC
voilà quels font fouvent les applaudiffemens du parterre.
On fait que dans une autre pièce , ce vers .*
Un héros à fa voix enfante des foldats ,
fut fur-tout applaudi, parce qu’on crut entendre :
Un héros en Savoie enfante des foldats,
ôc parce qu’on crut que c’étoit un ccmp-iment pour le
roi de Sardaigne, duc de Savoie.
Au contraire , ce vers d’une tragédie moderne fut
fiflé ;
Vous ferez dans ma tente en paix comme dans Londres»
parce qu’on crut entendre dans Lende, ôc qu’un fiai