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vous rachetez tout le monde, 6c vous ne pouvez pas vous
racheter vous-même. Dans l’inftant un gentilhomme , envoyé
par Charles V , apporté la rançon dé du Gusjclinl"
Du Gucfclin, en prenant congé du prince, lui dit :
à prêtent que vous nbus 1 aillerez faire ,' foyez fur
•» que Henri de Tranftamafe eft roi de Camille. » Il
tint parole ; il gagiia la bataille3e.Montiel^ le 14 mars
1369 ; & le, 23 du même mois || les deux frères s’étant
rencontrés dans la tente" de du G u e fc lin fé jettèrent
l’un fur l’autre , dans qu’on pût leS^ëparer , ;Ôt dans
lin combat dont frémit ]a nature., etôkt peut-être l’honneur
rougit , ce fut du moins le tyran qui foccomba.
‘ jHenri 1 égnari Du :Gucfdin fut fait connétable de Caf-
tille ; Ôc fa guerre ayant recommencé :entre la Fratjce
“ 6c l’Angleterre , il : fut fait connétable dé France le a
' célcbre .1370/ Robert Knolles , digne compagnon
de Chandos , dcfcend à Ca-a's avec une puîÜante
‘ armée , traverfe pkmeüfs provinces de Frappe éh-ries
ravageant , 6c fe préiente en bataille entré Villejui£6c
Paris; en'ne répondit rien à fes bravades , rien ne
.fertit de Paris'; mais quand il fut temps , quand les
' efcarmouches fréquentes ,6c heufciifcs eurent afl'oibli
' 1-armée angleifè, .du Guefclin part-, n’ayant d’abord
•' que cinq cents hommes d’armes ; il vend fes meiibles ,
fa vaifTetlé, les bagnes de fâ femmepour lever jufqu’à
quatre mille hommes d’armes ; la noblefle fe joint a lui : .
avec unç troupe peu nombreüfe, mais choifie, il va
chercher les ennemis dans-rie ’Maine ÔC dàfis i ’Anjou ;
\ il les furp rep d if enlève leurs "quartiers, 6c la formidable
armée de Knolles eft difïipée.; il détruit encore
■ une açméè angioifé au combat de Chizài en Poitou:
■ aiicim âriglois n’échappa, fous furent tués ou pris. Du
'. Guefdin , dans le coûté de cette guerre", reprit prefque
.tcutela Guyenne yle Poitou, la Saintortge , 1e Rouergue,
fie Périgordune partie duLimoufin , nommément
Limogés, le Ponthièu , ôcc.Gé ne fut' qu’une.,fuite de :
'jconquûtçs &• de viéloires. ' *
■ ’ Le roi ;de Navarre, Charles-le-^auvals, foplève la
■ Normandie. Le Ccnnétàble .du Gucfcliû fbumet "la-
^Normandie. Le duc de Bretagne appelle les ang’ois ;
"' du Guefdin ,-bretOn , fbumet la Bretagne. Maigftorfque
/CharlesJV fait prononcer folemnellerneritien fa pré- _
'fonce, ta confofcatiqnde ce duché; -:6c par cette faute,
Ja feule peut-être de cette forcé qu’il ait jamais faite,
réunit xrontfè lui fous.les bretons ^,ÔC même les deux |
'partis rivaux deMontfort 6c dé Penthièvre ,jàu Guefdin
^redevient breton* fon filënce ,6c -fon inaction condam-
^rient la rigueur du Roi ; le roi ", à qui onperfuacla njême
'que du Gûcfdin favoji&it fous main le duc delBre^-
'".jîagnè , •' écrivit au connétable à ce fiijet une lettré,
udiéléepar la prévention ôc la colèr e.IDu Guefdin fier
'^c f iv.iïh\é\ comme tons les héros irréprochables, lui
' f envôya J’epee de connétable ; ,1e cri public sjéleva, & (
urendit témoignage", a du Guefdin, Charles J’entendit '; '
'il étoit ’homme, H étoit roi , il .follôit .bien qu’il fut .
'tfompé : mais il étoit Charlés-le-Sage , il ne pouvoit --
' refoer ripngrtemps dans,-l’erreur § /le tort lui, avoit .été
Jùggéfé', fbiv .coeur lui infpira la réparation. Les ducs
d’Anjou & de Bourbon allèrent de fa part, reporter
i ’épée de connétable à du Guefdin, qui la reprit. Le
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monarque a fléchi fon fujet, dit à cette pccàfipn M. de
la Harpe, dans fon éloge de,Charles V 1 nous ne devons
. cependant pas diffimuler qu’il y a du partage entre les
' hiftoriens, fur.ee fait ; mais enfin il faut que au Guefdin
eût gardé l’épée de 'connétable ou qu’il l’ait reprifè,,
; puifque dans fon teftament 6c dans fon codicille ,
datés des 6 6c, 10 juillet iy8of9 -trois jours avant fa
mort , il , prend’ expreftement le titre de connétable de
France ; 6c alors même il féfvÔït|a-;France avec plus
de zèle 6c de fuccès que jamais ; il pourfiiivoit les
. coriquêtesfurlesvconfins de l’Âuvergneôc duGevaudan.
11 mourut le 13 juillet 1380,, devant CKâteaymeuf-de-
Randan, qu’il aftiégeoif , 6c dont les.defenfeurs, par
refpeél pour la mémoire de ce grand homme , autant
que 'pour leur parole , déposèrent -les clefs- fur fon
tombeau. "Il eût’ pour" fon fuccefliur ^QifTon , "qu’il
, fèmbloit avoir défigné en le faifont fon fiqère d’armes.
On fçait que Charles.'V fit élever à du Guefdin, dans
l’égliïe.de $t. Denis, un maufolée’ placé aü pied de la
lépultyré que , ce prince àvoit choifie pour lui-même.
La pompe furtèbre de ce grand homme^ en traverfant
line grande partie 3u royaume reçut par - tout en
.tribut, les larmes de la France. On voulut .épargner a
la capitale , . ce fpeélacle' de’ douleur. Oh fit palier
le_ convoi par St. Cloud, pour .aller a St. . Denis. Le
zèle 6c la reconnoiffance fendirent cette précaution
inutile. Les citoyens , coururent en foule au devant des
tri fies refleskde lepr défenfeur, 6c les accompagnèrent
avec des fànglots jufqu’au lieu dé la fépulture. Le chemin
de,. St Cloud à St. Denis étoit rempli de fpeélateuçs
éplorés , ,6c Paris ce iour-là ne fut qu’un défert.
Oh fit. à du Guefdin une oraifon funèbre , 6c c’éfl Ja
première qui, ait été faite. Sa plus belle oraifon funèbre
efl dans Ces mots qu’il dit en mourant, à fesfoldats:
?» mes amis , en quelque lieu que vous fafîiez la guerre,
fouveneçrvoùs que -les femmes, lés enfants , les vieil?*
jj lards j .les' êccléfiafliques, rie pauvre peuple , foible
jj 6c déforme, ne font point "vos ennemisj».
Les fuccès prefque continuels de du Guefdin furent
toujours dus à fa bonne conduite , _ 6c - fes malheurs
furent" produits par des fautes auxquelles il n’eut aucune
part , qu’il prévit 6c qu’il voulut empêcher.
L’art de la guerre-fui doittoute40rte .de progrès ; il
avoit fait c6nflruire.- à îa Rochelle 6c à Poitiers, de
‘grands engins 9 ôc fondre des canons beaucoup plus
forts que. ceux'qu’on avoit connus jufquesrià. Le fiège de
THouars., par lequel il acheva en 1372 , la conquête
du Poitou kfot remarquable par l’ufage 6ç par le- grand
effet dé l’artillerie. Les autres guerriers de ce temps
' njptoient que des chevapêrs ; lui feul peut-être fut un
général, inventeur de fon art : le prince noir lui-même ,
ce héros brillant 6c heureux , qui n’a jamais livré de
bataille qu’il n’ait gagnée, ni formé d’entreprifè qui
n’ait réufîi, n’apporta aucun .changement confidérable
dans l’art de la guerre ^..ôc fit. feulement avec plus d’écfot
l’efpèee ,ds guêtre que -l’onconnoiffoit de.fon temps. Du
Guefdin au .contraire pardît avoir employé une mér
thode nouvelle, moins hrîllante, mais plus fçavante&'
plus fure. On a comparé le prince Noir au grand Gondë^
6c le connétable du Guefdin ? au vicomte de Tiireiinè»
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Du Guefdin avoit une feeur religieufe, digne de lui
par fon courage 6c fa valeur. Dans le temps qu’il
faifoit encore , pour ainfi dire , fes prem ères armes ,
oh lui avoit confié la garde du Château de Pontorfon
en baffe Normandie : delà il avoit battu plufieurs fois
les anglois ; il avoit fait prifonnier le chevalier Fëlle.ton
leur chef. La dame du Guefdin habitoit auffi ce château
de Pontorfon, ôc là religieufe fo belle-fceur y étoit
alprs. Fêlleton , pendant fo prifon, avoit mis dans fes
intérêts deux femmes • attachées à la dame du Guefdin.
Il continua d’entretenir avec elles une correfpondance
fecrette depuis qu’il eut été mis en liberté. Averti par
elles d’une nuit où du Guefdin . étoit abfênt, il vint
pendant cette nuit efcalader le château ; mais Julienne
du Guefclin.y étoit : cette intrépide religieufe s’éveillant
.aux cris que faifoit fa belle-fceur, fe jette hors du li t ,
fàifit une efpèce de cafoque militaire , qu’on nommoit
un jaque , s’arme , -monté au- haut de la tour , voit
quinze échelles toutes dreffées ôc chargées d’ângloîs
qui parvenoient déjà aux derniers échelons. Elle les
renverfe, donne l’alarme , appelle laGarnifbn. Felîëton
s’ênfuit ;• mais il rencontre du Guefdin qui revénoit-au
château, 6c qui le fait fon prifonnier une fécondé fois.
On apprit par Felleton même, la trahifon des deux
femmes’quiavôient voulu l’introduire dans la place,
6c elles furent noyées dans la rivière qui paffe au pied
du château.
GUESLE, (Jacques dé la) (Hifl. de Fr.') Procureur
général du parlement de Paris , 'trompé par les lettres
de recommandation dont le jacobin Jacques Clément
s’étoit pourvu , • introduifit eet affaffin dans la chambre
du roi Henri I I I , à Sri Cloud ; ôc emporté par fon
zèle 6c fon indignation , quand il vit l ’attentat du moine ,
il Je jetta for lui > 6c aida à le tuer , faute encore plus
grande que la première, 6c qui auroit pu foire fbup~
çonner ce magiftrat de complicité, s’il n’avoit été trop"
au-deffus d’un pareil foupçon. Quoique zélé catholique,,
il fèrvit bien Henri IV. Qn a de lui u ne Relation
eurieufe. du procès fait au maréchal de Biron. Il mourut
en 1612»-
Jean dè la Guejle fon père , aufîr procureur général
ôc enfùite préfident à mortier, étoit auffi- un magiftrat
d’un mérite diftingué. Mort en 1588 , dans la-retraite
6c loin des troubles.
G U E V Â R A , ( Louis Velez de Duegnas & de)
( FUJI. Litt. rnod. ) romancier efpagnol, connu princi-
pàlement par l’ouvrage intitulé t cl Diablo cojuelo, novella
de’la Otra vida ; modèle du Diable boiteux de le Sage.-
Mort en 1646.
Un autre Guevara, (Antoine: de), prédicateur ordi-
! nàire 6c hiftoriqgraphe de l’empereur Charles-Qulnt,
hiftorien emphatique , a donné des vies des empereurs
i ïoniainS , une 'entr’autres de Marc - Aürèle 6c de
i Fauftine fa femme ,-6cc.
1 GUEUDEVILLE -y ( Nicolas ) ÇHifl. Lit. môd. )
[ bénédiélin apoftat, alla fe marier en Hollande. On a
■ de lui des traduélions françoiles de Y Utopie de Fhomas
Mo rus, de l'Eloge de la Folie d’Erafme , de la vanité,
des Sciences d’Agrippa., des Comédies-de Plaute., une
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critique de Télémaque., efprit des cours de tEurope ,
nouvelles des cours de l'Europe. Efprit déréglé, mauvais
écrivain.
GUEULLETTE, (Thomas Simon) (Hifl. Lit. mod.)
fubftitut du procureur dn roi au Châtelet , auteur de
plufieurs- bagatelles , comme les Mille & un Quart
dlHeure , Us Sultanes du Gayirate , ÔC autres contes
' prétendus orientaux ; des Mémoires de Madernoifdlc de
Bon-temps , dé quelques pièges données au théâtre
■ italien , a fait beaucoup mieux que des livres ; il a fait
une a&ion généreufe. Son contrat de mariage lui don-
noit la propriété des biens de fa femme , il remit ces
biens à ceux qui en auroient hérité' farts la donation
portée au contrat de mariage. Né en 1683 , mor£ en
17 66 . •
GUEUX, - ( ' les ) ( Hifl. mod. ) fobrique-t qui fut
donné aux confédérés' des Pays - Bas en 1 f66 ; la-
ducheffe de Parme ayant reçu l’ordre de Philippe I I ,
roi d’Efpagne, d’introduire dans les Pays-Bas de nouvelles
taxes,rie concile de Trente ôc i’inquifition,
les états de Brabant s’y opposèrent vivement, 6c plu-,
fieurs,.feigrieurs du pays iê liguèrent enfemble pour la.
cOnfërvation de leurs droits 6c de leurs franchifes ; alors
le comte dé Barlemoiit, qui haïffoit ceux qui étoient
entrés dans cette confédération , dit à la ducheffe de
Parme , gouvernante, qu’ri ne fallait pas s’en mëttre
en peine , 6c que ce n’étoient que des gueux. Le prince.
d’Orange ,- Guillaume de Naflau , farnommé le taciturne
y ôc Bréderode , chef de cês prét'endus gueux ,
furent effeélivcment chaffés d’Anvers l’année fuivante ;
mais ils équipèrent des va'ffeaux, firent des courfes
fur la côte, fe rendirent maîtres d’Enckhuyfen, puis
de la Brille , 6c s’y établirent en 1572 , malgré tous
les efforts du*“ due d’Aîbe, Tel fut le commencement
de la république de Hollande , qui d’un pays=
ftérile ÔC méprifé devint une puiftance' refpcélabîe.
m m
GUGLIELMINI, (Dominique) Hifl. des Sciences)
de l’académie dés fciences de Paris, né à Bologne en
-Italie, le 7 feptembre 16553 difciple en mathématiques
, de Geminiano Montari , fhedénois ; 6c en
‘ Médecine , du célèbre Malpighî',. flit ÔC un grand
mathématicien 6c un grand Médecin.: il' s’occupa de
‘^différentes fciences fur-tout de l’aftronomie" ; Ôc on a
de lui une differtation de Comeï'arum naturâ & ortu. Ma’s
c’eft par 'fës connoiffances’en hydroftatique., qu’il eft
fur-tout célèbre y 6c fes deux plus importants ouvrages,
dont M. de Fontenelle , dans fon é lo g e a donné uné
anaiyfe fi lumineufè font Aquarum fluentium mcnfuraa
ÔC délia Ndtura de fiumi. Bologne fonda pouf lui en
i694.'une chaire de profefteur en fiydrométrie. Le nom,
dit M. de Fontenelie ,. étoit nouveau auffi "bien que la
place l’un 6c l’autre rappelleront toujours lamé-
moire de celui qui en a rendu l’établifTemèrit nécefïaire,
, Guglielmihi 'devint l’arbitre de toutes les conteftarions
qui avoient les eaux pour objet, ÔC le réparateur de
tous les défordres qüériès eaux pouvoient caufer. Voila
le mathématicien.
Ses principaux ouvrages- fur là médecine 6t fur 1«3