vagance ; & pour mieux honorer Ion dieu, il le maria
. avec la Lune. Ces noces furent célébrées avec magni-
- ficence dans Rome & les provinces : ceux qui rerufè-
rent de prendre part à cette fête , , expirèrent dans
les tortures. Tandis qu’il fignaloit fon zèle pour une
divinité bizarre , il violoit fans pudeur ce que 1 ancienne
religion avoit de plus refpeâable. Il époufa
publiquement une veftale : cette union lacrilège excita
un fcandale général. Il crut impofer filence, en difant
qu il n y avoit point d’union plus fainte que celle d’un
prêtre du Soleil avec une prêtreffe de Vefta. Sa vie
fut un perpétuel délire. Comme il étoit régulièrement
beau , il eut la manie de paffer pour femme. Il
- énonça publiquement fon nouveau féxe; & en cette
qualité, if époufa un de fes officiers, qu’il répudia pour
paffer dans le lit d’un de fès efclaves. De forte qu’on lui
appliqua le . reproche fait à Jules-Céfar , qu’il étoit la
. femme de tous les maris &. le maii de toutes les
. femmes. Son inconftance le promenoit d’objets en objets.
Chaque année il. répudioit une femme pour en prendre
une nouvelle. Ses organes, émouffés par une continuelle
jouiffance, lui infpirèrent le dégoût & la fàtiété.
Sans freiif dans fes paillons, tout ce qui étoit outré
. lui paroiffbit digne d’un empereur: il ne fe déroboit
a 1 ennui qu’en fortant de l’ordre. Quelquefois il invi-
toit a ia table huit boiteux , huit chauves, huit borgnes
&. huit vieillards caffés : cet affemblage lui faifoit
,plaifir, parce qu’il étoit bizarre. Quelquefois il pré-
. paroit un fomptueux feftin, où il invitoit les hommes
les plus vils ; & après les avoir bien enivrés, il les
expofoit pour être la pâture des bêtes féroces. Ses
prodigalités épuiferer.t le tréfor public : il Mut multiplier
les impôts pour remplir le vuide caufé par fes
profùfions. Rome & les provinces obéiffoient en
tremblant, à un monilre qui les gouvesnoit avec un
fceptre de fer. Les eiprits étoient fans énergie & fans
courage ; le fénar n’étoit rempli que d efclaves fournis
aux caprices d’un deipote impitoyable. L’armée qui
lavoit autrefois proclamé empereur, fe repentit de
fon choix ; elle appella à lempire Alexandre Sévère,
& tout le peuple applaudit à cette nomination. Helio-
gabale aufli bas dans l’adverfité qu’il avoit été infolent
dans la fortune, defcendit aux plus humbles prières
pour fléchir les foldats. N’ayant pu les vaincre par
lès promeffes, il vit ce qu’il.avoit à craindre de leurs
menaces. Cet empereur voluptueux, qui n’avoit dormi
que fur des fleurs , alla fe cacher dans les latrines, où
il fut découvert par des foldats, avec fa mère qui
tâchoit de le confoler en mêlant fès larmes aux fiennes.
Ils s’embraffoient l’un l’autre, lorfqu’on leur trancha
la tête. La mère étoit la plus coupable , puifqu’elle
lui avoit donné l’exemple de la diffolution. Les débauches
du fils étoient moins criminelles, & pouvoient
être rejettées fur fa jeuneffe & fon inexpérience : il
n avoit que dix-huit, ans , lorfqu’il perdit la vie &
lempire ; il avoit régné trois ans, neuf mois & quatre -
jours! Leurs cadavres , après avoir été traînés igaomi-
nieufèment dans le cirque, furent iettés dans le Tibre.
( l .N . )
HELLOT, (Jean) (H lf 'Mtt. mod.) de l’Académie des
Sciences de Paris, & de la Société Royale de Lojjdresü
- Habile chimifle. On a de lu i, outre des differtations
dans le recueil des mémoires de l’Académie des Sciences,
un ouvrage intitulé : t Art de la teinture des laines &
étoffes de laine. Il a retouché & enrichi de remarques
la traduâion faite, par ordre du mini Aère, du Traité
de la fonte des mines & des fonderies, écrit en allemand
par Schlutter. Mort en 1766, âgé de quatre-
vingt ans.
HELMON. Voye^ Vanhelmont.
HELOÏSE. Voye^ Abailard.
HELVETIQUE , adj. ( Hiß. mod. ) ce qui a rapport
aux Suiffes , ou habitants des treize cantons
•Suiffos, qu’on appelloit autrefois Helvétiens.
Le corps Helvétique comprend la république de la
Suiffe, confiftant en treize cantons qui font autant de
républiques particulières.
Suivant les loix & coutumes du corps Helvétique ,
tous les différends qui forviennent entre les différents
états, doivent être décidés dans le pays fans l’intervention
d’aucune puiffance étrangère. 11 femble pourtant
que les cantons catholiques ayent dérogé à cette
coutume par leur renouvellement d’alliance avec la
Francè en 1715 , puifqu’il y eft ftipulé entr’autres
chofès j « que fi le corps Helvétique ou quelque canton
” eft troublé intérieurement.. . . . . . fa majefté ou les
w rois fes fucceffeurs employeront d’abord les bons
n offices pour pacifier ces troubles, & que fi cette
» voie n’avoit pas tout l’effet déftré , fa majefté em-
” ployera à fes propres dépens, les forces que Dieu
» lui a miles en main pour obliger l’aggreffeur de ren-
” trer dans les règles preforites par les alliances que les
» cantons & les alliés ont entr’eux ». Précaution qui,
! à la vérité, ne porte aucune atteinte à la liberté du
corps Helvétique ; mais qui prouve que les Suiffes
même ont cru l’intervention des puiffances étrangères
neceffaire • en cas de divifion parmi eux , contre ce
qu’avance M, Chambers.
Le gouvernement du corps Helvétique eft principalement
démocratique ; mais il ne l’eft pas purement,
il eft mêlé d’ariftocratie. Quand il s’agit d’une affaire
qui concerne le bien commun de tous Tes cantons, on
convoque des affemblées générales , où fe rendent leurs
députés qui.ont voix délibérative. Depuis que la religion
a partagé cette république comme en deux portions ,
les catholiques tiennent leurs affemblées à Lucerne , &;
quelquefois ailleurs, & les proteftants s!affemblent à
Àrau.
•HELVETIUS. Trois perfonnages célèbres, père,
fils & petit-fils , ont illuftré ce nom.
Le per», (Adrien) médecin hollandois, fit fortune
a Paris par l’ufage do Xipécacuana dans des dy fiente ries
épidémiques ; il devint infpeâeur général dçs hôpitaux
de Flandre , & médecin de M. le régent. U mourut
en 17 2 1, à foixante-cinq ans. On a de lui un Traité
des maladies les plus fréquentes , 6» dès remèdes fpécifi-
ques pour les guérir.
Le fils, (Jean-Claude)premier médecin de la reine ,
étoit de l’Académie des Sciences, & des Académies
les plus illuftres de l’europe. Il guérit Louis X V d’une
maladie dangereufe que ce prince eut a lage de fèpt
ans; il fut un excellent médecin & un beaucoup plus
excellent homme. On a de lui une Idée^ générale^ de
t économie animale, & un ouvrage intitulé : Principia
phyjioo-medica , in tyronum medicince gratiarn confcripta.
Né en 1685 ? U101-1 en I755*
Le petit-fils, (Claude-Adrien) eft célèbre par le livre
de l’jEfprit, & par les traverfès que ce livre lui attira,
plus célèbre encore par fès vertus, par fès bienfaits
envers les malheureux & les gens de mérite : « peu
» d’hommes, dit l’auteur de fon eLoge, ont été traités par
» la nature aufîi bien que M. Helvétius. Il en avoit reçu
» la beauté, la fanté & le génie ». Ajoutons à ces dons
la bonté raifonnée qui étoit à la fois chez lui l’ouvrage
de la nature & de la philofophie. On lui reprochoit
d’étendre quelquefois fes libéralités fur d’affez mauvais
fojets. Si fétois roi , répondit-il, je les corrigerais. Mais
je ne fuis que riche , & ils font pauvres ; je dois les
fecourir. Il nous femble qu’on ne peut pas mieux rapporter
fès devoirs à leurs véritables principes. On a
encore de M. Helvétius, l’ouvrage intitulé: de l’Homme,
& le poème du Bonheur. Il étoit maître-d’hôtel de la
reine, & avoit quitté une place de fermier-général,
pour fè livrer fans diftraéUon à la bienfaifance &. à la
philofophie.
HELYOT, (Pierre) ( Hi(l. Lit. mod.j religieux
piepus, connu'parfon Hifloire des ordres monafliques, &c.
H y a aufli de lui quelques livres de dévotion, entr’autres,
le Chrétien mourant. Né à Paris en 1620,
mort à Piepus en 1716.
HEMMING, ( Hijl. de Danemark ) , roi de Danemark
, vivoit vers l’an 811 : ce prince n eft guère
connu que par le traité qu’il conclut avec Charlemagne ;
on régla que Leide ferviroit de ièparation a l’empire
François & au royaume de Danemark. Ce traité ne mit
pas un frein à l’ambition des Danois. Leurs flottes parurent
for les côtes de France ; mais l’afpeéf de l’empereur
qui savançoit à la tête de fes troupes empêcha la defçente.
Ces vaiffeaux-,- dit Charlemagne, contiennent plus d’ennemis
que de marchandifes ; on furprit quelques larmes
qui couloient de fes yeux ; les courtifans empreffés &
curieux lui demandèrent le flijet de fa_douleur : hélas,
dit-il, files habitants du nordofènt attaquer la France
de mon vivant, que feront-ils après ma mort ? (M. de
S a c y . ) v
HE’NAULT, ou HESNAULT, (Jean) (Hijl. Lin.
mod.') poète connu par deux fonnets affez fameux ; l’un
contre Colbert, en faveur de Fouquet ; l’autre, qui a
fp| beaucoup de bruit, & qui eft encore très-connu ,
fous le nom du fonnet de XAvorton :
Toi qui meurs avant que de naître, &c.
Il a traduit ou imité en vers , des morceaux de
la Troade de Sénéque & le commencement du poème
de Lucrèce. Il fut, dit-on , le premier maître en poëfie ,
de Madame des Houlières. Mort en 1682.
Le préfident Hénaut, (Charles-Jean-François) de
l’Académie Françoife , honoraire de l’Aeadémi« dés
Infcriptions & Belles-Lettres, préfident honoraire des
enquêtes, furintendant de la maifon de la reine , eft
avantageufement connu par fon Abrégé chonologique
de l’hiitoire de France-, qui en contient toute la fobf-
tancè , & où une méthode heureufe &. des portraits
vrais, des anecdotes piquantes , des rapprochements
pleins d’intelligence , des vues fines , des réflexions
profondes font fouvent difparoître la féchereffe chronologique.
Cet ouvrage eft devenu un modèle dans fon
genre.
Dans fon François I I , la forme dramatique., ne fait
qu’ajouter à l’élégance & à l’intérêt, fans rien ôter à
la vérité.
On a encore de M. le préfident Hénaut, le Réveil
<TEpiménide , comédie agréable. On lui en attribue
quelques autres. Il eft aufli auteur de chanfons dignes
d’Anacréon. Il avoit remporté en 1707, un prix de
poëfie à l’Académie Françoife. On connaît les deux
épîtres de M. de Voltaire à M. le préfident Hénaut ;
l’une qui commence ainfi :
Vous qui de la chronologie
Avez réformé les erreurs,
Vous dont la main cueillit les flgurs
De la plus belle poëfie’, &c.
Et l’autre, qui eft une efpèce d’hymne à la fanté, en
faveur de M. le préfident Hénaut.
O déeffe de la fanté ! &c.
Indépendamment de tous fes talents , M. le préfident
Hénaut. a joui dans le monde, d’une réputation bien
méritée, d’homme aimable. Né eh 1685 , mort en
1770.
HENNUYER, ( Jean) (H iß de Fr. ) «Pronon-
» çons avec des larmes de vénération , le nom de ce
» faint évêque de Lifieux, Jean Hennuyer, qui, en
» fauvant du carnage de la St. Barthélémy , les pre-
» teftants, en les recueillant dans fon palais , en leur
» prodiguant les fecours de la charité , en ramena plus
» à 1’églifè qu’on n’en égorgeoit ailleurs. Mort en 1577»
HENOTIQUE, f. m. ( Hiß, mod. ) henoticon, on
donna ce nom dans le V e fiecle, à un édit de l’empereur
Zénon , par lequel il prétendoit réunir les Eutychiens
avec les Catholiques.
' _ C’eft Acace, patriarche de Conftantinople, qui, avec
le fecours des amis de Pierre Magus , perfuada à l’empereur
de publier cet édit.
Le venin de Yhénotique de Zénon confifte à ne pas
recevoir le concile de Çhalcedôine comme les trois autres,
il igmble au contraire lui attribjier des erreurs.
Cet hénotique eft une lettre adreffée aux évêques, aux
clercs aux moines * & aux peuples de îa Lybie ; mais
il ne parle qu’à ceux qui étoient fépârés de l’églife. Il
fut condamné par le pape Felix III, & détefté des
Catholiques. Voye^ le Dill, de Trévoux. (G),
HENRI I , fomommé Y OiJe leur, Ç Histoire d’Allemagne.
) IIe roi de Germanie, focceda à Conrad I ,
l’an 919. Ce prince étoit fils d’Othon de Saxe , ce duc