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” baldaquins de St. Fierre de Rome du Yal-de-' I
» Grâce , ôc des Invalides ; mais je ne pardonnerai
« jamais aux grands hommes qui en ont donné le aeftin,
» d’avoir fait ufage des colomnes tories ». Un défaut
qui le révolte encore eft de guinder les colomnes fur
des piédeftaux ; le portique de l’hôtel de Soubife lui
paroît inliipportable , à canfe de lès piédeftaux : li
les colomnes prcnoient depuis le bas , ce feroit un
ouvrage charmant.
L’entablement doit toujours porter fur fes colomnes
en placte-bande ; il ne doit former aucun angle ni
reffaut.
La forme du fronton doit toujours être triangulaire
; les frontons ceintrés , les frontons brifés, les
frontons à volutes font autant- d’inventions contraires à
la nature. Un très-grand défaut eft celui de mettre
plulieurs frontons les uns au-deflus des autres. Un
fronton fuppofe un toît ; or , on ne met point deux
toits l’un fur l’autre. Le portail de St. Germain eft encore
dégradé par ce défaut.
Les différents ordres d’architeéhirè font réduits à
trois par l’auteur ; le dorique , fait peur la force 6e
Ja folidité, fans bannir la délicatefle ; le corinthien,
pour l’élégance 6e la légèreté, fans exclure la force ;
enfin l’ionique , qui, participant de l’un ÔC de l’autre ,
n’a ni toute la folidité du dorique, ni toute la délicatefle
du corinthien.
L’auteur examine quel pourroit être l’ufage de l’admirable
dôme des Invalides , qui, derrière une églife
convenable & complette , forme une églife nouvelle,
aufti fiiperbe qu’inutile. « Je ne connojs, dit-il, qu'un
» moyen de fauver ici la bienféance, c’eft de ec-nfâcrer
» cette églife à la fépulture de nos rois. Une pareille
» deftination feroit de ce temple un vrai maufoiée, & il
en a la forme : ainfi, les cendres deîios rois fe trou-
» veroient réunies à celles des braves guerriers qui
» les ont rendus invincibles ; ôc ce maufoiée, qui leur
» feroit commun à tous, oftriroit un monument de leur
» grandeur, infiniment plus augufte que les petits tom*
7) beaux épars çà 6c là dans l’églife de St. Denis. ».
L’auteur fait conftfter la principale beauté des.placer,
dans la multitude des^ grandes rues qui y aboutiflènt ;
par cette raifon, il donne la préférence à la place des
Viâoires, toute petite qu’elle eft , fur la place de
Louis-le-Grand , qui ne lui paroît qu’une cour ifolée,
ou rie» n’aboutit, ôc fur la place Royale , dont il
voudroit abattre ôc la grille. Ôc les portiques , 6c les
grands pavillons qui mafquent les deux principales
entrées.
Plufieurs de ces principes étant contraires , au
moins à la pratique du temps, ont donné lieu à des
réclamations 6c à des critiques que l’abbé Laugier a
repouffées avec chaleur , mais qui l’ont pourtant
obligé à modifier 6c à reftreindre quelques principes
trop généraux.
La nouvelle théorie des Jardins n’étoit pas encore
bien connue. Les principes que l’auteur établit fur cette
matière, qui tient de près à l’architeélure , auroient pu
fe concilier avec la méthode irrégulière ; car il parle
de ïheureufe bizarrerie que la. nature met dans fes ajfor-
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t\ments\ & de ce beàu négligé qui bannit dé fa parurë
tout air de recherche & d'ajjettation ; 6c fon jugement
fur Verfailles eft qu’en vain le plus grand roi du monde
a déployé toute fa magnificence pour orner ce féjour
ingrat ; que la nature rebelle a triomphé des plus hardis
efforts de l’art; que Verfailles fera toujours fuperbe,
toujours étonnant, fans jamais être beau.
L’hiftoire de Venifè étoit un ouvrage qui manquoit
à notre langue. Nous n’avions, pour ainu dire ,.qu’un
refpeéi aveugle pour cette fage république , beaucoup
plus illuftre que connue parmi nous. Ce fujet n’a été
traité que fort tard, même par les hiftoriens nationaux
; les premiers hiftoriens-font en petit nombre,
6c la plûpàrt n’ont écrit, dit l’auteur, que depuis le
temps où il n’étoit plus permis de dire toute vérité. La
Chronique d’André d’Andolo eft le plus ancien monument
de l’hiftoire de Venife ; elle n’a paru que
dans le quatorzième fiècle. Elle ne donne que des
notions abrégées, fans détails , fans développements.
L’hiftoire de Bernard Juftiniani, qui eft du quinziéme
fiècle, a beaucoup plus d’étendue , mais aufti plus
d’inexaéîitude 6c de partialité. L’hiftoire de Sabellicus
eft à-peu-près du même temps ; cet auteur, quoique
étranger à la république de Venife, a moins écrit en.
hiftorien qu’en panégyrifte. Ces trois auteurs ont été
copiés , affez fervilement par Marin Sanuto , qui a'
faille un livre des vies des Doges ; Pierre Deffino,
qui a compofé une Chronique de Venifè ; Jean-Jacques,
Caroldo , qui a fait une hiftoire de Venifè depuis fon
origine jufqu’au temps ou il vivoit ; le cardinal Gaf-
pard Contarini, qui a écrit cinq livres des magftrats
6c de 1a république de Venife ; le fameux cardinal
I Pierre Bembe, ÔC Pierre Juftiniani, qui en ont donné,
; une hiftoire générale ; François Sanfovin, qui a ébauché
un tableau de la république de Venife , en treize
livres : tous ces auteurs font du feiziéme fiècle. Ces
fcùrces n’ayant point paru affez pures à M. l’abbé
Laugier, il a eu recours aux écrivains étrangers qui
ont traité des affaires de Venife , ôc il a corrigé les uns
par les autres, les auteurs vénitiens 6c ces hiftoriens
étrangers.
On peut croire qu’il n’oublié pas de difeuter la fa-
meufe queftion de l’indépendance des Vénitiens, agitée
tant de fois avec tant d’éclat, mais fur-tout dans le
temps de la conjuration du marquis de Bedmar. Il
n’accçrde pas aux Vénitiens tout ce qu’ils prétendent
à cet égard ; il ne leur refufe pas non plus, tout ce
que leurs ennemis leur refofent ; il diftingue l’indépendance
, ..de la liberté ; il leur accorde dans tons les
temps, 1a liberté ; il leur refufe l’indépendance, du
moins jufqu au dixiéme fiècle. Jufques-là ils relevèrent
toujours ou de l’empire d’Occident, ou de l’empire
d'Orient. L’affoibliffement continuel de ce dernier les
| conduifit par dégrés, à l’indépendance abfolue, qu’ils
acquirent au commencement du dixiéme fiècle , ÔC
qu’ils ont toujours confërvée depuis.
Le ftyle de cette hiftoire abonde en défauts de
négligence 6c de précipitation. Il y en a aufti plufieurs
de recherche 6c d’affeéfation.
M. l’abbé Laugier eft mort en 1769.
LAVIR.OTTE ;
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1A V IR O T T E . ÇVoyeç_ VlKOTTE. )
LAUNAY, ( François de) (Htjl. Liit. moi.) avocat
au parlement de Paris, remplit le premier en 1680,
la chaire de droit franchis, & a 1 ouverture de les
leçons, fit un difeours pour prouver que le droit romain
n’eft pas le droit commun de la France. Un a
de lui un Commentaire fur les Inflimtes Coutumières
d’Antoine Loyfel ; un Traité du Droit de Cltaffej des
Remarques fur ïmfntuùon du Droit Romain àe du
Droit François. Né à Angers en 1612. Mort a 1 ans
en 1693. -. ^
- Un autre Launay, ( Pierre de ) ne a Blois en 1 573v»
mort en 1662, eft au nombre des écrivains eftimes
dans la religion réformée. H a écrit pour fa fecte 6c lur
la Eible.
’ ’ LAUNOY , ( Hijl. Vitu moi. ) Deux hommes de
ce nom ont été célèbres ; l’un, par fon inconftance ôc
-fes foreurs; & l’autre , par fon érudition , for - tout
par fa critique.
Le premier, (Matthieu) d’abord prêtre catholique,
puis proteftant, puis de nouveau catholique , mais
fanatique , ligueur 6c l’un des Seiçè, contribua beaucoup
à 1a mort du préfident Brilfon; lorfque le duc
■ de Mayenne lui-même fe crut obligé de faire juftice
de cette violence , Launoy s’enfuit en Flandre , pu
l’on croit qu’il mourut. 11 étoit de la Ferte-Alais ou
Aleps. U eft auteur de quelques mauvais ouvrages de
controverfe, à jamais ignorés , quoiqu’il y calomniât
iour-a-tour les Catholiques & les Proteftants.
Le fécond , ( Jean ) eft le fameux doéteur de Launoy,
quon appelloit le Dénicheur de Saints , parce que fa
. critique éclairée 6c alors hardie , avoit détruit beaucoup
de fauffes traditions 6c dévoilé beaucoup de
fraudes pieufes ; ç’eft de lui que le curé de St. Roeh
difoit qu’il lui faifoit toujours de profondes reve-
rences , de peur qu’il né lui ôtât fon faint. M. Je ?
premier préfident de Lamoignon le pria un jour en
plaifantant, de ne point faire de mal. à St. Yon,
patron d’un des Villages dont il étoit feigneur : comment
lui ferois-je du mal, dit-il , je il ai pas L‘honneur de
1le connoître ? Il difoit qu’il vouloit nettoyer1 le paradis,
&. n y laiffer que ceux que Dku y avoit mis
lui-même. Il ne voulut jamais de bénéfices ; on n’eut
pas ce'moyen de lui impofer filenee. « Je fens, difoit—
i l , tout ce que je perds, je me trouverais fort bien
» de Peglife , mais l’églife fe trouverait fort mal de
» moi ». Il attaquoit les Jéfuites , ôc n’étoit pas jan-
fénifte ; il nétoic pas janfénifte, 6c U le fit exclure dé
la Sorbonne , plutôt que de fouferire à 1a condamnation
de M- Arnauld ; toute cette, conduite eft d’un
"homme éclairé 6c iufte. Ménage vouloit lui faire
craindre ks répliqués des Jéfuites , corps fécond en bons
écrivains : je crains plus , d it- il, leur canif , que
leur plume» Ce trait n’eft pas d’un bon homme. Ses
■ oeuvres ont été recueillies par l’abbé Granet,- .en dix
volumes in-fol. C ’eft principalement depuis les écrits
du doâeiir Launoy, qu’on ne confond plus St. Denys,
l’Apôtre de Paris , avec St. Denys l-’aréopagite , qu’on
lie croit plus au voyage de Lazare 6c de 1a Made-
Hijloire. Tome 111.
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leine en Provence, ni à la réfurreéhon 8ca la damnation
du chanoine de St. Bruno , m a la viuùii de
Siméon. Stoik , au fujet du fçapulaire , ni a a fondation
des Carmes fur le Mont-Carmel par le prophète
Elle , dont ils portent encore le manteau. Un
a aufti de lui une hiftoire curieufe, lavante & pleine
de critique de l’une & de l’autre fortune dAnftote
dans l’école , hiftoire qui a pu empecher aufli de
renouvelée l’arrêt de i 6z4 , lequel detend .,
fous peine de mort, -de rien enfeigner de contraire
à la doélrine d’Ariftote , par conléqucnt de nen
favoir qu’Ariftote 11’ait pas fu. Une Hiftoire du College
de Navarre ; une Differtationfur l'auteur du .ivre de
[Imitation de J. C. ; une fur les Ecoles Us plus célébrés
fondées par Charlemagne. Il a écrit aufti fur la Gface
& fur diverfes autres matières eccléfiaftiques. Nous
n’indiquons ici que fes ouvrages les plus connus. Un
peut confulter d’ailleurs le vafte reçue!’ de fes oeuvres.
C ’eft un écrivain qui avoit les défauts des layans , la
prolixité, l’accumulation des" citations ; mais il mente
une eftime particulière ; il a établi des opinions 6c
diflipé des erreurs, mais il n’a prefque t e utilequ aux
favants ; tous fes ouvrages font en latin. Le cardma
d’Etrées le logeoit chez lui , ce qui feul prouverait
LAURENT , (Saint) Hiß. Eccléf ) diacre de
l’églife romaine , martyr brûlé fur un gril le 10 aoufr
2,5 8.
LAURETS , f. m. ( Hiß. mod. ) étoient les pièces-
d’or frappées en 1619 ,. fur lefquelles _ étoit repre-
fentée 1a tête du roi couronnée de lauriers. 11 y ea
avoit à 2,0 fchellings , marquées X , X , à 10 ;-chefe
lirigs , marquées1 X , 6c'a 5 fchellings , marquées V.
Harris, Suppléai. (y 4. R. )
LAUPJA, ( Hiß. de Sicile ). En 1284, Charles-^
le-Boiteux, prince de Salerne , fils de Charles, comte
d’Anjou, roi de Sicile , frère de St. Louis, fut pris
dans un combat naval par le célèbre Roger Lauria,
amiral arragonois , aufti grand homme de mer pour
fon temp , que le fut depuis fous -François I r 6c
Charles-Quint, le génois André Doria , dont iln e
faut point confondre le nom, avec celui de l’amiral
arragonois.
Lauria eft aufti le nom qu’avoit pris un favant
cardinal du dix-feptiéme fiècle , auteur d’un Traite
eftimé de la Prédejluiation & de la Réprobation. Il tiroit
-ce nom de fa ville de Lauria dans le royaume^ de
Naples, lieu de fa naiffance. Son nom véritable etoit
François-Laurent Brancati. Il eut beaucoup de voix
pourla papauté au conclave , ou Alexandre V III fut
élu en 1689 ; mais l’Efpagne Lui donna l’exciufion. 11
mourut en | | | | , âgé de quatre-vingt-deux ans.
LAURIÈRE, (Eusèbe-Jacob de) {Hijl. Liit. mod.)
avocat au parlement' de Paris , auteur de plufieurs
ouvrages de jurifprudence connus , entr autres, des
deux premiers volumes du recueil des ordonnances de
nos rois *, i\ a donné aufti une édition des ordonj .Qci