
MARGUERITE , ( Xainte ) vierge & martyre,
dont on ne fait rien ; on croit qu’elle a reçu le martyre
à Antioche en 275.
MARGUERITE, Sambirii , ( Eift. de Danem. )
reine & régente de Danemarck , filierd’un duc de
Poméranie , avoit époufé Chriftophe I , roi de
Danemarck. Elle excelloit dans tous les exercices, &
fe fit admirer (cuvent dans les tournois. Sa figure
annonçait Ion mâle caraâcre. Elis a voit is port noble,
les traits durs, & le teint bafané ; elle eut beaucoup
de part aux troubles qui agitèrent le Danc-marçk
pendant le règne de fon époux; mais elle ne put
lui infpirer le courage dont elle étoit animée.
Ce prince vécut efclave du Clergé , & mourut fa
viélime. La reine fut nommée, régente du royaume
de Danemarck après la mort de Christophe I ,
pendant la minorité d’Eric Glipping , Ion fi's. Elle
«iTuya d’abord quelques démêles avec l’Eglife , &
C ce^que tes plus grands rois avoient en vain tenté
jufqu’a'ors ) elle fut faire refpeéler l’autorité fuprême
par les prélats. Elle Vefufa l’invefliture du duché de
Slefwick a Eric , prince Suédois ; elle fentoit combien
il etoit dangereux de recevoir cet étranger dans
Je royaume : fon refus alluma la guerre. Marguerite
parut à la tête de, ion armée : ma s trahie par fes
généraux , elle fut vaincue l’an 1262 , & tomba
entre^ les mains de fes ennem s. Eric , fon fils , eut
le meme fort ; l’un & l’autre obtinrent leur liberté :
le premier ufage qu’en fit Marguerite , fut d’envoyer
' a< 1 échafaud les chefs qui avoient donné à l’armée
l’exemple d une fuite honteufe. Ses anciens différends
avec le^ Cierge fe ré voueront. Une foumiflion poli- j
tique mit le pape Urbain iV dans'fes intérêts ; mais
la mort de ce pontife rendit à l’archevêque de Lau-
den fà première audace ; cependant ces querelles
le terminèrent dans la fuite. Mais Eric ayant commencé
à gouverner par lui-même , il ne refia plus
à Marguerite que le feuvenir de fes belles a&ions,
& la vénération publique qui en étoit le prix : elle
mourut vers l’an 1300. Une conduite foutenue &
adaptée aux événemens , une humeur égale & (ans
caprice , une févérité guidée par lequité & non
par la vengeance , fon courage dans lès malheurs,
Ja modifie dans le cours de fos proipérités lui affurent
une place parmi les femmes .célèbres 6c même
parmi les grands hommes.
Marguerite , reine de Danemarck , de Suède
& de Norvège. Tout efl fingulier dans cette prin-
ceffe, jufques à fa naiffance. Valdemar III, le plus-
foupçonneux des hommes, avoit fait enfermer Med-
wige , fon époufe , dans le château de Sobourg ; !
Sîftant eSare a chaffe , cette prifon même lui fervit
d’aiÿle ; on lui préfènta fon époufe , déguifee avec
art 6c fous un autre nom; fon erreur lui rendit tout
fon amour , & Marguerite en fui le fruit elle naquit
l’an 13 3 3 ; talens , efprit , courage , tout for
précoce en elle ; fon père prévit de bonne heure fa
haute deflinée. « La nature s’efl trompée , difoit-il,
* elle vouîoit en faire un héros , 6c non pas une
» femme », Qlaüs V étant moit en 1385 , la couronnne
fut briguée par Henri de Mécfelenbourg J
fils d’Albert,, roi de Suède ; mais Marguerite , dont
les grâces 6c le génie naiffant avoient charmé tous
les Scaniens, fut proclamée par eux : leur exemple
entraîna les fuflrages des autres provinces : la prin-
ceffe fut couronnée. Elle étoit déjà régente de Noir-
vege : le trône étoit encore vacant : elle avoit gouverné
avec tant de fag fie fous le nom de régente ,
qu’elle méritoir de gouverner fous celui de reine:
cependant plufiours part s s’oppofoierit à fon élection
: elle s’empara des places fortifiées , remplit la
1 Norvège de troupes, fournit une partie de fes ennemis
par la terreur de fos aimes , & le refie par fos
bienfaits. Enfin elle fut çouronnée ; elle étoit reine
& femme, 6c n% fe vengea point. Les Danois plus
fiers, rougiffoient de fléchir fous le joug d’une femme.
Maguerite fè vit forcée de faire couronner le jeune 6c
foible Eric Wratiflas , duc de Poméranie ,. le dernier
de fes enfans. G étoit un fantôme qu’elle préfentoit
au peuple pour le tromper ; Hacquin, prince Sué-,
dois , fut contraint de renoncer à toutes fes prétentions
fur la couronne* Il étoit plus difficile d’écarter
Albert de Mecklenbourg, roi de Suède, qui avoit
déjà arboré les trois couronnes dans fon écuffon 1
déjà , pour affurer le fuccès de fes deffeins , il avoit
levé des armées 6c fait équiper des flottes ; mais il
avoir oublié que l’amour du peuple efl le plus ferme
appui du trône. Le defpotifine étoit l’objet de toutes
fes démarchés politiques. Les Suédois gémiffoient
fous^ le fardeau des fnbfides ; la bienfaisance inté-
reffée de Marguerite les foulageoit dans leur indigence
; les gouverneurs des fortereffes ouvrirent les
portes à fes troupes , le fénat dépofa le roi A lbert, le
peuplé appella Marpierite, & la nobleffe la couronna.
Cette révolution fut l’ouvrage de quelques mois. La
vrâoire de Falkoping en,aiï.,ra la durée : Albert tomba
entre les mains des mécontens ; fon fils eut le même
fort ; mais la captivité des deux princes ne fit point
rentrer fous le joug de Marguerite quelques troupes de
faéïieux qui avoient pris les armes , moins pour la
défenfe d’Albert, que pour troubler l’état;les difeordes
étoient fiir-tout fomentées par les comtes de Holfleirc
6c le duc dë Slefwigh qui eraignoient que la nouvelle
reine ne s’emparât de leurs états, & qui efpéroient
qu’Albert, pour payer leurs fervices, leur laifferoit cette,
indépendance à laquelle ils afpiroient. La reine crutqü’il
falloit faire quelques faerifices à la gloire de porter
trois couronnes: elle renonça à toute jurifdiélion far
les domaines de ces princes, 6c ils promirent d’abandonner
le parti du malheureux Albert. Ce prince ne
trouva plus d’amis que dans laWandaüe. Ces peuples
demandèrent fa liberté ; mais on la lui vendit bien
cher ; il fut contraint d’abjurer tous fes droits fur
la couronne de Suède, 6c s’obligea de payer une
femme de foixante mille marcs pour prix de fa
rançon. Ce fut l’an 1395 que ce traité fut conclu,
fous la garantie de Barm’n , duc de Poméranie ,
6c de Jean , duc de Meklenbourg. Marguerite, qui
craîgnoit qu’après fa motif, la poftérité,d’Albert 11e
s’emparât du trône, voulut régler elle-même le choix
de fon fucceffeur : cette éleélion fe fit fans obflacles ;
Marguerite prefenta su peuple Eric, fon petit-neveu,
& ce jeune prince fut couronné. L’ambition de
Marguerite n’étoit point encore fatisfaite ; tant que
les trois couronnes étoient diftinéles 6c féparées , elle
craignoij que l’une ne vînt à fedétacher des deux autres ;
elle voulut donc former un feul royaume dé la Suède,
du Danemarck 6c de la Norwege. Son defféin n’étoit
pas fans doute de donner à ce plan politique une
confiihnce invariable pour l’avenir, mas feulement
d’en affurer la durée pendant fa vie , ou tout au plus
pendant celle d’Eric. Çetts princeffe connoifioit trop le
coeur humain , le caraélere , les intérêts, la rivalité
des trois nations fur lefquelles elle régnoit, pour fe
perfuader qu’un projet fi diffic.le dans i’execution, pût
fe foutenir pendant plufieurs fiècles. Ce fut a Calmar
qu’elle afïîinbla les fénateurs 6c la nobleffe de Da-
némarck , de Suède 6c de Norwege la réunion
des trois royaumes y fut propofée ; elle excita des
débats très-vifs ; la reine Marguerite leva tous les
obflacles , elle régla que le roi feroit alternativement
élu par un des trois royaumes ; que ce monarque
, pour air.ff dire, errant, fixeroit fon féjour en
Suède, en Danemarck , en Norwege, pendant quatre
moi^ou pendant une.année; qu’il confommeroitdans
chaque royaume les revenus qu’il en tireroit ; que
fchaque nation ne payeroit des impôts que pour fos j
propres befoins ; enfin que les loix , les coutumes , !
les privilèges de chaque royaume ne fouffi iroient aucune
altération ; qu’enfin dans chaque royaume les
gouvernemens 6c les charges feroient le partage des
naturels du pays, & ne feroient jamais dennés à des
étrangers. Telle fut cette union de Calmar , fi célè- |
bre 6c fi fur.efle, qui devoit, au jugement des politiques
de ce tems, affurer le repos du Nord, 6c qui y
alluma tous les feux de la guerre. Albert n’ofa plus
difputer à Marguerite un trône oh trois nations s’em-
preffoient à la maintenir. Mais cette reine, qui avoit
fait une étude profonde des intérêts du commerce,
des penchans des peuples fur lefquels elle régneit,
préféroit les Danois aux deux autres nations ; « La
» Suède , difoit-dle à Eric , fon fucceffeur , vous
» donnera de quoi vivre , la Norwege de quoi vous
n vêtir , le Danemarck de quoi vous défendre ». Elle
n*obferva pas elle-même avec un refpeél bien feru-
puleux, les conditions qu’elle s’étoit impofëes. Les
chevaliers Teutcniques s’épient emparés de l’iîe de
Gothland , Marguerite voulut y rentrer à main armée ;
mais les troupes Suédoifes qu’elle y envoya , furent...
repouffées ; elle prit le parti d’acheter ce qu’elle
n’avoit pu conquérir. Ce traité fut conclu l’an 1398.
Les Suédois payèrent la fomme qui avoit été fixée ; le
Gothland devoit dès-lors appartenir à la Suède ;
cependant il fut annéxé au Danemarck. Marguerite
auroit dû fontir qu A préjudice cette conduite devoit
faire un jour au jeune Éric. L’union de Calmar
auroit été rompue dès-!ors , fi la politique cette
grande reine n’eût enchaîné les trois nations , qui
fe • promettoient bien de fe féparer , l’orfqu’E ric,
dont elles méprifoient la foiblefle, remplirciit la place »
de cette femme étonnante. Elle mourut l’an 1411 ,
d’une maladie qu’elle gagna dans un vaiffeau. Ses
refiles furent depuis tranfportés dans l’églife de
Roichild , & dépofés fous un magnifique maufolée ,
eue la reccimoüiance ou le fafte d’Eric lui fit élever*
Un a i avant la mort , elle avoit fait célébrer avec
une pompe digne des -trois couronnes , le mariage
d’Eric avec Philipp’ne , fille de Henri I V , roi d’An»
gleterre. Dès cet inflant Eric voulut régner par lui-
même ; mais la reine conferva toujours l’empire qu’elle
avoit & fur fes fujets 6c fur lui ; elle ne iaiffa à ce
prince que le pouvoir de hazarùer quelques coups
d’état peu importans qui flatoient fa vanité ; mais
qui n’influoient point fur fa fîtuation des trois royaumes.
Elle eut l’art de l’écarter du gouvernement , 6c de lui
perfuader qu’il gouvernoit.
La gloire de Ion règne, fon courage, fes talens, la pn£
teéliOn dont elle honoroit les arts, le refpeél qu’elle infpira
à fes voifins , l’immenfe étendue des états qu’elle conquit-
par fes bienfaits, qu’elle conferva par la force de fes
armes & par fes rufes politiques , la firent fornommer
la Sémiramis du Nord. Mais fi l’on examinoit en détail
la conduite de cette princeffe, fi l’on pouvoit deviner
fon coeur, on verroit peut-être qu’elle n’eut que des
talens & peu de vertus. Elle préfènta aux trois nations
un fantôme de liberté pour les affervir en effet, le def-
potifme étoit W but de toutes fes démarches ; elle
avoit foin que la juftice fût obfervée dans les trois
royaumes , niais elle-même en violait les loix fans
fcrupule ; elle diftribua les principales dignités de
la Suède à des feigneurs Danois, confia à des troupes
Danoifes la garde des fortereffes des Suédois ,
trompa ceux-ci dans l’affaire du Gothland ; 6c lorsque
la nobleffe vint lui reprocher fos injuffîces , 6c
lui préfenter fos titres 6i le traité de Calmar : « Je
» 11e touche point à vos papiers, dit-elle, confervëzr
» les, je (aurai bien conforver vos fortereffes ». Son
amour pour Abraham Broderfon. efl encore une tache
à fa gloire. C’étcit un jeune Suédois , ^qui n’avoit
d’autre mérite qu’une figure intéreffante , & qui ne
profita point de l’afoendant qu’il avoit fur l’efprit
de la reine, pour la forcer à rendre juftice à fa patrie.
Du refte , grande dans fes vues , & ne mépri-
fant pas les détails , jugeant les hommes d’un coup-
d’oeil , 6c les jugeant bien , gouvernant prefque fans
miniflre, joignant à propos la patience 6c Paéllvité,
écartant avec art; les demandes importunes, refufant
avec <*racs quand fon autorité chanceloit , avec
fermeté quand elle fut affez pniffante, Marguerite fut
un prodige pour fon sèxe ; elle l’eût été pour le nôtre*
(Af. d e S a c y .')
M a r g u e r i t e d e P r o v e n c e , femme de Saint
Louis. Raimond Bérenger , comte de Provence, eut
quatres filles; toutes les quatres furent mariées à des
rois ; l'aînée ( Marguerite ) époufa Saint Louis, roi
de France ; la fécondé ( Eléonore ) Henri I I I , roi
d’Angleterre ; la troifième , ( Sancie ) Richard, frère
du roi d’Angleterre, élu roi des Romains; la quatrième,
( Béardx ) époufa Charles, comte d’Anjou, frère de
Saint Louis, qu’élis força d’accepter le roymnae